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Politique Publié le lundi 13 décembre 2010 | Le Temps

Analyse et humeur : Pour ou contre la «République» du Golf

L’Hôtel du Golf, situé en bordure de la lagune Ebrié, continue d’abriter le gouvernement fantoche de Ouattara et sa clique. De là, des déclarations saugrenues et autres intoxications sont distillées, par presses interposées, aux populations ivoiriennes. Les plus frileux cèdent à l’hameçon des montages grotesques. Ce qui irrite de plus en plus la grande muette. Et, le chef de corps de la garde républicaine, le Général Dogbo Blé Brunaut, n’est pas passé par quatre chemins pour montrer son empressement à en finir le plus tôt possible. Cette sortie musclée est diversement commentée. Deux pôles argumentaires se sont formés. Pour les uns, Ouattara Alassane, considéré à tort ou à raison, comme le père de la rébellion ivoirienne ne peut pas narguer la République, en s’installant au cœur de la capitale économique. Pour ces derniers, même si son accession au pouvoir devient de plus en plus illusoire, il faut le contraindre à rejoindre officiellement la République, ou bien le contraindre à libérer l’Hôtel du Golf qui, ajoutent-ils, est une propriété de l’Etat de Côte d’Ivoire. Dont Laurent Gbagbo, pour eux, incarne les Institutions. «On ne peut pas rester dans un bien appartenant à l’Etat, et menacer cet Etat », s’offusquent-ils. Poursuivant, ils arguent qu’en occupant l’Hôtel du Golf, à Abidjan, Ouattara qui se réclame vainqueur de l’élection présidentielle crée un bicéphalisme, quoique factice, à la tête de l’Etat. Pour les autres, l’usage de la force ne fera qu’envenimer la situation qui peut dégénérer. Pour eux, la « République » du Golf va disparaître d’elle-même parce que n’ayant pas les leviers du pouvoir. Craignant les effets collatéraux d’une opération militaire, les tenants de cette thèse privilégient la voie du dialogue pour dénouer cette crise. Pour notre part, choisir de façon mécanique un camp équivaudrait à faire une plongée dans l’éphémère, un saut dans l’inconnu. Car la vérité ne se trouve jamais aux extrêmes. La voie de la sagesse, c’est la voie du milieu. Les autorités ivoiriennes savent qu’elles ne peuvent pas, en aucune manière, laisser prospérer une rébellion d’un candidat malheureux dans un hôtel d’Abidjan, qui plus est, appartient à l’Etat de Côte d’Ivoire. Certes, Ouattara continue d’avoir le soutien d’une large partie de la communauté dite internationale. Mais, nous sommes passés d’un soutien cyclonique à une tempête tropicale. Jour après jour, le monde découvre que la victoire qu’on lui a fait croire qu’elle était sans tâche, sans bavure, est entachée d’irrégularités et a été obtenue au prix de violations massives de droits humains. Mieux, la souveraineté de la Côte d’Ivoire, ne cessent de répéter les autorités, n’est pas négociable. Or, l’Hôtel du Golf est un bien exclusif de la terre d’Eburnie. Ce qui donne le droit au chef de l’Etat d’en disposer si l’intérêt supérieur de la Nation est en jeu. Comme c’est le cas aujourd’hui. Aux mains de la coalition rebelle depuis le début du règlement de la crise militaro-politique, il y a nécessairement des réfections à faire. En face, on jugera cet alibi insuffisant. C’est de bonne guerre. Mais dura lex, sed lex, la loi est dure, mais c’est la loi. La loi sur la propriété est claire : le propriétaire peut disposer de son avoir dans les limites du droit. Demander à Ouattara et ses partisans de faire leurs valises pour quitter l’Hôtel du Golf améliorera énormément la météo politique. On imagine aisément qu’ils refuseront d’obtempérer dans le secret espoir qu’une intervention militaire entraine la réaction de leurs soutiens que sont l’Onu et la France qui ont des troupes à Abidjan. Qu’à cela ne tienne ! Si c’est le prix à payer, eh bien ! qu’on y aille. Rien de grand ne s’obtient sans sacrifice. Auquel cas, il faut ranger dans le placard de l’oubli, les discours sur la souveraineté. Tant que Guillaume Soro peut guerroyer à partir de l’Hôtel du Golf, tant que Ouattara peut recevoir quelques haineux et affamés en quête de pitance quotidienne, tant que de petits diplomates peuvent rendre visite à Alassane, lui et ses partisans auront l’illusion que tout est encore possible. Entre une fin effroyable et un effroi sans fin, le dilemme est cornélien. Mais la gangrène risque de se métastaser. L’accalmie qu’on observe est apparente. Elle sera durable si et seulement si on met fin à la “République” du Golf. Peu importe la manière.

Tché Bi Tché
zanbi05641405@yahoo.fr
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