Quand j’observe Gbagbo, je me convaincs (j’ai même fini de me convaincre) d’une chose : l’homme ne cherche plus vraiment à confisquer le pouvoir comme on pourrait le croire. Je crois qu’il sait qu’il l’a perdu. Si, si, il le sait ! Il faut cesser de croire que la réputation d’homme futé, rusé, qui le précède ne se justifie que par sa propension à manœuvrer, à rouler ses adversaires (le monde entier finalement) dans la farine. Quand on est malin, c’est aussi pour comprendre, décrypter, les signes du temps. Croyez-moi, Gbagbo sait que plus jamais – en tout cas pour ce mandat-ci – il ne pourra exercer le pouvoir d’Etat ici en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, il n’est pas seul dans son camp à l’avoir compris. Beaucoup parmi ceux qui l’entourent et dont les cordes vocales ont brusquement cessé d’émettre le moindre son ces derniers temps, le savent. Ils sont nombreux à raser les murs, si ce n’est carrément à lorgner du côté des frontières de certains pays voisins. Regardez un peu vous-mêmes la mélancolie qui se dégage du prétendu gouvernement qu’il a formé. Moi, quand je vois les prétendus ministres de Gbagbo à la télévision, j’ai du mal à croire qu’ils sont vraiment ministres. Je décèle dans leur regard, un mélange d’amertume, d’impuissance, de peur même. Je les vois comme de pauvres gens pris en otage. Beaucoup parmi eux auraient voulu, un de ces matins, prendre leurs jambes à leur cou et échapper ainsi à leur « ravisseur ». Mais, ils pensent au retour du bâton. Sinon, qu’est-ce qu’un ministre sans budget, sans possibilité de signer un chèque, de voyager, ni hors du pays, ni même à l’intérieur du pays ? C’est quoi un ministre dont le Président est un parias dans le monde entier et n’a même pas la signature des comptes du pays qu’il est censé diriger ?
Je le répète donc, Gbagbo sait que son sort est scellé et que tous les mouvements d’hommes et de femmes qui se font autour de lui, sont de l’ordre du factice.
Maintenant, la question est de savoir pourquoi, alors qu’il se sait fini, l’homme continue d’alimenter l’illusion d’être encore ce qu’il n’est pas ? Certains y voient l’expression de l’ego surdimensionné d’un homme qui refuse d’accepter sa condition de simple mortel. D’autres pensent que pour être un preneur d’otage, Gbagbo n’en est pas moins lui-même l’otage d’une poignée d’extrémistes autour de lui.
Mais, moi, je crois que Gbagbo est en colère contre … Gbagbo ! Je crois qu’il prend sa dernière défaite électorale comme une défaite de la vie tout court. Il s’est bâti, dans la tête, un destin si grand qu’il en veut à tout le monde – y compris même aux siens propres – de n’avoir pas pu matérialiser ce destin. C’est tout le sens qu’il faut donner à sa volonté de brûler toute la Côte d’Ivoire aujourd’hui, lui-même avec Koré Emmanuel
Affrontements à Abobo : Neuf personnes tuées, dont six policiers
Les populations de la commune d’Abobo, notamment celles habitant non loin du rond-point de la gare routière, ont eu du mal à fermer l’œil durant la nuit du mardi 11 à hier mercredi 12 janvier 2011. Pour cause, leur secteur a été le théâtre d’échanges de tirs à l’arme lourde entre des éléments des Forces de défense et de sécurité à des individus armés non identifiés. Le bilan officiel de cet affrontement fait état de 9 personnes tuées, dont six policiers, un vigile et deux civils. Un bilan loin d’être exhaustif, selon des riverains que nous avons joints. « Jusqu’à 7H le matin (hier), les corps d’une vingtaine de policiers étaient encore déposés sur le trottoir non loin du collège Saint Joseph », affirme un jeune habitant des lieux. A ce bilan humain, s’ajoute la destruction de trois cargos et de deux voitures de types 4x4, appartenant à la Police Nationale. Ces véhicules ont été entièrement calcinés. Mais que s’est-il donc passé pour qu’on en arrive à de tels dégâts ? Qui sont ces individus armés non identifiés ? Ce sont là autant de questions qui alimentaient les discussions et autres causeries, hier dans la commune.
Si jusque-là on ne sait d’où viennent ces hommes armés et qui ils sont, des témoins ont par ailleurs vécus ses affrontements de bout en bout. Selon une source qui a préféré garder l’anonymat, c’est aux alentours de minuit que les premiers coups de feu ont été entendus. Ces tirs, poursuit notre informateur, se sont intensifiés au fil des heures. « Des petits bruits et des rafales de kalachnikovs, nous entendions des détonations d’armes lourdes. Des crépitements à faire péter les oreilles », raconte une autre source habitant le quartier ‘’Marley’’, situé également non loin de la gare d’Abobo. Selon nos témoins, les échanges de tirs ont diminué d’intensité dans les environs de 2H, avant de reprendre vers 3H30, pour finir enfin vers 5H. « Quand les tirs ont totalement cessé, j’ai ouvert ma fenêtre vers 6H pour voir l’ampleur des dégâts. J’avoue que c’était des plus désagréables. Il y avait beaucoup de corps. Et d’autres policiers s’attelaient à ramasser les corps de leurs collègues pour les mettre dans des corbillards. J’ai également vu deux ambulances passer en pleine vitesse devant ma cour », témoigne Souleymane F.
Et comme Souleymane, c’est toute la population d’Abobo qui est aujourd’hui plongée dans une psychose totale. Surtout, quand on sait que des affrontements similaires avaient eu lieu la veille au quartier PK18. Ceux-ci avaient fait officiellement quatre morts, dont deux policiers. A Abobo, chacun vit donc ces moments avec une grande peur au ventre, craignant d’éventuelles attaques ou représailles venant de part ou d’autre. En tout cas, au moment où nous mettions sous presse, hier dans la soirée, un calme plat régnait dans la commune. Ce, avec des Gendarmes et d’autres hommes en armes déployés partout sur les différentes voies menant au centre de la commune. Abobo et Anyama ont passé la nuit sous un couvre-feu décrété dans la soirée par l’armée. Le Général Philippe Mangou, dans une déclaration, a indiqué être en position de légitime défense. Il a dit qu’il utiliserait “tous les moyens” pour débusquer les hommes en armes qui attaquent les FDS en opération. Ce couvre-feu qui est instauré depuis hier à 19h est maintenu jusqu’à samedi prochain.
Espérons tout simplement que la sagesse habite les uns et les autres et qu’Abobo ne soit pas réduite en un champ de ruine au réveil, ce matin
Diawara Samou
Je le répète donc, Gbagbo sait que son sort est scellé et que tous les mouvements d’hommes et de femmes qui se font autour de lui, sont de l’ordre du factice.
Maintenant, la question est de savoir pourquoi, alors qu’il se sait fini, l’homme continue d’alimenter l’illusion d’être encore ce qu’il n’est pas ? Certains y voient l’expression de l’ego surdimensionné d’un homme qui refuse d’accepter sa condition de simple mortel. D’autres pensent que pour être un preneur d’otage, Gbagbo n’en est pas moins lui-même l’otage d’une poignée d’extrémistes autour de lui.
Mais, moi, je crois que Gbagbo est en colère contre … Gbagbo ! Je crois qu’il prend sa dernière défaite électorale comme une défaite de la vie tout court. Il s’est bâti, dans la tête, un destin si grand qu’il en veut à tout le monde – y compris même aux siens propres – de n’avoir pas pu matérialiser ce destin. C’est tout le sens qu’il faut donner à sa volonté de brûler toute la Côte d’Ivoire aujourd’hui, lui-même avec Koré Emmanuel
Affrontements à Abobo : Neuf personnes tuées, dont six policiers
Les populations de la commune d’Abobo, notamment celles habitant non loin du rond-point de la gare routière, ont eu du mal à fermer l’œil durant la nuit du mardi 11 à hier mercredi 12 janvier 2011. Pour cause, leur secteur a été le théâtre d’échanges de tirs à l’arme lourde entre des éléments des Forces de défense et de sécurité à des individus armés non identifiés. Le bilan officiel de cet affrontement fait état de 9 personnes tuées, dont six policiers, un vigile et deux civils. Un bilan loin d’être exhaustif, selon des riverains que nous avons joints. « Jusqu’à 7H le matin (hier), les corps d’une vingtaine de policiers étaient encore déposés sur le trottoir non loin du collège Saint Joseph », affirme un jeune habitant des lieux. A ce bilan humain, s’ajoute la destruction de trois cargos et de deux voitures de types 4x4, appartenant à la Police Nationale. Ces véhicules ont été entièrement calcinés. Mais que s’est-il donc passé pour qu’on en arrive à de tels dégâts ? Qui sont ces individus armés non identifiés ? Ce sont là autant de questions qui alimentaient les discussions et autres causeries, hier dans la commune.
Si jusque-là on ne sait d’où viennent ces hommes armés et qui ils sont, des témoins ont par ailleurs vécus ses affrontements de bout en bout. Selon une source qui a préféré garder l’anonymat, c’est aux alentours de minuit que les premiers coups de feu ont été entendus. Ces tirs, poursuit notre informateur, se sont intensifiés au fil des heures. « Des petits bruits et des rafales de kalachnikovs, nous entendions des détonations d’armes lourdes. Des crépitements à faire péter les oreilles », raconte une autre source habitant le quartier ‘’Marley’’, situé également non loin de la gare d’Abobo. Selon nos témoins, les échanges de tirs ont diminué d’intensité dans les environs de 2H, avant de reprendre vers 3H30, pour finir enfin vers 5H. « Quand les tirs ont totalement cessé, j’ai ouvert ma fenêtre vers 6H pour voir l’ampleur des dégâts. J’avoue que c’était des plus désagréables. Il y avait beaucoup de corps. Et d’autres policiers s’attelaient à ramasser les corps de leurs collègues pour les mettre dans des corbillards. J’ai également vu deux ambulances passer en pleine vitesse devant ma cour », témoigne Souleymane F.
Et comme Souleymane, c’est toute la population d’Abobo qui est aujourd’hui plongée dans une psychose totale. Surtout, quand on sait que des affrontements similaires avaient eu lieu la veille au quartier PK18. Ceux-ci avaient fait officiellement quatre morts, dont deux policiers. A Abobo, chacun vit donc ces moments avec une grande peur au ventre, craignant d’éventuelles attaques ou représailles venant de part ou d’autre. En tout cas, au moment où nous mettions sous presse, hier dans la soirée, un calme plat régnait dans la commune. Ce, avec des Gendarmes et d’autres hommes en armes déployés partout sur les différentes voies menant au centre de la commune. Abobo et Anyama ont passé la nuit sous un couvre-feu décrété dans la soirée par l’armée. Le Général Philippe Mangou, dans une déclaration, a indiqué être en position de légitime défense. Il a dit qu’il utiliserait “tous les moyens” pour débusquer les hommes en armes qui attaquent les FDS en opération. Ce couvre-feu qui est instauré depuis hier à 19h est maintenu jusqu’à samedi prochain.
Espérons tout simplement que la sagesse habite les uns et les autres et qu’Abobo ne soit pas réduite en un champ de ruine au réveil, ce matin
Diawara Samou