Le dossier ivoirien ne lui est pas inconnu. Le Pr. Albert Tevoédjrè, anciennement représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, s'est prononcé hier sur ONUCI-FM, sur la crise post-électorale. Il faut, explique t-il que la sagesse habite les Ivoiriens …
Q : Comment réagissez-vous à la crise post-électorale en Côte d'Ivoire?
Albert Tevoédjrè : J'espère que les décisions qui ont été prises avant l'élection pour permettre à tous de retrouver une démocratie véritable en Côte d'Ivoire seront respectées par les uns et les autres. Que l'accompagnement de la communauté internationale au peuple ivoirien qui n'a aucune raison d'en vouloir à un tel ou à un tel, permette à chacun de retrouver les marques de la raison et les marques de la solidarité.
Q : Pour vous qui connaissez bien la crise ivoirienne, cette situation était elle prévisible ?
AT : Pas à ce point ! Je pense qu'après les accords et l'effort que nous avons tous fourni pour que tout le monde puisse aller à l'élection, une élection qui bénéficie de l'accompagnement technique de la communauté internationale, que nous pouvions faire l'économie d'une crise totalement inutile, dangereuse où des vies humaines seront perdues et où on parle déjà de plusieurs millions d'Euros qu'il faut mobiliser pour l'action humanitaire en Côte d'Ivoire. Tout ceci n'est pas nécessaire, c'est périlleux et dangereux pour la région.
Q : Certaines personnes semblent accuser l'ONUCI d'avoir certifié cette élection, on parle d'ingérence, on parle de souveraineté…
AT : Ecoutez, Madame, soyons sérieux. Quand on signe un accord, on a signé un accord. L'accord prévoyait la certification par l'ONU. L'ONUCI a certifié le résultat au Premier tour, l'ONUCI a certifié le deuxième tour comme cela a été demandé par les partenaires qui se sont mis d'accord sur cela. Le temps passe. On a perdu déjà dix ans dans la crise. On veut prendre encore un an. Un an pour aller où ? Il faut en finir, il faut que le peuple valeureux de Côte d'Ivoire, toute région confondue, toute ethnie confondue sachent qu'aujourd'hui, c'est l'avenir de ses enfants qui comptent.
Q : La CEDEAO et l'Union africaine essaient de débloquer la situation, mais comme vous le savez, le dernier voyage du Premier ministre Kenyan Raila Odinga a été un échec. D'ailleurs, le camp Gbagbo récuse cette médiation. Pensez-vous qu'on pourra avancer encore?
AT : On doit avancer quelque soit les récriminations d'aujourd'hui. Tout le monde à un peu le dos au mur. Je suis certain que personne ne veux se suicider. Tout le monde veut survivre. La raison l'en portera. J'ai encore espoir pour cela et que toutes les forces spirituelles, les forces sociales, que les amis de la Côte d'Ivoire haussent un peu le ton et oblige les uns et les autres à respecter leurs engagements. J'ai confiance. Ça finira bien par se régler. Il faut que la Côte d'Ivoire survive. L'Afrique a besoin de cela.
Q : Vous parlez de spiritualité, y a-t-il un aspect spirituel dans cette crise ?
AT : Oui, l'aspect spirituel, il y a le fait que nous sommes recroquevillés sur nous-mêmes, nous ne pensons pas surtout au peuple que nous servons. Le fond du service, c'est cet acte important pour le pouvoir …Dès que le pouvoir ne sert plus, lorsque les gens meurent, il y a un problème qui est posé. Et qui est spirituel aussi.
Q : Pensez-vous que la solution à la kenyane ou à la zimbabwéenne…
AT : (Il coupe la question, ndlr), non, non et non. Pas du tout. En Côte d'Ivoire, il y a eu une élection, il y a eu un résultat. Il faut qu'on le respecte.
Q : Pensez-vous qu'on peut encore trouver une solution pacifique à la crise ?
AT : On doit trouver une solution pacifique.
Q : Certains parlent d'intervention militaire ?
AT : Il y a longtemps qu'il y a une intervention militaire en Côte d'Ivoire. Cela ne date pas d'aujourd'hui. Depuis dix ans, il y a toutes les forces qui s'entrechoquent en Côte d'Ivoire. Ce n'est pas aujourd'hui. On est obligé d'utiliser la force pour empêcher la paix de se noyer.
Q : Aujourd'hui l'ONUCI est dans l'œil du cyclone, ses mouvements sont restreints. Comment réagissez-vous, vous qui aviez dirigé l'ONUCI ?
AT : J'ai très confiance à la sagacité, à l'intelligence, à la force de la communauté internationale pour amener les uns et les autres à la raison. On ne peut pas vivre éternellement dans cette situation.
Q : Quelle autre piste à votre avis, peut-on emprunter encore pour sauver la situation si possible ?
AT : Insister sur le droit, sur la volonté du peuple. Je suis sûr que la fatigue de l'heure qui semble gagner les uns et les autres finira par s'estomper. J'ai aussi confiance que la souffrance des Ivoiriens finira par faire plier tous ceux qui croient qu’eux seuls détiennent la vérité.
Q : Quand vous parlez de droit, les autres vous répondront que le Conseil constitutionnel a tranché ?
AT : Quand on a signé un accord, on l'a signé. Quand il y a une loi qui dit au Conseil constitutionnel d'agir d'une certaine façon, il y a lieu de savoir comment appliquer une loi. J'ai été un peu surpris qu'on ait pu ignorer les voix de plusieurs régions du pays. C'est un acte à apprécier.
Recueillis par TL
Q : Comment réagissez-vous à la crise post-électorale en Côte d'Ivoire?
Albert Tevoédjrè : J'espère que les décisions qui ont été prises avant l'élection pour permettre à tous de retrouver une démocratie véritable en Côte d'Ivoire seront respectées par les uns et les autres. Que l'accompagnement de la communauté internationale au peuple ivoirien qui n'a aucune raison d'en vouloir à un tel ou à un tel, permette à chacun de retrouver les marques de la raison et les marques de la solidarité.
Q : Pour vous qui connaissez bien la crise ivoirienne, cette situation était elle prévisible ?
AT : Pas à ce point ! Je pense qu'après les accords et l'effort que nous avons tous fourni pour que tout le monde puisse aller à l'élection, une élection qui bénéficie de l'accompagnement technique de la communauté internationale, que nous pouvions faire l'économie d'une crise totalement inutile, dangereuse où des vies humaines seront perdues et où on parle déjà de plusieurs millions d'Euros qu'il faut mobiliser pour l'action humanitaire en Côte d'Ivoire. Tout ceci n'est pas nécessaire, c'est périlleux et dangereux pour la région.
Q : Certaines personnes semblent accuser l'ONUCI d'avoir certifié cette élection, on parle d'ingérence, on parle de souveraineté…
AT : Ecoutez, Madame, soyons sérieux. Quand on signe un accord, on a signé un accord. L'accord prévoyait la certification par l'ONU. L'ONUCI a certifié le résultat au Premier tour, l'ONUCI a certifié le deuxième tour comme cela a été demandé par les partenaires qui se sont mis d'accord sur cela. Le temps passe. On a perdu déjà dix ans dans la crise. On veut prendre encore un an. Un an pour aller où ? Il faut en finir, il faut que le peuple valeureux de Côte d'Ivoire, toute région confondue, toute ethnie confondue sachent qu'aujourd'hui, c'est l'avenir de ses enfants qui comptent.
Q : La CEDEAO et l'Union africaine essaient de débloquer la situation, mais comme vous le savez, le dernier voyage du Premier ministre Kenyan Raila Odinga a été un échec. D'ailleurs, le camp Gbagbo récuse cette médiation. Pensez-vous qu'on pourra avancer encore?
AT : On doit avancer quelque soit les récriminations d'aujourd'hui. Tout le monde à un peu le dos au mur. Je suis certain que personne ne veux se suicider. Tout le monde veut survivre. La raison l'en portera. J'ai encore espoir pour cela et que toutes les forces spirituelles, les forces sociales, que les amis de la Côte d'Ivoire haussent un peu le ton et oblige les uns et les autres à respecter leurs engagements. J'ai confiance. Ça finira bien par se régler. Il faut que la Côte d'Ivoire survive. L'Afrique a besoin de cela.
Q : Vous parlez de spiritualité, y a-t-il un aspect spirituel dans cette crise ?
AT : Oui, l'aspect spirituel, il y a le fait que nous sommes recroquevillés sur nous-mêmes, nous ne pensons pas surtout au peuple que nous servons. Le fond du service, c'est cet acte important pour le pouvoir …Dès que le pouvoir ne sert plus, lorsque les gens meurent, il y a un problème qui est posé. Et qui est spirituel aussi.
Q : Pensez-vous que la solution à la kenyane ou à la zimbabwéenne…
AT : (Il coupe la question, ndlr), non, non et non. Pas du tout. En Côte d'Ivoire, il y a eu une élection, il y a eu un résultat. Il faut qu'on le respecte.
Q : Pensez-vous qu'on peut encore trouver une solution pacifique à la crise ?
AT : On doit trouver une solution pacifique.
Q : Certains parlent d'intervention militaire ?
AT : Il y a longtemps qu'il y a une intervention militaire en Côte d'Ivoire. Cela ne date pas d'aujourd'hui. Depuis dix ans, il y a toutes les forces qui s'entrechoquent en Côte d'Ivoire. Ce n'est pas aujourd'hui. On est obligé d'utiliser la force pour empêcher la paix de se noyer.
Q : Aujourd'hui l'ONUCI est dans l'œil du cyclone, ses mouvements sont restreints. Comment réagissez-vous, vous qui aviez dirigé l'ONUCI ?
AT : J'ai très confiance à la sagacité, à l'intelligence, à la force de la communauté internationale pour amener les uns et les autres à la raison. On ne peut pas vivre éternellement dans cette situation.
Q : Quelle autre piste à votre avis, peut-on emprunter encore pour sauver la situation si possible ?
AT : Insister sur le droit, sur la volonté du peuple. Je suis sûr que la fatigue de l'heure qui semble gagner les uns et les autres finira par s'estomper. J'ai aussi confiance que la souffrance des Ivoiriens finira par faire plier tous ceux qui croient qu’eux seuls détiennent la vérité.
Q : Quand vous parlez de droit, les autres vous répondront que le Conseil constitutionnel a tranché ?
AT : Quand on a signé un accord, on l'a signé. Quand il y a une loi qui dit au Conseil constitutionnel d'agir d'une certaine façon, il y a lieu de savoir comment appliquer une loi. J'ai été un peu surpris qu'on ait pu ignorer les voix de plusieurs régions du pays. C'est un acte à apprécier.
Recueillis par TL