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Politique Publié le vendredi 24 décembre 2010 | Le Temps

Kaléidoscope d’un coup d’Etat planifié : Tout sur les préparatifs du coup d’Etat de Ouattara

L’impératif du devoir d’informer est sacré. Quand le journal Le Temps a révélé les préparatifs et l’imminence d’un coup d’Etat planifié contre le pouvoir de Laurent Gbagbo, il s’est trouvé quelques crédules pour nous accuser de « crier au loup » alors que la bergerie dort paisiblement.

Aujourd’hui, après moult investigations, nous avons fini, non seulement de rassembler des évidences, mais à savoir que le processus est toujours en cours. Et que l’homme Ouattara et ses commanditaires extérieurs sont hélas toujours à la tâche sans relâche. Une seule volonté : plonger la Côte d’Ivoire dans une nuit irrémédiable.

L’acharnement ouattariste pour le pouvoir par « tous les moyens» sombrerait souvent dans l’anecdotique et le dérisoire s’il ne mettait en danger la stabilité de toute une région, c’est-à-dire l’Afrique de l’Ouest entière.

Si et seulement si, Ouattara devrait comprendre que les rêves des héros prétendument prédestinés peuvent finir en séisme cauchemardesque. Si l’histoire est un processus tendu irréversiblement vers l’avant, elle peut aussi se répéter dans ses petits détails.

Par un romantisme puéril et naïf, teinté par un mercantilisme de mauvais aloi, le tout baigné dans l’appât du gain facile, par la soif d’exercer un pouvoir qui ne lui sied pas, Ouattara lâche les amarres et se lance de nouveau, dans une aventure qui, à tous égards, ressemble à une bombe au destin tragique. Une sorte de fatum des tragédies grecques semble envelopper l’homme. Quand Jupiter veut en finir avec vous, il vous rend fou.

Une envie frénétique et hérétique du pouvoir s’est emparée de l’homme. En effet, quand il s’agit du pouvoir, l’homme devient comme possédé. Tout y passe, alliance contre-nature, crimes économiques ou de sang. Ouattara réunit tous les ingrédients d’un destin tragique par son comportement.

L’inconstance et les changements fréquents intervenant dans les prises de position politique nous paraissent comme le drame d’un homme à la recherche d’une identité et d’un destin perdu :
Tantôt, il revêt sans convaincre le manteau d’un « Caballero » qui aurait épousé et en parole et dans sa vie des vertus surannées dont le nom rime avec noblesse, dignité, loyauté. Alors qu’il n’en est rien et pour cause! Le mot « valor » foi des Caballero et qui signifie courage et valeur, bravoure et validité n’est pas son fort. Du « jumping au flying », il est devenu un adepte de ceux

En s’affirmant comme l’Alpha et l’Omega d’une opposition alors qu’il n’en est rien, il est devenu un poids gênant et pour ses partisans et pour ses partenaires. Certes, il est difficile pour tout d’être toujours le même homme, surtout lorsque comme Ouattara, on ne possède pas des principes immuables.

Alors ne lui demandons donc pas de s’en tenir à un comportement uniforme. Alassane Dramane Ouattara dans sa quête du pouvoir n’est pas à des errements près. Tantôt voudra-t-il être Garibaldi qu’il sombre par manque de courage ! Et comment être Zapata sans avoir jamais pris une arme dans la main pour faire le feu ? Le Brave-tchè n’est brave que dans son tango préféré, « jumping and flying » à chaque fois que tonnent les canons.

Le manque de courage et sa lâcheté affirmée le noie dans ses contradictions, ses volte-face soudaines tant dans ses attitudes que dans ses décisions. Eternel vaincu devant Dieu, il rêve en couleurs psychotiques à la victoire des vaincus, confondant révolte et révolution, insurrection, coup tordu, coup d’Etat et révolution.

Se trompant à tous égards sur ses hommes, sa troupe et l’enjeu, il veut de nouveau conduire des naïfs dans une énième zizanie meurtrière. On ne peut pas commander un peuple quand on est incapable intellectuellement de déceler chez ce peuple ces frémissements secrets. On ne peut pas prétendre donner une identité de développement à un peuple, quand on ne se connait pas soi-même suffisamment pour camper sa propre identité.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais. En effet, les prétendus PhD et tutti quanti de diplômes ne suffisent pas pour convaincre le cultivateur de coton du Nord, tout comme les prétendues expertises économiques n’ébranlent pas le pauvre paysan d’Odienné.

Ces derniers savent ce que leur a coûté la crise, les mensonges, les contrevérités, les hauts méfaits des falsificateurs de l’Histoire. Personne, alors personne ne sera surpris d’entendre un jour, Alassane Ouattara isolé, meurtri, crier au fond des ténèbres avec Bolivar : « J’ai labouré la mer et semé dans le vent ».

Pour n’avoir pas résisté à la tentation à l’interminable holocauste qu’il fait profiler à l’horizon pour un peuple qu’il prétend défendre, pour n’avoir pas compris que la prise de pouvoir se fait dans les règles de l’Art dans une République policée en préservant les vies humaines par un supplément de prudence et d’organisation, Ouattara risque de payer le prix fort devant l’Histoire.

Le martyr de l’auto-flagellation n’est pas une preuve et en bonne logique, et tout comme Saint Sébastien n’a pas pu démontrer l’existence de Dieu, Ouattara ne pourra acquérir, ne serait-ce que pour un temps la confiance qui permet à l’Homme politique de surmonter l’épreuve et l’échec.

Exercer le pouvoir pour un homme c’est d’abord être capable d’avoir cette foi inébranlable dans une mission sacrée qui le dépasse et dont il n’est que le médiateur. Malheureusement, Ouattara en est incapable et selon toute vraisemblance, n’en a cure.

Aussi, Le Temps a décidé de tout dévoiler sur le coup d’Etat en préparation afin que les Ivoiriens et les Ivoiriennes soient situés une fois pour toute sur le personnage Ouattara. Le Temps le fera sans rancœur, sans haine, ni mépris.

Il est aisé et, combien de fois aisé d’accuser de complotite le pouvoir en place pour masquer les desseins sordides d’une bande assoiffée de pouvoir et de sang. Mais au nom du droit d’informer et au nom de l’histoire, nous livrons au grand jour au peuple ivoirien, la forfaiture en préparation.

Depuis l’appel à l’insurrection lancé par leur porte-voix, Djédjé Mady, la Côte d’Ivoire est rentrée dans un nouveau cycle de violence sanglante et d’incertitudes qui ne peut laisser indifférent aucun homme épris de paix.

Appel qui pourtant sans ambages tombait sous le coup de l’article 158 de notre code pénal:
« Est puni de la détention à vie, l’attentat dont le but est soit :

1°) de détruire ou de changer le régime constitutionnel ;

2°) d’exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité de l’Etat ou s’armer les uns contre les autres ;

3°) de porter atteinte à l’intégrité du territoire national ;

4°) d’organiser le massacre et la dévastation.

Cette déclaration abrupte qui tombait sous le coup de «la section 3- Attentat, complot et autres infractions contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national (article 158 à l’article 175) » et dont jusque-là, les auteurs sont restés impunis, au nom de quel processus de paix on ne le sait, était un véritable iceberg dont la partie immergée grâce aux investigations poussées du journal Le Temps apparaît au grand jour.

Ni procureur, ni gendarme, ni policier, (à chacun son rôle), Le Temps au nom du droit universel qu’à tout être humain de s’informer et d’être informé, s’arroge le droit de lever le voile, preuves à l’appui de ce qui se prépare non seulement contre la République mais surtout le Peuple de Côte d’Ivoire.

Le kaléidoscope d’un coup d’Etat planifié vous a fait quelques premières révélations. Mais comme le disait le chef d’état-major, le Général de division Philippe Mangou, c’est un complot à plusieurs facettes, bâti sur plusieurs plans :

Le Plan A :

Il était question de se servir de Soro et ses hommes pour frapper le pouvoir dont lui-même semble à tous points de vue un maillon essentiel pour la sortie de crise. Pour l’appâter, on lui proposait de devenir chef de l’Etat (la précision est importante), chef de l’Etat et non pas Président de la République car il aurait pour tâche d’assumer un intérimaire présidentiel qui, avec le tripatouillage connu de tous, aurait donné le pouvoir au maître d’ouvrage, Ouattara. Soro n’étant que le maître d’œuvre. Mais en réalité, ce plan comportait une clause secrète dont Soro devrait ignorer tous les contours. Son assassinat pur et simple par une partie de ses hommes dans une sorte de coup d’Etat de palais juste après ce qu’il aurait été chargé d’exécuter s’il réussissait. Un schéma classique à l’image du premier coup d’Etat ghanéen avec le Général Kotoka, Achampeong et autres.

Soro sur ses gardes et avertit par un sixième sens très développé chez lui a refusé de s’inscrire dans se schéma. Sachant bien que la principale victime de ce schéma n’est que lui-même à la fin des fins.

Il faut le rappeler dans le schéma A, le Président Gbagbo était soit abattu pour en finir une fois pour toutes avec lui, soit à défaut confiné à un exil en Libye. Un certain homme de réseau de nationalité mauritanienne et très connu dans les arcanes des palais présidentiels africains, et un Président membre d’un pays de la Cedeao ont été confinés à convaincre le premier libyen d’adhérer à ce plan. Ont-ils réussi oui ou non, l’histoire nous le dira. Mais rien n’est moins sûr.

Soro ayant flairé le danger grâce aussi à ses entrées anti-élyséennes et à ses amitiés à Paris, a déjoué ce plan en refusant d’adhérer. Du coup, l’échafaudage du plan B l’a mis au ban des hommes à éliminer pour ouvrir la voie à Ouattara.

Le plan B

Toujours à l’ordre du jour, l’assassinat politique de Gbagbo qui serait présenté cette fois-ci comme accidentel, un coup de palais. Un classique bien connu des Chancelleries : Marien Gouabi au Congo Brazzaville ou Kabila père au Congo Kinshasa.

Mais Soro n’étant plus un homme sûr pour assurer une transition, il fallait trouver un civil bon teint, jaloux de la nécessité constitutionnelle. Le dévolu est jeté, à son insu d’ailleurs, sur Wodié pour une alliance circonstancielle en lui faisant croire de l’imminence d’un coup d’Etat militaire qui n’aurait épargné personne. Connaissant son obsession pour les principes républicains, ce coup d’Etat menaçait les Institutions républicaines et que le Rhdp ne pouvant pallier l’action, la seule issue possible était que le Rhdp et ses leaders se vêtissent d’un manteau de démocrate pour assurer une transition qui serait dirigée pendant six mois par un président civil, avec pour seul objectif d’organiser des élections, et qui ne pourra sous aucun prétexte être lui-même candidat à l’élection présidentielle à venir. Le boulevard serait tout ouvert pour les « deux rescapés de luxe » de Pretoria, Bédié et Ouattara.

A ce niveau, Ouattara et ses commanditaires extérieurs avaient un plan b’, à savoir, éliminer Bédié avec les apparats constitutionnels, au nom de l’âge et du bulletin de santé. Les Accords de Pretoria étant renvoyés aux calendes grecques. Et enfin, voici la route de la présidence ouverte pour Ouattara avec quelques candidats marginaux pour faire diversion. Foulant aux pieds l’assertion de Corneille : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Mais les vertus n’étant pas l’apanage de Ouattara, il s’en fiche royalement. Pourvu qu’il soit président.

Le plan B étant voué à l’échec par la non réussite de la situation insurrectionnelle voulue par le Rhdp, Wodié sentant que le Rhdp voulait l’utiliser, voire le manipuler dans une aventure qui n’avait rien de républicain, a simplement refait ses valises et pris congés de la confrérie des comploteurs. Reste donc le plan C, en cours actuellement.

Le plan C

Il a commencé à être mis en place. On peut le résumer en une seule phrase : Une nouvelle rébellion est en cours. Cette fois-ci, nous espérons que le maître d’ouvrage aura assez de courage pour être le maître d’œuvre. Peut-être la couardise et la félonie seront bannies pour ne pas qu’un autre Soro en embuscade lui vole la vedette.

Notre homme, habitué des salons dorés et des lambris étincelants se voit mal à la tête d’une rébellion à la Savimbi. Ce qui exige qu’il crapahute, qu’il s’habitue aux bruits fracassants des orgues de Staline et surtout qu’il marche des jours et des jours à travers monts et vallées, rivières, dans le froid, sous le soleil et la pluie… etc. pour atteindre le fauteuil présidentiel. Car en face, il y a aussi « garçon » comme on le dirait dans le langage populaire d’Adjamé-Treichville.

Ouattara n’étant pas un adepte de ce genre de sport qui demande non seulement endurance et persévérance, mais intelligence et courage pour souvent aboutir à zéro, préfère encore une fois emprunter le raccourci, à savoir le coup d’Etat. L’homme croit cette fois-ci tenir le bon bout pour rééditer ce qu’il a réussi contre Bédié grâce à la générosité de ses commanditaires.

Il circule actuellement avec beaucoup d’argent sale. Il achète beaucoup d’armes qui sont débarquées en quantité énorme dans le port d’un pays de la sous-région et cheminées et stockées dans certaines zones Cno, avec la complicité de certains Com/zones bien connus.

Ici à Abidjan, trois voies de communication sont empruntées pour acheminer les armes sur la capitale économique :

-Une petite compagnie d’avion de jets privés appartenant à une famille française longtemps installée en Côte d’Ivoire et s’est fait un nom à l’époque dans le rallye du Bandama est en constante navette entre les zones Cno, notamment Bouaké, une ville d’un pays limitrophe, l’Europe et le désert du Sahara.

- Une société de transports très spécialisée dans le transport du carburant et des marchandises s’est mis dans le coup pour acheminer de l’armement des comploteurs sur Abidjan.

-Enfin, une autre voie est empruntée au su ou a l’insu des responsables onusiens, il s ‘agit de certains camions immatriculés Onuci qui se prêterait à ce jeu déstabilisateur de transports d’armes pour le compte de certains membres des rebelles, membres du complot.

Pour le plan C, la visite de certains sites de regroupements avaient été interdite au ministre Amani parce qu’ils servent de lieu de stockage d’armement nouveau pour le compte des hommes de Ouattara.

Toute la quintessence du plan C machiavélique se retrouve dans cette conversation que le Temps a pu intercepter. « Si le serpent n’est pas mort », le porteur du bâton aussi reste debout.

La loi d’airain reste de mise : « Ce que l’homme sème, il le récoltera aux centuples ».

Bonne lecture.

Abel Santamaria
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