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Politique Publié le samedi 8 janvier 2011 | Le Temps

Politologie d’une rébellion : Une «gouvernance par la violence» au Nord de la Côte d’Ivoire ?

Idéologie mandingue et revendications ethnico-politiques

…Si le sujet n’était pas tragique, il serait savoureux d’observer combien, une fois de plus, un certain engouement des médias occidentaux, de savantes manipulations et corruptions de l’opinion par les affidés de la rébellion, l’attente jamais démentie par les faits de militants tiers-mondistes de bonne foi “d’une Cause”, enfin juste, “de libération des peuples”, complexe d’actions et d’attentes qui ont joué dans la perception de la rébellion ivoirienne. Car, à la lumière des pratiques observées, ce petit “Timisoara exotique” est-il bien différent – hors son échelle – des scandales cambodgiens, iraniens, chinois ou soviétiques dans lesquels beaucoup se sont successivement fourvoyés ?

Voir en particulier la vision critique d’Acrimed sur la désinformation à Paris

Pour distinguer les strates de l’idéologie de la rébellion ivoirienne, on peut s’intéresser, au-delà des idées professées, aux idéo-logiques locales, replacées dans la longue durée braudélienne, mais aussi distinguer les représentations spécifiques des factions et groupes qui la composent.

Notamment colistier d’Henriette Diabaté, n°2 du Rdr, aux législatives de 2002, à Port-Bouët.

Comme on l’a vu, rien ne destinait Guillaume Soro, leader étudiant en rupture de ban, proche du Fpi puis du Rdr, à régner en caudillo sur les savanes du Nord ivoirien. Son but, comme celui de tout jeune Turc local, et des cadets sociaux en général, était le pouvoir dans la capitale, monopolisé par une caste politique “d’Anciens” dont il ne pouvait être qu’un représentant commode, un pouvoir vicariant, comme diraient les socio-analystes. En revanche, la problématique “de discrimination” envers les Sahéliens au sens large, les Nordistes en particulier, est socialement juste, dans une certaine mesure, bien qu’elle s’accompagne d’une volonté “d’hégémonie dyoula” que les partisans locaux ou occidentaux de la rébellion se gardent bien de mettre en avant.
Car “la conquête du Sud” est, en effet, à replacer dans un trend de longue durée, de descente des peuples sahéliens vers les zones côtières, mêlant «migrations de guerre» et expansion économique. Et la difficile question de l’islam en Côte d’Ivoire complique les choses – même si l’interprétation du conflit en termes “de guerre de religions” (si ce n’est en termes de conflits “de civilisation” pour les huntingtoniens téméraires) n’est pour le moment du moins qu’une interprétation excessive et très militante à l’étranger du pays. Inverse et symétrique de “l’ivoirité”, fondée théoriquement par le régime d’Henri Konan Bédié mais portée par un mouvement de fond à la fois xénophobe et nationaliste. Depuis l’ère houphouétiste, l’idéologie mandingue se réclame d’une domination sahélienne large, s’inspire d’une hégémonie politique de longue durée, légitime des pratiques contemporaines de discrimination à rebours qui ont conduit aux pires violences. (…)
Des composantes plus récentes s’appuient, comme on l’a évoqué, sur “la descente multiséculaire” de “la révolution Dioula” qui mêle commerce et foi, migration vers les plantations et les capitales côtières et sentiment diffus de supériorité sur “les sauvages et païens forestiers”, rebaptisés récemment du nom-stigmate “de bushis”, comme antonyme “de dyoulas”.
La pauvreté de la zone nord de la Côte d’Ivoire s’est effectivement combinée à une sujétion politique à l’ère houphouétiste, quand les Nordistes servaient de force d’appoint au Pdci-Rda – certains les ont d’ailleurs qualifiés “de bétail électoral” ! La concentration des plantations, où les manœuvres nordistes connaissaient une sorte “de travail forcé” collectif (sur un mode à la fois capitalistique, lignager et communautaire qu’il serait trop long ici d’analyser), s’est combinée avec le caractère privilégié par les différents régimes du développement de la zone Sud, et ce, avec l’évidente complicité “des bailleurs de fonds” raisonnant en termes pseudo-économicistes “de Côte d’Ivoire utile” et, sans le dire, partant de leurs rapports de proximité avec le pouvoir ivoirien pour semer “de cimetières de projets” le pays Baoulé. (…)
Les peuples du Sud, le dos à la mer, effrayés par les 30 % de résidents non nationaux et par les quelque 50 % de Nordistes dans la capitale, parfois minoritaires comme dans l’Ouest sur leurs terres ancestrales, ont vu jusqu’à leur existence menacée, et ont redouté à leur tour d’être victimes d’une domination politique nordiste. Rappelons ici qu’un des principes non écrits de l’idéologie houphouétiste se fondait sur une répartition des fonctions politico-ethniques, où les Nordistes dominent jusqu’à aujourd’hui, des pans entiers de l’économie, notamment le commerce Nord/Sud et les transports, tandis que les Baoulé se sentaient responsables du pouvoir politique.
Cette situation de discrimination économique et de sujétion contemporaine a nourri l’idéologie mandingue d’apports marxisants, s’opposant à la domination “des peuples prolétaires”, mais aussi des discours inspirés de revendications identitaires en termes de discriminations raciales et ethniques, reprenant une terminologie anti-apartheid, ou décalquant le vocabulaire de la communauté afro-américaine pour les droits civiques – exprimée ici, comme pour les natifs libériens en lutte contre les congos de la capitale, par le refus “d’une citoyenneté de seconde zone”. Ce complexe de revendications idéologiques assez disparate, appuyé sur des accusations à vrai dire peu étayées de discrimination anti-musulmane, a pu contribuer à populariser l’idéologie mandingue et les revendications au-delà des frontières (d’où des sympathies diffuses que nous avons pu constater non seulement au Burkina Faso et au Mali. Mais aussi au Liberia et en Sierra Leone), jusqu’à… l’extrême gauche européenne, dont les textes montrent une projection systématique du problème sur la situation des immigrés musulmans en Europe.
L’idéologie mandingue s’est cristallisée sur “un homme providentiel” (bien sûr Alassane Dramane Ouattara), sorte de héros culturel, puis s’est davantage fragmentée sur le nom de plusieurs représentants. Et, enfin, a presque implosé après les affrontements fratricides de 2005, symptômes de réalités ethnico-régionales sous-jacentes, de fait très antagonistes.

Un proto-Etat sahélien ?

Dans les derniers temps (particulièrement en 2006), la rébellion s’est doté d’embryons d’appareils d’Etat et d’attributs de souveraineté, qui font craindre à certains observateurs la partition de la Côte d’Ivoire et l’autonomisation “d’une République du Nord”, vouée tôt ou tard à une réunification avec le Burkina.
Il est mal connu en revanche à l’extérieur du pays que le gouvernement légal d’Abidjan continue à soutenir à bout de bras certains secteurs techniques, à fonds perdus. Non seulement les fonctionnaires nordistes continuent à être salariés par Abidjan, mais eau et électricité sont fournies par les appareils techniques de l’Etat ivoirien à la zone rebelle, faveur d’autant plus appréciée qu’aucune facture n’est réglée.
Sous influence de médias ou de chercheurs sympathisants de la rébellion, un certain nombre de puissantes Ong occidentales se sont, depuis 2002, substituées à l’appareil d’Etat ivoirien détruit par la rébellion, à tel point que cette action fait actuellement débat dans la sphère humanitaire. C’est notamment le cas du secteur de la santé : tandis que les soins de santé primaire (infirmeries, centres de santé villageois,…) sont inexistants et qu’entre Vih, paludisme et maladies plus ordinaires, les villageois sont décimés, une Ong comme Msf salarie à Bouaké des dizaines d’expatriés et des centaines “de locaux”, «alliés objectifs de la rébellion», intouchables et extrêmement populaires au Nord (et à l’abri des exactions et des brigandages, naturellement à minimiser par ces acteurs humanitaires). Cette Ong tient, à la limite, le rôle ambigu “de ministère de la Santé du Mpci” ! Les organisations internationales se prennent au piège de “cette aventure ambigüe” : ainsi l’Unesco a-t-elle financé le fonctionnement du système éducatif au Nord.

De plus de 50 milliards de Fcfa, ce hold-up poussera la banque ouest-africaine à changer de bille

L’économie comprend deux secteurs tout à fait antagonistes et, à bien des égards, caricaturaux : “l’économie de prédation”, à la fois individuelle et collective, comprend le trafic informel de toutes les matières premières – coton, bois, cacao, sucre, diamants –, transports au profit des dignitaires de la rébellion et de leurs alliés régionaux, comme le Burkina et peut-être le Sénégal. Outre le mystérieux financement initial, “le casse de la Bceao” de Bouaké (mais aussi à Korhogo et Man), en septembre 2003, a permis de rapides enrichissements personnels, bien que le changement rapide de monnaie ait entraîné certaines difficultés de blanchiment.
La rébellion semble prise dans un curieux dilemme : soit elle joue le jeu d’un gouvernement d’union nationale et participe de la vie politique ivoirienne, permettant le redéploiement de l’Administration ; soit, pour répondre aux critiques de prédation et de non-administration manifeste “du Soroland”, elle crée avec des appuis burkinabè sa propre administration. Mais, dans ce dernier cas, elle renforce l’issue autonomiste puis sécessionniste de “la République du Nord” (ou, plus couramment chez les rebelles, “Côte d’Ivoire Un” (ou de manière plus réaliste, irrédentiste, comme future province du «pays des hommes intègres», si l’on peut encore employer cette expression, datant de Thomas Sankara, pour le Burkina. Ce dernier cas, sans doute refusé par la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et l’Ua comme un dangereux précédent, serait en revanche un prétexte au camp loyaliste pour organiser des élections internationalement reconnues, cantonnées à la zone Sud. C’est ainsi que la rébellion a entrepris un processus multiforme d’étatisation : ouverture de banques (Caisse d’épargne populaire et de crédit en Côte d’Ivoire – Cepcci), projets d’écoles de douane, gendarmerie, police, établissement “d’une radio télévision Mpci”. Plus récemment, “une centrale” (sic !) permet, de manière minoritaire, de collecter une sorte d’impôt, que certaines sources estiment détournées massivement au profit des seigneurs de guerre rebelles.

Reconstruire les services de l’Etat est d’ailleurs incompatible avec des pratiques antérieures

Dans “les sommets de l’Etat” rebelle, on assiste à un curieux mimétisme de représentation avec l’Etat officiel, inversement symétrique aux pratiques de prédation continue : des chefs guerriers comme le fameux Wattao sont bombardés «Chef d’état-major adjoint» (sic), tandis que le «président» Guillaume Soro installe un «cabinet civil», des écoles de gendarmerie, police, douane, etc.
Un des paradoxes de la situation dans la zone Nord semble la fuite continue de la population, conséquence d’une destruction non seulement des appareils administratifs, mais de l’économie elle-même. Un rapport de l’Onuci, en janvier 2004 (à une époque où les rebelles, ne touchant plus de solde, terrorisaient la population), explique :
«La situation économique dans les zones tenues par la rébellion est sombre. La fermeture des entreprises et des banques, la quasi-disparition des services administratifs, la réduction draconienne des services sociaux, la perte de milliers d’emplois, partant, des moyens de subsistance, ont entraîné l’effondrement de l’économie informelle».
En attendant qu’une esquisse de proto-Etat se développe, les populations pratiquent l’exode à grande échelle : “les réfugiés d’Abidjan” sont plus d’un million, sans compter ceux qui ont passé les frontières et se massent dans “les villages-frères” du côté gouvernemental. «Régner sur les cimetières» ou sur une zone exsangue ne motivant pas excessivement les rebelles, l’option de partage du pouvoir dans la capitale pourrait s’en trouver paradoxalement renforcée…

Rébellion dans la rébellion et jeux d’alliances

La scission violente de la rébellion prouve à la fois son enracinement ethnique, la faiblesse de ses revendications idéologiques, mais aussi, paradoxalement, ses capacités de survie et d’adaptation, notamment pour avoir continué à résister au camp loyaliste. Coup d’Etat manqué monté à la fois de l’intérieur, et instrumentalisé par un Etat limitrophe, devenu rébellion et pourtant participant de manière fluctuante au gouvernement national, fonctionnant en système avec les mouvements nomades ouest-africains et passant des alliances régionales, visant le pouvoir à Abidjan en coordination avec la branche civile de l’opposition, en même temps établissant les prémices d’un proto-Etat du Nord, le mouvement rebelle apparaît très composite et prend des formes en apparence très contradictoires.
Pourtant, une anthropo-sociologie de la rébellion montre au contraire son double enracinement ethnique, son rôle à la fois tribunicien par rapport aux inégalités de développement et son exercice continu d’une violence sanglante envers les civils et ses propres membres. De fait, rapporté aux formes des autres rebellions ouest-africaines (ou plus lointaines, comme les mouvements congolais), il semble aussi confirmer les thèses de Richards sur sa fonction de mouvements “d’entrepreneurs de la violence” – voie guerrière pour sortir les cadets sociaux de leur exclusion du social – et pour leurs leaders de leur sujétion, en tant que catégorie d’âge et intellectuels prolétarisés, au leadership politique représentatif. De même, leur situation périphérique explique à la fois son rôle de porte-parole des Nordistes ivoiriens exclus de “la Côte d’Ivoire utile” depuis “le temps colon”, et ses accointances avec le régime burkinabé soucieux d’irrédentisme et de prédation économique, un peu à l’image du Rwanda envers les richesses congolaises. Puis les événements de 2004 dans la zone Nord ont montré l’implosion du mouvement insurrectionnel, dès lors transformé au fond en “deux ethno-rébellions” correspondant aux groupes Sénoufo, autour de Guillaume Soro, et malinké/ dyoula (au sens restreint) se revendiquant d’Ibrahim Coulibaly, et, pour certains analystes militaires, son émiettement. Loin d’être isolée et uniquement tournée vers Abidjan, la rébellion s’est tournée vers des alliances régionales et internationales mouvantes, participant de “la guerre nomade” ouest-africaine et du jeu des rivalités politiques classiques entre pays voisins, notamment de la zone Cedeao. C’est dire au passage “la fausse bonne idée”, qui ne se limite pas à l’Afrique de l’Ouest, ni au continent, de la logomachie onusienne alliée à de sympathiques utopies panafricaines, de vouloir confier “la résolution des conflits” à des forces «régionales», à un «corps» ou «force d’intervention» de l’Union africaine. Ce raisonnement ubuesque feint d’ignorer les problèmes politico-militaires qui fâchent : voit-on sérieusement un contingent burkinabé faire la paix à Abidjan, tandis qu’un autre ferait la guerre à Bouaké ? Ou tire-t-on les conclusions des résistibles «interventions africaines», dont la dernière et catastrophique en date a lieu en ce moment au Darfour ?
Il est de notoriété publique que le leader du Mpci, Guillaume Soro, est l’heureux possesseur d’un passeport diplomatique sénégalais, qu’il possède des biens considérables dans sa base arrière de Ouagadougou et qu’il se déplace en France librement, pour faire la promotion médiatique de ses idées et de ses écrits. Ces exemples, caricaturaux mais bien réels, montrent bien le sens des alliances de la guérilla.
En effet, la «guerre nomade» amplifie de manière entropique des phénomènes d’instrumentalisation réciproque des oppositions civiles et armées, des mouvements de guérillas et des factions politiques, entre gouvernements africains antagonistes. Le cas le plus connu est certainement l’opposition d’école entre le Président Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire et Sékou Touré de Guinée, dont tous “les coups d’Etat” n’étaient pas imaginaires, même si la plupart n’étaient que des fictions propres à de sanglantes répressions.
Outre l’instrumentalisation par les deux camps des groupes armés libériens, à l’appui de la guérilla par le Burkina – et plus discrètement par le Mali et le Sénégal – le camp loyaliste peut se prévaloir de l’alliance avec l’Afrique du Sud, le Rwanda et l’Angola (et au-delà, de la Chine et de la Russie) – qui esquissent une redoutable «ligue anti- française» en relations internationales, reprochant à l’actuel régime en place à Paris des actions de déstabilisation néo-foccardiennes, mêlant pressions financières, diplomatiques, militaires et médiatiques savamment orchestrées, mais parfois globalement inefficaces.
Comment qualifier “la gouvernance rebelle” et son système politique ? De toute évidence, l’écart est extrême entre un discours généreux de «Robins des bois» égalitaristes ou de «Freedom fighters» nordistes, et les pratiques de violence discontinue. Contrairement au camp gouvernemental, on ne voit guère en zone rebelle de contre-pouvoirs, ni de système électif. Pir, aucun appareil d’Etat, technique en particulier, ne gère le quotidien : si Ong et système onusien se sont curieusement substitués aux administrations chassées de la zone Sud, c’est qu’il est de notoriété publique que, par exemple, une terrible surmortalité sévit, tandis que la criminalité et les exactions explosent.

De la guerre nomade: sept approches du conflit

Une comparaison éclairante à qui a connu le Liberia en guerre s’impose : comme le noyau dur de l’Etat libérien restait les blacks scorpios de Taylor, on assiste ici à un embryon d’Etat fonctionnant «à la violence», autorégulé par des phénomènes segmentaires de massacres factionnels et un pillage systématique qui n’hésite pas à recourir au travail forcé dans le secteur minier. Comme au Liberia, comme en Sierra Léone, le refus de l’Etat amène paradoxalement au revival de formes pré-étatiques, à une gouvernance ethniciste ou fondée sur la violence non ritualisée, mais en quelque sorte «expérimentale», dans le sens extrême du terme.
Dictature politico-militaire fortement appuyée de l’étranger, le «régime» de Bouaké se trouve très vulnérable devant des enquêtes à venir des Ong des Droits de l’Homme et des tribunaux internationaux, qui, pour le moment, ont plus accès à la zone gouvernementale, si l’on admet qu’elles ne sont pas instrumentalisées. L’impunité sera, comme dans des post-conflits à la congolaise, un des enjeux de la fin de la rébellion.
Cependant, des éléments permettent à l’inverse de comprendre pourquoi la force des armes, l’exercice discontinu de la violence et la prédation érigée en système permettent une certaine gestion de la zone Nord : l’appareil militaire se superpose, en fait, à un réseau puissant de communautés villageoises Sénoufo et malinké, qui retrouvent de nouvelles fonctions d’autogestion, ou d’anciennes… car la situation rappelle l’éphémère «Empire nomade de l’Almamy Samory» dont se réclame implicitement le Mpci, tandis que les traditions locales se souviennent surtout de ses exactions.

…Qui gouverne la Côte d’Ivoire ?

Tout peut cependant arriver en Côte d’Ivoire, dont l’histoire récente montre bien les retournements d’alliances et de situations, en particulier “une internalisation” de la crise (par opposition à l’externationalisation actuelle et les manipulations élyséennes des Institutions internationales contre le régime d’Abidjan), pourrait aboutir à une paradoxale «paix des braves». Des négociations ivoiro-ivoiriennes entre la rébellion et le pouvoir mettraient alors sur la touche les résolutions onusiennes, et la primature serait offerte à Guillaume Soro, renouvellant une voie très africaine des cadets revendiquant un pouvoir inaccessible par la force des armes.
A l’opposé, et comme depuis 2002, en cas d’échec “du Dialogue direct” à condition de la neutralité des forces d’intervention au cas, peu probable, de leur aide à “un désarmement forcé”, la reprise de la guerre paraîtrait envisageable, une réunification du territoire permettant au régime actuel d’Abidjan d’aller en confiance aux élections. Pari qui semble toutefois bien risqué, et l’enlisement actuel paradoxalement plus sûr pour les deux parties.
Mais la fin du soutien matériel ou armé du Burkina, voire, en cas de changement de régime à Paris, la réduction par la force d’une nébuleuse chaotique de chefs de guerre divisés et de troupes démoralisées, est aussi envisageable. Alors, plutôt qu’une «anatomie» faudrait-il entrevoir les «métamorphoses» d’une rébellion ?
Ou son autopsie ? Et si la réintégration des rebelles et de leur zone dans la République ivoirienne passait par une amnistie généralisée, cela rendrait-il nécessaire l’oubli de leurs crimes, à défaut de pardon ?

Par Michel Galy
Politologue Michel Galy, chercheur au Centre sur les conflits et animateurs de la revue «Culture et conflits».
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