A l’Association Survie qui met en doute la sincérité du scrutin présidentiel du 28 novembre dernier, Alain Lobognon, conseiller spécial du Premier ministre, Guillaume Soro, maître d’œuvre du processus électoral, tient à rappeler qu’elle avait le loisir de venir observer le vote mais qu’elle ne l’a pas fait peut-être à dessein.
Suite au communiqué du 23 décembre 2010 intitulé “ Côte d’Ivoire : la France pyromane ne doit pas jouer au pompier”, le cabinet du Premier ministre ivoirien tient à faire la mise au point suivante, afin de juste éclairer l’Association française Survie, et l’inviter à ne pas brûler le pompier dans un pays où les pyromanes qui ne portent ni masque, ni cagoule sont connus et identifiés par le monde entier.
Le communiqué de l’Association Survie vise, à n’en point douter, à jeter le discrédit sur la politique extérieure de la France, par un jeu mal ficelé d’équilibriste pas suffisamment entraîné qui, au détour, crée la confusion et laisse perplexe les lecteurs et plonge dans la confusion l’opinion nationale française. Cette dernière risque de se détourner du vrai drame qui a lieu en Côte d’Ivoire depuis la volonté de confiscation du pouvoir par le président sortant, monsieur Laurent Gbagbo, battu à l’issue du deuxième tour d’un scrutin présidentiel salué par le monde entier pour sa très bonne organisation.
En affirmant que « la France porte une grande responsabilité dans la crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis 8 ans », l’Association Survie tente de secourir maladroitement un régime qui, dix ans durant, a affiché une morgue et cherché à faire porter aux autres les erreurs de gouvernance et le déni d’une démocratie à une Nation qui compte depuis, 50 ans d’âge. Mieux, l’Association Survie qui ne sait rien de la crise ivoirienne, embouche un discours aux relents nationalistes régulièrement chanté sur les ondes des médias nationaux ivoiriens, toujours prompts à trouver en la France le bouc-émissaire idéal pour masquer des crimes odieux et des forfaitures politiques.
Non. La France n’est pas responsable du drame que vit la Côte d’Ivoire, alors que les populations ont massivement voté à 54% le candidat que l’Association Survie présente comme “l’ami très apprécié de l’Élysée”. Ce candidat a été élu, bien élu par les Ivoiriens qui l’ont choisi et préféré au candidat et président sortant, M. Laurent Gbagbo.
Les jalons historiques énumérés dans le communiqué ne prouvent absolument rien. Ces jalons, faut-il le faire remarquer, se referment avant la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, négocié à l’instigation de M. Laurent Gbagbo et signé dans une volonté partagée de laisser les Ivoiriens régler eux-mêmes leurs problèmes sans l’implication active de la Communauté internationale.
Cette communauté internationale n’a, malgré tout, pas abandonné la Côte d’Ivoire, se montrant des fois plus pressée que les responsables ivoiriens s’agissant de la fixation de la date du scrutin présidentiel. Qui ne se souvient pas de ces échanges entre M. André Janier, ancien ambassadeur de la France à Abidjan et le cabinet du Premier ministre relativement au financement du processus de sortie de crise. Quand le premier disait aux journalistes que c’est celui qui organise les élections qui les finance, le second répondait par presse interposée que c’est celui qui finance qui fixe la date. En d’autres termes, la France n’a pas eu de rôle-majeur dans l’organisation du scrutin présidentiel ivoirien. C’est l’Union Européenne qui est directement intervenue en finançant certaines lignes budgétaires du processus électoral à la demande des autorités ivoiriennes.
Par ailleurs, il est faux de faire croire à l’opinion française que la France a une main obscure dans la composition de la Commission électorale indépendante (Cei) de notre pays, parce que calquée sur le plan de l’Accord de paix ivoirien signé à Linas-Marcoussis. La Cei qui a organisé le scrutin du 28 novembre 2010 est une volonté de M. Laurent Gbagbo. Le candidat Laurent Gbagbo avait dissous l’ancienne structure en laquelle, avait-il affirmé, lui et ses partisans n’avaient plus confiance. Cette Cei, c’est lui qui l’a voulue ainsi.
L’Association Survie ne doit pas se tromper et se trahir en soutenant le déni de démocratie que l’ex-président Laurent Gbagbo veut imposer à la Côte d’Ivoire, au motif qu’en dehors de lui seul, aucun autre citoyen ivoirien ne peut bénéficier du suffrage du peuple pour diriger ce pays. En Côte d’Ivoire, le scrutin présidentiel de 2010 n’a souffert d’aucune irrégularité constatée avant, pendant et après le dépouillement des votes dans les sept départements incriminés par le Conseil constitutionnel.
L’Onu et les puissances occidentales ne se trompent pas. Elles étaient représentées en Côte d’Ivoire au moment du scrutin. Elles ont été des témoins actifs pour avoir financé certaines opérations électorales quand la nécessité s’est présentée. L’Association Survie qui dénonce, trois semaines après le hold-up électoral, la supposée responsabilité de la France dans cette crise, insulte plus encore les Ivoiriens quand elle écrit que « les conditions n’étaient pas réunies pour éviter une large fraude, particulièrement au Nord du pays ».
Pour la transparente de l’élection, le Premier ministre Guillaume Soro avait invité les observateurs nationaux et internationaux à venir observer les préparatifs et l’organisation du scrutin. Pour prévenir tout reniement de dernière minute, le Premier ministre ivoirien proposa aussi, contre l’avis de l’opposition, un renforcement de la présence des observateurs internationaux et des forces de défense et de sécurité favorables au candidat Laurent Gbagbo dans la zone Nord du pays. Aucun Ivoirien n’a vu l’Association Survie passer les portes d’Arrivée de l’aéroport d’Abidjan. Dans le Nord du pays, le jour du vote, il n’y a pas eu d’opérations de bourrage d’urnes parce que chaque candidat avait des représentants dans les bureaux. Il n’y a pas eu votes multiples parce que la liste électorale de Côte d’Ivoire ne le permet pas. Il n’y a pas eu d’inversion de résultats dans ces zones-là au profit du candidat Laurent Gbagbo, parce que cette zone est connue pour être le bastion naturel et traditionnel du candidat Alassane Ouattara. Pour mémoire, les partisans de M. Alassane Ouattara participaient pour la première fois depuis 1990, à un scrutin présidentiel après les étapes ratées de 1995, 2000 et 2005. Dans tous les cas de figure, l’Association Survie ne recevra aucune preuve de la part du candidat Laurent Gbagbo, parce qu’aucun élément de fraude n’a effectivement été constaté par ses propres représentants dans les départements incriminés. C’est exactement comme si pour l’empêcher de diriger la mairie de Bordeaux, les socialistes français accusaient M. Alain Juppé de fraudes massives dans les bureaux de vote où il a réalisé ses plus gros scores. Il est désolant de constater que l’Association se fait complice d’un déni de citoyenneté à plus de 600.000 électeurs ivoiriens dont le seul crime est non seulement d’être pour la majorité originaire du Nord de la Côte d’Ivoire, mais surtout d’avoir massivement voté pour le candidat Alassane Ouattara.
Il n’y a eu aucune fraude au Nord de la Côte d’Ivoire. Le vote du dimanche 28 novembre 2010 s’est passé comme celui du premier tour le dimanche 31 octobre 2010. Dans l’allégresse et la mobilisation extraordinaire, qui a vu chacun des deux candidats améliorer nettement leurs scores. D’ailleurs, de quelle fraude parle au juste l’Association Survie quand le candidat Laurent Gbagbo a nettement amélioré ses scores du premier tour, dans un ordre de 20 à 60% dans ces mêmes départements où au décompte final, malgré l’annulation des votes, il a conservé plus de 30% des suffrages pourtant annulés par “son” Conseil constitutionnel. Il convient donc de faire droit à la volonté exprimée par le Peuple souverain de Côte d’Ivoire, en confiant les destinées de cette Nation au président que, selon les termes de Survie, “Pour la première fois de leur histoire, les citoyens ivoiriens ont voté dans une élection présidentielle véritablement pluraliste et ouverte”. C’est cela l’unique issue, qui répond bien à la logique de la Démocratie. La victoire reconnue du candidat élu ne sera jamais celle de la Communauté internationale qui n’a pas voté. Dans le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire, la Communauté internationale n’a eu pour rôle que d’accompagner les choix des Ivoiriens, qui ont préféré un règlement ‘’ivoiro-ivoirien’’ de leurs problèmes politiques. Monsieur Alassane Ouattara est le choix du Peuple de Côte d’Ivoire. La Communauté internationale dans son ensemble soutient le choix des Ivoiriens sans aucun parti pris. C’est un soutien international à saluer. Parce que très rare en Afrique. L’Association Survie ne doit, ni soutenir les coups d’État en Afrique, ni encourager la confiscation du pouvoir d’État en Côte d’Ivoire en livrant le peuple ivoirien aux “chiens de guerre” qui pullulent dans les rues d’Abidjan, et en réclamant le retrait par la France “de son opération militaire au profit de troupes internationales sous commandement onusien.” Depuis 2007, les troupes françaises en Côte d’Ivoire sont sous commandement onusien. A moins que Survie ne l’apprenne que maintenant.
L’Association Survie qui emprunte au Conseil constitutionnel ivoirien ses arguties juridiques, ne doit pas cautionner le mensonge d’État en Côte d’Ivoire en soutenant une hérésie juridique qui risque de faire la honte du droit en Afrique et ramener notre continent à 50 ans en arrière. L’air du parti unique est révolu. En effet, il est faux de penser comme l’Association Survie qu’un délai imparti à la Cei pour annoncer les résultats provisoires du vote du 28 novembre 2010 avait expiré. Les observateurs avertis savent très bien que tout un dispositif artificiel avait été monté pour retarder et empêcher la publication des résultats par la Cei. L’Association Survie ne doit pas ignorer l’imposition d’un couvre-feu la veille des opérations électorales et surtout l’opposition physique des partisans du candidat Laurent Gbagbo, empêchant le porte-parole de la Cei de communiquer les résultats même partiels du scrutin. Pourquoi l’Association Survie embouche-t-elle subitement les récriminations des partisans du candidat Laurent Gbagbo pour faire croire que les résultats du vote communiqués par le président de la Cei seraient nuls et de nul effet, parce que prononcés devant la presse internationale ? L’Association Survie ignore-t-elle que la télévision ivoirienne, nonobstant des raisons d’impayés téléphoniques, avait été appelée par ceux qui la contrôlent à quitter depuis 48 heures le siège de la Cei devenu entre-temps une caserne militaire ? Est-ce de la mauvaise foi ou une tentative d’amis français chargés de donner de la voix pour justifier sans en donner l’air, le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale? L’histoire trouvera réponse à ces questions? Certes, personne ne croit que l’élection présidentielle sortirait subitement la Côte d’Ivoire de la crise, mais notons que la reconnaissance de la volonté des Ivoiriens constitue une étape obligée visant à renforcer le processus de la vraie réconciliation nationale.
Malheureusement, l’un des candidats a choisi de replonger le pays davantage dans la crise. La faute incombe à ce candidat-là, et à lui seul. Pour une fois, qu’une association française a eu l’occasion de le reconnaître, elle a préféré faire de l’ingérence inacceptable dans une affaire qui n’a jamais impliqué la France. Quant aux initiatives d’apaisement, il importe qu’elles renferment le courage de leurs auteurs.
Ceux-là cités en exemple par l’Association Survie ont-ils vraiment soldé les comptes du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 en dénonçant d’abord les obstacles artificiels et le hold-up électoral du candidat perdant. La Convention de la Société civile ivoirienne qui a bénéficié de soutiens financiers de l’Union Européenne pour observer le déroulement du scrutin, ne s’est pas prononcée suite à l’annulation du vote dans sept départements où elle était présente. Cette association ivoirienne a préféré laisser un rôle peu envié à des structures d’observation chargées de jeter le discrédit sur le vote dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Pour terminer, nous voudrions marquer notre étonnement devant l’absence de condamnation par l’Association Survie des violations massives des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire, avec des centaines de civils massacrés par une partie de l’armée redevable au candidat Laurent Gbagbo appuyés de mercenaires libériens. A moins que comme au Rwanda en 1994, l’Association Survie invite à nouveau les soldats français de Licorne à se taire, à rester sourds aux appels aux secours des civils enlevés chaque soir, et à fermer les yeux sur les tueries de masse enregistrées tous les jours par les forces onusiennes. L’Association Survie ne doit pas chercher au problème de la démocratie en Côte d’Ivoire, un bouc-émissaire que serait la France. Elle doit appeler à respecter le choix du Peuple souverain qui a sanctionné dans les urnes le candidat Laurent Gbagbo. En France, quand on perd une élection, on reconnaît sa défaite et on quitte le pouvoir. L’Association Survie doit encourager la France à véhiculer cette vérité démocratique dans tous les pays du monde, y compris en Côte d’Ivoire, où la France, dès le mois de septembre, avait déjà affirmé, par la voix de M. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, qu’elle n’avait aucun candidat. L’Association Survie aurait, en définitive, mieux fait de se taire sur un problème de géopolitique mondiale qui semble ne pas l’intéresser, parce que ce qui est en jeu, c’est la survie de la démocratie en Côte d’Ivoire. Et pourtant…
Pour le Cabinet du Premier ministre de Côte d’Ivoire
Alain Lobognon,
Conseiller spécial du Premier ministre, chef de délégation des Forces nouvelles aux négociations inter-ivoiriennes de Ouagadougou
Suite au communiqué du 23 décembre 2010 intitulé “ Côte d’Ivoire : la France pyromane ne doit pas jouer au pompier”, le cabinet du Premier ministre ivoirien tient à faire la mise au point suivante, afin de juste éclairer l’Association française Survie, et l’inviter à ne pas brûler le pompier dans un pays où les pyromanes qui ne portent ni masque, ni cagoule sont connus et identifiés par le monde entier.
Le communiqué de l’Association Survie vise, à n’en point douter, à jeter le discrédit sur la politique extérieure de la France, par un jeu mal ficelé d’équilibriste pas suffisamment entraîné qui, au détour, crée la confusion et laisse perplexe les lecteurs et plonge dans la confusion l’opinion nationale française. Cette dernière risque de se détourner du vrai drame qui a lieu en Côte d’Ivoire depuis la volonté de confiscation du pouvoir par le président sortant, monsieur Laurent Gbagbo, battu à l’issue du deuxième tour d’un scrutin présidentiel salué par le monde entier pour sa très bonne organisation.
En affirmant que « la France porte une grande responsabilité dans la crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis 8 ans », l’Association Survie tente de secourir maladroitement un régime qui, dix ans durant, a affiché une morgue et cherché à faire porter aux autres les erreurs de gouvernance et le déni d’une démocratie à une Nation qui compte depuis, 50 ans d’âge. Mieux, l’Association Survie qui ne sait rien de la crise ivoirienne, embouche un discours aux relents nationalistes régulièrement chanté sur les ondes des médias nationaux ivoiriens, toujours prompts à trouver en la France le bouc-émissaire idéal pour masquer des crimes odieux et des forfaitures politiques.
Non. La France n’est pas responsable du drame que vit la Côte d’Ivoire, alors que les populations ont massivement voté à 54% le candidat que l’Association Survie présente comme “l’ami très apprécié de l’Élysée”. Ce candidat a été élu, bien élu par les Ivoiriens qui l’ont choisi et préféré au candidat et président sortant, M. Laurent Gbagbo.
Les jalons historiques énumérés dans le communiqué ne prouvent absolument rien. Ces jalons, faut-il le faire remarquer, se referment avant la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, négocié à l’instigation de M. Laurent Gbagbo et signé dans une volonté partagée de laisser les Ivoiriens régler eux-mêmes leurs problèmes sans l’implication active de la Communauté internationale.
Cette communauté internationale n’a, malgré tout, pas abandonné la Côte d’Ivoire, se montrant des fois plus pressée que les responsables ivoiriens s’agissant de la fixation de la date du scrutin présidentiel. Qui ne se souvient pas de ces échanges entre M. André Janier, ancien ambassadeur de la France à Abidjan et le cabinet du Premier ministre relativement au financement du processus de sortie de crise. Quand le premier disait aux journalistes que c’est celui qui organise les élections qui les finance, le second répondait par presse interposée que c’est celui qui finance qui fixe la date. En d’autres termes, la France n’a pas eu de rôle-majeur dans l’organisation du scrutin présidentiel ivoirien. C’est l’Union Européenne qui est directement intervenue en finançant certaines lignes budgétaires du processus électoral à la demande des autorités ivoiriennes.
Par ailleurs, il est faux de faire croire à l’opinion française que la France a une main obscure dans la composition de la Commission électorale indépendante (Cei) de notre pays, parce que calquée sur le plan de l’Accord de paix ivoirien signé à Linas-Marcoussis. La Cei qui a organisé le scrutin du 28 novembre 2010 est une volonté de M. Laurent Gbagbo. Le candidat Laurent Gbagbo avait dissous l’ancienne structure en laquelle, avait-il affirmé, lui et ses partisans n’avaient plus confiance. Cette Cei, c’est lui qui l’a voulue ainsi.
L’Association Survie ne doit pas se tromper et se trahir en soutenant le déni de démocratie que l’ex-président Laurent Gbagbo veut imposer à la Côte d’Ivoire, au motif qu’en dehors de lui seul, aucun autre citoyen ivoirien ne peut bénéficier du suffrage du peuple pour diriger ce pays. En Côte d’Ivoire, le scrutin présidentiel de 2010 n’a souffert d’aucune irrégularité constatée avant, pendant et après le dépouillement des votes dans les sept départements incriminés par le Conseil constitutionnel.
L’Onu et les puissances occidentales ne se trompent pas. Elles étaient représentées en Côte d’Ivoire au moment du scrutin. Elles ont été des témoins actifs pour avoir financé certaines opérations électorales quand la nécessité s’est présentée. L’Association Survie qui dénonce, trois semaines après le hold-up électoral, la supposée responsabilité de la France dans cette crise, insulte plus encore les Ivoiriens quand elle écrit que « les conditions n’étaient pas réunies pour éviter une large fraude, particulièrement au Nord du pays ».
Pour la transparente de l’élection, le Premier ministre Guillaume Soro avait invité les observateurs nationaux et internationaux à venir observer les préparatifs et l’organisation du scrutin. Pour prévenir tout reniement de dernière minute, le Premier ministre ivoirien proposa aussi, contre l’avis de l’opposition, un renforcement de la présence des observateurs internationaux et des forces de défense et de sécurité favorables au candidat Laurent Gbagbo dans la zone Nord du pays. Aucun Ivoirien n’a vu l’Association Survie passer les portes d’Arrivée de l’aéroport d’Abidjan. Dans le Nord du pays, le jour du vote, il n’y a pas eu d’opérations de bourrage d’urnes parce que chaque candidat avait des représentants dans les bureaux. Il n’y a pas eu votes multiples parce que la liste électorale de Côte d’Ivoire ne le permet pas. Il n’y a pas eu d’inversion de résultats dans ces zones-là au profit du candidat Laurent Gbagbo, parce que cette zone est connue pour être le bastion naturel et traditionnel du candidat Alassane Ouattara. Pour mémoire, les partisans de M. Alassane Ouattara participaient pour la première fois depuis 1990, à un scrutin présidentiel après les étapes ratées de 1995, 2000 et 2005. Dans tous les cas de figure, l’Association Survie ne recevra aucune preuve de la part du candidat Laurent Gbagbo, parce qu’aucun élément de fraude n’a effectivement été constaté par ses propres représentants dans les départements incriminés. C’est exactement comme si pour l’empêcher de diriger la mairie de Bordeaux, les socialistes français accusaient M. Alain Juppé de fraudes massives dans les bureaux de vote où il a réalisé ses plus gros scores. Il est désolant de constater que l’Association se fait complice d’un déni de citoyenneté à plus de 600.000 électeurs ivoiriens dont le seul crime est non seulement d’être pour la majorité originaire du Nord de la Côte d’Ivoire, mais surtout d’avoir massivement voté pour le candidat Alassane Ouattara.
Il n’y a eu aucune fraude au Nord de la Côte d’Ivoire. Le vote du dimanche 28 novembre 2010 s’est passé comme celui du premier tour le dimanche 31 octobre 2010. Dans l’allégresse et la mobilisation extraordinaire, qui a vu chacun des deux candidats améliorer nettement leurs scores. D’ailleurs, de quelle fraude parle au juste l’Association Survie quand le candidat Laurent Gbagbo a nettement amélioré ses scores du premier tour, dans un ordre de 20 à 60% dans ces mêmes départements où au décompte final, malgré l’annulation des votes, il a conservé plus de 30% des suffrages pourtant annulés par “son” Conseil constitutionnel. Il convient donc de faire droit à la volonté exprimée par le Peuple souverain de Côte d’Ivoire, en confiant les destinées de cette Nation au président que, selon les termes de Survie, “Pour la première fois de leur histoire, les citoyens ivoiriens ont voté dans une élection présidentielle véritablement pluraliste et ouverte”. C’est cela l’unique issue, qui répond bien à la logique de la Démocratie. La victoire reconnue du candidat élu ne sera jamais celle de la Communauté internationale qui n’a pas voté. Dans le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire, la Communauté internationale n’a eu pour rôle que d’accompagner les choix des Ivoiriens, qui ont préféré un règlement ‘’ivoiro-ivoirien’’ de leurs problèmes politiques. Monsieur Alassane Ouattara est le choix du Peuple de Côte d’Ivoire. La Communauté internationale dans son ensemble soutient le choix des Ivoiriens sans aucun parti pris. C’est un soutien international à saluer. Parce que très rare en Afrique. L’Association Survie ne doit, ni soutenir les coups d’État en Afrique, ni encourager la confiscation du pouvoir d’État en Côte d’Ivoire en livrant le peuple ivoirien aux “chiens de guerre” qui pullulent dans les rues d’Abidjan, et en réclamant le retrait par la France “de son opération militaire au profit de troupes internationales sous commandement onusien.” Depuis 2007, les troupes françaises en Côte d’Ivoire sont sous commandement onusien. A moins que Survie ne l’apprenne que maintenant.
L’Association Survie qui emprunte au Conseil constitutionnel ivoirien ses arguties juridiques, ne doit pas cautionner le mensonge d’État en Côte d’Ivoire en soutenant une hérésie juridique qui risque de faire la honte du droit en Afrique et ramener notre continent à 50 ans en arrière. L’air du parti unique est révolu. En effet, il est faux de penser comme l’Association Survie qu’un délai imparti à la Cei pour annoncer les résultats provisoires du vote du 28 novembre 2010 avait expiré. Les observateurs avertis savent très bien que tout un dispositif artificiel avait été monté pour retarder et empêcher la publication des résultats par la Cei. L’Association Survie ne doit pas ignorer l’imposition d’un couvre-feu la veille des opérations électorales et surtout l’opposition physique des partisans du candidat Laurent Gbagbo, empêchant le porte-parole de la Cei de communiquer les résultats même partiels du scrutin. Pourquoi l’Association Survie embouche-t-elle subitement les récriminations des partisans du candidat Laurent Gbagbo pour faire croire que les résultats du vote communiqués par le président de la Cei seraient nuls et de nul effet, parce que prononcés devant la presse internationale ? L’Association Survie ignore-t-elle que la télévision ivoirienne, nonobstant des raisons d’impayés téléphoniques, avait été appelée par ceux qui la contrôlent à quitter depuis 48 heures le siège de la Cei devenu entre-temps une caserne militaire ? Est-ce de la mauvaise foi ou une tentative d’amis français chargés de donner de la voix pour justifier sans en donner l’air, le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale? L’histoire trouvera réponse à ces questions? Certes, personne ne croit que l’élection présidentielle sortirait subitement la Côte d’Ivoire de la crise, mais notons que la reconnaissance de la volonté des Ivoiriens constitue une étape obligée visant à renforcer le processus de la vraie réconciliation nationale.
Malheureusement, l’un des candidats a choisi de replonger le pays davantage dans la crise. La faute incombe à ce candidat-là, et à lui seul. Pour une fois, qu’une association française a eu l’occasion de le reconnaître, elle a préféré faire de l’ingérence inacceptable dans une affaire qui n’a jamais impliqué la France. Quant aux initiatives d’apaisement, il importe qu’elles renferment le courage de leurs auteurs.
Ceux-là cités en exemple par l’Association Survie ont-ils vraiment soldé les comptes du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010 en dénonçant d’abord les obstacles artificiels et le hold-up électoral du candidat perdant. La Convention de la Société civile ivoirienne qui a bénéficié de soutiens financiers de l’Union Européenne pour observer le déroulement du scrutin, ne s’est pas prononcée suite à l’annulation du vote dans sept départements où elle était présente. Cette association ivoirienne a préféré laisser un rôle peu envié à des structures d’observation chargées de jeter le discrédit sur le vote dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Pour terminer, nous voudrions marquer notre étonnement devant l’absence de condamnation par l’Association Survie des violations massives des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire, avec des centaines de civils massacrés par une partie de l’armée redevable au candidat Laurent Gbagbo appuyés de mercenaires libériens. A moins que comme au Rwanda en 1994, l’Association Survie invite à nouveau les soldats français de Licorne à se taire, à rester sourds aux appels aux secours des civils enlevés chaque soir, et à fermer les yeux sur les tueries de masse enregistrées tous les jours par les forces onusiennes. L’Association Survie ne doit pas chercher au problème de la démocratie en Côte d’Ivoire, un bouc-émissaire que serait la France. Elle doit appeler à respecter le choix du Peuple souverain qui a sanctionné dans les urnes le candidat Laurent Gbagbo. En France, quand on perd une élection, on reconnaît sa défaite et on quitte le pouvoir. L’Association Survie doit encourager la France à véhiculer cette vérité démocratique dans tous les pays du monde, y compris en Côte d’Ivoire, où la France, dès le mois de septembre, avait déjà affirmé, par la voix de M. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, qu’elle n’avait aucun candidat. L’Association Survie aurait, en définitive, mieux fait de se taire sur un problème de géopolitique mondiale qui semble ne pas l’intéresser, parce que ce qui est en jeu, c’est la survie de la démocratie en Côte d’Ivoire. Et pourtant…
Pour le Cabinet du Premier ministre de Côte d’Ivoire
Alain Lobognon,
Conseiller spécial du Premier ministre, chef de délégation des Forces nouvelles aux négociations inter-ivoiriennes de Ouagadougou