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Société Publié le mardi 3 mai 2011 | Nord-Sud

Fête du travail 2011 Un 1er mai amer pour les syndicats pro-Gbagbo

Des centrales syndicales qui se bousculaient ces dernières années aux portes du palais présidentiel sont apparues inexistantes le dimanche 1er mai dernier.

A l’entrée principale, une grille métallique sauve la défaillance de la porte vitrée entrouverte à l’arrière. Au portail secondaire, la position des battants blindés montre que leur serrure n’est plus fonctionnelle. Mais de ce côté, la porte vitrée est soigneusement fermée derrière. L’esplanade est vide. Il est calme. Pas de bâches. Pas d’attroupement. Hormis son écriteau qui échappe difficilement à l’attention du passant, le siège de la centrale Dignité, à Adjamé, non loin de la gare de train, n’a rien d’un bureau syndical ce 1er mai 2011. C’est pourtant le jour de la fête du travail. Où sont passés les occupants ? Les ouvriers des magasins voisins n’en savent rien. Ils ont juste constaté que plus personne n’est venu là depuis l’offensive générale des Forces républicaines qui a permis l’arrestation de Laurent Gbagbo. Ils savent à peine que le patron des lieux a été lui aussi arrêté mardi par des éléments des Frci en poste au 34 ème arrondissement d’Abobo-Baoulé. Mahan Gahé était le cerveau d’un des groupes de miliciens pro-Gbagbo qui sévissent à Yopougon, a révélé après sa mise aux arrêts, le ministre de la Justice, Ahoussou Jeannot. Le secrétaire général de Dignité n’a jamais caché son soutien à l’ex-chef d’Etat actuellement en résidence surveillée à Korhogo. A plusieurs reprises, il a maintenu sa centrale à l’écart des grèves et autres actions de protestation entreprises par les autres groupements syndicaux. Son silence le plus spectaculaire a été celui de juillet 2008 où les travailleurs de tous les secteurs ont paralysé le pays pour dire leur ras le bol face à la cherté de la vie. Sa collusion avec le pourvoir Fpi s’est aussi manifestée pendant la crise post-électorale, où le leader syndical a publiquement soutenu la confiscation du pourvoir par Laurent Gbagbo. On savait Mahan Gahé capable de beaucoup de choses pour défendre son mentor, mais pas un engagement physique sur le terrain militaire, comme cela été révélé ces derniers jours. Et l’absence totale de son organisation dans la célébration de la fête mondiale du travail suscite quelques interrogations. L’on est amené à se demander si la centrale Dignité se limitait à sa seule personne. La fermeture du siège depuis la fin du règne de Gbagbo montre que les membres de cette centrale ne formaient plus une ‘’Confédération de syndicats libres de Côte d’Ivoire’’ (la dénomination de l’organisation), mais un groupe de syndicats pro-Gbagbo. On comprend alors pourquoi aucune voix interne ne dénonçait les prises de position du secrétaire général, même quand celui-ci manœuvrait contre les intérêts des travailleurs.

Leçons d’un
syndicalisme partisan
Dignité n’était pas la seule absente. La Fédération des syndicats autonomes de Côte d’Ivoire(Fesaci), tendance Gnamien Messou n’a rien organisé d’officiel ce 1er mai. Pourtant, il y a un an, ses militants ont défilé de la maison de la télévision, à Cocody, jusqu’au palais présidentiel, au Plateau. Où sont passés les syndicats affiliés à cette centrale ? Leurs responsables ont-ils quelque chose à se reprocher ? Etaient-ils complices, eux-aussi, des forfaits de leur secrétaire général aujourd’hui en fuite. Comme Mahan Gahé, Gnamien Messou, a été, dans le milieu syndical, un stipendié à la solde du régime Fpi. Dès l’éclatement de la crise en 2002, au mépris des textes, il prend la tête de la dissidence qui vise à détourner la Fesaci de sa ligne d’autonomie pour la mettre au service du pouvoir de Laurent Gbagbo. Selon lui, aucun syndicat n’avait le droit de faire des revendications avant la fin totale de la crise. Même si dans la même période, les tenants du pouvoir s’enrichissaient. Pis, au moment où Gnamien Messou exigeait une trêve syndicale à la place des autorités, lui et d’autres syndicalistes affidés empochaient des primes présidentielles atteignant les 70 millions de Fcfa, par an et par personne. Une autre récompense (?) a été sa nomination comme ministre du travail dans le gouvernement illégitime du Premier ministre Aké N’Gbo. Au total, cette fête du travail a été l’occasion de connaître les syndicats qui existent pour les intérêts des travailleurs, et de ne plus voir ceux qui avaient été créés par le pouvoir Gbagbo pour bâillonner les travailleurs.

Cissé Sindou
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