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Société Publié le mardi 22 février 2011 | Le Patriote

Interview /Soro Mamadou (Secrétaire général du Synesci), explose : “Trop ! C`est trop, l`Ecole se meurt”

L'école ivoirienne est dans l'impasse. Nombre d'établissements d'enseignement ne fonctionnent pas depuis le second tour de la présidentielle avec en prime la confiscation du pourvoir par Gbagbo. Dans cet entretien, le secrétaire général du Synesci, Soro Mamadou, depuis son exil, explose.

Le Patriote : Quelle est la situation de l'école ivoirienne après le second tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire ?
Soro Mamadou : L'école est en situation difficile. En effet, plus de 57% des établissements secondaires sont totalement fermés et plus de 21% fonctionnent en deçà de 50% de leur fonctionnement habituel. Soit en réalité, 78% des établissements sont non fonctionnels en Côte d'Ivoire. Trop c'est trop ! L'école se meurt.

LP : A quoi cela est-il dû ?
SM : Cela est dû à la crise postélectorale que le camp de Gbagbo a créée contre la morale, la logique et la démocratie. Voulant falsifier la réalité des faits et partant de l'histoire, il a créé inutilement une crise. Nous disons que notre pays aurait pu faire l'économie d'une telle crise si le camp Gbagbo avait un peu de respect pour la souveraineté du peuple.

LP : Certains observateurs du système éducatif redoutent une année blanche. Quels commentaires ?
SM : Si la crise perdure dans le temps, ce que nous ne souhaitons pas, il y aura de graves conséquences sur notre société. C'est d'ailleurs pourquoi, le SYNESCI a inlassablement exhorté le Président sortant, M. Laurent Gbagbo à permettre une solution durable qui garantisse la consolidation de la démocratie, en cédant le fauteuil présidentiel au Président élu, M. Alassane Ouattara. De cette façon, la normalité et la tranquillité reviendront dans notre pays. Concernant l'année blanche, je pense qu'il ne faut pas être pessimiste. Soyons sans crainte. Dès que la normalité démocratique sera réinstaurée, il appartiendra aux nouvelles autorités de l'éducation de faire un nouveau découpage de l'année scolaire, un découpage respectant les volumes horaires académiques requis afin de valider une année scolaire. Vous vous rappelez de l'année 1990 où il y a eu une interruption de six (06) mois du 02 mars au 01 septembre 1990, l'année scolaire a pu s'achever et elle a été validée. L'année scolaire peut et doit être sauvée. Ce n'est qu'une question de volonté politique et organisationnelle. Et à ce niveau, je n'ai aucun souci, étant donné que les différents départements à charge de l'éducation sont composés de techniciens rompus en la matière.

LP : Comment peut-on éviter alors une année blanche ?
SM : Je vous rassure, il n'y aura pas d'année blanche car aussitôt, la crise postélectorale terminée, aussitôt un nouveau calendrier scolaire sera mis en place pour mettre tous les acteurs de l'école en mouvement. C'est pourquoi, il est important de trouver rapidement un dénouement à cette crise qui, je le réaffirme, est parfaitement inutile. Et le SYNESCI voudrait, une fois encore si besoin est, demander au Président Gbagbo perdant de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010, de céder le pouvoir au vainqueur ou Président élu, afin que le plus rapidement possible, le pays se remette au travail.

LP : Qu'est-ce qui a poussé le SYNESCI à soutenir officiellement le président démocratiquement élu par le peuple ivoirien ?
SM : Je voudrais indiquer que ce n'est pas la première fois que le SYNESCI, défend la démocratie, aussi les raisons qui justifient notre position se présentent-elles, sur trois axes :

LP : Lesquels ?
SM : Suite à la déclaration du Président du Conseil Constitutionnel (CC), le SYNESCI a instruit ses secrétaires régionaux (BOUAKE, KATIOLA, KORHOGO, ODIENNE et SEGUELA) de lui faire un point sur le déroulement du scrutin dans les départements indexés ; ils ont été formels : il n'y a pas eu de fraude et d'irrégularités dans le déroulement du scrutin dans lesdits départements. Quelques jours après, les rapports des Préfets de régions desdits départements sont venus corroborer les faits, renforçant alors, notre conviction. Par ailleurs, nous constatons simplement que le Président du Conseil Constitutionnel a commis un parjure. Il eut été plus compréhensible qu'il annulât le scrutin, si ses prétendues fraudes étaient avérées. Tout de même, on ne peut pas dire que M. YAO N'DRÉ ne connaissait pas l'article 64 nouveau du Code électoral.
a-La démocratie et la souveraineté du peuple :
Vous savez, le SYNESCI depuis sa création défend la démocratie. Le 05 juillet 1970 quand nos aînés ont refusé d'affilier le SYNESCI à l'UGTCI, ils (nos aînés) ont arraché ainsi la pluralité et la diversité des opinions qui était contraire à la pensée unique d'alors. Puis après, nous avons réclamé le multipartisme et nous avons été très actifs pour sa réinstauration en Côte d'Ivoire. En outre, nous avons sans cesse réclamé des élections libres et transparentes. Et celles d'octobre et novembre 2010, l'ont été. Nous nous souvenons qu'en octobre 2000, face au Général Robert GUÉI, le SYNESCI a été très actif, pour défendre la victoire de M. Gbagbo. C'est donc très consterné que le SYNESCI constate que M. Gbagbo ne veut pas céder le pouvoir alors qu'il a perdu dans les urnes. Nous ne pouvons cautionner ce recul grave : l'assassinat de la démocratie. Cela est très important, car c'est le respect du verdict des urnes qui est la preuve manifeste que l'on considère le peuple, reconnaissant sa souveraineté : Vox populi, vox dei.

b- Le développement du syndicalisme
Si cette confiscation du pouvoir passait, malgré le verdict des urnes, inéluctablement, c'est une dictature qui s'installera et là, les syndicalistes feront le deuil de leur indépendance et de la lutte pour la défense des valeurs sociales. En effet, après le parti unique, le processus de réinstauration du multipartisme devait aboutir à la démocratie, c'est-à-dire, au respect des droits de l'homme et des libertés. Les élections d'octobre et de novembre nous donnaient cette espérance. Bref, le SYNESCI s'est toujours battu pour un environnement démocratique propice à l'exercice du droit syndical.

LP : Bien entendu, cela a entraîné des suspensions de salaires de certains militants du SYNESCI ?
SM : Oui, il y a 146 suspendus pour le mois de janvier 2011, ce chiffre devrait tripler voire quadrupler si la situation restait en l'état, en fin février 2011. Mais que nos militantes et militants se rassurent, leurs salaires leur seront reversés ; ils le savent, car depuis que nous sommes au Bureau Exécutif National, nous avons toujours su mener le combat pour retrouver nos salaires suspendus. Que ceux qui aujourd'hui, prennent le malin plaisir de se comporter de la sorte, sachent que lorsque le camarade DJENI KOBENA a arraché le pluralisme d'opinion, le 05 juillet 1970 par la création du SYNESC. En sa qualité de Secrétaire Général fondateur du SYNESCI, il a été arrêté et interné à la prison de SEGUELA pour dit-on, une rééducation civique et morale : cela n'a pas empêché le SYNESCI d'exister en toute indépendance. Aussi quand le camarade AKOUN LAURENT a usé pour la première fois en Côte d'Ivoire du droit de grève en 1983, cela lui a valu la prison en 1987, mais le SYNESCI a continué d'exister en toute indépendance. Quand le camarade Tapé Pierre indiquait au gouvernement en 1991, qu'il ne devait pas s'ingérer dans la gestion du SYNESCI, cela aura valu deux mois de suspension de solde aux militants, mais le SYNESCI a continué d'exister, jaloux de son indépendance et de son autonomie.
C'est ce même SYNESCI, indépendant et autonome qui dans sa constance, s'est dressé pour faire progresser la démocratie. Ne pas faire admettre la souveraineté du peuple, c'est la porte ouverte à toutes formes de tyrannie.

LP : Pourquoi un tel acharnement sur les militants du SYNESCI ?
SM : Je constate que vous suivez nos activités, en effet tous nos mouvements sont l'objet de vives répressions. Parce qu'on veut nous empêcher de dire la vérité, on nous réprime. Ainsi pensent-ils nous bloquer dans notre volonté d'assurer l'élévation du niveau de culture des populations, conformément aux dispositions statutaires du SYNESCI. L'opinion publique attend toujours les positions éclairées du SYNESCI pour fonder ses analyses. Il est vain de chercher à nous réduire au silence. Les militants du SYNESCI sont des adeptes, des disciples convaincus de la démocratie et du bien-être social et ceux qui veulent les bâillonner sont obnubilés par la dictature rampante qu'ils essaient d'imposer aux Ivoiriens. Et comme vous le savez, c'est notre conscience qui détermine notre être. Nous sommes prêts à consentir tous les sacrifices et à fournir tous les efforts nécessaires pour le bien du peuple ivoirien et le développement de notre pays. J'invite tous les camarades du Synesci à prendre part à toutes les activités visant à restaurer la démocratie et la souveraineté du peuple.
Réalisée par Anzoumana Cissé
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