Quand quelqu’un a vu le lion, il ne court pas de la même façon que celui qui fait du jogging, les matins. Le premier coureur pourrait être comparé aux Ivoiriens qui ont subi les 10 années de pouvoir de Laurent Gbagbo. Le second est le représentant des intellectuels qui dissertent sur la crise ivoirienne, dans l’ignorance totale des réalités de notre carré. Les Ivoiriens eux, sont pressés d’échapper aux griffes et à l’étouffement du félin. Ces intellectuels courent pour se faire plaisir, pour entretenir leur corps. Ils courent de leur propre chef, en reniflant les odeurs matinales des fleurs couvertes de rosée. Les Ivoiriens courent pour se sauver. Les autres, pour sacrifier, le plus souvent, à la mode. Evidemment, les deux ne parlent pas le même langage. Il est vraiment ahurissant de découvrir des intellectuels africains qui se veulent sérieux, comparer le Machiavel des lagunes, le Boulanger ivoirien à des héros comme Patrice Lumumba ou le nationaliste camerounais Ube Oum Nyobe. Gbagbo n’a jamais lutté pour mettre fin à une quelconque domination du colon sur le peuple de Côte d’Ivoire. Pendant ses dix ans de pouvoir, il n’a mis entre les mains des Ivoiriens, le moindre instrument qui lui permettrait de s’émanciper de l’emprise occidentale. Si les intellectuels africains qui osent ces comparaisons pouvaient nous donner un seul exemple d’acte posé par leur héros, ils rendraient un grand service au bon peuple de Côte d’Ivoire. Depuis que Laurent Gbagbo est parvenu au pouvoir, le nombre de jeunes ivoiriens qui envahissent tous les jours l’Ambassade de France en quête de visa, ne cesse de progresser. Le régime de Laurent Gbagbo lui-même a déversé une quantité impressionnante de ses partisans dans le pays de Nicolas Sarkozy. En plus, l’accession de Gbagbo au pouvoir n’a jamais procédé d’une action démocratique dans le pays. C’est bien lui qui a manœuvré pour que la junte militaire élimine de la course électorale, en 2000, ses redoutables adversaires qu’ont toujours été Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Parce que l’opposant historique a toujours su que jamais, il ne gagnerait une élection à laquelle ces deux poids lourds de la politique ivoirienne auraient participé. La preuve : il a perdu lamentablement la présidentielle de 2010. Et Dieu seul sait comment il s’est débattu comme un beau diable pour que cette consultation n’ait jamais lieu. Les coureurs du matin n’ont jamais vécu ces moments atroces où des Ivoiriens ont été massacrés pour avoir osé exprimer leur opposition au prince régnant. Lumumba est-t-il ce grand africain qui a exterminé le peuple congolais pour se hisser au pouvoir? En plus, l’histoire nous appris que le Premier ministre congolais a remporté les législatives organisées au lendemain de l’accession de son pays à l’indépendance ? Ce qui reviendrait à dire qu’à cette époque, le peuple congolais se reconnaissait dans sa lutte. Ce qui n’est pas le cas de Laurent Gbagbo. Ni en 2000, ni en 2010. Un héros émane du peuple et non le contraire
Raoul Mapiéchon
Raoul Mapiéchon