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Politique Publié le lundi 17 janvier 2011 | Le Nouveau Réveil

De Sidi-Bouzid à Abidjan via Tunis/Quels parallèles établir par rapport à ce qui s’est passé en Tunisie et ce qui se passse en Côte d’Ivoire ?

Sidi-Bouzid ! Cela ne vous dit certainement pas grand-chose, mais Tunis et surtout Abidjan, bien plus. En réalité, si Monsieur Zine el-Abidine Ben Ali (ex-président de la Tunisie) a rendu le tablier pour prendre la fuite, cet après-midi du 14 janvier, c'est de là-bas qu'est venu son malheur, lui qui venait de se faire élire triomphalement par son peuple (sic !) en 2009 avec un score non moins soviétique de plus de 89%.
Connaissant mes concitoyens (on dit à tort ou à raison que les Ivoiriens ont la mémoire courte ; c'est pourquoi, rien ne leur fait mal et qu'ils tournent tout en dérision pour se donner la joie de vivre et supporter stoïquement toutes leurs souffrances), je me permets de rappeler brièvement ce qui a poussé le président à la démission avant d'envisager les retombées politiques (attendues ou souhaitées) d'un tel acte en Côte d'Ivoire.
Un jeune diplômé au chômage (Mohamed Bouazizi), après avoir rongé plusieurs années durant son poignet par l'écriture d'une multitude de demandes d'emploi, s'est résolu à survivre en se lançant dans le commerce informel, la vente à la sauvette de produits maraîchers (fruits et légumes) dans la ville de Sidi-Bouzid. La police le saisit le 17 décembre 2010, lui arrache ses marchandises de débrouillardise et le brutalise. N'en pouvant plus face à ce déni de droit à la vie, du moins à la survie, il s'immole au feu et décède de ses blessures quelques jours après.
La presse grâce aux réseaux sociaux en ligne (facebook et tweeter) fait écho du drame et le pays s'embrase. La répression qui s'ensuit fait virer la revendication d'ordre social en une revendication politique qui emporte le président Ben Ali en moins d'un mois, après avoir tenté vainement de s'accrocher au pouvoir par des promesses à la fois faramineuses que fallacieuses et le sacrifice de ses " premiers fusibles " : (création d'ici 2012 de 30 000 emplois, liquidation de son ministre de l'Intérieur, départ de la scène politique après ce mandat en 2014, conduite d'enquêtes sur les tueries, dissolution du gouvernement, etc.).
Rien n'y fit. Le peuple avait décidé que " trop c'est trop " et le résultat est connu ce vendredi 14 janvier 2011 avec la fuite pour une destination inconnue du président. Il semblerait qu'il s'est réfugié à Djedda (Arabie Saoudite) après avoir essuyé un cinglant refus -poli mais ferme- de Paris. Ainsi, le peuple libre de Tunisie à réussi à chasser son Monarque-Président ou Président-Monarque installé depuis 1987 à la suite de son hold-up médical " du père de l'indépendance tunisienne, Habib BOURGUIBA.
Que retenir de cette attitude historique du peuple tunisien en termes d'enseignements et quels parallèles établir par rapport à ce qui se passe en Côte d'Ivoire ? Principalement quatre.
1. La démission a été obtenue sur la base d'un droit individuel bafoué (le droit au travail) alors qu'en Côte d'Ivoire, il s'agit d'un droit collectif (la reconnaissance du suffrage populaire des citoyens) qui est dénié par un pouvoir sorti par les urnes. Ainsi, il apparait clairement que l'intérêt en jeu en Côte d'Ivoire est largement supérieur à celui qui a conduit à la révolution tunisienne.
2. Des citoyens tunisiens sont morts (environ 60 morts, loin derrière les 300 morts déjà enregistrés en Côte d'Ivoire) pour obtenir la liberté confisquée depuis plus de 23 ans.
3. Les forces de l'ordre ont cessé toute belligérance face à la détermination du peuple car on en voyait qui embrassaient les manifestants ou les toléraient ostensiblement.
4. Le président démissionnaire a donné l'ordre de ne plus tirer sur des citoyens tunisiens quels que soient les intérêts en jeu, au vu des morts déjà enregistrés. C'est l'attitude d'un Homme d'Etat et non un état d'homme.
Quel parallèle établir avec le cas ivoirien ?
Remontons l'histoire récente du pays pour nous rendre compte du pouvoir souverain du peuple. Il existe, dit-on, trois puissances sur terre : la puissance de l'eau, la puissance du feu et la puissance du peuple. Souvenons-nous et je le tiens du ministre Jean Konan BANNY (ministre de la Défense de feu Félix Houphouët-Boigny au moment des faits) que, pour avoir servi de la margarine aux étudiants ivoiriens dans des restaurants de cités universitaires en lieu et place du beurre dont ils sont accoutumés, une révolte socio-estudiantine récupérée par un certain Laurent Gbagbo (pour en faire une revendication politique) a conduit à l'obtention du multipartisme en Côte d'Ivoire en 1990.
Pour revenir à l'actualité, voilà un pays où après plus de six reports des élections entre 2005 et 2010, elles ont finalement eu lieu avec un vainqueur notoirement connu qu'est Monsieur Alassane OUATTARA, proclamé vainqueur par la Commission Electorale Indépendante dont les résultats sont certifiés par le représentant spécial de l'ONU spécialement commis à cet effet par les différents acteurs de la politique nationale et entériné par une résolution de l'ONU.
C'est alors que surgit un ami nommé Pablo (surnom généralement porté par les jeunes caïds qui écument nos quartiers), habillé en président d'une Institution aussi sérieuse et solennelle que le Conseil Constitutionnel pour invalider les résultats de treize (13) départements tous du Nord et du Centre pour nommer monsieur Laurent Gbagbo vainqueur sans aucune forme de procès, foulant toutes les lois électorales du pays aux pieds y compris la constitution. En effet, alors que l'article 64 du code électoral le met dans une situation de compétence liée 1 (valider les résultats transmis par la CEI ou les rejeter intégralement en cas de contestations affectant le résultat d'ensemble), il s'attribue des compétences discrétionnaires aux antipodes de ses attributions légales et constitutionnelles.
Et comme cela ne suffisait pas, le président ainsi nommé, tel un monarque en violation du vote du peuple, se permet de narguer la population par des déclarations farfelues tout en organisant son assassinat par une clique de généraux affidés aux ordres ou au service d'un individu qui les a vachement engraissés à coups de milliards et de galons immérités pour qu'ils le maintiennent de " force ou de force " au pouvoir. N'avait-il pas pour slogan de campagne " on gagne ou on gagne " ?
Face à cette situation inacceptable à tous égards, à la paupérisation ambiante des populations et au risque de génocide qui pointe à l'horizon, j'exhorte à travers ces lignes LE PEUPLE LIBRE ET DIGNE de Côte d'Ivoire à prendre son destin en main par une réaction similaire à celle du peuple tunisien, SANS DELAI. Prenons la rue pour éviter que d'autres forces externes le fassent à notre place de façon militaire.
Les actions militaires des autres nous rendront redevables à vie de nos libérateurs sans oublier les railleries de leurs ressortissants le moment venu. J'ai foi qu'en l'état actuel des choses, nos forces de l'ordre n'oseront plus tirer sur nous, mais plutôt à nous protéger des miliciens et mercenaires sans foi ni loi qui se font payer à coup de millions par Gbagbo.
A nos forces de défense et de sécurité (Officiers Généraux, Supérieurs, Subalternes, Sous-officiers et
Militaires du rang) pris en otage par une poignée de militaires et paramilitaires à la solde d'un individu et non de l'Etat de Côte d'Ivoire, je vous demande de tuer la peur en vous et de cesser de jouer les équilibristes. Exprimez-vous à visage découvert et prenez vos distances vis-à-vis des bourreaux du peuple comme vous le recommande le Colonel à la retraite François BOTY-BI. Surtout à vous les officiers, vos jeunes soldats comptent sur votre loyauté à la République et votre détermination pour leur donner des ordres clairs et sans équivoque. Car, lorsque le jour se lèvera, vous ne pourrirez pas invoquer une quelconque persécution pour couvrir votre collaboration au massacre du peuple. Vous pourriez-même le cas échéant, vous réfugier dans des ambassades, ce qui confortera vos soldats sur votre détermination à ne pas collaborer avec les autorités vomies par le peuple.
A vous les Officiers Généraux, Supérieurs, Subalternes, Sous-officiers et Militaires du rang qui collaborez avec des miliciens et mercenaires étrangers pour assassiner votre peuple qui vous a doté des armes dont vous vous servez pout les trucider à longueur de journées, comprenez que les miliciens et mercenaires qui vous accompagnent dans ces actes ignobles ne sont pas des nationaux et n'ont de compte à rendre à personne dans ce pays, alors que vous avez de la famille, des enfants et même une vie en Côte d'Ivoire après le régime de Gbagbo qui est déjà fini. Arrêtez dès cet instant votre compromission car, comme le dit le Christ, celui qui se repentit avant de rendre l'âme sera pardonné.
Si vous le faites publiquement aujourd'hui en vous démarquant des tueurs (il vous suffit de vous réfugier dans une ambassade et de vous repentir sincèrement), le peuple vous pardonnera.
Cependant, il n'acceptera jamais un repentir actif (quand tout sera fini pour ce régime) en prétextant votre probable assassinat si vous trahissez la " cause commune ". A ce stade de mon développement, je voudrais lancer un appel solennel mais pathétique à trois de nos généraux que je connais plus ou moins.
A toi Edouardo (Edouard), je sais qu'en 1992, tu étais capitaine de la gendarmerie nationale et commandant du V.A.B (Véhicules de l'Avant Blindé). Aujourd'hui, tu es Général de Corps d'Armées, avec une moyenne de 2.5 années de port de galon par grade. C'est une grande première pour la Gendarmerie Nationale de Côte d'Ivoire d'enregistrer ta performance. Je sais que tu le dois à la force de ton travail bienfait mais surtout à la volonté d'un individu qui entend t'utiliser pour servir sa soif personnelle du pouvoir. Sache que s'il n'est plus là demain, personne n'osera t'arracher tes galons, pourvu que tu appliques pendant qu'il est encore temps, c'est-à-dire dès cet instant, la Maxime qui caractérise le Corps que tu sers avec abnégation : " Pro patria, pro lege " (Pour la Patrie et pour la loi).
A toi Felipe (Philippe en espagnol), je me souviens t'avoir rencontré dans ton salon à droite à l'entrée de l'ancien camp militaire d'Akouédo. La poignée de main que tu m'as donnée avec la considération humaine qu'elle contenait sans me connaître au préalable prouve que tu n'es pas un tueur, un assassin, un jusqu'au-boutiste. Mais d'Akouédo à Andokoua, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de la lagune ébrié. Je te demande de faire ce petit exercice d'introspection. Ferme les yeux et écoute la foule qui gronde fonçant vers ta résidence de fonction en vue de piller tout ce que tu as acquis à la sueur de ton front mais surtout de façon complaisante par la volonté d'un individu de se maintenir au pouvoir. Toi l'intrépide soldat Comthéatre de Yamoussoukro, prêt à en découdre avec le plus irrédentiste de tes adversaires, tu auras par réflexe humain (loin du réflexe du soldat) choisi de fuir pour sauver ta peau et surtout celle de ta famille innocente que tu hypothèques par tes agissements, laissant ainsi le peuple affamé mais revanchard de se servir à satiété non sans y avoir mis le feu avant de quitter les lieux. Peut-être même que tu ne pourrais pas fuir puisque le peuple t'a entendu dire sur les antennes de RTI que personne ne sortira. Nous éteindrons tous le feu que nous avons allumé, attisé et couvé dans nos paroles et nos actes de tous les jours.
Reviens à la réalité en ouvrant les yeux car nous n'en sommes pas encore là. Tu peux te repentir en ce moment même et tu auras tes galons, ta vie, celle de tes proches et surtout tes biens saufs.
A toi Firmino (Firmin), t'ayant connu au lycée d'Abengourou, je ne peux pas dire que tu as manqué ta vocation en devenant militaire. Ce que je t'ai vu faire à Akouédo au plan professionnel et même pendant les parades des fêtes de Saint Michel (le Saint des Para-Commando) prouve que tu es " le guerrier plein " que Gbagbo recherche pour assouvir ses instincts de président-monarque à vie. Je me souviens quand tu as boudé une cérémonie de prise d'armes lors d'une fête anniversaire de l'indépendance pour n'avoir pas été correctement récompensé en galons alors que des moins que toi en ont été pourvus. Cela a attiré l'attention de Gbagbo qui depuis lors ne t'a plus lâché, te préférant à ses côtés que contre lui, ayant eu vent de ta valeur intrinsèque de soldat. Cette valeur, tu dois la mettre au service du peuple et non d'un usurpateur fini. Il le sait lui-même et vous qui êtes autour de lui le savez aussi. Ecoutez les sanctions qui grondent à travers le monde. Tu mérites une retraite bien dorée après tout le service rendu au métier des armes, ce que tes jeunes frères soldats ne peuvent nier. Je sais aussi que tu aimes la belle vie, être à ton aise avec les belles femmes (toutes mes excuses à madame pour cette incursion). Mais je pense qu'elle te préfère dans cette vie que derrière des barreaux d'une prison d'un pays où tu mettras les pieds pour la première fois en tant qu'homme ligoté, les mains dans le dos. Ça, je ne te le souhaite pas, surtout pas à toi que je connais pour ton franc-parler et ton goût du bien-être.
A vous tous à qui je viens de faire allusion, je vous demande de bien observer les signes du temps, que dis-je, des temps qui tanguent.
Adiblamovic Kouassi à Abidjan
1 *Terme juridique signifiant que le détenteur de la compétence ne peut faire autre chose que ce que la loi lui commande de façon stricte, contrairement à la compétence discrétionnaire qui donne des orientations et une grande marge de manœuvre pour le titulaire de la compétence


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