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Politique Publié le vendredi 25 février 2011 | L’Inter

Dons aux victimes des récents événements post-électoraux / Le ministre Dosso Charles Rodel prévient: ``L`Etat sera sans pitié contre les escrocs...``

Dans cet entretien, le secrétaire d'Etat chargé des victimes de la guerre, M. Dosso Charles Rodel lève un coin du voile sur les dispositions prises par l'Etat pour soulager les victimes des événements post-électoraux et met également en garde tous ceux qui ambitionnent de se faire de l'argent sur le dos des sinistrés.

Quelles sont les dispositions prises par le gouvernement pour organiser au mieux l'aide aux sinistrés des récents événements de Duékoué, Lakota etc?

Le gouvernement Aké N'gbo a décidé d'apporter assistance aux personnes sinistrées du fait de la crise post-électorale, non seulement par le biais du secrétariat chargé des victimes de guerre, mais aussi à travers le ministère de la Solidarité, de la cohésion sociale et de la reconstruction post-crise. Il y a eu déjà un convoi humanitaire sur Duékoué dès les premières heures de la crise.

Il y a eu également la visite de 4 membres du gouvernement à Lakota, tout récemment. Le gouvernement s'est aussi déplacé à Abengourou pour apporter le réconfort de l'Etat de Côte d'Ivoire aux sinistrées de cette ville. Au niveau du secrétariat chargé des victimes de guerre, nous avons décidé de mettre en place un système de régulation des différents efforts des populations ivoiriennes à l'endroit des frères sinistrés. La cellule solidarité et action humanitaire dirigée par M. Zohouri Elysée a mis tout un système en place pour réceptionner les dons que nous rassemblons dans un magasin à Attoban. Nos services travaillent de sorte à ce que le dispatching tienne compte des besoins sur le terrain.

De façon concrète, comment l'aide est organisée sur le terrain?

Il y a l'aide de l'Etat en tant qu'entité. Mais l'Etat qui régule aussi l'aide des personnes physiques ou morales. Nous avons plusieurs sites parce que c'est souvent que les gens citent Duékoué et Lakota. Mais il n y a pas que ces deux villes. Il y a Duékoué, Lakota, Sinfra, Dignago, Abengourou, Agnibilékrou et à un degré moindre, Daloa, Yamoussoukro et même Abidjan. Ce sont autant de villes qui ont soit connu directement des violences, soit accueilli des personnes victimes de violences qui se sont déplacées. Nous travaillons sur tous ces tableaux. Lorsque les aides nous parviennent, les services mettent un système en place et au regard des besoins des différentes zones, on essaie d'orienter les dons. Le samedi 26 février (demain: ndlr), nous allons faire démarrer un convoi qui sera constitué d'un porte-char et d'une benne en direction de Lakota, Issia, Daloa et Duékoué, pour apporter la compassion du chef de l'Etat, SEM Laurent Gbagbo et son Premier ministre Aké N'gbo aux personnes sinistrées de ces localités.

Quels sont les besoins urgents des personnes sinistrées?

Nous sommes dans une situation d'urgence. En pareille circonstance, les besoins les plus fréquents se trouvent être les besoins en vivres et non vivres. Il y a nécessité de trouver pour ces populations, du riz, de l'huile, bref tout ce qui peut être nécessaire pour la cuisson d'un repas.

Mais aussi des nattes, des habits quand on sait que beaucoup parmi ces personnes, du fait de ces violences-là, ont tout perdu. Certains ont du fuir avec un seul habit. Il faut pouvoir leur trouver de quoi se vêtir. Les Ivoiriens sont formidables parce que chacun essaie d'apporter ce qu'il peut, pour aider ces frères sinistrés à se revêtir. Le mercredi 02 mars prochain, nous allons faire le point de tout ce que nous avons reçu. Quand le bilan des vivres, non vivres et de l'appui en espèce qu'on nous donne çà et là sera fait et que l'utilisation sera connue de la nation ivoirienne, nous lancerons l'opération pour la réhabilitation des maisons détruites. Nous devons, en tant qu'Etat, faire en sorte que ces personnes-là retrouvent leur dignité dans son entièreté. Cela passe absolument par le reconstruction des logis. Nous lancerons cette opération pour que chaque Ivoirien fasse parler son coeur, avec qui une feuille de tôle, qui un paquet de ciment, pour aider à reconstruire ces logis détruits. Il nous faut aller au-delà du ponctuel pour instruire l'action gouvernementale dans le long terme.

Comment arrivez-vous à coordonner les actions avec les structures privées ou les personnes de bonne volonté qui spontanément réagissent ?

C'est ici le lieu de féliciter les Ivoiriens pour leur spontanéité. Il faut dire merci aux ivoiriens qui ont décidé de se prendre en charge et de montrer à l'extérieur que l'Ivoirien a du mordant en tout.

Grâce aux différents dons des Ivoiriens, on n'a pas de parachutage de vivres en Côte d'Ivoire, malgré la durée de la guerre. Pour en revenir à votre question, il faut dire qu'il y a deux types de sollicitation. Il y a ceux qui viennent nous solliciter afin qu'avec notre technicité, nous puissions permettre à leurs structures d'aider directement les personnes qui sont en souffrance et ceux qui confient la tâche au Secrétariat d'Etat chargé des victimes de la guerre de convoyer les dons. Et ceux-là sont nombreux. Il faut faire en sorte qu'il y ait une confiance durable entre ces personnes et nous, afin qu'elles répondent encore spontanément lorsque nous leur ferons appel une prochaine fois. C'est l'une des raisons du bilan de mercredi prochain.

Beaucoup d'Ivoiriens craignent que des personnes de mauvaise foi ne profitent de cette action de solidarité pour escroquer des opérateurs économiques et se faire ainsi de l'argent sur le dos des sinistrés. Avez-vous pris des dispositions pour évitez de telles choses?

En humanitaire, l'action est plus divine. Avec Dieu, un coupable n'est jamais pris pour innocent. J'invite donc les uns et autres à ne pas profiter de la souffrance d'autrui. Ceux qui sont là juste pour se faire de l'argent, ou se faire une image à l'effet de l'exploiter à d'autres fins, nous les invitons à savoir raison garder. Ce qui arrive aux autres aujourd'hui peut leur arriver demain.

Faisons en sorte de ne pas attirer le malheur sur nous parce qu'en profitant du malheur de quelqu'un, on s'attire ce malheur-là sur soi. Ayons foi en Dieu. Dans tous les cas, l'Etat a les moyens de répression et l'Etat sera sans pitié pour ceux qu'on surprendra en train de dévier les efforts des uns et des autres à d'autres fins.

Quel regard jetez-vous sur la crise post-électorale et la crise bancaire en Côte d'Ivoire?

C'est la suite logique de la guerre que la France fait à la Côte d'Ivoire depuis 2002. La France, en 2002 a utilisé un paravent qui était une rébellion avec Soro Guillaume très frêle, pour faire la guerre à la Côte d'Ivoire. Et cette guerre a montré ses limites. La France a récupéré sa guerre et a voulu la faire en 2004. Elle a ainsi tiré sur les jeunes ivoiriens. Là encore, elle a échoué. Cette même France, non contente d'avoir une partie de la Côte d'Ivoire, veut aujourd'hui la totalité de celle-ci. Elle a tenté le coup, en passant par une élection très biaisée et par ses canaux que toute la Côte d'Ivoire et le monde entier connaissent aujourd'hui, en l'occurrence Alassane Ouattara et malheureusement, le président Bédié. Malgré tout ce qui a été fait, cela n'a pas été à son avantage. Mais la France refuse de lâcher prise. Elle a utilisé ses télévisions et radios à l'effet de soulever le peuple ivoirien, rien n'y fit. Elle imagine aujourd'hui toutes sortes de possibilités pour que la Côte d'Ivoire se soulève contre son leader, le président Laurent Gbagbo. La France se dit que quand l'Ivoirien aura faim, il va renier sa conviction. Il faut donc l'affamer. Le constat est lamentable parce que cela a encore échoué. Dieu a sa main sur la Côte d'Ivoire parce qu'il sait que le combat de Laurent Gbagbo est un combat de justice, pour la restauration de la Côte d'Ivoire et de l'Afrique en général.

Franck SOUHONE
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