Le Pr Albert Tévoédjré, ex-représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Côte d'Ivoire, donne sa position sur la crise post-électorale en Côte d'Ivoire. De son avis, la solution réside dans le respect de la volonté du peuple. Il se dit confiant de ce que la raison l'emportera sur la passion et appelle au respect des engagements pris par les uns et les autres avant les élections.
Pr Albert Tévoédjré bonjour.
Bonjour Madame
Comment réagissez-vous à la crise post-électorale en Côte d'Ivoire ?
J'espère que les décisions qui ont été prises avant les élections pour permettre à tous des retrouver une démocratie véritable en Côte d'Ivoire seront respectées par les uns et autres. Que l'accompagnement de la communauté internationale qui n'a aucune raison d'en vouloir à un tel ou à un tel pour permettre à chacun de retrouver les marques de la raison et les marques de la solidarité.
Pour quelqu'un qui connaît la crise ivoirienne, est-ce que cette situation était prévisible ?
Pas à ce point. Après les accords et les efforts que nous avons tous accomplis pour que tout le monde puisse aller aux élections. Et que ces élections bénéficient de l'accompagnement technique de la communauté internationale et priver notre économie d'une crise totalement inutile, dangereuse. Encore des vies humaines seront perdues, ce seront des millions d'Euros qu'il faut mobiliser pour l'action humanitaire en Côte d'Ivoire. Ce qui n'est pas nécessaire et qui peut être dangereux pour la région.
Aujourd'hui, certaines personnes semblent accuser l'Onu d'avoir certifié ces élections. On parle d'ingérence, de souveraineté…
Ecoutez, soyons sérieux ! Quand on signe un accord, on a signé un accord. L'accord prévoyait la certification par l'Onu. L'Onuci a certifié le 2e tour comme il a été demandé par les partenaires qui se sont mis d'accord sur cela. Plus le temps passe, on a perdu déjà 10 ans dans la crise. On prend encore une onzième année pour aller vers où ? Il faut en finir. Il faut que le peuple valeureux de Côte d'Ivoire, toutes régions confondues, toutes ethnies confondues, sachent que c'est l'avenir de ses enfants qui compte.
La Cedeao et l'Union africaine essaient de débloquer la situation. Mais comme vous le savez, le dernier voyage du 1er ministre Raïla Odinga a été un échec. D'ailleurs le camp Gbagbo récuse cette médiation. Pensez-vous qu'on pourra avancer ?
On pourra avancer, quelles que soient les récriminations d'aujourd'hui, tout le monde entier a le dos au mur. Et je suis certain que personne ne peut se suicider ; tout le monde veut survivre, la raison l'emportera. J'ai encore espoir pour cela. Et que toutes les forces spirituelles, sociales, les amis de la Côte d'Ivoire haussent un peu le ton et obligent les uns et les autres à respecter leurs engagements. J'ai confiance. Ça finira bien par se régler. Il faut que la Côte d'Ivoire survive. L'Afrique a besoin de cela.
Vous avez parlé de spiritualité. Y a-t-il un aspect spirituel dans cette crise ?
Oui, il y a un aspect spirituel, il y a le fait que nous sommes recroquevillés sur nous-mêmes. Nous ne pensons pas surtout au peuple que nous servons. Tout pouvoir livré à lui-même devient fou. Tout pouvoir qui est au service est un pouvoir qui est utile. Alors quand le pouvoir ne sert plus et lorsque les gens meurent ou bien il y a un problème qui est posé et qui est aussi spirituel.
Est-ce que vous pensez que la solution à la kenyane ou bien à la zimbabwéenne serait une solution ?
Non, non, pas du tout, pas du tout. Il y a eu des élections, il y a eu des résultats, on les respecte.
Pensez-vous qu'on peut encore trouver une solution pacifique ?
On doit trouver une solution pacifique. Certains parlent d'intervention militaire en Côte d'Ivoire, ce n'est pas aujourd'hui. C'est depuis 10 ans qu'il y a eu intervention militaire en Côte d'Ivoire. Depuis 10 ans, il y a toutes les forces qui s'entrechoquent. C'est depuis 10 ans qu'on est obligé d'utiliser la force pour empêcher la paix d'être fourvoyée.
Il paraît qu'aujourd'hui l'Onuci est dans l'œil du cyclone. Les mouvements sont restreints, comment réagissez-vous pour quelqu'un qui a dirigé l'Onuci ?
Je fais confiance à la sagacité, à l'intelligence, à la forme de la communauté internationale pour ramener les uns et les autres à la raison. Ça ne peut pas durer.
A votre avis, quelle piste pourrait-on encore envisager pour sauver encore la situation ?
Insister sur le droit, sur la volonté du peuple. Et je suis sûr que la fatigue des nerfs aussi va aider les uns et les autres. J'ai confiance que la souffrance des Ivoiriens finira par faire plier tous ceux qui croient qu'ils détiennent tous seuls la vérité.
Quand vous parlez de droit, d'autres vous opposeront le Conseil constitutionnel.
Quand on a signé un accord, on l'a signé. Quand il y a une loi qui dit au Conseil constitutionnel d'agir d'une certaine façon, c'est à lui de savoir comment appliquer cette loi. Je suis un peu surpris qu'on ait pu ignorer l'électorat de certaines régions du pays. C'est un acte délicat à apprécier.
Interview recueillie et retranscrite par Serge Amany
Source: Onuci-fm
Pr Albert Tévoédjré bonjour.
Bonjour Madame
Comment réagissez-vous à la crise post-électorale en Côte d'Ivoire ?
J'espère que les décisions qui ont été prises avant les élections pour permettre à tous des retrouver une démocratie véritable en Côte d'Ivoire seront respectées par les uns et autres. Que l'accompagnement de la communauté internationale qui n'a aucune raison d'en vouloir à un tel ou à un tel pour permettre à chacun de retrouver les marques de la raison et les marques de la solidarité.
Pour quelqu'un qui connaît la crise ivoirienne, est-ce que cette situation était prévisible ?
Pas à ce point. Après les accords et les efforts que nous avons tous accomplis pour que tout le monde puisse aller aux élections. Et que ces élections bénéficient de l'accompagnement technique de la communauté internationale et priver notre économie d'une crise totalement inutile, dangereuse. Encore des vies humaines seront perdues, ce seront des millions d'Euros qu'il faut mobiliser pour l'action humanitaire en Côte d'Ivoire. Ce qui n'est pas nécessaire et qui peut être dangereux pour la région.
Aujourd'hui, certaines personnes semblent accuser l'Onu d'avoir certifié ces élections. On parle d'ingérence, de souveraineté…
Ecoutez, soyons sérieux ! Quand on signe un accord, on a signé un accord. L'accord prévoyait la certification par l'Onu. L'Onuci a certifié le 2e tour comme il a été demandé par les partenaires qui se sont mis d'accord sur cela. Plus le temps passe, on a perdu déjà 10 ans dans la crise. On prend encore une onzième année pour aller vers où ? Il faut en finir. Il faut que le peuple valeureux de Côte d'Ivoire, toutes régions confondues, toutes ethnies confondues, sachent que c'est l'avenir de ses enfants qui compte.
La Cedeao et l'Union africaine essaient de débloquer la situation. Mais comme vous le savez, le dernier voyage du 1er ministre Raïla Odinga a été un échec. D'ailleurs le camp Gbagbo récuse cette médiation. Pensez-vous qu'on pourra avancer ?
On pourra avancer, quelles que soient les récriminations d'aujourd'hui, tout le monde entier a le dos au mur. Et je suis certain que personne ne peut se suicider ; tout le monde veut survivre, la raison l'emportera. J'ai encore espoir pour cela. Et que toutes les forces spirituelles, sociales, les amis de la Côte d'Ivoire haussent un peu le ton et obligent les uns et les autres à respecter leurs engagements. J'ai confiance. Ça finira bien par se régler. Il faut que la Côte d'Ivoire survive. L'Afrique a besoin de cela.
Vous avez parlé de spiritualité. Y a-t-il un aspect spirituel dans cette crise ?
Oui, il y a un aspect spirituel, il y a le fait que nous sommes recroquevillés sur nous-mêmes. Nous ne pensons pas surtout au peuple que nous servons. Tout pouvoir livré à lui-même devient fou. Tout pouvoir qui est au service est un pouvoir qui est utile. Alors quand le pouvoir ne sert plus et lorsque les gens meurent ou bien il y a un problème qui est posé et qui est aussi spirituel.
Est-ce que vous pensez que la solution à la kenyane ou bien à la zimbabwéenne serait une solution ?
Non, non, pas du tout, pas du tout. Il y a eu des élections, il y a eu des résultats, on les respecte.
Pensez-vous qu'on peut encore trouver une solution pacifique ?
On doit trouver une solution pacifique. Certains parlent d'intervention militaire en Côte d'Ivoire, ce n'est pas aujourd'hui. C'est depuis 10 ans qu'il y a eu intervention militaire en Côte d'Ivoire. Depuis 10 ans, il y a toutes les forces qui s'entrechoquent. C'est depuis 10 ans qu'on est obligé d'utiliser la force pour empêcher la paix d'être fourvoyée.
Il paraît qu'aujourd'hui l'Onuci est dans l'œil du cyclone. Les mouvements sont restreints, comment réagissez-vous pour quelqu'un qui a dirigé l'Onuci ?
Je fais confiance à la sagacité, à l'intelligence, à la forme de la communauté internationale pour ramener les uns et les autres à la raison. Ça ne peut pas durer.
A votre avis, quelle piste pourrait-on encore envisager pour sauver encore la situation ?
Insister sur le droit, sur la volonté du peuple. Et je suis sûr que la fatigue des nerfs aussi va aider les uns et les autres. J'ai confiance que la souffrance des Ivoiriens finira par faire plier tous ceux qui croient qu'ils détiennent tous seuls la vérité.
Quand vous parlez de droit, d'autres vous opposeront le Conseil constitutionnel.
Quand on a signé un accord, on l'a signé. Quand il y a une loi qui dit au Conseil constitutionnel d'agir d'une certaine façon, c'est à lui de savoir comment appliquer cette loi. Je suis un peu surpris qu'on ait pu ignorer l'électorat de certaines régions du pays. C'est un acte délicat à apprécier.
Interview recueillie et retranscrite par Serge Amany
Source: Onuci-fm