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Société Publié le mercredi 27 avril 2011 | L’expression

Les cours reprennent timidement

© L’expression
Timide rentrée des classes à Abidjan après la crise et les combats
Les écoles d`Abidjan, fermées depuis plusieurs semaines à cause de la crise post-électorale et des combats qui ont conduit à la chute de l`ex-président Laurent Gbagbo, ont commencé à rouvrir mardi, mais de nombreux élèves et enseignants manquent encore à l`appel
L’appel à la reprise lancé par Kandia Camara, la ministre de l’Education nationale a eu un écho favorable dans les établissements scolaires. Mais, selon les responsables de l’éducation, deux obstacles majeurs expliquent la timide reprise.
Sacs à dos, vêtus de leur ensemble kaki pour les garçons et des corsages blancs et jupes bleues pour les filles, les lycées et collégiens marchaient fièrement dans les rues d’Abidjan. Après plus de deux mois passés à la maison, ces jeunes gens étaient tout heureux de retrouver leurs établissements scolaires. Dès 7h ce mardi, le Lycée moderne Nangui Abrogoua d’Adjamé grouille de monde. En l’absence des enseignants, les élèves s’embrassaient et se tapotaient sur les épaules. «Ah tu vis, je pensais que tu étais mort», plaisante C. Adama en classe de 3è avec un de ses camarades de classe. Ceci pour rappeler la période de tristesse infligée à la Côte d’Ivoire par le président sortant, Laurent Gbagbo. Dans l’enceinte de l’établissement, C’est une ambiance des retrouvailles. Partout, on raconte le calvaire vécu. Pareil au Lycée moderne Harris Adjamé où aux environs de 9h les responsables administrations ont conseillé aux enfants de retourner à la maison pour revenir aujourd’hui. «Après plus de 45 jours d’arrêt des cours, on ne peut pas reprendre les cours sans parler aux enseignants. Nous allons consacrer la journée d’aujourd’hui (hier, Ndlr) à une séance de travail avec les enseignants, et les cours pourront reprendre demain (aujourd’hui, Ndlr) », confie sous le sceau de l’anonymat un membre de l’administration. Au niveau du Lycée Sainte Marie de Cocody, c’était le même décor. Elèves et enseignants ont répondu présents à l’appel à la reprise lancé par la ministre de l’Education nationale, Kandia Camara. Si les membres de l’administration étaient présents, ils étaient par contre tous absents de leurs postes. «Ils sont tous en réunion avec le proviseur dans la salle de “théâtre intérieur », explique une jeune dame secrétariat. Pendant ce temps, quelques élèves attendent dans les salles de classe. Sur le lieu de la séance de travail, la directrice évoque avec ses collaborateurs (personnel administratif et enseignants), les problèmes de sécurité. Le lycée Ste Marie qui est situé à quelques mètres de la résidence de l’ancien président Laurent Gbagbo a fait les frais des affrontements qui y ont eu lieu récemment. Dans la salle, des images d’impacts de balles, de roquettes et des traces d’obus défilent sur un écran. «Il y a encore des obus et des roquettes qui trainent dans le gazon. Il vaudrait mieux, pour la sécurité de nos élèves, qu’une équipe spéciale vienne débarrasser l’établissement des restes d’obus qui pourraient peut-être exploser à tout moment», soutient une source proche de l’administration. Flânant dans l’enceinte de l’établissement, les élèves ne savent pas s’il faut continuer d’attendre dans les classes ou retourner à la maison. Heureusement, la première responsable du lycée met fin à leur inquiétude en nous expliquant la situation: «Vous savez, il n’est jamais facile de reprendre après ce que notre pays vient de traverser. Mais on va s’attacher à notre réalisme pour relever le défi et aller de l’avant avec nos filles», nous explique Mme Lekpeli, proviseur du lycée. Pour elle, la Côte d’Ivoire revient de très loin et il faut que tout le monde surpasse les difficultés pour aider les nouvelles autorités à rebâtir la nation. Son établissement est déterminé à persister dans cette divine mission qui est de donner espoir. «L’espoir d’une Côte d’Ivoire définitivement apaisée», souhaite-elle, avant de poursuivre : «nous avons répondu présents à l’appel du ministre. Mais nous avons à peine 23% de notre effectif présent. C’est difficile mais ce ne sont pas les dégâts qui vont nous empêcher de travailler. Nous avons éduqué nos filles à relever les défis du moment et nous devons leur montrer l’exemple», insiste-t-elle. Dans l’établissement secondaire voisin, élèves et enseignants ne sont pas tous présents. Néanmoins, deux classes de la Terminale sont au cours. «On nous a demandé de reprendre aujourd’hui (hier, ndlr), et nous avons répondu à l’appel. Tous les élèves ne sont pas présents, mais nous essayons d’avancer. Les autres prendront le train en marche.
Une reprise lente…
C’est une classe d’examen, il faut donc pouvoir finir rapidement les cours et faire des révisons avant les compositions », soutient M. Kouassi P. enseignant de philosophie. Dans certaines salles de classe, les élèves sont impatients de retrouver leurs enseignants. «On nous a demandé d’attendre jusqu’à 10h mais il n’y a toujours rien. On ne sait pas s’il faut attendre ou repartir à la maison», hésite le jeune K. Brice en classe de 1ère. Interrogé, un membre de l’administration tente de nous rassurer. Selon lui, la reprise ne sera effective qu’avec le temps. «Certains de nos collaborateurs ont sans doute des difficultés financières pour rallier le lieu de travail», a-t-il confié. Au niveau de l’enseignement primaire, de nombreux instituteurs et écoliers étaient également présents sur leur lieu de travail. Au groupe scolaire “Latrille“ au Manguier 1 (Angré), les cours ont été dispensés aux écoliers. «Il y a eu cours ce matin avec les présents. Sur 7 enseignants, nous avons enregistré la présence de 5. Les deux autres sont encore à l’intérieur du pays.
…mais sûr
Sur 164 élèves, 16 étaient présents. Nous avons échangé avec les enfants pour voir leur état moral par rapport à tout ce qui s’est passé», affirme Mme Ahonzo, directrice de la maternelle. Mais au niveau du primaire, les choses ne se sont pas déroulées de la sorte. « Le directeur qui résidait à Aboboté, l’un des endroits les plus chauds du Dokui, est hors d’Abidjan. Les élèves qui s’étaient présentés ce matin (Hier, Ndlr) ont dû rebrousser chemin autour de 10h parce que de nombreux enseignants étaient absents. «Je suis arrivé et j’ai trouvé quelques collègues, mais ce n’est pas l’affluence des jours de classe. J’avais cours avec les élèves de 3è et 1ère A. Ils étaient moins de 10 par classe. Beaucoup de nos collègues sont en dehors d’Abidjan et n’ont pas d’argent pour revenir sur Abidjan. Je suis venu parce que je n’habite pas loin de l’école », confesse M. Touré, enseignant de français. Contrairement à cette situation, un des surveillants de cet établissement avoue que certains parents et enseignants appellent de l’intérieur du pays pour savoir si la situation s’est normalisée avant de revenir. «D’autres veulent savoir si la sécurité y est avant de revenir sur Abidjan. Je puis vous dire que mes trois enfants qui sont aux primaires n’ont pas pu se rendre dans leurs écoles parce qu’il faut payer le transport et leur remettre de l’argent pour la nourriture, ce qui n’est pas chose aisée en ce moment. Je me suis donc rendu à mon poste et mes enfants sont restés à la maison », confie un surveillant de cet établissement sous le sceau de l’anonymat. Les plus réalistes ont été les responsables du Groupes scolaire ‘’Le Provincial’’. Dans cet établissement, les responsables ont demandé aux élèves de rentrer chez eux et de revenir aux cours le 2 mai, au moment où certains ont décidé de reprendre aujourd’hui. Mais pour de nombreux responsables, cette reprise se fera progressivement.
Touré Yelly
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