Le président du Tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, Alain Pohan, a, vendredi 7 janvier dernier, mis en liberté provisoire tous les détenus de la filière café-cacao. « Ce qui va nous permettre de préparer sereinement l’audience », avait précisé Me Traoré Drissa, avocat de la
défense. Puisque le déballage du 27 janvier prochain va sonner le glas des cadres du Front Populaire Ivoirien (FPI).
Juin 2008, une affaire de détournement dans la filière café-cacao éclate. Ce secret de polichinelle va décapiter toute la hiérarchie des structures (FDPCC ; BCC ; FRC et ARCC) issues de la libéralisation de la filière. MM. Henri Amouzou et Théophile Kouassi (respectivement PCA et Secrétaire Exécutif du FDPCC), Tapé Doh et Tanoh Kassi (respectivement PCA et Directeur de la BCC), Kouakou Firmin et Mme Angéline Zilahon Kili (directeur général et PCA du FRC), Mme Obogui Amenan Rosine, Jean-Claude Bayou et autres, se sont retrouvés mis aux arrêts pour détournement de biens sociaux, faux et usage de faux en écriture bancaire … Trente mois après, point de procès. Parce que l’enquête bouclée du procureur Kimou a du mal à démarrer, selon des sources. Face à ce non droit, le président du Tribunal de première d’Abidjan-Plateau a accédé à la énième requête de liberté provisoire des détenus, vendredi 7 janvier dernier. « Nos clients sont en liberté provisoire. C’est une bonne chose pour nous. Depuis longtemps, nous ne comprenons pas pourquoi nos clients étaient détenus alors qu’il y a la présomption d’innocence. Cette mise en liberté provisoire va nous permettre de préparer sereinement l’audience », soutient Me Traoré Drissa.
Fier de ce premier pas franchi, l’avocat du collège des avocats de la défense poursuit : « au regard de la situation, cela va nous permettre d’attaquer le procès ». Le mot est lâché ; attaquer le procès. En d’autre terme, utiliser toutes les preuves à leur disposition pour faire éclater la vérité. Et là, des personnalités du Front Populaire Ivoirien (FPI) commencent à avoir la trouille.
Au regard de leur implication, trop grande, dans la gestion de l’argent des producteurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire.
Paul Antoine Bohoun Bouabré dans le point de mire
L’ex-ministre de l’économie et des finances (2000 à 2005) des gouvernements d’Affi N’Guessan et de Seydou Elimane Diarra, a le sommeil troublé lorsqu’on parle du procès des barons de la filière café-cacao. En cinq années au poste de ce ministère sous le régime de la refondation, il a fait la pluie et le beau temps dans cette filière libéralisée. « Pour tout décaissement, il a un pourcentage fixé par lui-même », rapporte une source bien introduite. « Ce pourcentage peut-être parfois « plus lourd » que le fonds à décaisser pour les activités paysannes », précise notre source. Ce qui a permis au professeur-assistant en économie de l’université de Cocody de devenir milliardaire en un temps record.
Sinon, comment un fils de paysan, pauvre, d’un village à quelques kilomètres d’Issia, peut-il, subitement, devenir milliardaire en cinq ans ? Pour y arriver, il a abusé de son pouvoir. Sans avertir les producteurs de café-cacao, il a transféré leur compte séquestre provenant de la para-fiscalité logée à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à la CAA (Caisse Autonome d’Amortissement). Cette liquidité a permis à cette dernière institution financière de devenir une banque commerciale (Banque Nationale d’Investissement, BNI). C’est de là qu’est née la première grande dissension entre lui et Henri Amouzou, président d’alors du Fonds de Développement et de promotion des activités des Producteurs de Café-Cacao, FDPCC. Le transfert du compte paysan à la BNI a automatiquement donné droit de signature sur ledit compte au ministre de l’économie et des finances avec l’aval de celui de l’Agriculture. Du coup, Paul Antoine Bohoun Bouabré contrôlait toutes les finances disponibles de la filière café-cacao. C’est lui qui, selon son humeur, fixait le montant de la commission à reverser à son collègue de l’Agriculture. Et, imposait le ou les montants à décaisser pour la cause paysanne. Les producteurs qui possèdent leur compte sont désormais mis au second plan.
Alors qu’en régime bancaire, c’est celui qui possède son compte qui y appose sa signature, et non un tiers, fut-il ministre. Pour avoir un décaissement pour les activités du FDPCC, Henri Amouzou était contraint de procéder par menaces de grèves des producteurs pour que la tutelle cède. Cependant, l’utilisation de l’argent obtenu reste à désirer ! Le fait d’être devenu riche en un temps record semble fait perdre la tête à Bohoun Bouabré. Qui raconte à ceux qui veulent l’entendre qu’il est aussi présidentiable. Donc, pas question pour lui de faire campagne d’autrui. Bref !
Sébastien Dano Djédjé, un passage éclair à l’Agriculture mais très enrichissant
Ce cadre FPI de Gagnoa venu remplacer à pied levé un autre, Alphonse Douati, débarqué pour avoir eu maille à partir avec le vieux planteur Sassan Kouao et ami personnel de Laurent Gbagbo, s’est fait plein les poches. D’accord avec les membres du comité de sages de l’ANAPROCI (Association Nationale des Producteurs de Côte d’Ivoire) dont le vieux Sassan Kouao était influent,
lui et Henri Amouzou ont décaissé autant d’argent que les leaders paysans voulaient sur le compte séquestre des producteurs à la BCEAO. Sans oublier les mic-macs. Lorsque le directeur de cabinet du président de la République, N’Zi Paul David, avait, dans le cadre de ramener la paix dans la filière, autorisé un décaissement de neuf milliards de francs CFA pour le compte de la FIPCC (Fédération Ivoirienne des Producteurs de Café et de Cacao) de feu El Hadj Cissé Lociné, le ministre Sébastien Dano Djédjé s’est exécuté autrement. En réduisant le montant de neuf milliards à un milliard cinq millions de francs CFA.
Le jour de la remise de la subvention, Tapé Do, Pca d’alors de la Bourse Café-Cacao, aurait déconseillé son frère bété ministre de ne pas lui remettre ce montant. De peur qu’en faisant bon usage, feu Cissé Lociné mette à nu ainsi la gestion calamiteuse des autres barons. C’était en janvier 2002. En définitive, le milliard et demi retenu à cet effet fut distribué à une quinzaine d’associations.
Et, la FIPCC de feu leader du cacao n’a eu que 250 millions de francs CFA. Le reste de cet argent a échoué dans les caisses d’associations écrans et de leurs commanditaires. Ces faits ont été légions sous Dano Djadjé.
Affi N’Guessan, l’argent du cacao pour le financement des voyages de campagne…
Jusqu’à l’incarcération des barons de la filière café-cacao en juin 2008, le président du Front Populaire Ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, ne voyageait pas sans le FRC (Fonds de Régulation et de Contrôle). Avant toute mission, il prenait le soin de passer au bureau de la PCA du FRC pour prendre ses frais et autres charges de mission. La proximité avec la présidente, Angeline Kili, a fini par les lier. Et, sont devenus des amoureux. La suite, vous la connaissez. Tout cet
argent sorti clandestinement des caisses du FRC constitue des détournements.
Et, les responsables de cette structure sont contraints d’en répondre, le 27 janvier prochain. Où le juge Alain Pohan va s’attaquer aux problèmes de fond.
Blé Goudé et la galaxie patriotique aussi ont bénéficié de la manne
Les multiples marches de la galaxie patriotique ont été financées. Même si Charles Blé Goudé ne rend compte à personne. Il encaisserait, le plus souvent, seul l’argent destiné à financer les aux marches. C’est dans cette logique qu’Henri Amouzou lui avait remis de l’argent qui a failli mettre une brouille entre eux. Cette marche a failli provoquer le divorce entre eux. Et cela avait fait
le chou gras des journaux locaux. Sans compter que le fait que certains barons du grand Ouest finançaient la galaxie et les groupes d’autodéfense.
Pour la défense, « c’est une bonne chose ».
« Au regard de la situation, c’est une bonne chose. Parce qu’ils sont présumés innocents, comme le dit la Constitution de la Côte d’Ivoire. Nous pensons, non seulement, ils ne sont pas dangereux pour la société, qu’ils sont prêts à se représenter à toutes les audiences », prévient l’avocat Traoré Drissa. Ces cadres frontistes risquent de vomir. Cho-co-la-ti-que-ment !
Fulbert Bilé
défense. Puisque le déballage du 27 janvier prochain va sonner le glas des cadres du Front Populaire Ivoirien (FPI).
Juin 2008, une affaire de détournement dans la filière café-cacao éclate. Ce secret de polichinelle va décapiter toute la hiérarchie des structures (FDPCC ; BCC ; FRC et ARCC) issues de la libéralisation de la filière. MM. Henri Amouzou et Théophile Kouassi (respectivement PCA et Secrétaire Exécutif du FDPCC), Tapé Doh et Tanoh Kassi (respectivement PCA et Directeur de la BCC), Kouakou Firmin et Mme Angéline Zilahon Kili (directeur général et PCA du FRC), Mme Obogui Amenan Rosine, Jean-Claude Bayou et autres, se sont retrouvés mis aux arrêts pour détournement de biens sociaux, faux et usage de faux en écriture bancaire … Trente mois après, point de procès. Parce que l’enquête bouclée du procureur Kimou a du mal à démarrer, selon des sources. Face à ce non droit, le président du Tribunal de première d’Abidjan-Plateau a accédé à la énième requête de liberté provisoire des détenus, vendredi 7 janvier dernier. « Nos clients sont en liberté provisoire. C’est une bonne chose pour nous. Depuis longtemps, nous ne comprenons pas pourquoi nos clients étaient détenus alors qu’il y a la présomption d’innocence. Cette mise en liberté provisoire va nous permettre de préparer sereinement l’audience », soutient Me Traoré Drissa.
Fier de ce premier pas franchi, l’avocat du collège des avocats de la défense poursuit : « au regard de la situation, cela va nous permettre d’attaquer le procès ». Le mot est lâché ; attaquer le procès. En d’autre terme, utiliser toutes les preuves à leur disposition pour faire éclater la vérité. Et là, des personnalités du Front Populaire Ivoirien (FPI) commencent à avoir la trouille.
Au regard de leur implication, trop grande, dans la gestion de l’argent des producteurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire.
Paul Antoine Bohoun Bouabré dans le point de mire
L’ex-ministre de l’économie et des finances (2000 à 2005) des gouvernements d’Affi N’Guessan et de Seydou Elimane Diarra, a le sommeil troublé lorsqu’on parle du procès des barons de la filière café-cacao. En cinq années au poste de ce ministère sous le régime de la refondation, il a fait la pluie et le beau temps dans cette filière libéralisée. « Pour tout décaissement, il a un pourcentage fixé par lui-même », rapporte une source bien introduite. « Ce pourcentage peut-être parfois « plus lourd » que le fonds à décaisser pour les activités paysannes », précise notre source. Ce qui a permis au professeur-assistant en économie de l’université de Cocody de devenir milliardaire en un temps record.
Sinon, comment un fils de paysan, pauvre, d’un village à quelques kilomètres d’Issia, peut-il, subitement, devenir milliardaire en cinq ans ? Pour y arriver, il a abusé de son pouvoir. Sans avertir les producteurs de café-cacao, il a transféré leur compte séquestre provenant de la para-fiscalité logée à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à la CAA (Caisse Autonome d’Amortissement). Cette liquidité a permis à cette dernière institution financière de devenir une banque commerciale (Banque Nationale d’Investissement, BNI). C’est de là qu’est née la première grande dissension entre lui et Henri Amouzou, président d’alors du Fonds de Développement et de promotion des activités des Producteurs de Café-Cacao, FDPCC. Le transfert du compte paysan à la BNI a automatiquement donné droit de signature sur ledit compte au ministre de l’économie et des finances avec l’aval de celui de l’Agriculture. Du coup, Paul Antoine Bohoun Bouabré contrôlait toutes les finances disponibles de la filière café-cacao. C’est lui qui, selon son humeur, fixait le montant de la commission à reverser à son collègue de l’Agriculture. Et, imposait le ou les montants à décaisser pour la cause paysanne. Les producteurs qui possèdent leur compte sont désormais mis au second plan.
Alors qu’en régime bancaire, c’est celui qui possède son compte qui y appose sa signature, et non un tiers, fut-il ministre. Pour avoir un décaissement pour les activités du FDPCC, Henri Amouzou était contraint de procéder par menaces de grèves des producteurs pour que la tutelle cède. Cependant, l’utilisation de l’argent obtenu reste à désirer ! Le fait d’être devenu riche en un temps record semble fait perdre la tête à Bohoun Bouabré. Qui raconte à ceux qui veulent l’entendre qu’il est aussi présidentiable. Donc, pas question pour lui de faire campagne d’autrui. Bref !
Sébastien Dano Djédjé, un passage éclair à l’Agriculture mais très enrichissant
Ce cadre FPI de Gagnoa venu remplacer à pied levé un autre, Alphonse Douati, débarqué pour avoir eu maille à partir avec le vieux planteur Sassan Kouao et ami personnel de Laurent Gbagbo, s’est fait plein les poches. D’accord avec les membres du comité de sages de l’ANAPROCI (Association Nationale des Producteurs de Côte d’Ivoire) dont le vieux Sassan Kouao était influent,
lui et Henri Amouzou ont décaissé autant d’argent que les leaders paysans voulaient sur le compte séquestre des producteurs à la BCEAO. Sans oublier les mic-macs. Lorsque le directeur de cabinet du président de la République, N’Zi Paul David, avait, dans le cadre de ramener la paix dans la filière, autorisé un décaissement de neuf milliards de francs CFA pour le compte de la FIPCC (Fédération Ivoirienne des Producteurs de Café et de Cacao) de feu El Hadj Cissé Lociné, le ministre Sébastien Dano Djédjé s’est exécuté autrement. En réduisant le montant de neuf milliards à un milliard cinq millions de francs CFA.
Le jour de la remise de la subvention, Tapé Do, Pca d’alors de la Bourse Café-Cacao, aurait déconseillé son frère bété ministre de ne pas lui remettre ce montant. De peur qu’en faisant bon usage, feu Cissé Lociné mette à nu ainsi la gestion calamiteuse des autres barons. C’était en janvier 2002. En définitive, le milliard et demi retenu à cet effet fut distribué à une quinzaine d’associations.
Et, la FIPCC de feu leader du cacao n’a eu que 250 millions de francs CFA. Le reste de cet argent a échoué dans les caisses d’associations écrans et de leurs commanditaires. Ces faits ont été légions sous Dano Djadjé.
Affi N’Guessan, l’argent du cacao pour le financement des voyages de campagne…
Jusqu’à l’incarcération des barons de la filière café-cacao en juin 2008, le président du Front Populaire Ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, ne voyageait pas sans le FRC (Fonds de Régulation et de Contrôle). Avant toute mission, il prenait le soin de passer au bureau de la PCA du FRC pour prendre ses frais et autres charges de mission. La proximité avec la présidente, Angeline Kili, a fini par les lier. Et, sont devenus des amoureux. La suite, vous la connaissez. Tout cet
argent sorti clandestinement des caisses du FRC constitue des détournements.
Et, les responsables de cette structure sont contraints d’en répondre, le 27 janvier prochain. Où le juge Alain Pohan va s’attaquer aux problèmes de fond.
Blé Goudé et la galaxie patriotique aussi ont bénéficié de la manne
Les multiples marches de la galaxie patriotique ont été financées. Même si Charles Blé Goudé ne rend compte à personne. Il encaisserait, le plus souvent, seul l’argent destiné à financer les aux marches. C’est dans cette logique qu’Henri Amouzou lui avait remis de l’argent qui a failli mettre une brouille entre eux. Cette marche a failli provoquer le divorce entre eux. Et cela avait fait
le chou gras des journaux locaux. Sans compter que le fait que certains barons du grand Ouest finançaient la galaxie et les groupes d’autodéfense.
Pour la défense, « c’est une bonne chose ».
« Au regard de la situation, c’est une bonne chose. Parce qu’ils sont présumés innocents, comme le dit la Constitution de la Côte d’Ivoire. Nous pensons, non seulement, ils ne sont pas dangereux pour la société, qu’ils sont prêts à se représenter à toutes les audiences », prévient l’avocat Traoré Drissa. Ces cadres frontistes risquent de vomir. Cho-co-la-ti-que-ment !
Fulbert Bilé