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Politique Publié le jeudi 10 mars 2011 | Nord-Sud

Crise post-électorale/Comment les Ebrié se laissent instrumentaliser

Les villages ébrié, autrefois havres de paix, sont devenus des foyers de tension, du fait d’une manipulation perverse des hommes politiques avides de pouvoir qui leur cachent la vérité.

S’il y a un peuple ivoirien qui a pris une part très active dans la crise post-électorale que connaît la Côte d’Ivoire, c’est bien celui des Ebrié. Après les menaces verbales proférées, les premières semaines contre le président de la République, Alassane Ouattara, et son gouvernement installés au Golf hôtel, ceux qu’on appelle communément les Atchan ont décidé de passer à la phase 2. C’est ainsi que depuis quelques jours, ils s’en prennent aux allogènes installés dans leurs villages et à leurs biens. N’hésitant pas à tuer et à piller. Allant même jusqu’à incendier hommes et biens. Pour eux, tout ce qui est allogène est rebelle. Il faut donc s’en débarrasser. Mais les allogènes ne sont pas les seuls à faire les frais de la furia de ce peuple qui, il n’y a pas si longtemps, était réputé très accueillant. En effet, les cadres ébrié du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) et leurs familles font l’objet de menaces dans leurs propres villages. Aujourd’hui, la majorité des villages ébrié d’Abidjan sont sous tension, du fait d’une fanatisation politique. C’est du moins, ce qu’a expliqué un cadre appartenant à ce groupe ethnique. « Vous savez, ce sont les maires de La majorité présidentielle (Lmp) des communes d’Abidjan qui financent les jeunes désœuvrés qui s’adonnent à ces actes. Aujourd’hui, ils ont la maîtrise du terrain et les chefs de villages sont aux ordres de ces maires. A trois mois des élections, Laurent Gbagbo a promis aux Ebrié de racheter toutes leurs terres et de les leur rendre. On leur a dit que si Alassane Ouattara vient au pouvoir, il va les tous chasser de la ville d’Abidjan dont ils sont les propriétaires terriens », a-t-il raconté. Ces propos ne sont pas dénués de sens dans la mesure où plusieurs fois, de jeunes ébrié, en l’occurrence ceux d’Anono, le village abritant le Golf hôtel, sont plusieurs fois passés à la télévision nationale pour menacer le président Ouattara et son gouvernement d’attaques. « Les jeunes d’Anono sont en connexion avec Blé Goudé. Ils représentent une section du Cojep (Congrès panafricain des jeunes et des patriotes). Les ordres viennent de lui (Charles Blé Goudé, président du Cojep) », a indiqué notre interlocuteur. Ce dernier n’est pas fier du visage que présente son peuple en Côte d’Ivoire et à l’extérieur. « Les Ebrié ont toujours été accueillants. En temps normal, ils ne peuvent rien faire. Mais comme ils savent qu’ils ont l’armée et la gendarmerie derrière eux…. Ils n’ont aucun argument. Rien que des inepties. Il y a eu des élections et Laurent Gbagbo a perdu. On devrait pouvoir le leur dire. Mais, il n’y a pas moyen d’en discuter avec eux. Il y en a qui ne savent pas que Gbagbo a perdu les élections et d’autres qui croient que c’est effectivement lui qui les a gagnées. Ce qui se passe ne nous honore pas», a-t-il regretté. Un autre cadre ébrié a dénoncé la présence de miliciens dans ces villages. Notamment à Blockhaus où ils interviennent sur la radio du village pour menacer toutes les personnes qui ne seraient pas de leur bord. Ce qui laisse le chef du village pantois. « Le chef n’est pas le plus à plaindre. Parce qu’à Blockhaus, le maire a droit de vie et de mort sur tout le monde », a-t-il dénoncé, craignant que les récents évènements d’Anokoi-Kouté surviennent dans d’autres villages. « A Anokoi-Kouté, on a accueilli les miliciens et ils se sont servis des jeunes du village. Quand les gens d’Abobo s’en sont rendus compte, ils ont tout simplement voulu mettre de l’ordre», a-t-il indiqué. En se laissant instrumentaliser de la sorte, le peuple ébrié est le premier perdant dans toute cette histoire dans la mesure où la quasi-totalité des communes d’Abidjan qui, à la réalité sont ses terres, sont devenus des champs de bataille. Ils oublient qu’en ayant plus de plantations, c’est du loyer de ces allogènes qu’ils vivent.

Anne-Marie Eba
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