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Politique Publié le samedi 30 avril 2011 | Le Nouveau Réveil

Le ministre de la justice explique tout - Gbagbo et Simone convoqués mardi

© Le Nouveau Réveil
Laurent et Simone Gbagbo, lors d`une cérémonie commémorative au stade Félix-Houphouët-Boigny à Abidjan (Côte d’Ivoire), le 1er avril 2009
Depuis son accession à la magistrature suprême, le président Alassane Ouattara ne rate aucune opportunité pour appeler les Ivoiriens au pardon des offenses, à la réconciliation des cœurs et des esprits, à la restauration de la confiance, indispensable au "vivre ensemble", un axe majeur de sa campagne.
Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux, les Ivoiriens qui s`interrogent sur la sincérité du discours du chef de l`Etat lorsqu`ils apprennent chaque jour de la bouche des premiers collaborateurs de ce dernier que l`ancien président Laurent Gbagbo et certains de ses proches sont placés en résidence surveillée, qu`ils seront traduits devant les tribunaux, jugés et condamnés… Toute chose qui leur donne le sentiment que l`administration Ouattara parle d`une chose et pose des actes contraires. Afin de bénéficier des éclairages nécessaires, nous avons approché le ministre d`Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice et des droits de l`homme.
Pour commencer, Me Ahoussou Jeannot a voulu nous faire comprendre que " La vraie réconciliation prônée par le président de la République et le vrai pardon ne peuvent faire l`économie de la justice et de la vérité. C`est autour de la vérité que se bâtit une société de paix, c`est autour d`une justice forte et juste qu`on bâtit un Etat fort, une République forte. Cela est essentiel ", par la suite il s`est prononcé sur la légalité des procédures engagées depuis l`arrestation du président Laurent Gbagbo.

L`assignation à résidence de Gbagbo
Pour le ministre Ahoussou Jeannot, l`assignation à résidence est une mesure totalement légale régie par la loi de 1963, laquelle indique très clairement que c`est le chef de l`Etat, président de la République qui est habilité à l`ordonner et à en définir les modalités et les mobiles. Ainsi, le chef de l`Etat peut estimer nécessaire d`assigner à résidence une personne susceptible de troubler ou de provoquer des troubles à l`ordre public. Il peut aussi s`agir d`une personne dont l`intégrité physique peut être atteinte ou menacée.
En outre, c`est la personne qui assigne à résidence qui définit les conditions de cette mesure. C`est elle qui décide si la personne visée par la mesure peut disposer ou non d`un téléphone, s`il peut recevoir des visites, avoir de la lecture, etc.
Il est bon de souligner que l`assignation à résidence est une mesure qui dure 3 mois. Elle est renouvelable.
Le président Ouattara, dans sa grande magnanimité n`a donc pas voulu traiter Gbagbo et ses proches comme des prisonniers classiques. L`on se souvient en effet qu`après le coup d`Etat de 99, de hautes personnalités de l`Etat avaient été arrêtées et détenus dans un camp militaire (Akouédo). Et l`on avait même raconté que certains collaborateurs du président Bédié mangeaient du "gbofloto" (galette de farine). Pour le ministre Ahoussou, " si l`on a décidé d`extraire Gbagbo, son épouse et ses proches du Golf pour les envoyer au Nord, c`est essentiellement pour leur sécurité et leur offrir des conditions de vie adéquates. A Korhogo, Gbagbo est dans une résidence confortable avec chambre climatisée, jardin, personnel de maison, etc. " Autant de privilèges dont ne bénéficie pas, par exemple le président Mamaou Tandja du Niger, balayé par un coup de force.
A écouter certains, on a le sentiment que rien de grave ne s`est passé dans ce pays, qu`il n`y a pas eu de crime, de massacre de populations civiles.

Le cas Affi N`guessan
De l`avis de certains observateurs, le traitement infligé à Affi N`guessan est la preuve que les militants du Fpi en particulier et les ex-collaborateurs de Gbagbo en général sont l`objet de harcèlement politico-judiciaire. Le ministre de la Justice et des droits de l`homme pense plutôt le contraire : " Affi N`guessan est un cas de tolérance. Le président de la République a autorisé qu`il soit à l`hôtel Pergola de Biétry. Il a accepté que son épouse le rejoigne. Il a encore accepté que le président du Fpi dispose d`un téléphone pour être en contact avec ses militants et les miliciens de l`ex-régime afin de les appeler à l`apaisement et au dépôt des armes. Mais au lieu de cela, Affi recevait des Sms de certains militaires en fuite hors du pays, il appelait à la résistance, il organise des interviews, des conférences de presse pour dire que les militants du Fpi et les Bété sont victimes d`exaction. C`est ce qui explique que Affi ait été transféré au Golf hôtel puis dans une ville du Nord de la Côte d`Ivoire ".
Selon nos informations, c`est le Garde des Sceaux qui aurait lui-même demandé à Affi N`guessan et à Alcide Djédjé " d`utiliser leur téléphone à des fins utiles ". Mais apparemment, le président du Fpi a compris autrement les choses puisqu`il a utilisé son téléphone pour faire de la propagande ou mener des actions subversives.

Enquête préliminaire contre Gbagbo
Le Garde des Sceaux a confié, sur le sujet, que " Laurent Gbagbo et son épouse étaient poursuivis en même temps qu`environ 200 personnes ". L`enquête préliminaire a déjà commencé, les auditions démarrent dès mardi prochain. Elles seront menées par les services compétents de police et de gendarmerie. Laurent Gbgagbo et Simone ont dejà reçus leurs convocation.
Toute personne convoquée pourra bien entendu se faire assister d`un conseil, comme l`exige la loi. Dans le cadre de cette procédure, des centaines de témoins pourraient également être invités à comparaître. Les chefs d`accusation tournent autour des points suivants : crimes, détournements de fonds, violences et appels à la haine.
Mais fait important à relever dans cette procédure particulière, ce sont les enquêteurs qui se déplaceront vers les personnes à entendre. Ainsi, ceux qui doivent auditionner M. Gbagbo se déplaceront à Korhogo et ceux qui doivent entendre Simone Gbagbo se rendront à Odienné. Cette mesure a été prise non seulement pour mettre Gbagbo et ses proches à l`abri de toutes les personnes mal intentionnées, mais surtout par respect pour leur propre personne.

Commission vérité-réconciliation et exigence de justice
Pour le ministre Ahoussou Kouadio Jeannot et pour l`administration Ouattara en général, l`exigence de justice et la mise en place d`une commission vérité-réconciliation ne sont pas deux choses antinomiques. Bien au contraire, " La réconciliation doit se nourrir de justice et de vérité. Il n`y a pas de réconciliation dans le mensonge. Il n`y a pas de réconciliation si l`on ne sait pas qui a fait quoi. Il faut la justice pour situer les responsabilités. C`est au nom de cette exigence de vérité et de justice que le chef de l`Etat n`a jamais voulu qu`on touche à un seul cheveu de M. Gbagbo quand bien même ses hommes commettaient les pires atrocités sur les civils. "
" Je voudrais rassurer les Ivoiriens que la justice est parfois lente parce qu`elle veut être juste. Et il existe un principe fondamental dans la justice : la présomption d`innocence. Jusqu`à ce que le tribunal décide que vous êtes coupable d`un fait, vous êtes présumé innocent.
Le gouvernement est déterminé à tout mettre en œuvre pour que la vérité éclate enfin sur les crimes de sang et les crimes économiques. Les Ivoiriens peuvent être sereins. Nous irons jusqu`au bout ", rassure le ministre Ahoussou Jeannot.
Akwaba Saint Clair
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