Des clameurs nous parviennent de la Côte d'Ivoire depuis la fin du second tour des élections. Des crépitements de fusils automatiques, des sanglots, des larmes, des effluves de sang montent à nos oreilles et à nos narines. Mais à y voir de près, à bien y prêter attention, quelques voix se font entendre distinctement.L'une d'elles est celle de son Eminence, Bernard Cardinal Agré. Dans l'une de ses déclarations, il disait ceci: "Nous ne savons pas faire attention. Nous sommes incohérents. Tantôt ceci, tantôt cela. Il est bon qu'un jour, nous nous disions que nous n'avons pas deux pays. Nous n'avons que celui-là. S'il brûle, nous n'irons nulle part. Sauf peut-être aller dans la mer. Où les requins vont nous accueillir. C'est la seule issue.. Alors si nous n'avons pas d'autre patrie, d'autre pays, il nous faut tout faire pour protéger le nôtre. Bien sûr, nous avons des choses à nous reprocher les uns les autres...".
Ce discours nous l'avons déjà entendu, il y a une dizaine d'années, venant du même Cardinal. Quelle curieuse image! Avouons-le, c'est affligeant, et désespérant venant d'un ecclésiastique. Notre pasteur nous dit que la seule voie est la mer et que les requins nous y attendent. Cette réflexion m'interpelle à deux niveaux:
Premier point : si le seul chemin à prendre au cas où notre pays viendrait à brûler est celui de la mer, cela implique que tout autour de nous, il n'y a que des peuples qui nous sont hostiles, férocement hostiles. Pourquoi Eminence vous inscrivez-vous en permanence dans une logique de suspicion, de haine et d'affrontement envers l'autre? Je ne sais pas si vous suivez les informations du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés UNHCR en provenance du Libéria et de la Guinée et qui nous situent sur le flot de plus en plus important de nos pauvres frères et soeurs éprouvés par des douleurs et violences atroces à l'ouest du pays et qui trouvent refuge dans les familles de ces pays limitrophes? Vous me rétorquerez qu'ils sont en route pour la mer et que votre prophétie commence à se réaliser. Soit! Quelle prophétie! Pour sûr, nous n'avons pas connaissance de rejet de la part de ces pays. Non cher Cardinal, nous souffrons déjà assez pour que vous en mettiez davantage. Pensez- vous que le Christ dont vous êtes le serviteur nous indiquerait ou nous conduirait à la direction océan au motif qu'il n'y a plus rien à faire pour nous?
Deuxième point : en fait, notre pays brûle depuis et vous faites partie de ceux -là qui y ont mis le feu et qui l'attisent chaque jour, par vos déclarations ambigües, vos non-dits et autres contre-vérités. Vous le savez bien, notre pays brûle depuis. Ces coups de feu, ces assassinats et confiscations récurrentes du pouvoir ne sont que l'aboutissement d'un long processus de déliquescence, de délabrement et de putréfaction morale. Ne vous attendez pas à le voir brûler autrement. Depuis que vous avez encouragé les politiciens manipulateurs, filous et dictateurs à s'emparer et confisquer le pouvoir, vous avez mis le feu au pays. Vous nous avez brûlés et jetés dans la mer de votre haine, et de votre couardise. Je vous l'ai dit, vous attisez le feu. Vous en voulez une preuve? Vous affirmez ceci dans l'une de vos récentes interviews : "...je suis pasteur, je suis au-dessus. Je ne suis ni pour l'un ni pour l'autre... Il y a des gens qui sont commis pour cela. Par la loi, par la Constitution. Alors s'ils ont fait leur travail, s'ils ont cherché la vérité des faits... Ce n'est pas à moi de dire non, je ne reconnais pas. Dans ce cas, je défais tout, je refais tout. Pourquoi? Est-ce que j'ai l'autorité pour faire cela?..."
Je vous réponds tout de suite: oui vous avez l'autorité pour faire cela mon Cardinal. L'autorité morale et spirituelle que vous confère votre statut ecclésial vous y autorise et au surplus vous le commande.
Vous avez l'urgente et impérieuse obligation spirituelle de dire la Vérité, car Christ est Vérité. Oui. Comme le Père Jerzy Popieluszko en Pologne, comme Mgr Desmond Mpilo Tutu en Afrique du Sud, comme feu Mgr Isidore de Souza au Bénin, Christian Cardinal Tumi au Cameroun et bien d'autres encore, vous avez le droit et l'obligation de dire la Vérité.
Vous avez dit... s'ils ont fait leur travail, s'ils ont cherché la Vérité des faits... Justement, vous savez qu'en expédiant en quelques heures la vingtaine de milliers de dossiers objet du contentieux, " ils " disons Yao Ndré n'a pas recherché la Vérité. En annulant les votes dans toutes ces régions comme il l'a fait, le très sinistre Paul Yao-Ndré a violé la loi et s'est résolument éloigné de la Vérité. Justement, la Vérité, la vraie pour une fois que vous avez l'occasion de la dire, Cher Bernard Cardinal Agré, Cher Père je vous en supplie dites une parole de foi et notre pays arrêtera de brûler et les requins ne nous mangeront pas! Dites pour une fois, une parole de foi et elle ne vous étouffera pas la Vérité, car la Vérité vous affranchira dit la Parole de Vie.
Mgr Desmond Tutu disait: "…en définitive, tout est une question de conscience, tout se situe entre l'individu et sa conscience".
Terminons sur cet échange entre l'enfant et le vieillard.
L'enfant au vieillard: "ta bouche sent mauvais, la mienne ne sent pas !"
Le vieillard de lui répondre: "Ma bouche sent peut-être, mais il en sort des paroles sages. Mon fils, la tienne ne sent pas, cependant il n'en sort que des paroles insensées".
L'enfant à nouveau: "Mais il y a des vieillards dont la bouche sent et qui déverse des paroles haineuses et incendiaires"!
La leçon: chacun sait où il se situe. Heureusement que des évêques courageux existent encore dans ce pays!
...nous serons sauvés.
Calixte Gnahoua
Enseignant Chercheur Paris 1 Panthéon Sorbonne
calixtegnahoua@yahoo.fr
Ce discours nous l'avons déjà entendu, il y a une dizaine d'années, venant du même Cardinal. Quelle curieuse image! Avouons-le, c'est affligeant, et désespérant venant d'un ecclésiastique. Notre pasteur nous dit que la seule voie est la mer et que les requins nous y attendent. Cette réflexion m'interpelle à deux niveaux:
Premier point : si le seul chemin à prendre au cas où notre pays viendrait à brûler est celui de la mer, cela implique que tout autour de nous, il n'y a que des peuples qui nous sont hostiles, férocement hostiles. Pourquoi Eminence vous inscrivez-vous en permanence dans une logique de suspicion, de haine et d'affrontement envers l'autre? Je ne sais pas si vous suivez les informations du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés UNHCR en provenance du Libéria et de la Guinée et qui nous situent sur le flot de plus en plus important de nos pauvres frères et soeurs éprouvés par des douleurs et violences atroces à l'ouest du pays et qui trouvent refuge dans les familles de ces pays limitrophes? Vous me rétorquerez qu'ils sont en route pour la mer et que votre prophétie commence à se réaliser. Soit! Quelle prophétie! Pour sûr, nous n'avons pas connaissance de rejet de la part de ces pays. Non cher Cardinal, nous souffrons déjà assez pour que vous en mettiez davantage. Pensez- vous que le Christ dont vous êtes le serviteur nous indiquerait ou nous conduirait à la direction océan au motif qu'il n'y a plus rien à faire pour nous?
Deuxième point : en fait, notre pays brûle depuis et vous faites partie de ceux -là qui y ont mis le feu et qui l'attisent chaque jour, par vos déclarations ambigües, vos non-dits et autres contre-vérités. Vous le savez bien, notre pays brûle depuis. Ces coups de feu, ces assassinats et confiscations récurrentes du pouvoir ne sont que l'aboutissement d'un long processus de déliquescence, de délabrement et de putréfaction morale. Ne vous attendez pas à le voir brûler autrement. Depuis que vous avez encouragé les politiciens manipulateurs, filous et dictateurs à s'emparer et confisquer le pouvoir, vous avez mis le feu au pays. Vous nous avez brûlés et jetés dans la mer de votre haine, et de votre couardise. Je vous l'ai dit, vous attisez le feu. Vous en voulez une preuve? Vous affirmez ceci dans l'une de vos récentes interviews : "...je suis pasteur, je suis au-dessus. Je ne suis ni pour l'un ni pour l'autre... Il y a des gens qui sont commis pour cela. Par la loi, par la Constitution. Alors s'ils ont fait leur travail, s'ils ont cherché la vérité des faits... Ce n'est pas à moi de dire non, je ne reconnais pas. Dans ce cas, je défais tout, je refais tout. Pourquoi? Est-ce que j'ai l'autorité pour faire cela?..."
Je vous réponds tout de suite: oui vous avez l'autorité pour faire cela mon Cardinal. L'autorité morale et spirituelle que vous confère votre statut ecclésial vous y autorise et au surplus vous le commande.
Vous avez l'urgente et impérieuse obligation spirituelle de dire la Vérité, car Christ est Vérité. Oui. Comme le Père Jerzy Popieluszko en Pologne, comme Mgr Desmond Mpilo Tutu en Afrique du Sud, comme feu Mgr Isidore de Souza au Bénin, Christian Cardinal Tumi au Cameroun et bien d'autres encore, vous avez le droit et l'obligation de dire la Vérité.
Vous avez dit... s'ils ont fait leur travail, s'ils ont cherché la Vérité des faits... Justement, vous savez qu'en expédiant en quelques heures la vingtaine de milliers de dossiers objet du contentieux, " ils " disons Yao Ndré n'a pas recherché la Vérité. En annulant les votes dans toutes ces régions comme il l'a fait, le très sinistre Paul Yao-Ndré a violé la loi et s'est résolument éloigné de la Vérité. Justement, la Vérité, la vraie pour une fois que vous avez l'occasion de la dire, Cher Bernard Cardinal Agré, Cher Père je vous en supplie dites une parole de foi et notre pays arrêtera de brûler et les requins ne nous mangeront pas! Dites pour une fois, une parole de foi et elle ne vous étouffera pas la Vérité, car la Vérité vous affranchira dit la Parole de Vie.
Mgr Desmond Tutu disait: "…en définitive, tout est une question de conscience, tout se situe entre l'individu et sa conscience".
Terminons sur cet échange entre l'enfant et le vieillard.
L'enfant au vieillard: "ta bouche sent mauvais, la mienne ne sent pas !"
Le vieillard de lui répondre: "Ma bouche sent peut-être, mais il en sort des paroles sages. Mon fils, la tienne ne sent pas, cependant il n'en sort que des paroles insensées".
L'enfant à nouveau: "Mais il y a des vieillards dont la bouche sent et qui déverse des paroles haineuses et incendiaires"!
La leçon: chacun sait où il se situe. Heureusement que des évêques courageux existent encore dans ce pays!
...nous serons sauvés.
Calixte Gnahoua
Enseignant Chercheur Paris 1 Panthéon Sorbonne
calixtegnahoua@yahoo.fr