Dans une déclaration publiée le week-end dernier, le président du FPI, Affi N’Guessan s’insurge contre ce qu’il appelle “la dictature” du pouvoir Ouattara. Une déclaration tapageuse qui lui a coûté son séjour doré à l’hôtel Nouvelle Pergola. Nous publions des extraits de ce brûlot.
(…)
I- SITUATION SOCIOPOLITIQUE NATIONALE
Presque deux semaines après les douloureux événements du 11 avril 2011, la situation sociopolitique reste marquée par la persistance de l’insécurité et des atteintes aux libertés et aux droits de la personne humaine.
En l’absence des forces régulières de police et de gendarmerie, des combattants armés continuent de sévir dans les différents quartiers d’Abidjan et à l’intérieur du pays. Chaque jour, il est fait écho d’arrestations arbitraires et de détentions abusives sous le prétexte de la recherche de caches d’armes. Les violations de domiciles sont monnaies courantes et les actes de pillages continuent.
Pour échapper aux exactions, voir à la mort, les cadres, militants et sympathisants du FPI et de LMP vivent depuis plus d’un mois dans la clandestinité, la peur et la précarité, séparés de leurs familles, femmes et enfants. Beaucoup d’entre eux ont pris le chemin de l’exil. A ce jour, plus de dix mille exilés sont enregistrés au Ghana, Togo et Bénin.
Le sentiment d’insécurité est renforcé à Abidjan en particulier par la poursuite des combats, notamment à Yopougon et à Abobo où entre groupes d’auto-défense, Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et partisans d’Ibrahim Coulibaly dit IB, on ne sait plus qui attaque qui. Le tout est que les populations fuient les quartiers, abandonnant leurs domiciles aux pilleurs. Ces pillages sont d’une telle ampleur et si systématiques qu’ils apparaissent comme une dimension du plan de conquête d’Abidjan.
Dans ce contexte de violence, l’Etat de droit et les libertés sont étouffés. L’arbitraire règne en maître. Les acquis démocratiques de la longue lutte du FPI sont aujourd’hui menacés. "Notre Voie", le quotidien du FPI ne peut paraître ; les bureaux ont été saccagés, le matériel informatique et technique emporté et l’imprimerie d’un coût de près de cinq cent millions (500 000 000) FCFA incendiée. L’opposition est réduite au silence.
C’est le règne de la pensée unique dans l’audiovisuelle comme dans la presse écrite et une ambiance de dictature s’installe progressivement sur le pays. Elle alimente la peur et la méfiance des uns. Elle encourage les actes d’agression et d’humiliation perpétrés par les autres. Le pays est divisé : entre les vainqueurs du 11 avril et les autres.
Comment combler cette fracture ? Comment rassembler et légitimer les institutions représentatives à même de restaurer la paix et la cohésion nationales ?
La guerre et la violence ont montré leurs limites. Malgré le 11 avril 2011, le pays n’a pas retrouvé la paix ; au contraire les positions se sont radicalisées et la fracture sociale s’est élargie ; il n’y a pas de solution militaire à une crise politique. Mais en même temps, il serait illusoire d’espérer résoudre la crise politique par des arrangements entre Chefs d’Institutions.
II- DE LA LEGITIMATION INSTITUTIONNELLE
Les visites au Chef de l’Etat, du Président de l’Assemblée Nationale d’une part et du Président du Conseil Constitutionnel d’autre part, remettent au goût du jour les questions initiales de la crise postélectorale que sont la question de la légitimité et celle de la légalité.
Les aborder aujourd’hui signifie que le 11 avril ne les a pas réglé. Mais les aborder par le biais des institutions est une illusion ; car ces questions sont d’abord politiques c’est-à-dire qu’elles sont en liaison avec les choix et les déterminations du peuple, avant d’être juridiques et institutionnelles.
C’est pourquoi est d’avance vouée à l’échec, toute solution qui chercherait, comme cela semble se dessiner à l’heure actuelle, à faire l’impasse sur l’ouverture de négociations franches et sincères avec les forces politiques et sociales significatives du pays.
Au demeurant, comment le groupe parlementaire FPI peut-il siéger dans la sérénité et participer activement aux débats de l’Assemblée Nationale alors que sa Présidente est emprisonnée pour des motifs politiques et sans que son immunité parlementaire n’ait été levée ?
Comment le Groupe parlementaire peut-il avoir une oreille attentive au discours du Chef de l’Etat alors que Laurent Gbagbo, Fondateur du parti croupit en prison en un lieu inconnu de ses proches et que cette situation divise le pays ?
Comment le Président du Conseil Constitutionnel peut-il justifier et fonder l’investiture de deux Présidents pour la même élection présidentielle ? etc.
En définitive, seule une solution politique issue de négociations et d’un consensus de la classe politique peut permettre à notre pays d’éviter le ridicule et de sortir dignement de cette crise politique.
III- D’UNE SOLUTION POLITIQUE DE SORTIE DE CRISE
Sortir le pays de la crise exige courage politique et sens élevé de la responsabilité. Faire preuve de courage politique, c’est regarder la vérité en face et reconnaître que le pays est en crise et que cette crise est principalement d’ordre politique.
Faire preuve de responsabilité, c’est reconnaître que depuis la chute du mur de Berlin et dans les pays en développement et en transition démocratique comme le nôtre, il n’y a pas trente-six mille manières de résoudre une crise politique, mais une seule, celle de la négociation et du dialogue politique. Elle exige humilité, hauteur de vue et ouverture d’esprit, sens de l’intérêt national. Elle exige de la patience ; mais elle est durable si la sincérité et la bonne foi animent les différents acteurs.
En l’occurrence, la solution politique de sortie de crise permettra de restaurer la confiance mutuelle, d’assurer la décrispation de l’environnement sociopolitique et de créer les conditions de la paix, de la sécurité, de la réconciliation nationale et de la stabilité politique.
La solution politique de sortie de crise adressera les questions suivantes liées à :
- L’ordre public et la sécurité des personnes et des biens ;
- Au désarmement, au retour des militaires dans les casernes, au rapatriement des mercenaires, etc. ;
- La sécurité physique, juridique et professionnelle des membres des Forces de Sécurité et de Défense (FDS) loyalistes ;
- L’adoption d’une solution négociée, dans la dynamique de la réconciliation nationale pour mettre fin aux mouvements armés à Yopougon et à Abobo ;
- La réinstallation des déplacés et le retour des exilés ;
- Le rétablissement des médias d’Etat et le traitement équitable des différents courants d’opinion ;*
- La restauration des acquis démocratiques ;
- L’adoption d’une loi d’amnistie pour fermer la grande parenthèse et la crise sociopolitique en Côte d’Ivoire et pour poser les jalons de la réconciliation nationale ;
- La libération du Président Laurent Gbagbo et de tous les prisonniers politiques.
(…)
Fait à Abidjan le 21 avril 2011
Pascal Affi N’guessan
Président du FPI
(…)
I- SITUATION SOCIOPOLITIQUE NATIONALE
Presque deux semaines après les douloureux événements du 11 avril 2011, la situation sociopolitique reste marquée par la persistance de l’insécurité et des atteintes aux libertés et aux droits de la personne humaine.
En l’absence des forces régulières de police et de gendarmerie, des combattants armés continuent de sévir dans les différents quartiers d’Abidjan et à l’intérieur du pays. Chaque jour, il est fait écho d’arrestations arbitraires et de détentions abusives sous le prétexte de la recherche de caches d’armes. Les violations de domiciles sont monnaies courantes et les actes de pillages continuent.
Pour échapper aux exactions, voir à la mort, les cadres, militants et sympathisants du FPI et de LMP vivent depuis plus d’un mois dans la clandestinité, la peur et la précarité, séparés de leurs familles, femmes et enfants. Beaucoup d’entre eux ont pris le chemin de l’exil. A ce jour, plus de dix mille exilés sont enregistrés au Ghana, Togo et Bénin.
Le sentiment d’insécurité est renforcé à Abidjan en particulier par la poursuite des combats, notamment à Yopougon et à Abobo où entre groupes d’auto-défense, Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et partisans d’Ibrahim Coulibaly dit IB, on ne sait plus qui attaque qui. Le tout est que les populations fuient les quartiers, abandonnant leurs domiciles aux pilleurs. Ces pillages sont d’une telle ampleur et si systématiques qu’ils apparaissent comme une dimension du plan de conquête d’Abidjan.
Dans ce contexte de violence, l’Etat de droit et les libertés sont étouffés. L’arbitraire règne en maître. Les acquis démocratiques de la longue lutte du FPI sont aujourd’hui menacés. "Notre Voie", le quotidien du FPI ne peut paraître ; les bureaux ont été saccagés, le matériel informatique et technique emporté et l’imprimerie d’un coût de près de cinq cent millions (500 000 000) FCFA incendiée. L’opposition est réduite au silence.
C’est le règne de la pensée unique dans l’audiovisuelle comme dans la presse écrite et une ambiance de dictature s’installe progressivement sur le pays. Elle alimente la peur et la méfiance des uns. Elle encourage les actes d’agression et d’humiliation perpétrés par les autres. Le pays est divisé : entre les vainqueurs du 11 avril et les autres.
Comment combler cette fracture ? Comment rassembler et légitimer les institutions représentatives à même de restaurer la paix et la cohésion nationales ?
La guerre et la violence ont montré leurs limites. Malgré le 11 avril 2011, le pays n’a pas retrouvé la paix ; au contraire les positions se sont radicalisées et la fracture sociale s’est élargie ; il n’y a pas de solution militaire à une crise politique. Mais en même temps, il serait illusoire d’espérer résoudre la crise politique par des arrangements entre Chefs d’Institutions.
II- DE LA LEGITIMATION INSTITUTIONNELLE
Les visites au Chef de l’Etat, du Président de l’Assemblée Nationale d’une part et du Président du Conseil Constitutionnel d’autre part, remettent au goût du jour les questions initiales de la crise postélectorale que sont la question de la légitimité et celle de la légalité.
Les aborder aujourd’hui signifie que le 11 avril ne les a pas réglé. Mais les aborder par le biais des institutions est une illusion ; car ces questions sont d’abord politiques c’est-à-dire qu’elles sont en liaison avec les choix et les déterminations du peuple, avant d’être juridiques et institutionnelles.
C’est pourquoi est d’avance vouée à l’échec, toute solution qui chercherait, comme cela semble se dessiner à l’heure actuelle, à faire l’impasse sur l’ouverture de négociations franches et sincères avec les forces politiques et sociales significatives du pays.
Au demeurant, comment le groupe parlementaire FPI peut-il siéger dans la sérénité et participer activement aux débats de l’Assemblée Nationale alors que sa Présidente est emprisonnée pour des motifs politiques et sans que son immunité parlementaire n’ait été levée ?
Comment le Groupe parlementaire peut-il avoir une oreille attentive au discours du Chef de l’Etat alors que Laurent Gbagbo, Fondateur du parti croupit en prison en un lieu inconnu de ses proches et que cette situation divise le pays ?
Comment le Président du Conseil Constitutionnel peut-il justifier et fonder l’investiture de deux Présidents pour la même élection présidentielle ? etc.
En définitive, seule une solution politique issue de négociations et d’un consensus de la classe politique peut permettre à notre pays d’éviter le ridicule et de sortir dignement de cette crise politique.
III- D’UNE SOLUTION POLITIQUE DE SORTIE DE CRISE
Sortir le pays de la crise exige courage politique et sens élevé de la responsabilité. Faire preuve de courage politique, c’est regarder la vérité en face et reconnaître que le pays est en crise et que cette crise est principalement d’ordre politique.
Faire preuve de responsabilité, c’est reconnaître que depuis la chute du mur de Berlin et dans les pays en développement et en transition démocratique comme le nôtre, il n’y a pas trente-six mille manières de résoudre une crise politique, mais une seule, celle de la négociation et du dialogue politique. Elle exige humilité, hauteur de vue et ouverture d’esprit, sens de l’intérêt national. Elle exige de la patience ; mais elle est durable si la sincérité et la bonne foi animent les différents acteurs.
En l’occurrence, la solution politique de sortie de crise permettra de restaurer la confiance mutuelle, d’assurer la décrispation de l’environnement sociopolitique et de créer les conditions de la paix, de la sécurité, de la réconciliation nationale et de la stabilité politique.
La solution politique de sortie de crise adressera les questions suivantes liées à :
- L’ordre public et la sécurité des personnes et des biens ;
- Au désarmement, au retour des militaires dans les casernes, au rapatriement des mercenaires, etc. ;
- La sécurité physique, juridique et professionnelle des membres des Forces de Sécurité et de Défense (FDS) loyalistes ;
- L’adoption d’une solution négociée, dans la dynamique de la réconciliation nationale pour mettre fin aux mouvements armés à Yopougon et à Abobo ;
- La réinstallation des déplacés et le retour des exilés ;
- Le rétablissement des médias d’Etat et le traitement équitable des différents courants d’opinion ;*
- La restauration des acquis démocratiques ;
- L’adoption d’une loi d’amnistie pour fermer la grande parenthèse et la crise sociopolitique en Côte d’Ivoire et pour poser les jalons de la réconciliation nationale ;
- La libération du Président Laurent Gbagbo et de tous les prisonniers politiques.
(…)
Fait à Abidjan le 21 avril 2011
Pascal Affi N’guessan
Président du FPI