Mardi 29 mars 2011. Il est 21 heures 02 minutes. Nous sommes dans les environs de l’escadron de la gendarmerie d’Abobo, communément appelé « camp commando d’Abobo ». L’endroit est bondé de monde. C’est la liesse populaire. On entend des cris de joie partout. Des hommes et femmes, le visage radieux, chantent et dansent. Ils se donnent des accolades. Visiblement, ils n’arrivent pas à cacher l’immense joie qui les anime. Cette joie de voir ce fameux camp commando tombé définitivement aux mains de ceux qu’ils appellent affectueusement les soldats du « commando invisible » ou encore les « môgô ba », entendez par-là « les grands hommes ». Ces soldats « invisibles » viennent juste de mettre hors d’état de nuire ce tristement célèbre camp commando, qui a tant endeuillé les familles à Abobo. Les populations scandant des cris de satisfaction, certains allant jusqu’à couler des larmes de joie, voyaient ainsi leur rêve de liberté se réaliser. « Enfin, nous pouvons respirer. Avec les hommes de Gbagbo dans ce camp, nous ne pouvions rester sereins. C’étaient des gens sans foi, ni loi, prêt à tuer des civils sans aucun remord et sans autre forme de procès », s’exclame Ibrahim, visiblement très heureux. Lui et l’ensemble des populations d’Abobo étaient désemparés. Ils étaient même abattus et même désespérés. C’est que la commune a beaucoup souffert ces derniers jours de la furia des hommes armés de Laurent Gbagbo. Expression de joie également partagée par Mlle Karine. « A cause d’eux (soldats pro Gbagbo, ndlr), nous n’arrivions pas à dormir. C’était des cauchemars à tout moment. Cela, par peur d’être la prochaine cible de ces barbares d’une autre époque », s’indigne-t-elle. Comme elle, c’est toute une foule qui est sortie pour manifester son indignation et leur soutien total aux forces du commando invisible.
Arrivés au camp, nous essayons d’y entrer. Il est précisément 21h 35 mn. Mais nous sommes stoppés net par un soldat. Cagoulé, avec une kalachnikov au poing et une dizaine de grenade accrochée à la ceinture, ce gaillard nous intime l’ordre de ne pas franchir le portail. Car selon lui, ces supérieurs et certains de ses collègues seraient à l’intérieur en train de faire le ratissage des lieux et une évaluation du matériel abandonné par les soldats de Laurent Gbagbo. Nous nous plions à cet ordre, tout en restant dans les alentours comme bien d’autres curieux. Notre attente ne dure qu’une vingtaine de minutes. A 21h 57mn, des véhicules de types 4X4, vitres teintés pour la plupart, quittent les lieux. Laissant sur place des soldats qui s’adonnent à cœur joie à des tirs de sommation. Haranguant ainsi les foules qui continuent de laisser exploser leur joie. « môgô ba ! », « môgô ba ! », « môgô ba ! », entend-on ça et là. L’image est des plus saisissantes. C’est l’hystérie totale.
Cependant, cette nuit, nous n’aurons finalement pas l’occasion de visiter l’enceinte du camp commando d’Abobo. Ce fameux camp qui a abrité quelques heures auparavant les hommes de l’ancien président Laurent Gbagbo. Ceux-là mêmes qui n’ont pas hésité à larguer des obus de mortier sur des populations civils, faisant plus d’une cinquantaine de morts dans différents quartiers d’Abobo. Une violence d’une extrême gravité condamnée aussi bien en Côte d’Ivoire dans le monde entier. Mettre donc hors d’état de nuire ces tueurs à la solde de Gbagbo est un geste que les Abobolais ne finiront pas de saluer. En tout cas, pas de si tôt.
Quittant les lieux aux environs de 23h, c’est finalement dans la matinée d’hier que nous réussissons à pénétrer l’enceinte du camp. Le site a été vidé de tout son contenu. Interrogé, un responsable du commando invisible révèle que le matériel trouvé sur place a été mis en lieu sûr. Pendant ce temps, les populations encore présentes dans les environs du camp continuent de faire la fête sous des pluies de rafales des membres du commando invisible.
Attention au dérapage !
Parmi les personnes sorties nombreuses avant-hier et hier pour fêter la chute du camp commando d’Abobo, il y avait ceux qu’il convient d’appeler « les charognards ». Eux, ce sont des jeunes voyous qui ont décidé de s’adonner à des actes de pillages et de vandalisme. Pendant que la grande majorité des Abobolais saluait le courage et la bravoure du commando invisible, ces voleurs étaient préoccupés à dévaliser les boutiques et résidences des personnes privées. Une situation des plus déplorables, pouvant jeter un véritable discrédit sur l’acte salutaire mené par les « môgô ba ». Celui de la libération totale de la commune d’Abobo. Vivement, que ce genre d’actes s’arrête.
Diawara Samou
Arrivés au camp, nous essayons d’y entrer. Il est précisément 21h 35 mn. Mais nous sommes stoppés net par un soldat. Cagoulé, avec une kalachnikov au poing et une dizaine de grenade accrochée à la ceinture, ce gaillard nous intime l’ordre de ne pas franchir le portail. Car selon lui, ces supérieurs et certains de ses collègues seraient à l’intérieur en train de faire le ratissage des lieux et une évaluation du matériel abandonné par les soldats de Laurent Gbagbo. Nous nous plions à cet ordre, tout en restant dans les alentours comme bien d’autres curieux. Notre attente ne dure qu’une vingtaine de minutes. A 21h 57mn, des véhicules de types 4X4, vitres teintés pour la plupart, quittent les lieux. Laissant sur place des soldats qui s’adonnent à cœur joie à des tirs de sommation. Haranguant ainsi les foules qui continuent de laisser exploser leur joie. « môgô ba ! », « môgô ba ! », « môgô ba ! », entend-on ça et là. L’image est des plus saisissantes. C’est l’hystérie totale.
Cependant, cette nuit, nous n’aurons finalement pas l’occasion de visiter l’enceinte du camp commando d’Abobo. Ce fameux camp qui a abrité quelques heures auparavant les hommes de l’ancien président Laurent Gbagbo. Ceux-là mêmes qui n’ont pas hésité à larguer des obus de mortier sur des populations civils, faisant plus d’une cinquantaine de morts dans différents quartiers d’Abobo. Une violence d’une extrême gravité condamnée aussi bien en Côte d’Ivoire dans le monde entier. Mettre donc hors d’état de nuire ces tueurs à la solde de Gbagbo est un geste que les Abobolais ne finiront pas de saluer. En tout cas, pas de si tôt.
Quittant les lieux aux environs de 23h, c’est finalement dans la matinée d’hier que nous réussissons à pénétrer l’enceinte du camp. Le site a été vidé de tout son contenu. Interrogé, un responsable du commando invisible révèle que le matériel trouvé sur place a été mis en lieu sûr. Pendant ce temps, les populations encore présentes dans les environs du camp continuent de faire la fête sous des pluies de rafales des membres du commando invisible.
Attention au dérapage !
Parmi les personnes sorties nombreuses avant-hier et hier pour fêter la chute du camp commando d’Abobo, il y avait ceux qu’il convient d’appeler « les charognards ». Eux, ce sont des jeunes voyous qui ont décidé de s’adonner à des actes de pillages et de vandalisme. Pendant que la grande majorité des Abobolais saluait le courage et la bravoure du commando invisible, ces voleurs étaient préoccupés à dévaliser les boutiques et résidences des personnes privées. Une situation des plus déplorables, pouvant jeter un véritable discrédit sur l’acte salutaire mené par les « môgô ba ». Celui de la libération totale de la commune d’Abobo. Vivement, que ce genre d’actes s’arrête.
Diawara Samou