Benoît Gbassé a perdu, ces derniers temps, le sommeil. Et pour cause, l’ex-sous-directeur des concours à la Direction de la formation et des concours au ministère de l’Emploi et de la Fonction publique (2001 à 2003), bombardé directeur plein est au cœur d’un scandale. Benoît Gbassé est impliqué dans une affaire de magouilles et de tricherie aux concours des inspecteurs de l’enseignement primaire, aux concours spéciaux et aux concours d’entrée à l’Ens. En remplaçant M. Barthelemy Gnépa Irié par Benoît Gbassé, le ministère croyait avoir fait le plus dur. Erreur ! Le nouveau directeur va montrer qu’il n’est pas venu à Abidjan pour regarder la lagune Ebrié, très polluée d’ailleurs. Il ne mettra pas de temps à prendre le raccourci des nouveaux riches. Il organise sur une courte période, le concours des inspecteurs de l’enseignement primaire, les concours spéciaux et le concours d’entrée à l’Ens. Pour gruger les candidats sans attirer le moindre soupçon du ministère, M. Gbassé recrute son petit frère, inconnu des fichiers de la fonction publique, pour la saisie informatique des données (les notes des candidats). Mieux, il fait appel à un autre cousin, enseignant de son état et son ami, conseiller technique du ministre de la Fonction publique, comme démarcheurs. Leur stratégie de fraude aux examens et concours administratifs est très simple. Une fois la composition terminée, ils soustraient les copies de certains candidats pour les remplacer par de nouvelles copies, moyennant la somme de 150.000 F cfa par matière. Quand on sait que chaque candidat compose dans sept matières (analyse et synthèse de document, psyco-pédagogie, contenu disciplinaire, SVT, mathématique, français, sciences physiques), l’argent déboursé par les 41 candidats déclarés admissibles représente un bon pactole que Gbassé et ses acolytes empochent sur le dos de l’Etat. Les ennuis des faussaires ont commencé quand, après les résultats, des candidats ont saisi la tutelle pour dénoncer les magouilles qui ont lieu au ministère. Le ministre de la Fonction publique de Gbagbo, Mme Badjo Djékouri Dagbo, décide alors de faire toute la lumière sur ce scandale qui risque de l’éclabousser. Elle demande au directeur des concours de sortir toutes les copies des candidats pour un contrôle plus approfondi. Benoît Gbassé sera incapable de justifier les nombreux cas de fraudes constatés. Pour se sortir du pétrin, l’indélicat directeur des concours joue la carte de la négociation auprès de son ministre. Il dépêche des médiateurs pour plaider la clémence de Mme Dagbo. Le nouveau ministre du gouvernement Aké N’Gbo, qui rencontre déjà assez de difficultés avec la communauté internationale, ne veut pas se compromettre davantage avec un dossier aussi sale. Les avocats du directeur pris en flagrant délit de fraude auront du pain sur la planche. Aux concours spéciaux, pour ne prendre que cet exemple, Benoît Gbassé a gonflé les notes de certains candidats moyennant de fortes sommes d’argent. C’est le cas des candidats des régies financières et ceux imposés par Hubert Oulaye, l’ex-ministre de la Fonction publique, en guise de récompense pour leur militantisme lors de la campagne du candidat de Lmp, Laurent Gbagbo. C’est plus de 60 millions de Fcfa que le sieur Gbassé a gardés par devers lui. Une fortune qui lui a permis de s’acheter une maison et de s’offrir un véhicule « France au revoir », une Mercedes immatriculée : 5657 FG 01. En ces temps incertains où le gouvernement Aké N’Gbo est sur la sellette, le directeur des concours et examens n’a pas voulu être le cordonnier mal chaussé au ministère de la Fonction publique.
Euloge Atsain
Euloge Atsain