"Nos véhicules vont vides sur Abidjan et reviennent chargés de beaucoup de personnes qui fuient la capitale. Avant, nous faisions tout au plus six voyages, même en période d'affluence. Mais aujourd'hui, il faut en compter au moins douze ". Ce constat d'un employé exerçant dans le transport traduit la ruée des Abidjanais vers la cité de la paix. En effet, depuis quelques jours, l'arrivée des réfugiés dans la capitale de l'Indénié a atteint un pic insoupçonné. Ce sont souvent des familles entières que déversent les compagnies de transport dans la ville. Ces "étrangers" contraints à un exil intérieur forcé à cause de la guerre civile de fait que vit Abidjan, sont accueillis pour la plupart par des parents, réduisant du coup le pouvoir d'achat de ceux-ci. Ce sont en général des élèves et étudiants, des travailleurs et mêmes des éléments des FDS qui ont "demandé une permission" pour bénéficier de la relative accalmie d'Abengourou. Ils arrivent de tous les quartiers de la capitale ivoirienne mais plus particulièrement d'Abobo, de Yopougon, Adjamé, Koumassi ou Williamsville. Certains ont vu leurs maisons incendiées quand d'autres ont fui devant les tirs récurrents qui crépitent dans les rues d'Abidjan. Aujourd'hui à Abengourou, chaque responsable de famille se prépare à accueillir bon gré mal gré des réfugiés. Souvent, devant la précarité des conditions d'accueil, certains arrivants préfèrent retourner dans leur calvaire abidjanais ou s'orienter vers d'autres destinations
Armand Déa, correspondant
Armand Déa, correspondant