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Politique Publié le samedi 5 février 2011 | Le Mandat

Panel des Chefs d’Etat de l’UA : Tout ce qu’il faut savoir pour tout comprendre

Fondu dans une foule de ‘’titrologues’’ hier à Treichville, j’ai compris que beaucoup de gestes restent sans réponses dans la tête de nos compatriotes. Après avoir écouté quelques experts sur certains points, je me propose de vous livrer quelques réponses à vos interrogations en y ajoutant un peu de commentaire.

Quel est le contenu de la mission de l’UA ?
La mission confiée au Panel cinq Chefs d’Etat commis pour la Côte d’Ivoire a pour mission de persuader le candidat Gbagbo qu’il n’a pas gagné les élections et donc, il doit céder le pouvoir au vainqueur Alassane Ouattara. Aussi, le vaincu, qui a été Président pendant dix ans, devra exposer les conditions. C’est alors qu’il reviendrait au vainqueur de s’engager sur le traitement digne d’un ancien Chef de l’Etat à Gbagbo qui n’est tout de même pas exempt de soupçons de crimes dont certains sont passible de jugement devant des tribunaux internationaux. Les intentions exprimées par les deux camps seront analysées par les 5 Chefs d’Etat qui en tireront des résolutions qui seront contraignantes aux deux camps, étant entendu toutefois que c’est Alassane Ouattara qui est considéré comme les vainqueurs, donc c’est à lui qu’il revient de prendre effectivement le pouvoir et de l’exercer pour tous les Ivoiriens.

Quels sont les Présidents qui viennent et quel a été le critère de choix ?
Le critère de choix était d’abord que toute l’Afrique soit concernée par le dossier ivoirien. Pour ce faire, il fallait un représentant de chacune des 5 parties qui consacrent la répartition géographique du continent en 5 régions. Ainsi, l’Afrique du Nord est représenté par le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, l’Afrique Centrale par le Président Idriss Deby Itno du Tchad, l’Afrique de l’Est par le Président Tanzanien Jakaya Kikweté, l’Afrique Australe par le Président Sud-Africain, Jacob Zuma et bien entendu l’Afrique de l’Ouest par le Président Burkinabé, Blaise Compaoré. En deuxième point, il fallait des Présidents qui ont de la personnalité et jugés intègres. Le troisième élément de choix est qu’il fallait des Présidents connaissent le dossier ivoirien. Il n’y a pas mieux que le Président Sud-Africain, le pays des Accords de Pretoria I, II et ainsi de suite pour l’Afrique Australe, et le Président Blaise Compaoré, le facilitateur et parrain de l’Accord Politique de Ouagadougou qui a réussi à conduire le processus de règlement du conflit jusqu’à l’élection présidentielle.

Gbagbo va-t-il corrompre quelques uns parmi eux pour les amener à épouser ses points de vue et prolonger les discussions pour gagner du temps, et qu’est-ce qui explique les actions et discours du camp Gbagbo contre le Président Blaise Compaoré ?
C’est vrai que pour avoir déclaré publiquement que s’il savait qu’il était aussi facile d’acheter la conscience des individus il n’aurait pas tant investi dans l’achat d’armes, le Président Gbagbo est soupçonné de vouloir corrompre tous les interlocuteurs dont la décision peut jouer en sa faveur ; hier dans le processus de règlement du conflit et aujourd’hui dans sa politique de refus du résultat des élections. Surtout que comme l’a révélé le Premier ministre Kenyan, Raila Odinga, il sait qu’il a perdu, mais il a d’autre justification qu’il n’étale pas en public. On sait qu’il dit en rivé ‘’ne pas laisser le pays à un étranger’’. Une histoire absurde ! Que pourra-t-il proposer comme argent à Idriss Deby et Mohamed Aziz dont les pays regorgent aussi du pétrole ? Osera-t-il proposer une mallette au lointain successeur de Julius Nyere dont le pays figure parmi les moins corrompus du continent ? Quant aux deux autres, posons une étude de chaque personnalité, puisqu’elles suscitent tant de commentaires.

Le cas de Blaise
Compaoré
On dit qu’il y a parfois des pauvres gens qui une fois accède à la fortune n’aiment pas voir ceux qui les ont connus dans leur ancien statut de pauvre. Cela semble être le cas de figure entre Gbagbo et Compaoré. Déjà, en 1982, c’était l’époque où les jeunes officiers qui ont déposé Saye Zerbo pour placer le Général Lamizana préparaient en fait leur propre accession au pouvoir un jour. Ils s’étaient proclamés de gauche et n’ont pas hésité à avenir à leur ‘’frère ivoirien’’ de gauche qui narguait à l’époque ‘’le vieux crocodile’’ de Yamoussoukro, c’est ainsi que Sankara désignait Houphouët-Boigny. Alors, Compaoré et ses amis ont aidé l’ami Laurent Gbagbo avec un billet d’avion pour partir en France après un voyage en train Abidjan-Ouaga. Le contact entre Compaoré et Gbagbo n’a pas été véritablement rompu, même si après Houphouët, Bédié et Compaoré entretenaient de bonnes relations. Contrairement à une certaine opinion répandue, Compaoré n’a jamais adhéré publiquement ou en privé au combat de M. Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. Car même s’ils se comprennent et parlent dans la même langue, le Moré, chacun dispose de ses propres moyens de son destin. Les incompréhensions entre Blaise et Laurent sont dues à une question d’éducation. Blaise Compaoré est connu comme un homme de rigueur et d’honneur. Ces vertus qu’il tient de son éducation traditionnelle tirée de la civilisation des Mossi éditée par la princesse Yenega et lien entretenu par la dynastie du Moro Naba ne peut être ignorées par un Mossi qui assume une responsabilité publique, qui plus est, dirige un pays. La deuxième éducation forgée par l’armée depuis son enfance à l’école militaire primaire et supérieure l’a façonné et fait de lui un chef accompli dans le vrai sens du terme. On voit d’ailleurs, avec quelle dextérité il conduit ses nombreuses missions de facilitateur dans la sous-région, principalement au Togo et en Guinée. Or, à l’opposé de Compaoré, l’historien ne se souvient presque jamais de rien. On ne lui trouve aujourd’hui aucune amitié constante de trente ou vingt ans. Avec lui, les amitiés se font et se défassent. La parole donnée ne s’accompagne d’aucune obligation et le reniement de sa signature n’est pas un sacrilège. Pendant les négociations qui ont conduit à l’Accord Politique de Ouagadougou-APO, Compaoré a été irrité par les nombreux manquements de Gbagbo à la parole donnée et parfois aux résolutions des rencontres du Cadre Permanent de Concertation (CPC). Puis est arrivée la déception quand Gbagbo a entrepris d’opérer tout simplement une OPA sur l’élection, et enfin un brigandage pur et simple, du genre, ‘’moi pas gagné, mais pas bougé’’. Gbagbo aura du mal à regarder Blaise Compaoré en face et à réciter ses thèses de diversions élaborées par ses vieux Avocats. D’où la mise en place de sa machine de protestation et de récusation que Blé Goudé et Affi N’Guessan actionnent.

Le cas de Jacob Zuma
Jacob Zuma a hérité du dossier ivoirien après le départ forcé du pouvoir de son prédécesseur surpris en flagrant délit de manœuvres politiques indignes. Mbéki est un affairiste et probablement léger pour la fonction de Président de l’Afrique du Sud que le pouvoir blanc de l’Apartheid avait quand même su élevé au rang de puissance économique et militaire du continent. Mais, le pays n’était pas une grande diplomatie à cause de l’Apartheid qui l’isolait. La prise du pouvoir par les Noirs devant emmener le pays à jouer le rôle qui lui revient. Mais, même Nelson Mandela l’a joué avec quelques maladresses. On a encore en mémoire cette passe d’armes entre lui et le Président nigérian Obassanjo qui a dit à propos : « Mandela a tellement passé du temps en prison et il ne connaît pas la pratique de la diplomatie ». Apparemment, les successeurs ne font pas mieux. Les Ivoiriens se souviennent de l’arrivée tonitruante de Thabo Mbeki à Abidjan avec deux avions transportant sa voiture de commandement avec Jeep et près de 150 soldats pour sa sécurité. Mais à côté de ces mises en scènes, Mbeki a épousé sans grande réflexion la thèse de Gbagbo de vouloir se défaire de la France. Et Mbeki a pris le dossier en main en épousant la thèse de Laurent Gbagbo qui lui offrait dans l’autre main la juteuse affaire de la téléphonie mobile à travers MTN. Un dossier que nous reprendrons plus en profondeur dans une prochaine édition.
Arrivé donc aux affaires, Jacob Zuma, le Président aux trois femmes n’a fait que s’aligner à la thèse à lui communiquée par son prédécesseur. Il voit les avantages du dossier et ne devrait avoir aucun mal à se retrouver ensemble avec l’autre au deux femmes. Zuma a un souci de reconnaissance de la diplomatie Sud-Africaine et on le voit sauter sur toutes les chaises dans toutes les tribunes. Il est vrai que s’il le faisait avec succès, le Premier ministre Ethiopien n’aurait pas été le seul à parler régulièrement au nom du continent dans les rencontres aux Sommets qui regroupent les représentants des cinq continents.
Les décisions du 16ème Sommet de l’UA sont très claires et il n’est pas certain que Zuma puisse distraire ces pairs. C’est pour cela que certains experts pensent que, « ses actions pourraient être la livraison d’armes à son ami contre toutes règles de l’ONU à travers ses structures économiques en Côte d’Ivoire qui pourraient bien camoufler les prochains contenus des livraisons de soi-disant logistiques et matériel de fonctionnement. Les instances internationales le savent », nous ont-ils confié un expert.

Et maintenant, que
va-t-il se passer ?
L’Union Africaine a pris le dossier en main, mais il appartient en tout premier lieu à la CEDEAO. D’ailleurs, certains Etats membres sont irrités par cette intrusion des Etats de la SADC qui agissent de façon inconsidérée dans un dossier qu’ils ne maîtrisent pas. C’est la stabilité politique, la sécurité des personnes et des biens et l’économie dans les Etats membres de la CEDEAO. Et comme l’option de l’usage de la force militaire légitime n’est pas écartée mais suspendue pour le moment, en attendant les conclusions contraignantes du Panel des cinq Chefs d’Etat, on peut espérer la prise de fonction du Président Alassane au Palais présidentiel dans peu de temps.
G. AMANI

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