x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mardi 22 février 2011 | Le Nouveau Réveil

Serge Michael Loft (ancien directeur de la Banque mondiale) à propos de la réquisition des banques ivoiriennes : “La Sgbci, la Bicici ont des systèmes informatiques gérés de l’extérieur, leur réouverture est donc impossible”

La fermeture des deux filiales des banques françaises en Côte d'Ivoire, la Société générale et la BNP, suscite beaucoup de grincement. Serge Michael Loft, ancien directeur de la Banque mondiale dans un entretien sur RFI.
Depuis une semaine, c'est le bras de fer. La société générale et la BNP ont fermé leur filiale à Abidjan. En représailles, Laurent Gbagbo les a nationalisées. Il doit les reouvrir ce lundi (Ndlr : hier). Est-ce qu'on peut parler d'un match nul ?
Je ne pense pas parce que je ne vois pas les banques pouvoir fonctionner correctement, normalement à la réouverture le lundi matin. Tous les systèmes informatiques sont gérés de l'extérieur. J'imagine que les agents vont trouver leur écran vide. Les banques à ma connaissance ne peuvent fonctionner normalement de façon manuelle, artisanale. Les gens auront leur écran de régulateur noir.

Mais pourquoi les banques internationales notamment la Générale et la BNP ferment leur filiale. Est-ce pour des raisons politiques par pression de Nicolas Sarkozy ou pour des raisons financières ?
Ce n'est pas pour des raisons politiques. Je crois qu'ils se sont trouvés coincés concrètement par les sanctions infligées par la BCEAO. Ils ont de gros problème de refinancement. Et elles ne pourraient plus travailler.

Vous dites que depuis la coupure avec la BCEAO, les banques ne peuvent plus se refinancer. Elles ne peuvent plus emprunter auprès d'une autre banque. N'est-ce pas ?
Il n'y a pas seulement que ça. Il y a aussi l'ensemble des sanctions européennes qui empêchent ces banques de fonctionner. Ce n'est pas la réquisition des banques qui va résoudre le problème. Je pense que ça c'est une action à but médiatique. J'ai l'impression que 70 ou 80% du système bancaire ivoirien est en rideau.

Ce lundi (Ndlr : hier) les filiales nationalisées doivent donc reouvrir. Est-ce que concrètement, les épargnants vont pouvoir retirer leur économie s'ils viennent au guichet ?
Je n'en sais rien. Il faut être extrêmement prudent. Cela sera sans doute possible petit-à-petit. Probablement cela prendra pas mal de temps. Et de toute façon, émettre des chèques sans ces banques sera très compliqué. Les compensations vont se faire manuellement. Et il va y avoir un ralentissement du fonctionnement du système bancaire.

La priorité pour Laurent Gbagbo, c'est de pouvoir sortir 100 milliards de F Cfa pour payer ses militaires et ses fonctionnaires à la fin de ce mois. Est-ce que la crise bancaire actuelle lui complique les choses ou pas ?
Cela doit certainement lui compliquer les choses. Il y a eu une réquisition qui a été faite, je crois que 80 milliards avaient été retirés de la BCEAO en liquide. Avec ça, il est possible d'assurer la paie de ses fonctionnaires. Il va assurer pendant un mois mais cela va se compliquer les mois suivants. Et ça va coincer pour les paies qui vont se faire par virement bancaire. Puis les impôts que les entreprises vont payer seront émis par chèque pour les différentes banques. Donc les impôts ne pourront pas être honorés, les recettes fiscales vont se tarir. Ça sera compliqué à gérer.

A l'origine de tout ça, vous dites qu'il y a notamment les sanctions de la BCEAO. Si le régime de Gbagbo Laurent sort de la zone BCEAO et du Cfa et crée sa propre monnaie. Est-ce qu'il pourra s'en sortir ?
Oui en théorie. Mais créer une monnaie ne se fait en un mois. D'autre part, il faut des contreparties en devises. En ma connaissance, les efforts au niveau du café-cacao sont au ralenti. Cargil, et d'autres exportateurs ont fermé. Le cacao peut continuer de sortir par le Ghana, par les pays voisins. Mais là aussi, cela devient beaucoup plus difficile. Le port de San Pedro ne fonctionne pratiquement plus. Le port d'Abidjan a une baisse d'activité de 40 à 50%. Nous sommes dans une période de tremblement de l'économie ivoirienne difficile à vivre.
Foumséké Coulibaly
Source : RFI
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ