L’école ivoirienne n’a pas retrouvé son fonctionnement normal malgré les nombreux appels du gouvernement Gbagbo. Le Syndicat des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (Synesci) participe à ce blocage. En l’absence de son secrétaire général (en mission à l’extérieur du pays), le 1er secrétaire général adjoint, Traoré Siaka donne les raisons de leur prise de position.
- Depuis début janvier, l’école peine à retrouver son fonctionnement normal malgré les appels de Jacqueline Oble, ministre de l’éducation dans le gouvernement Gbagbo. Que se passe-t-il réellement ?
Malgré l’appel de Jacqueline Oble, les camarades, dans leur majorité, ont fortement demandé aux enseignants de dresser un rempart pour protéger et préserver la démocratie face à la situation post-électorale. Je peux vous dire que partout, sur l’étendue du territoire, les écoles sont fortement perturbées. Plusieurs établissements sont fermés ; les professeurs ne donnent pas cours.
- On se souvient qu’au début de cette crise, vous aviez publié une déclaration pour demander à Laurent Gbagbo de céder le pouvoir parce qu’il a perdu l’élection selon vous. Ce boycott est-il la suite de cette prise de position ?
Effectivement. Aucun syndicat ne peut prospérer dans un pays sans démocratie. Il sera victime de toutes sortes de répressions et risque de disparaître. Et ce serait la disparition de la seule structure qui peut défendre les intérêts moraux et matériels des enseignants.
- Comment votre déclaration a-t-elle été accueillie par vos syndiqués ?
Dans leur grande majorité, les camarades ont bien accueilli le message. Même si quelques uns ne l’ont compris que plus tard. Il faut dire que le Synesci est un syndicat d’avant-garde. Je voudrais faire ce rappel. En 2000, au forum de la réconciliation nationale, le Synesci avait demandé que certains articles de la constitution de 2000 soient révisés, parce qu’ils étaient sources de conflits. En son temps, plusieurs personnes ont accusé le Syndicat de vouloir faire la politique, et de rouler pour l’opposition. Le Synesci avait aussi demandé que la question de la nationalité de M. Alassane Ouattara soit réglée parce que cette question pourrissait l’environnement politique et social dans le pays. Nous n’avions pas été bien compris. Heureusement, aujourd’hui, l’histoire nous donne raison : le problème d’Alassane Ouattara a été résolu. A cela, il faut ajouter que suite au déclenchement de la guerre, le Synesci a d’abord condamné la rébellion, parce que nous sommes un syndicat démocratique qui s’oppose à la prise du pouvoir par les armes. Ensuite, nous avons demandé au gouvernement de négocier avec la rébellion. Cela nous a valu d’être traités de rebelles. Mais en 2007, l’histoire nous a encore donné raison, car Gbagbo a demandé le dialogue direct. C’est pour cela que nous demandons aujourd’hui de dresser un rempart pour sauver et préserver la démocratie. Parce que sans démocratie, le syndicalisme ne peut prospérer.
- Il nous revient que le gouvernement Gbagbo est en train de recenser les enseignants qui viennent en classe en vue de sanctionner ceux qui sont absents. Que répondez-vous ?
Nous savons qui sont ceux qui identifient ces enseignants. Nous regrettons cela. Mais ce sont des stratégies d’intimidation qui ne pourront pas marcher. Rien ne peut intimider les militants du Synesci. Nous assumons notre choix. Et au-delà de l’aspect politique, il faut insister sur le volet sécuritaire. Dans certaines zones, nos militants ont été victimes de la cruauté de certaines personnes, juste après les élections. A Dimbokro, par exemple, certains ont été victimes de violence. Des militants ont été menacés de mort. Quelques uns ont vu leurs biens aller en fumée. Tout cela parce qu’ils ne partageaient pas des positions politiques. Ils étaient obligés de quitter leurs lieux de travail pour se réfugier ailleurs. Au-delà de cela, nous ne pouvons pas comprendre qu’on demande à certains d’aller enseigner au sud alors qu’ailleurs, l’école ne fonctionne pas.
- Vous ne craignez vraiment pas des sanctions même financières?
Nous ne craignons pas les sanctions parce que nous menons le bon combat. Nous luttons pour la sauvegarde de la démocratie et, surtout, pour la bonne pratique de notre profession dans un environnement sain et sécurisé. Nous avons déjà été victimes de suspension de salaires.
Interview réalisée par Cissé Sindou
- Depuis début janvier, l’école peine à retrouver son fonctionnement normal malgré les appels de Jacqueline Oble, ministre de l’éducation dans le gouvernement Gbagbo. Que se passe-t-il réellement ?
Malgré l’appel de Jacqueline Oble, les camarades, dans leur majorité, ont fortement demandé aux enseignants de dresser un rempart pour protéger et préserver la démocratie face à la situation post-électorale. Je peux vous dire que partout, sur l’étendue du territoire, les écoles sont fortement perturbées. Plusieurs établissements sont fermés ; les professeurs ne donnent pas cours.
- On se souvient qu’au début de cette crise, vous aviez publié une déclaration pour demander à Laurent Gbagbo de céder le pouvoir parce qu’il a perdu l’élection selon vous. Ce boycott est-il la suite de cette prise de position ?
Effectivement. Aucun syndicat ne peut prospérer dans un pays sans démocratie. Il sera victime de toutes sortes de répressions et risque de disparaître. Et ce serait la disparition de la seule structure qui peut défendre les intérêts moraux et matériels des enseignants.
- Comment votre déclaration a-t-elle été accueillie par vos syndiqués ?
Dans leur grande majorité, les camarades ont bien accueilli le message. Même si quelques uns ne l’ont compris que plus tard. Il faut dire que le Synesci est un syndicat d’avant-garde. Je voudrais faire ce rappel. En 2000, au forum de la réconciliation nationale, le Synesci avait demandé que certains articles de la constitution de 2000 soient révisés, parce qu’ils étaient sources de conflits. En son temps, plusieurs personnes ont accusé le Syndicat de vouloir faire la politique, et de rouler pour l’opposition. Le Synesci avait aussi demandé que la question de la nationalité de M. Alassane Ouattara soit réglée parce que cette question pourrissait l’environnement politique et social dans le pays. Nous n’avions pas été bien compris. Heureusement, aujourd’hui, l’histoire nous donne raison : le problème d’Alassane Ouattara a été résolu. A cela, il faut ajouter que suite au déclenchement de la guerre, le Synesci a d’abord condamné la rébellion, parce que nous sommes un syndicat démocratique qui s’oppose à la prise du pouvoir par les armes. Ensuite, nous avons demandé au gouvernement de négocier avec la rébellion. Cela nous a valu d’être traités de rebelles. Mais en 2007, l’histoire nous a encore donné raison, car Gbagbo a demandé le dialogue direct. C’est pour cela que nous demandons aujourd’hui de dresser un rempart pour sauver et préserver la démocratie. Parce que sans démocratie, le syndicalisme ne peut prospérer.
- Il nous revient que le gouvernement Gbagbo est en train de recenser les enseignants qui viennent en classe en vue de sanctionner ceux qui sont absents. Que répondez-vous ?
Nous savons qui sont ceux qui identifient ces enseignants. Nous regrettons cela. Mais ce sont des stratégies d’intimidation qui ne pourront pas marcher. Rien ne peut intimider les militants du Synesci. Nous assumons notre choix. Et au-delà de l’aspect politique, il faut insister sur le volet sécuritaire. Dans certaines zones, nos militants ont été victimes de la cruauté de certaines personnes, juste après les élections. A Dimbokro, par exemple, certains ont été victimes de violence. Des militants ont été menacés de mort. Quelques uns ont vu leurs biens aller en fumée. Tout cela parce qu’ils ne partageaient pas des positions politiques. Ils étaient obligés de quitter leurs lieux de travail pour se réfugier ailleurs. Au-delà de cela, nous ne pouvons pas comprendre qu’on demande à certains d’aller enseigner au sud alors qu’ailleurs, l’école ne fonctionne pas.
- Vous ne craignez vraiment pas des sanctions même financières?
Nous ne craignons pas les sanctions parce que nous menons le bon combat. Nous luttons pour la sauvegarde de la démocratie et, surtout, pour la bonne pratique de notre profession dans un environnement sain et sécurisé. Nous avons déjà été victimes de suspension de salaires.
Interview réalisée par Cissé Sindou