Charles Konan Banny est le choix du chef de l’Etat pour diriger la commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Jusqu’à la présence de l’ancien Premier ministre à l’aéroport Dimanche dernier, et jusqu’à ce que le Président de la République annonce lui-même la nouvelle, l’information n’a pas été révélée publiquement alors même que l’intéressé et certaines personnes étaient dans la confidence. Depuis que le Président Ouattara avait précisé dans le quotidien La Croix, qu’il avait déjà choisi la personnalité laïque devant diriger la Commission DVC, les spéculations étaient allées bon train sur l’identité de l’oiseau rare. Aucun choix ne fait l’unanimité. Donc des gens approuvent la nomination de l’ancien Premier ministre. Par contre d’autres observateurs sont contre ce choix.
Banny l’homme de la situation
Ceux qui applaudissent, estiment que pour avoir été un acteur politique et gouvernemental de haut niveau, Charles Konan Banny a une idée claire et nette de la vie politique nationale, ainsi que des problèmes de la Côte d’Ivoire. De plus, malgré la divergence politique avec Laurent Gbagbo, Charles Konan Banny entretiendrait des relations personnelles plutôt cordiales avec Laurent Gbagbo. Dans le processus de réconciliation nationale, cela est une bonne chose. Tout en étant issu du PDCI, Charles Konan Banny est réputé pour ne pas avoir de discours sectaire et diviseur. Durant la longue crise de l’ivoirité, l’ancien gouverneur n’a jamais hurlé avec les loups sur la question et a toujours prôné une Côte d’Ivoire d’ouverture et de tolérance. Charles Konan Banny est donc l’homme de la situation. Houphouëtiste, originaire du centre, il fera office d’homme du milieu, de passeur, de celui qui va pousser les fils et filles du pays à réapprendre à vivre ensemble.
Interrogations sur le choix
Difficile de faire l’impasse sur les réactions négatives qui peuvent, même si elles paraissent malveillantes, aider le Président de la Commission DVC à apaiser les inquiétudes des uns et des autres. « Comment une personnalité qui est du camp du Président de la République, qui a fait campagne pour lui contre Laurent Gbagbo, peut –il être celui qui va réconcilier les Ivoiriens », se sont demandé les uns. Les autres disent : « avec les résultats qu’on lui connaît dans sa Primature, de quelles ressources secrètes peut-il disposer pour réussir cette mission ? » En coulisse, l’on déplore le caractère ombrageux de l’ancien Premier ministre, son sectarisme supposé qui le pousserait à s’entourer d’une coterie de fidèles sans pouvoir s’ouvrir à l’écoute des autres. Plus sérieux, d’autres personnes redoutent que Charles Konan Banny transforme la Commission DVC en Primature bis, en une institution devant lui servir de tremplin pour accéder à ses ambitions présidentielles. On le soupçonne donc de nourrir un agenda secret, alors que d’autres estiment que c’est un poste honorifique, qui met hors du PDCI et de la succession de Bédié, l’ancien gouverneur. Ah oui, ça recommence !
L’essentiel est sauf
Toutes ces critiques ont le mérite en tout cas, de ne pas mettre en cause les qualités intrinsèques et les compétences de Charles Konan Banny. L’essentiel est sauf. Celui qui cherchait le sage dans le village,
doit à présent pouvoir jouer ce rôle de sage, à l’écoute de tous, à la recherche de la vérité par le dialogue. Une vérité et un dialogue qui vont réconcilier les Ivoiriens.
Le Président Ouattara interpellé
Banny n’est pas musulman. Banny n’est pas du Nord. Mais cela pose quand même problème à des Ivoiriens. Qui estiment que le Président de la République ne nomme que des Traoré, des Koné, des Coulibaly d’une part ; et d’autre part des Konan, des Yao, des Kouadio. C’est- dire qu’il n’y en aurait que pour les Akans et les Nordistes, et accessoirement quelques Yacouba. Si pour des cadres du RHDP, interrogés par l’Intelligent d’Abidjan, la nomination de ces compétences est bien la preuve que le PDCI et le RDR ont été brimés par le camp Gbagbo durant dix ans, d’autres observateurs expliquent simplement qu’en plus de la nouvelle réalité politique ayant porté au pouvoir par les urnes le RHDP, la géopolitique ne doit pas faire oublier que les groupes Akan, Mandé et Senoufo font près de 70 pour cent de la population ivoirienne. Nos interlocuteurs estiment donc qu’il s’agit d’un faux débat entretenu par les adversaires de la réconciliation nationale. Le pays a encore du mal à se débarrasser des vieux réflexes ivoiritaires vu que certains, au lieu de privilégier la compétence et les qualités propres des cadres et citoyens nommés, passent leur temps à identifier l’origine ethnique, la religion et le degré d’ivoirité pour ceux qui sont métis ou Ivoiriens d’origine étrangère. Vivre ensemble, c’est s’accepter sans faire référence à toute chose.
Des travaux d’hercule attendent Charles Konan Banny
Au vu de ces réactions, il est évident que la tâche de l’ancien Premier ministre ne sera pas facile. Des travaux d’Hercule l’attendent. Le décret portant organisation, composition, fonctionnement, prérogatives et compétences de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation est attendu. Entre les procédures administratives en cours et les procédures judiciaires à venir, quelle sera la marge de manoeuvre de la Commission DVR ? Peut-on réussir la réconciliation, peut-on faciliter le travail de la Commission, en maintenant les poursuites contre des dirigeants ? Va-t-on offrir la possibilité, comme en Afrique du Sud, aux anciens dirigeants du camp Gbagbo de venir témoigner devant la Commission Banny, avouer leurs fautes et demander pardon, en échange d’une impunité et de la fin de poursuites judiciaires ? Ceux qui critiquent le choix du Premier ministre doivent savoir que la mission est très délicate, et qu’il aura besoin du soutien de tous. Un soutien critique, mais sans aucun procès d’intention, ni aucune malveillance. Et puis, ce n’est pas l’ONU ni des personnalités étrangères qui viendront présider la Commission DVR. Alors quel est cet Ivoirien totalement propre et lisse ? Cet Ivoirien qui est totalement apolitique, qui n’a pas de conviction, et qui pourra faire l’unanimité ? Par exemple, même si Didier Drogba abandonnait sa carrière pour venir présider cette Commission, alors qu’il semble être aimé de tous, il se trouvera des Ivoiriens pour critiquer son choix. Alors tous derrière Charles Konan Banny !
Ismaël Dembélé
Banny l’homme de la situation
Ceux qui applaudissent, estiment que pour avoir été un acteur politique et gouvernemental de haut niveau, Charles Konan Banny a une idée claire et nette de la vie politique nationale, ainsi que des problèmes de la Côte d’Ivoire. De plus, malgré la divergence politique avec Laurent Gbagbo, Charles Konan Banny entretiendrait des relations personnelles plutôt cordiales avec Laurent Gbagbo. Dans le processus de réconciliation nationale, cela est une bonne chose. Tout en étant issu du PDCI, Charles Konan Banny est réputé pour ne pas avoir de discours sectaire et diviseur. Durant la longue crise de l’ivoirité, l’ancien gouverneur n’a jamais hurlé avec les loups sur la question et a toujours prôné une Côte d’Ivoire d’ouverture et de tolérance. Charles Konan Banny est donc l’homme de la situation. Houphouëtiste, originaire du centre, il fera office d’homme du milieu, de passeur, de celui qui va pousser les fils et filles du pays à réapprendre à vivre ensemble.
Interrogations sur le choix
Difficile de faire l’impasse sur les réactions négatives qui peuvent, même si elles paraissent malveillantes, aider le Président de la Commission DVC à apaiser les inquiétudes des uns et des autres. « Comment une personnalité qui est du camp du Président de la République, qui a fait campagne pour lui contre Laurent Gbagbo, peut –il être celui qui va réconcilier les Ivoiriens », se sont demandé les uns. Les autres disent : « avec les résultats qu’on lui connaît dans sa Primature, de quelles ressources secrètes peut-il disposer pour réussir cette mission ? » En coulisse, l’on déplore le caractère ombrageux de l’ancien Premier ministre, son sectarisme supposé qui le pousserait à s’entourer d’une coterie de fidèles sans pouvoir s’ouvrir à l’écoute des autres. Plus sérieux, d’autres personnes redoutent que Charles Konan Banny transforme la Commission DVC en Primature bis, en une institution devant lui servir de tremplin pour accéder à ses ambitions présidentielles. On le soupçonne donc de nourrir un agenda secret, alors que d’autres estiment que c’est un poste honorifique, qui met hors du PDCI et de la succession de Bédié, l’ancien gouverneur. Ah oui, ça recommence !
L’essentiel est sauf
Toutes ces critiques ont le mérite en tout cas, de ne pas mettre en cause les qualités intrinsèques et les compétences de Charles Konan Banny. L’essentiel est sauf. Celui qui cherchait le sage dans le village,
doit à présent pouvoir jouer ce rôle de sage, à l’écoute de tous, à la recherche de la vérité par le dialogue. Une vérité et un dialogue qui vont réconcilier les Ivoiriens.
Le Président Ouattara interpellé
Banny n’est pas musulman. Banny n’est pas du Nord. Mais cela pose quand même problème à des Ivoiriens. Qui estiment que le Président de la République ne nomme que des Traoré, des Koné, des Coulibaly d’une part ; et d’autre part des Konan, des Yao, des Kouadio. C’est- dire qu’il n’y en aurait que pour les Akans et les Nordistes, et accessoirement quelques Yacouba. Si pour des cadres du RHDP, interrogés par l’Intelligent d’Abidjan, la nomination de ces compétences est bien la preuve que le PDCI et le RDR ont été brimés par le camp Gbagbo durant dix ans, d’autres observateurs expliquent simplement qu’en plus de la nouvelle réalité politique ayant porté au pouvoir par les urnes le RHDP, la géopolitique ne doit pas faire oublier que les groupes Akan, Mandé et Senoufo font près de 70 pour cent de la population ivoirienne. Nos interlocuteurs estiment donc qu’il s’agit d’un faux débat entretenu par les adversaires de la réconciliation nationale. Le pays a encore du mal à se débarrasser des vieux réflexes ivoiritaires vu que certains, au lieu de privilégier la compétence et les qualités propres des cadres et citoyens nommés, passent leur temps à identifier l’origine ethnique, la religion et le degré d’ivoirité pour ceux qui sont métis ou Ivoiriens d’origine étrangère. Vivre ensemble, c’est s’accepter sans faire référence à toute chose.
Des travaux d’hercule attendent Charles Konan Banny
Au vu de ces réactions, il est évident que la tâche de l’ancien Premier ministre ne sera pas facile. Des travaux d’Hercule l’attendent. Le décret portant organisation, composition, fonctionnement, prérogatives et compétences de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation est attendu. Entre les procédures administratives en cours et les procédures judiciaires à venir, quelle sera la marge de manoeuvre de la Commission DVR ? Peut-on réussir la réconciliation, peut-on faciliter le travail de la Commission, en maintenant les poursuites contre des dirigeants ? Va-t-on offrir la possibilité, comme en Afrique du Sud, aux anciens dirigeants du camp Gbagbo de venir témoigner devant la Commission Banny, avouer leurs fautes et demander pardon, en échange d’une impunité et de la fin de poursuites judiciaires ? Ceux qui critiquent le choix du Premier ministre doivent savoir que la mission est très délicate, et qu’il aura besoin du soutien de tous. Un soutien critique, mais sans aucun procès d’intention, ni aucune malveillance. Et puis, ce n’est pas l’ONU ni des personnalités étrangères qui viendront présider la Commission DVR. Alors quel est cet Ivoirien totalement propre et lisse ? Cet Ivoirien qui est totalement apolitique, qui n’a pas de conviction, et qui pourra faire l’unanimité ? Par exemple, même si Didier Drogba abandonnait sa carrière pour venir présider cette Commission, alors qu’il semble être aimé de tous, il se trouvera des Ivoiriens pour critiquer son choix. Alors tous derrière Charles Konan Banny !
Ismaël Dembélé