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Économie Publié le mercredi 23 février 2011 | Notre Voie

Des voleurs de cacao protégés par l’UE : Fraude au nord pour Ouattara et Soro

© Notre Voie
Un planteur ramassant les grains de café, dans une plantation de café et de cacao, à Divo.
Il en va ainsi depuis au moins deux ans. Au nom et pour le compte de M. Alassane Ouattara, via Guillaume Soro Kigbafori et ses rebelles, les départements de Vavoua et de Man ne commercent plus avec la Côte d’Ivoire en matière de café et cacao.

Les ports autonomes d’Abidjan et de San Pedro, situés au sud du pays, ne reçoivent plus un seul kilogramme de ces produits en provenance de ces deux localités hautement productrices situées en zones rebelles. L’embargo suggéré par Alassane Oauttara et décrété par l’Union européenne pour affamer les planteurs ivoiriens a accentué ce vol à ciel ouvert.

De Vavoua où nous avons pu constater ces énormes trafics au détriment des Ivoiriens, les acheteurs et exportateurs légaux, tout comme les paysans producteurs de ces matières spéculatives, n’ont que leurs yeux pour pleurer. Le cœur meurtri par la cruelle injustice qu’ils subissent, ils assistent, impuissants, au convoyage d’énormes tonnages de café et de cacao vers Ouagadougou, mais principalement vers Lomé, au Togo. Chaque jour, des camions chargés de ces produits quittent Vavoua, passent par Séguéla et Bouaké, puis Ferké pour leurs destinations finales.

Selon nos sources, de nos jours, au Port de Lomé, au moins 200.000 tonnes du cacao et du café de Côte d’Ivoire sont emmagasinées. A Ouagadougou, pays désertique non producteur de ces matières premières, 80.000 à 100.000 tonnes de nos deux produits y seraient stockées. Mais comment ce vol est-il organisé ?

Les auteurs de ce trafic illégal

Nos guides nous ont permis de dénombrer huit (8) auteurs de ce trafic. Cette liste n’est pas exhaustive et pourrait contenir un ou deux noms par erreur. Pour une raison simple : dans cette zone tenue par les rebelles, il est difficile de poser beaucoup de questions sur ce trafic sans se faire repérer et s’exposer à des risques irréparables. Mais, sur la conviction et la foi de nos guides, nous avons établi, avec assez de certitude, que ces huit négociants sont tous de nationalité libanaise. Leurs noms reviennent constamment sur le terrain. D’un côté, nous avons ceux qui opèrent par des intermédiaires. Il s’agit des nommés Kaikh ; Ghazal Ali, Attié Ali, Anwar Attié, Ezzéddine, Méroué, Omais. De l’autre, nous avons ceux qui n’ont peur de rien et qui opèrent avec leurs progénitures dans l’affaire. C’est le cas du nommé Mohamed Jaber et ses enfants Abbass et Moustapha Jaber.

Des précautions dignes du grand banditisme

Parce qu’ils savent qu’ils s’adonnent à un commerce illicite, ces trafiquants opèrent avec des camions de 40 à 45 tonnes immatriculés, dans la quasi-totalité, au Ghana ou au Togo. Un procédé qui permet un camouflage parfait, faisant croire aux paysans de Vavoua que ce sont « des Blancs » qui leur envoient ces véhicules pour acheter leurs produits, malgré l’embargo.

Comment les paysans sont volés

Dès que l’Union européenne a décrété l’embargo sur le cacao et le café ivoiriens, à la demande d’Alassane Oauttara, candidat de la France à l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire, ces trafiquants et leurs hommes sont allés dire aux paysans de ces zones sous contrôle rebelle que l’interdiction d’exporter leurs produits en Europe va durer deux années. Les paysans, terrorisés à l’idée d’assister à la pourriture du produit d’une dure année de labeur, se sont prédisposés au bradage. Et, depuis, ces trafiquants libanais achètent le cacao à 475 FCFA le kilogramme au lieu de 875 ou 900 FCFA, le prix acceptable, à défaut des 1100 FCFA le kilo fixés par la bourse
des planteurs. Quant au café, il est bradé à 425 FCFA au lieu de 600 FCFA le kilo homologué.

De la quantité de produits volés

Chaque jour, en cette période de traite, ce sont quelque cinquante (50) camions de 40 à 45 tonnes qui partent chargés de Vavoua, en direction de Ouagadougou, puis de Lomé, via le nord de la Côte d’Ivoire sous contrôle rebelle. Dans les capitales burkinabé et togolaise, des sociétés ont été montées de toutes pièces pour réceptionner ces tonnages impressionnants de café et de cacao (200.000 tonnes signalées aujourd’hui à Lomé pour près de 100.000 tonnes à Ouaga). Bien entendu, ce deal entre les trafiquants et les rebelles ne se fait pas sans compensation
financière pour les responsables de la rébellion ivoirienne.

Une manne financière pour Ouattara et ses rebelles

Sur chaque kilogramme de café et de cacao qui part de Vavoua ou de Man, les trafiquants sont dans l’obligation de payer au chef rebelle Guillaume Soro Kigbafori, un frauduleux «Droit unique de sortie», équivalent de la taxe douanière (DUS) instaurée par l’Etat à la sortie des Ports autonomes d’Abidjan (PAA) et de San Pedro (PAS).

Dans ces zones de non-droit, le DUS rebelle est de 185 FCFA/kg. Pour un chargement de 45 tonnes, cela donne 8, 325 millions FCFA par camion. A raison de 50 camions par jour, cela fait la bagatelle somme de 416,25 millions FCFA versés quotidiennement à Guillaume Soro.

Dans une récente déclaration, M. Gilbert Ano, le président du Fonds de garantie du café-cacao, a estimé la perte infligée à l’Etat par ce trafic illicte à plus de 500.00 tonnes chaque année. Soit quelque 100 milliards de FCFA volés au profit de Soro et ses rebelles. Et, comme l’on sait aujourd’hui que Soro n’est que le directeur délégué de la rébellion ivoirienne, certains des trafiquants n’hésitent pas à convenir que ces sommes colossales sont versées à Alassane Ouattara, le vrai patron ivoirien du mouvement terroriste.

En raison de la crise post électorale en Côte d’Ivoire, les responsables de l’Union européenne (UE) ont décrété un embargo sur le café et le cacao ivoiriens. En conséquence de cette mesure, aucun kilo de ces produits ne devrait sortir de la Côte d’Ivoire en direction de l’Europe ou d’un tiers continent. Or, ces énormes tonnes de café et de cacao stockées à Lomé et à Ouagadougou finissent par prendre, sans problème, la direction des pays européens. Du coup, à la pratique, on s’aperçoit que la mesure n’a été prise que pour asphyxier les paysans ivoiriens et, par ricochet,
le gouvernement du président Laurent Gbagbo. Car, alors que les producteurs ivoiriens ne peuvent plus exporter leurs produits en Europe, l’Union européenne ferme dramatiquement les yeux sur le sale trafic qui s’opère au nord sous contrôle des rebelles d’Alassane Ouattara. C’est à croire que les Européens s’accommodent de la mise à mort des exportateurs et des paysans de Côte d’Ivoire pour fournir aux enfants d’Europe du chocolat fait à base du cacao volé aux producteurs agonisants n

Koukougnon Zabril
Envoyé spécial à Vavoua
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