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Politique Publié le mercredi 16 mars 2011 | Le Patriote

« Grandes décisions » annoncées de l`ancien chef de l`Etat - Les trois schémas qui s`offrent désormais à Laurent Gbagbo

A Addis-Abeba, son représentant à la réunion du Conseil de Paix et de Sécurité avait tranché dans le vif : Pas question pour le clan présidentiel d'accepter les décisions de l'Union Africaine, reconnaissant l'élection d'Alassane Ouattara et demandant le retrait sans délai de Laurent Gbagbo de la présidence. Mais, semble-t-il, l'ancien Chef de l'Etat n'est pas sur la même longueur d'ondes que son envoyé spécial qui, il faut le reconnaître, avait réagi par émotion que par la raison. Selon des sources proches de son entourage, Laurent Gbagbo avait promis à un groupe de religieux qui ont engagé une médiation pour une sortie de crise, qu'il étudierait avec bienveillance, les décisions du Panel de Haut niveau mis en place par l'Union Africaine. Depuis quelques jours donc, l'ancien Chef d'Etat semble avoir compris que la porte de sortie honorable que lui a offerte la Communauté internationale, se réduit au fur et à mesure qu'il pose des obstacles à la résolution pacifique de la crise. Gbagbo réfléchit à la façon de répondre au Panel des Chefs d'Etat. Certains qui lui sont proches lui ont conseillé d'abandonner la rébellion afin d'éviter d'être trimbalé dans quelques semaines, devant la Cour Pénale Internationale dont le Procureur ronge les freins quant à l'ouverture d'une enquête sur les violations des droits de l'Homme par les hommes de Gbagbo depuis quelques semaines. Laurent Gbagbo va parler et de grandes décisions vont tomber, indiquent depuis quelques heures, les services de l'ancien Chef de l'Etat. Ce discours tant attendu, pourrait être le dernier d'une série sinon, le premier d'une nouvelle aventure qui exposerait la Côte d'Ivoire à tous les risques. Gbagbo a trois choix. Un, le Chef de l'Etat entend raison et s'incline courageusement et honnêtement devant le verdict des urnes. Il pourrait arguer des dernières décisions de l'Union Africaine pour faire comprendre à ses partisans qu'il se range du côté de la volonté populaire afin de préserver à la Côte d'Ivoire des lendemains difficiles. Gbagbo ferait ainsi un grand pas qui sera salué par la Communauté internationale. Son parti le FPI rejoindrait alors la République. Parce qu'il ferait inévitablement partie du gouvernement d'union nationale que réclame la Communauté internationale à travers les dernières décisions du Conseil de Paix et de sécurité. Si l'ancien Chef de l'Etat décide de se retirer, c'est l'ensemble de son clan qu'il sauve. Car, des voix autorisées pourraient plaider en faveur d'une levée des sanctions dont sont l'objet sa famille et ses proches. La Côte d'Ivoire serait le plus grand vainqueur dans cette éventualité. Car, les violences qui la secouent actuellement, prendraient automatiquement fin pour laisser place au programme de gouvernement du Président élu, et le processus de réconciliation nationale.
En deuxième lieu, Laurent Gbagbo pourrait écouter les voix des faucons qui l'entourent. Il pourrait annoncer l'instauration de l'Etat d'urgence et ordonner aux soldats qui lui sont encore fidèles de reprendre les positions qu'ils occupaient il y a deux semaines à Abobo, à Toulepleu, à Zouan-Hounien ou à Bin Houyé. En d'autres termes, le lancement des hostilités militaires. Cette option, on le sait, est partagée par l'ensemble des sécurocrates qui entourent Laurent Gbagbo. Aussi bien le très influent Kadet Bertin, Conseiller aux affaires militaires que ceux qui font offices de ministres de la Défense et de la Sécurité ou les officiers généraux commandant les unités. Le seul hic est que Laurent Gbagbo et ses hommes ont conscience que le moral des troupes est très bas. La reconnaissance de l'élection d'Alassane Ouattara par l'UA a sonné le glas des mensonges distillés par la télévision nationale. Selon le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, près de 50 mille hommes, c'est-à-dire plus des trois-quarts des soldats n'ont plus le courage de combattre pour une cause qu'ils savent perdue d'avance parce qu'illégale et illégitime. Cette option de la guerre est improbable si d'aventure, Laurent Gbagbo est encore maître de ses choix. Et ce, d'autant plus que le Chef d'Etat-major, le Général Philippe Mangou, malgré les apparences, les montages et les propos pratiquement extorqués, y est fortement opposé.
Enfin, le troisième schéma qui s'offre à l'ancien candidat LMP, reste l'option du « Je pars, mais je reste ». Cette voie est très probable. Selon nos sources, le FPI, dans sa majorité pencherait dans ce sens. Pour preuve, les propos de Pascal Affi N'Guessan ces derniers jours. De plus en plus, le président du FPI insiste sur le fait que, même si Laurent Gbagbo part, la crise n'est pas résolue pour autant. « Même si Gbagbo démissionne, Ouattara ne peut pas être président. Le CPS demande à Alassane Ouattara de se faire investir par le Conseil Constitutionnel. Ce qui signifie qu'il reconnaît qu'à l'heure actuelle, Monsieur Alassane Ouattara n'est pas encore le Président de la République de Côte d'Ivoire », insiste-t-il dans ses discours. On le voit, le principe de la démission de Gbagbo n'est pas totalement exclu. Cependant, le clan Gbagbo fomente une stratégie à deux équations. La première est de proposer une transition par une personnalité civile que pourrait être le Président de l'Assemblée Nationale, Mamadou Koulibaly. Solution improbable. La deuxième est d'imposer un militaire après le départ de Gbagbo. C'est-à-dire opérer un coup de force afin d'empêcher la passation du pouvoir au Président démocratiquement élu. Les Généraux Dogbo Blé Brunot commandant de la Garde républicaine et Guiai BI Poin, patron du CeCOS ne seraient pas opposés à ce schéma. Comme on l'a vu récemment en Egypte ou à Madagascar. Avec des fortunes diverses, ce sont des schémas qui se sont retournés contre leurs auteurs. Pour ce qui est de la Côte d'Ivoire, il y a eu une élection et il y a un vainqueur reconnu par la communauté internationale ce qui est une donnée importante. Dans tous les cas, Gbagbo aura beau réfléchir, il n'a plus assez de possibilité de continuer de ruser avec le peuple ivoirien. L'étau se resserre autour de lui et il devrait saisir l'opportunité de la nomination du Haut représentant de l'UA pour se retirer. Sinon, il risque de tout perdre.
Charles Sanga
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