Les évènements post-électoraux vont laisser des taches indélébiles dans plusieurs secteurs d’activité dont la pêche industrielle. Eu égard à la persistance de la tension, le port de pêche perd du rythme au grand dam des armateurs.
De grosses vagues risquent d’engloutir le port de pêche. Les activités sont pratiquement en berne depuis plusieurs semaines eu égard aux effets pervers de la crise post-électorale. Le visage que présente ce haut lieu d’échanges de produits halieutiques, ce lundi 13 décembre, est triste. Tout est calme. A l’image des nombreux navires bloqués à quai, il y a maintenant 10 jours. Des mareyeuses qui croyaient à une reprise totale de la pêche, se sont vite rendues compte de la réalité. Qu’à cela ne tienne, elles se sont installées sur des bancs et autres sièges sous le grand hangar destiné à la criée, pour deviser. «Mons fils, cela fait pratiquement deux semaines que le port de pêche est devenu méconnaissable. Les évènements politiques y sont pour beaucoup dans cette situation. C’est vraiment triste, puisque c’est de cette activité que nous vivons», lance une mareyeuse, visiblement attristée par la baisse d’activité.
D’importantes pertes financières
Le désarroi est également perceptible chez les armateurs. Pour eux, la pêche industrielle, déjà sinistrée par des catastrophes tels que la marée noire, les déchets toxiques, continue malheureusement de s’engouffrer davantage en eau trouble avec l’enlisement de la situation politique. «Comme nous l’avons fait lors du 1er tour du scrutin, tous nos bateaux sont restés accostés pendant le second tour de la présidentielle pour permettre aux marins et autres travailleurs de voter. Mais, la tension s’est tellement alourdie qu’il était impossible pour nous, de reprendre la mer dans l’immédiat. Donc, la situation des armements s’est davantage dégradée depuis le 28 novembre», explique un responsable du syndicat des armateurs. Ajoutant que le couvre-feu a aussi complexifié les choses, d’autant que les travailleurs avaient du mal à se déplacer. Selon lui, la Compagnie ivoirienne d’armement à la pêche (Ciap), l’un des gros opérateurs a tout simplement immobilisé ses cinq sardiniers sur les 14 en activité au port de pêche, le temps que la sérénité revienne dans le pays. Sur les 10 chalutiers, deux des sept qui appartiennent à des nationaux, ont tenté de reprendre la direction de la mer. Mais que de difficultés. Pour lui, cette inactivité qui semble se généraliser au port de pêche, aura comme conséquence une pénurie de poissons frais sur le marché. Avec une la hausse incontrôlée des prix en perspective. Les opérateurs sont véritablement dans la tourmente.
Hausse de 15% sur taxes portuaires
D’autant qu’ils s’interrogent sur le paiement des salaires pour ce mois de décembre. «Cela fait pratiquement deux semaines qu’on ne travaille pas. Comment allons-nous payer nos employés. C’est vraiment difficile car nous perdons des centaines de millions chaque jour», s’indignent les armateurs. Ils dénoncent cependant, la hausse des redevances et autres taxes portuaires. Au moment où le secteur agonise, font-ils remarquer, l’administration portuaire semble faire la sourde oreille à leurs revendications en décidant d’augmenter le taux des redevances dans l’ordre de 15% depuis le mois de juillet. Même le «laissez-passer provisoire», donnant accès à la zone portuaire n’échappe pas à cette flambée des charges. Il est passé de 740 Fcfa à 1005 Fcfa. Qu’est-ce qui justifie une telle politique ? Des toutes les manières, cette hausse «non concertée» est jugée inopportune par les acteurs. L’argument : c’est le désastre dans lequel se trouve la flottille nationale. De 35 bâtiments en 2009, elle est en constant baisse et ne pèse plus que 27 navires aujourd’hui. Dix bateaux asiatiques qui opéraient dans les eaux nationales, ont pris le large à cause de la rareté des ressources. Les captures qui étaient de 8000 caisses-jour, pour toute chaque type de pêche il y a trois ans, sont maintenant à 40 caisses. Une vraie dégringolade! Sur cette même période, une dizaine de navires (dont le Mariétou, le Navigué, le Novapesca, les Courtils 1 et 2) a coulé, faute d’entretien. D’ailleurs ce début de semaine, une grue mobile est en pleine activité pour remonter les ferrailles de navire. Le prix du carburant qui tourne autour de 400 Fcfa le litre, est devenu intenable et ne permet pas aux opérateurs de rentabiliser leur activité. Pour bénéficier de la taxe spécifique (qui accorde une réduction de 50 Fcfa sur le gasoil), il faudra que l’armement soit à jour des impôts. Les armateurs qui soutiennent avoir à plusieurs reprises, sollicité une rencontre sans succès avec la direction générale du port, sont plus qu’offusqués. «Nous avons adressé un courrier au Dg du port pour lui signifier qu’à défaut de diminuer les taxes, il faudra maintenir les anciens barèmes. Parce que la situation est extrêmement compliquée. Rien n’y fît. C’est un manque de considération à notre égard», critiquent vivement les acteurs du milieu. Avant de conclure : «Durant toutes années de crise, le secteur n’a bénéficié d’aucune aide financière pour remettre en l’état, la flottille nationale en voie de disparition et donner un nouveau souffle aux opérateurs.»
Cissé Cheick Ely
De grosses vagues risquent d’engloutir le port de pêche. Les activités sont pratiquement en berne depuis plusieurs semaines eu égard aux effets pervers de la crise post-électorale. Le visage que présente ce haut lieu d’échanges de produits halieutiques, ce lundi 13 décembre, est triste. Tout est calme. A l’image des nombreux navires bloqués à quai, il y a maintenant 10 jours. Des mareyeuses qui croyaient à une reprise totale de la pêche, se sont vite rendues compte de la réalité. Qu’à cela ne tienne, elles se sont installées sur des bancs et autres sièges sous le grand hangar destiné à la criée, pour deviser. «Mons fils, cela fait pratiquement deux semaines que le port de pêche est devenu méconnaissable. Les évènements politiques y sont pour beaucoup dans cette situation. C’est vraiment triste, puisque c’est de cette activité que nous vivons», lance une mareyeuse, visiblement attristée par la baisse d’activité.
D’importantes pertes financières
Le désarroi est également perceptible chez les armateurs. Pour eux, la pêche industrielle, déjà sinistrée par des catastrophes tels que la marée noire, les déchets toxiques, continue malheureusement de s’engouffrer davantage en eau trouble avec l’enlisement de la situation politique. «Comme nous l’avons fait lors du 1er tour du scrutin, tous nos bateaux sont restés accostés pendant le second tour de la présidentielle pour permettre aux marins et autres travailleurs de voter. Mais, la tension s’est tellement alourdie qu’il était impossible pour nous, de reprendre la mer dans l’immédiat. Donc, la situation des armements s’est davantage dégradée depuis le 28 novembre», explique un responsable du syndicat des armateurs. Ajoutant que le couvre-feu a aussi complexifié les choses, d’autant que les travailleurs avaient du mal à se déplacer. Selon lui, la Compagnie ivoirienne d’armement à la pêche (Ciap), l’un des gros opérateurs a tout simplement immobilisé ses cinq sardiniers sur les 14 en activité au port de pêche, le temps que la sérénité revienne dans le pays. Sur les 10 chalutiers, deux des sept qui appartiennent à des nationaux, ont tenté de reprendre la direction de la mer. Mais que de difficultés. Pour lui, cette inactivité qui semble se généraliser au port de pêche, aura comme conséquence une pénurie de poissons frais sur le marché. Avec une la hausse incontrôlée des prix en perspective. Les opérateurs sont véritablement dans la tourmente.
Hausse de 15% sur taxes portuaires
D’autant qu’ils s’interrogent sur le paiement des salaires pour ce mois de décembre. «Cela fait pratiquement deux semaines qu’on ne travaille pas. Comment allons-nous payer nos employés. C’est vraiment difficile car nous perdons des centaines de millions chaque jour», s’indignent les armateurs. Ils dénoncent cependant, la hausse des redevances et autres taxes portuaires. Au moment où le secteur agonise, font-ils remarquer, l’administration portuaire semble faire la sourde oreille à leurs revendications en décidant d’augmenter le taux des redevances dans l’ordre de 15% depuis le mois de juillet. Même le «laissez-passer provisoire», donnant accès à la zone portuaire n’échappe pas à cette flambée des charges. Il est passé de 740 Fcfa à 1005 Fcfa. Qu’est-ce qui justifie une telle politique ? Des toutes les manières, cette hausse «non concertée» est jugée inopportune par les acteurs. L’argument : c’est le désastre dans lequel se trouve la flottille nationale. De 35 bâtiments en 2009, elle est en constant baisse et ne pèse plus que 27 navires aujourd’hui. Dix bateaux asiatiques qui opéraient dans les eaux nationales, ont pris le large à cause de la rareté des ressources. Les captures qui étaient de 8000 caisses-jour, pour toute chaque type de pêche il y a trois ans, sont maintenant à 40 caisses. Une vraie dégringolade! Sur cette même période, une dizaine de navires (dont le Mariétou, le Navigué, le Novapesca, les Courtils 1 et 2) a coulé, faute d’entretien. D’ailleurs ce début de semaine, une grue mobile est en pleine activité pour remonter les ferrailles de navire. Le prix du carburant qui tourne autour de 400 Fcfa le litre, est devenu intenable et ne permet pas aux opérateurs de rentabiliser leur activité. Pour bénéficier de la taxe spécifique (qui accorde une réduction de 50 Fcfa sur le gasoil), il faudra que l’armement soit à jour des impôts. Les armateurs qui soutiennent avoir à plusieurs reprises, sollicité une rencontre sans succès avec la direction générale du port, sont plus qu’offusqués. «Nous avons adressé un courrier au Dg du port pour lui signifier qu’à défaut de diminuer les taxes, il faudra maintenir les anciens barèmes. Parce que la situation est extrêmement compliquée. Rien n’y fît. C’est un manque de considération à notre égard», critiquent vivement les acteurs du milieu. Avant de conclure : «Durant toutes années de crise, le secteur n’a bénéficié d’aucune aide financière pour remettre en l’état, la flottille nationale en voie de disparition et donner un nouveau souffle aux opérateurs.»
Cissé Cheick Ely