x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Editorial Publié le lundi 27 décembre 2010 | Le Patriote

Editorial - Alea jacta est !

Personne, même ses admirateurs les plus dévoués, n’aimerait être à sa place. Tant sa position actuelle n’est point enviable. Battu proprement à la présidentielle par le candidat du RHDP, Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo tente de s’accrocher au pouvoir. Avec sa flopée de jeunes patriotards conduits par le faussaire Blé Goudé Charles, mondialement connu pour avoir triché à la licence d’Anglais à l’Université de Cocody, l’ancien chef de l’Etat se débat, vainement, comme un beau diable pour garder, les rênes du pouvoir. Malgré les cris d’orfraie de ses partisans, le porte-flambeau de LMP est à la peine.
Une posture bien visible par sa nouvelle vie d’errance, qui le ramène à se déplacer et à dormir de ville en ville, comme un homme pratiquement pourchassé. Ou encore, à recevoir des visiteurs et à jouer, simultanément, les rôles d’acteur et de spectateur, de victime et de bourreau. La symbolique est de taille. Comme un rat, Gbagbo est bloqué dans sa tanière, tourne en rond, sans possibilité de rectifier son sort. Il est pris en tenaille par toutes sortes de sanctions qui se précisent aux mauvais perdants. L’homme, nonobstant les apparences et ses actes de défiance et de bravoure, cachant mal la peur de lendemains incertains, le sait très bien. On ne peut plus se comporter, en 2010, en temps de démocratie, comme si on se trouvait dans un passé, très lointain, où l’heure était à l’enracinement de la dictature et de la parole unique.
Mais, comme Laurent Gbagbo est toujours dans l’adversité et dans le combat permanent, il a opté pour une lutte sans issue pour sa survivance. Il a décidé d’opérer sa mise à mort personnelle. Et celle du système politique qu’il a bâti en quarante années de présence dans le microcosme politique ivoirien. En témoigne, l’allégorie du « garçon qui se bat avant de mourir » et son discours sur le sens de la vie, qu’il a livré en 1993 dans les colonnes d’un journal panafricain : « au plan philosophique, j’ai réglé mon problème avec la mort ». C’est donc en homme perdu et en perdition totale que Laurent Gbagbo se dévoile à ses compatriotes et au monde entier. Tout est faux dans sa tête et dans son être. Celui qui aime prestement se comparer à Soundjata, Lumumba, Nkrumah, Sankara, n’est à la vérité, que le clone et la copie conforme des despotes de triste mémoire comme les Idi Amin Dada, Hissène Habré, Sékou Touré et bien d’autres thuriféraires des siècles révolus. Il veut s’imposer à son peuple qui, dans sa majorité par la voie des urnes, l’a sanctionné. Comme pour dire qu’après lui, c’est le déluge. Pour cela, Laurent Gbagbo s’est convaincu d’avoir un destin national et un rôle messianique. Il veut absolument vaincre le peuple souverain avec ses milices ethniques et tribales, des mercenaires libériens et angolais et une télévision, pendante ivoirisée de la « Radiotélévision libre des mille collines » qui a suscité et amplifié un génocide au Rwanda. Comme un condamné de Jupiter, il n’entend plus, n’écoute plus mais parle sans arrêt. Devra-t-on le laisser conduire la Côte d’Ivoire vers l’hécatombe et le précipice du désespoir ? Devant l’exigence d’une victoire qui « sera celle de la cotisation », la communauté internationale, la même qui a pris en charge notre élection, a crié haro sur le baudet. En avait-elle le choix vraiment, elle qui a participé activement au processus de sortie de crise ?
On peut laisser Gbagbo et ses partisans gloser sur les faux débats a propos de la souveraineté à géométrie variable. Quand il s’agit de tendre la besace pour recueillir de l’argent, on range l’Indépendance dans le placard. Quand il s’était agi, en octobre 2000, de bénéficier du soutien, même par trop voyant, de la communauté internationale, Gbagbo et ses copains, applaudissaient. «Nous assistons à Abidjan à une tentative de coup de force. La France ne l’acceptera pas, ni l’Union européenne et en tirera les conséquences», tempêtait Hubert Védrine, patron du Quai d’Orsay, en octobre 2000, ajoutant que « la France demeure attachée à ce que la volonté exprimée par le peuple ivoirien soit pleinement respectée», mettant, au passage, «en garde contre toute tentative de la contrarier». La posture de la France sur le principe de la défense du verdict des urnes n’a pas varié.
Le jeu trouble actuel des anciens dirigeants du pays a tout l’air d’une tragicomédie. Seul contre tous, Gbagbo se braque contre la majorité des Ivoiriens, l’Afrique et le Monde entier. Il est bien évident que son sort est scellé et les discours cocasses que nous entendons, ne sont, à dire vrai, que les derniers râles d’un pouvoir mort depuis le 28 novembre dernier. Laurent Gbagbo est entré, par effraction, à l’occasion d’un accident de parcours, dans le panthéon des hommes d’Etat qui ont dirigé la Côte d’Ivoire. De son propre aveu, dans des conditions qualifiées de « calamiteuses ». Sa gestion de l’Etat ne l’a pas moins été. Son départ du pouvoir n’échappera pas à cette destinée. Comme quoi, la messe de requiem est dite. Pour Gbagbo, le sort d’une chute sans gloire est bien jeté !
PAR Charles Sanga

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ