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Société Publié le mardi 3 mai 2011 | Nord-Sud

Politisation de l’administration, injustice dans l’offre du travail, respect des engagements… Travailleurs : les grands changements attendus

A l’occasion de la première fête du travail de l’après-Gbagbo et de l’ère Ouattara, des centrales syndicales ont prôné une rupture avec des pratiques du passé et ont fait des recommandations pour l’assainissement de l’environnement professionnel.



Plus rien ne doit être comme avant dans le monde du travail ivoirien. C’est le vœu des groupements syndicaux qui ont célébré la fête du travail, dimanche dernier. Selon le 1er secrétaire général adjoint de la centrale Humanisme, dont les membres se sont rassemblés à Abobo, la longue crise qu’a connue le pays a engendré deux catégories socio-professionnelles. D’un côté, les travailleurs qu’on appelait les ‘’patriotes’’ et de l’autre, ceux qui étaient taxés de rebelles. Il s’agissait, dit-il, de persona non grata permanemment soupçonnés ou accusés de tous les maux. Ils subissaient des intimidations et des décisions arbitraires qui ont contribué à alourdir le climat social. A cela s’ajoute le favoritisme érigé en système de promotion. « Le mérite a laissé place à la médiocrité. Les critères non-objectifs de nomination ou de promotion ont constitué une des raisons de la démotivation des travailleurs qui se détournaient de leurs tâches réelles », a déploré Yao Kouadio. Pour lui, le militantisme politique devrait être proscrit de l’administration à l’effet de sauvegarder la technicité administrative qui est l’épine dorsale de la gestion de l’administration publique, garant de l’existence de l’Etat. L’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire(Ugtci) ne souhaite pas que ces discriminations et toutes les autres souffrances subies par les Ivoiriens soient occultées dans la recherche de la paix. « La commission vérité-réconciliation nous y aidera. Mais cette fois-ci, que toutes les vérités soient dites. Que nous puissions non pas parler, mais nous parler franchement », a prôné le premier secrétaire général de la vieille centrale. Pour une politique de l’emploi plus transparente, Ebagnérin Joseph préconise un retour à l’Office national de la main d’œuvre où seraient mises en adéquation offres et demandes d’emplois. L’inadéquation entre les salaires et le coût de la vie ont également été relevés par les centrales. Ce déséquilibre, on s’en souvient, a provoqué une semaine de grève générale en 2008. Deux commissions nationales avaient été mises en place : l’une sur la cherté de la vie et l’autre sur la concertation permanente pour la fixation du prix du carburant dont dépend la majorité des prix. Mais ces commissions n’ont jamais fonctionné. Des questions toutes aussi brûlantes les unes que les autres ont fait l’objet d’examens entre partenaires sociaux et ont été validées pour être traduites en lois. Parmi elles, la réforme du code du travail et du statut général de la Fonction publique, le salaire minimum agricole garanti (Smag), le nouveau salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) qui passe de 36.000 Fcfa à 60.000 F. « Nous osons espérer cette fois-ci une bienveillante attention du gouvernement », attend le SGA de la vieille centrale. Sur la question, les ‘’humanistes’’ réclament la suppression de certains impôts sur salaires comme la contribution nationale, le fonds national de solidarité et de contribution nationale de reconstruction.
S’agissant enfin de l’environnement du travail, l’Ugtci a appelé de tous ses vœux la bonne gouvernance et le respect de la parole donnée. « Les investisseurs sont sans doute prêts à revenir, mais attendent que certaines exigences soient réalisées aux fins de les inciter à prendre des risques. Il faut la bonne gouvernance, le respect des engagements et celui de la parole donnée, en un mot un pays qui inspire confiance… », conclut Ebagnérin Joseph.

Cissé Sindou
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