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Économie Publié le vendredi 11 février 2011 | Le Patriote

Recherche de financement par le Trésor ivoirien sur le marché régional : Djédjé Mama tire des plans sur la comète

A qui veut-on faire plaisir ? A Gbagbo ou à soi-même ? Ces questions méritent d'être posées car dans le contexte économique actuel, l'avenir de la Côte d'Ivoire est en pointillé. En effet, le mercredi dernier, a eu lieu à l'auditorium de la Caistab, la rentrée budgétaire du gouvernement Aké N'Gbo de Gbagbo.

Ce Gouvernement illégal a même tablé pour l'année 2011, sur un budget qui s'équilibre en recettes et en dépenses à 2907,320 milliards de FCFA contre 2897 milliards en 2010. Avec des prévisions de recettes fiscales et douanières respectivement de l'ordre de 1070,9 milliards de FCFA et 928 milliards de FCFA.

Le Trésor public ivoirien lui devra mobiliser 818 milliards de FCFA. Lorsque l'on décide de faire l'analyse de cette mobilisation au niveau du Trésor public, l'on se rend compte tout de suite que Djédjé Mama, Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique semble avoir déjà oublié que l'Etat de Côte d'Ivoire a une dette à l'endroit du marché financier régional. Alors pourquoi solliciter ce marché au point d'attendre de lui, la somme de 717,1 milliards de FCFA sur les
818 milliards de FCFA à mobiliser au titre de l'année 2011 par cette régie financière. Et cela grâce aux émissions de titres publics (Emissions de bons de trésor, emprunt obligataires). Toute chose qui ne sera pas aisée, voire impossible tant que la situation va demeurer en l'état. C'est-à-dire tant que la Côte d'Ivoire n'aura pas remboursé ce qu'elle doit aux banques et assurances de l'Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine). En effet, la Côte d'Ivoire, selon la Commission de l'Union, n'a pu jusqu'à ce jour, honorer ses engagements vis-à-vis de la dette publique et du marché financier régional.

Cela se chiffre à 600 milliards de Fcfa. Cette information a été mise au grand jour lors du 15ème sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union qui s'est tenu récemment à Bamako, la capitale malienne. Cette dette a alors occasionné la perturbation actuelle du système bancaire, mais aussi celui du système monétaire et financier de l'Union. Le Conseil des ministres de l'Uemoa
a donc dénoncé cette perturbation des circuits économiques et financiers et le ralentissement des échanges de biens et services, tant à l'intérieur du pays qu'entre la Côte d'Ivoire et les autres Etats membres de l'Union. Ainsi, au niveau du marché monétaire et du système bancaire, il existe de nombreuses perturbations enregistrées sur le marché de la dette publique où le Trésor
ivoirien n'arrive plus à faire face à ses engagements. Au chapitre du marché financier régional, des entreprises et l'Etat de Côte d'Ivoire ont des engagements importants dont une part arrive à échéance en 2011. Le non-respect de ces engagements à commencé à affecter la confiance des
investisseurs dans le marché. Il est vrai, le marché financier s'est montré très dynamique en 2010. Mais, il faut le reconnaître, c'est surtout à cause de la crédibilité de la signature de l'Etat incarnée par le ministre de l'Economie et des Finances d'alors, Charles Koffi Diby. C'est donc grâce à lui que des banques et assurances ont accepté de consentir des prêts à l'Etat de Côte d'Ivoire au
titre des émissions de bon du trésor et des emprunts obligataires. Mais aujourd'hui c'est bien différent. La preuve, les dettes contractées sont arrivées à échéance et aucun remboursement ne s'est fait malgré les promesses du Gouvernement Gbagbo. Le sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement, après analyse de la situation a donc pris des décisions visant à soutenir
l'activité économique et à préserver la stabilité du système financier de l'Union. C'est ainsi que la Bceao, en accord avec le ministre de l'Economie et des Finances, Charles Koffi Diby Gouvernement Soro) et le Conseil des ministres de l'Union, a été sollicitée pour la mise en place d'un mécanisme visant à renouveler les titres publics échus de l'Etat de Côte d'Ivoire. Ce
mécanisme déjà enclenché doit permettre le remboursement de la somme de 600 milliards de Fcfa contractée lors des différentes émissions de bon du Trésor. Mais les banques et assurances ne sont pas dupes. Elles savent ce qui s'est passé en 2010 et les difficultés de remboursement. Déjà qu'elles ont des difficultés pour satisfaire convenablement leurs clients, elles ne vont plus
s'engluer dans une telle aventure tant qu'il n'y a pas de visibilité et de lisibilité.

Elles se rendent bien compte que c'est la Bceao qui est obligée de jouer au pompier pour éviter que l'espace Uemoa et même la sous-région piquent du nez. Si l'Etat a pu collecter en 2010, grâce au marché financier, 677,9 milliards de FCFA alors que les prévisions tablaient sur 400 milliards de FCFA, c'est bien parce que l'Etat était en phase avec ce marché et le contexte s'y prêtait. Entre
l'année dernière et cette année, c'est bien le jour et la nuit. Et beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Surtout que présentement, l'Etat de Côte d'Ivoire est devenu mauvais payeur. Les banques n'ont plus confiance en Gbagbo et en ses hommes qui ne présentent aucune garantie.

Auparavant, la crédibilité de la signature de l'Etat était non seulement un sésame, mais elle était aussi matérialisée par la caution de la Bceao pour les banques. Ce qui n'est plus le cas de nos jours. Les banques ne prêtant qu'aux personnes morales et physiques qui remboursent, l'on peut déduire sans coup férir que Djédjé Mama et le Trésor public vont droit dans le mur. Encore un effet d'annonce dont seuls ont le secret, les refondateurs.

Jean Eric ADINGRA
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