La résolution de la crise ivoirienne ne semble plus passer pour une priorité de la communauté internationale. Toutes tournées vers la situation en Libye, dans le Maghreb, les instances mondiales de règlement des crises pensent de moins en moins à la souffrances des Ivoiriens, abandonnés quasiment à leur sort. Depuis quelques jours, c'est presque le silence-radio sur ce qui se passe en Côte d'Ivoire. Surtout au niveau de l'Union africaine (UA) où se trouve le dossier ivoirien depuis le sommet du 31 janvier dernier, qui l'a confié à un panel de chefs d'Etat sous la supervision du Conseil de paix et de sécurité (CPS). Contrairement à ce qui avait été arrêté au départ par la conférence des chefs d'Etat, ce panel de haut niveau, après plus que le mois prévu pour rendre les conclusions de ses travaux, n'a pas réussi à dégager une décision qui se voulait ''contraignante'' pour les protagonistes, en vue de sortir la Côte d'Ivoire de la crise. Il s'est limité à un état des lieux sur lequel le CPS va se fonder pour réaffirmer le déjà connu, à savoir l'élection d'Alassane Ouattara, reconnu par les instances internationales comme le ''président légitime'' des Ivoiriens, sans dire clairement ce qu'il faut pour normaliser la situation en terre d'Eburnie. A leur 256è réunion tenue le 10 mars, à laquelle les protagonistes de la crise ont été conviés, les 15 membres du CPS ne prendront aucune autre décision claire de sortie de crise que la demande formulée au président de la Commission de l'UA de ''nommer un Haut Représentant'' chargé de la mise en œuvre d'une ''solution politique d’ensemble'' susceptible de ''mener à bien le processus de sortie de crise. Ce haut représentant devait tenir ''dans un délai de deux semaines maximum, des négociations entre les parties ivoiriennes afin d’élaborer un schéma de mise en œuvre des propositions'' du panel. Dans 3 jours, ce délai fixé aura expiré, et jusque-là, point de nouvelle. A part quelques sorties sporadiques de personnalités à l'extérieur sur la crise ivoirienne, plus aucun acte n'incline à penser que ce sujet intéresse encore les dirigeants du continent. L'UA, comme indifférente à la liste des victimes sur le terrain, qui va sans cesse croissante, traine les pas dans le règlement de cette crise ivoirienne. Cette lenteur au niveau de l'instance panafricaine installe dans la durée le conflit ivoirien, qui gagne en intensité au fil des jours. Les affrontements se font de plus en plus violents avec les manœuvres militaires et l'exhibition des arsenaux de guerre des parties en présence. Pendant ce temps, au niveau de l'UA, on louvoie avec le temps. Serait-ce une incapacité des dirigeants africains face à cette situation inédite en Côte d'Ivoire, dans laquelle se trouve déjà engluée la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et même le puissant appareil onusien? C'en a tout l'air eu égard aux difficultés que cette crise crée aux Africains. C'est une lapalissade, le désaccord profond au sein de l'UA africaine sur ce conflit ivoirien. Désaccord qui se sent dans les décisions à mettre en œuvre, dans le communiqué alambiqué du 10 mars parlant à la fois d'Alassane Ouattara président de la République élu et du Conseil constitutionnel pour l'investir comme tel. Alors que cette institution, qui a proclamé vainqueur et investi le rival Laurent Gbagbo, se trouve ainsi désavouée par ces conclusions. Ces décisions difficiles à mettre en œuvre affichent le gros embarras de l'UA face au dossier ivoirien. Aujourd'hui, les regards sont tournés vers le président de la Guinée Equatoriale, Théodoro Obiang Nguema, président de la commission de l'union, pour désigner le haut représentant devant entamer les négociations d'ici le jeudi prochain avec les parties ivoiriennes. Mais, à la vérité, que va peser ce haut représentant dans une crise où tout semble avoir été dit? Que représentera ce médiateur là où 5 chefs d'Etat ont fait l'expérience de l'échec dans le règlement d'une crise? En tout cas, rien ne présage d'une sortie rapide de cette crise. Au contraire, les acteurs censés la régler affichent un laxisme qui concoure à prolonger la souffrance des Ivoiriens, qui n'ont plus d'autres choix que l'exode vers les zones rurales sinon la ruée vers les camps de réfugiés ouverts çà et la dans les pays voisins.
Félix D.BONY
Félix D.BONY