Les fonctionnaires faisaient pitié à voir devant les banques où leurs salaires de février ont été domiciliés. Au siège de Versus Bank au Plateau, c’est un véritable capharnaüm qui y régnait à cause de l’afflux massif des agents peu enclins à supporter les tracasseries. Des salariés arrivés depuis l’aube, attendaient dans de longues files qui serpentaient à l’intérieur de cet établissement transformé en une cour de recréation. La seule bâche dressée à l’entrée principale de cette banque, ne pouvait contenir le flot humain. Fatigués, certains agents tentaient vainement de s’abriter pour échapper au soleil de plomb qui brillait de mille feux. « Nous sommes venus depuis 7h mais le rang ne bouge pas. On est fatigués », lance une dame d’un certain âge assise à même le sol, le pagne sur la tête pour se couvrir du soleil. Le temps passe mais rien n’indique qu’ils percevront leurs émoluments en raison du désordre qui s’amplifie avec l’arrivée de nouvelles vagues. Des vigiles choisissent ce moment pour offrir leur service moyennant des billets de banque. « J’ai du donner 2000FCA pour que je sois introduite dans le hall. Tout est allé vite et j’ai été servie », affirme une fonctionnaire qui a préféré entrer dans le « contexte » que de revenir le lendemain. Ceux qui n’ont pu entrer en possession de leur du, ont décidé de passer la nuit à la belle étoile au Plateau. « Je ne peux pas retourner à Ouragahio sans mon salaire. Je vais dormir ici jusqu’à ce mon argent tombe dans mes mains. C’est après que je vais me laver pour rejoindre mon poste », fait savoir un professeur d’Eps. Même scénario au siège la Banque de financement de l’agriculture (Bfa) au Plateau. Ici aussi, c’est un cafouillage indescriptible qui prévalait dans les petits locaux de cette banque. Ce désordre est entretenu par les forces de l’ordre qui se livrent au racket en « direct » pour laisser passer ceux qui ne supportent pas la lenteur du service. C’est dans cette agence qu’on a enregistré des blessés graves à cause de l’affluence. « Un fonctionnaire a perdu un œil sous la pression de ses collègues qui l’ont coincé contre la grille. C’est une ambulance qui est venue le chercher », raconte un témoin oculaire. Ces mêmes scènes d’hystérie ont été constatées à l’agence Bhci des II Plateaux. De nombreux fonctionnaires ont dormi sous les bâches pour être servis les premiers. « Je n’ai rien laissé à la maison avent de venir ici. Il me faut forcement avoir mon salaire sinon mes enfants vont mourir de faim », entendait-on parmi les suppliciés.
Nomel Essis
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