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Politique Publié le lundi 27 décembre 2010 | Le Mandat

Intervention diplomatique et militaire de la Cedeao : Faut-il en rire ou pleurer ? Les deux !

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO a donné le communiqué de son dernier sommet extraordinaire sur la crise ivoirienne. Les termes sont clairs, nets et sans fioriture. Quelque chose du genre, ‘’M. Gbagbo doit céder le pouvoir au vainqueur de l’élection, M. Alassane Ouattara, sinon, nous allons l’y contraindre par la force militaire s’il le faut’’.
Woulaïï ! Une blessure de l’histoire de notre pays, une honte pour la République mais à contre-sens un soulagement et une espérance de délivrance pour le peuple de Côte d’Ivoire dont la majorité est soumise à une destruction massive par la volonté d’un seul homme. Soyons clairs. Pour une fois, que journalistes, politiciens, historiens et observateurs optent de traiter ce dossier avec détachement. Pour ce pire, nous allons détacher ce dossier volet par volet en termes de question réponse.

1-La CEDEAO a-t-elle le droit d’intervenir diplomatiquement et/ou militairement ?
Les textes fondateurs de la CEDEAO mettent l’accent sur les conditions d’un développement rapide et harmonieux, sur la solidarité, et tout cela, sur la liberté de circulation des personnes et des biens. Sur ces bases, certaines dispositions sont à caractère supra-nationale. C’est-à-dire qu’elles s’appliquent au détriment de la souveraineté. Aussi, l’Institution s’octroie-t-elle, avec le consentement des Etats membres, le droit d’ingérence au plan militaire, en cas de nécessité, pour voler au secours d’un Etat en difficulté de maintenir l’ordre ou la paix à l’intérieur. L’organisation sous-régionale peut donc intervenir militairement si la paix intérieure est menacée, notamment quand une partie de la population est victime de la politique gouvernementale. Depuis sa création en 1975, la CEDEAO est intervenue régulièrement dans les Etats membres diplomatiquement et militairement. Au plan diplomatique, on peut retenir les intenses négociations menées au Niger pour demander à l’époque au Président Tandja du Niger de ne pas s’accrocher au pouvoir. Après les tueries au stade du 28 Septembre en Guinée, des voix sollicitaient l’intervention des Forces militaires de la CEDEAO pour protéger la population civile que les militaires maltraitaient à leur guise. Il y a quelques années, les Forces armées de la CEDEAO ont du intervenir au Libéria et en Sierra Léonne. La Côte d’Ivoire, membre fondateur de l’Institution sous-régionale ne peut se braquer contre les règles qu’elle a contribué à élaborer. Elle n’a qu’à s’en prendre à elle-même, plutôt que d’évoquer à longueur de journée sa fameuse souveraineté qu’elle a effritée. Le vieux sage Félix Houphouët-Boigny ne nous chantait-il pas régulièrement que c’est quand le mur est fendu que l’araignée y pénètre ?

2/ Nos Forces militaires vont-elles combattre ?
L’intervention militaire prévue par la CEDEAO se fera certainement dans le cadre d’un renforcement des Forces de l’ONUCI dont la mission vient d’être renforcée, notamment par la protection des autorités élues et la population.
Nos militaires n’ont aucun intérêt à s’interposer pour livrer combat, sous peine d’être inscrits dans l’agenda de la Cour Pénale internationale. Dans le pire des cas, l’ONU se retrouvera dans l’obligation de mener une bataille militaire pour avoir raison de Gbagbo Laurent. L’affirmation de l’opinion des Américains de voir M. Gbagbo céder le pouvoir est très claire et très forte. Rien dans l’histoire n’a résisté à une telle volonté des Américains. On a vu le cas de Saddam Hussein, le président qui a gazé les Kurdes, c’est-à-dire une partie de sa population. On sait pourquoi le Colonel Kadhafi s’est ramolli. Si nos Forces combattent, elles aggraveraient leur cas dans le dossier de la Cour Pénale internationale.

Et notre orgueil dans tout ça ?
Le peuple de Côte d’Ivoire qui dans sa large majorité a voté le départ de Gbagbo n’a pas d’état d’âme quant à savoir par qui sa volonté s’appliquera. Avec toutes les tueries massives, les enlèvements et autres arrestations arbitraires opérés, il n’y a pas de honte pour ce peuple de bénéficier du soutien d’une organisation qu’il a contribué à créer pour de telles éventualités.

Et les menaces voilées brandies contre les ressortissants de la CEDEAO ?
Sans exagérer, on peut se poser la question, quelles sont tueries n’a-t-on pas encore vues pour reconnaître que les ressortissants CEDEAO paient déjà chèrement notre crise post-électorale ? C’est simplement déplorable que certaines autorités tiennent de tels discours. C’est un chantage qui ne nous honore pas. La Côte d’Ivoire est descendue suffisamment bas pour s’inscrire encore sur cette autre triste liste. Souhaitons qu’il s’agit de la parole d’un désemparé. Il est temps que la sagesse de Dieu nous visite maintenant pour limiter toutes ces mises en scène qui ne nous grandissent pas.

Georges Amani
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