Après les mercenaires et les miliciens, la jeunesse de la galaxie patriotique qui erre depuis des années dans les parlements et agoras à travers la ville d’Abidjan, est appelée par son chef de file Blé Goudé à se faire enrôler dès ce lundi à l’Etat-major. Un appel lancé samedi dernier à Yopougon et qui se veut « historique » pour celui qui, depuis 2002, n’a de cesse d’instrumentaliser cette jeunesse. Après neuf ans de promesses de bien-être non tenues, d’oisiveté pour les uns, et de banditismes pour les autres, Blé Goudé ouvre les portes de l’armée à ceux qui lui ont permis d’atteindre son piédestal, comme promesse de leur salut. Mais à l’évidence, le chemin sur lequel l’on envoie cette jeunesse ressemble fort bien à un suicide collectif. Comment peut-on raisonnablement envoyer des civils qui n’ont aucune expérience militaire à prendre part à des combats ? Pour leurs biens, nous semble-t-il, il aurait fallu que ces jeunes aient eu la possibilité d’être recrutés en temps de paix. Mais les Ivoiriens l’auront compris, ces jeunes patriotes que Blé Goudé envoie ce lundi s’enrôler ne serviront en réalité que de chair à canon à un régime vacillant. Car, là où l’armée peine à assurer son devoir, il serait illusoire d’espérer relever un défi avec des éléments de renfort qui ne savent pas manier les armes. Désormais, les jeunes patriotes n’ont plus les mains nues, ils sont armés. Et dans un contexte de guerre, ils doivent être perçus tout simplement comme des cibles militaires.
Alexandre Lebel
Alexandre Lebel
