Pour ne pas disparaître de l’échiquier politique, le Front populaire ivoirien (Fpi) a décidé de changer de tactique de lutte.
Les dignitaires du Front populaire ivoirien (Fpi) ne sont pas prêts à abdiquer. Aussi, face au rouleau compresseur des soldats gouvernementaux, ont-ils choisi de changer de stratégie. La nouvelle tactique de Laurent Gbagbo et de ses disciples consiste à endormir le président Alassane Ouattara, en proclamant notamment leur disponibilité à entrer au gouvernement et à prendre leur part dans la commission ‘’dialogue, vérité et réconciliation’’. Et, dans cette veine, c’est au tour d’autres pontes de l’ancien régime comme Sylvain Miaka Ouréto, secrétaire général du Fpi, de jouer leur partition après le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly et le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao-N’Dré. « La situation est tragique parce qu`il y a eu des morts, des milliers de morts, tout le monde est ébranlé. Les gens qui meurent, ce sont des Ivoiriens. Si ce ne sont pas des Ivoiriens, ce sont des frères africains et beaucoup d`autres personnes, et la vie humaine, elle, est très chère. Elle coûte cher à chacun de nous. Alors devant ce triste tableau, on ne peut qu`être ému. Dès que le 11 avril 2011, le président Laurent Gbagbo est tombé, tout le monde s`est rendu à l`évidence que la Côte d`Ivoire a un nouveau président, le président Alassane Ouattara », a dit le président du Conseil général de Soubré, dans un entretien accordé, en fin de semaine dernière, à OnuciFm. Puis d’embrayer sur ce discours flatteur et conciliateur censé séduire plus d’un : « Je dirai en tout cas à tous les militants du Fpi et aux amis et frères de La majorité présidentielle que j`admets comme eux que la situation est dure. Il ne peut pas en être autrement. Ça ne peut pas être un autre sentiment puisque le candidat que nous avons tous soutenu qui est un président de la République sortant malheureusement, il a chuté, il est tombé. Le président Alassane Ouattara est aujourd`hui le président de la République de Côte d`Ivoire. Il sait que notre ambition à nous tous, c’est de construire la démocratie chez nous et c`est au nom de cette démocratie que le président Gbagbo a été dégagé pour lui, pour qu`il devienne le président ».
ADO, un putschiste ?
Pour le commun des Ivoiriens, il est toujours intéressant d’entendre ces propos apaisants de la part des anciens tenants du pouvoir, plus habitués aux discours guerriers quand leur champion était encore l’homme fort du pays. Mais, que nul ne se méprenne ! C’est du blaguer-tuer. Les dignitaires frontistes, pour rebondir, ont choisi d’endormir autrement Alassane Ouattara, sans doute pour mieux lui porter l’estocade, le moment venu. Car, en réalité, les cadres du Fpi sont encore loin d’admettre que le nouveau chef de l’exécutif, est le président du Rassemblement des républicains. Il suffit de lire entre les lignes pour s’en convaincre. « (…) légitimité, c’est un thème très fort. Parce qu`en la matière, ce sont les élections et le peuple qui donnent la légitimité à un président de la République. C’est le problème de légitimité qui nous a conduits à toute cette tragédie que nous avons vécue. Nous estimons que dès lors que la communauté internationale et tout le monde ont bataillé dur pour que ce soit finalement le président Alassane Ouattara qui soit l`homme fort du pays, nous le reconnaissons comme tel », répond Miaka Ouréto quand notre confrère de la Radio des Nations Unies lui demande s’il reconnaît la légitimité d’Alassane Ouattara. C’est dans cette même posture que se trouvait Laurent Gbagbo visité, lundi dernier, par les Elders. Tout en reconnaissant la nécessité de panser les plaies, il s’est refusé selon Mary Robinson, membre du groupe des anciens prix Nobel de la paix, à appeler ses derniers disciples de Yopougon à déposer les armes. Autrement dit, les responsables du Fpi ne considèrent M. Ouattara que comme l’homme fort du pays. Presque un putschiste qui, avec sa bande armée et avec le soutien de forces étrangères, a renversé les institutions légales et légitimes incarnées par Laurent Gbagbo. Une réalité bien caricaturée par Gervais Boga Sako, pseudo-membre de la société civile ivoirienne. « S’il était prédit que la crise post-électorale déboucherait sur des violations graves et massives des droits de l’Homme, jamais le président de la FIDHOP ne se serait tant engagé à défendre les Institutions de la République », écrit-il dans une tribune publiée, hier, par ‘’abidjan.net’’, un site d’information en ligne.
Le discours du Fpi
n’a pas varié
Dans le fond, le discours des dirigeants frontistes n’a donc guère évolué. « Ce sont les forces spéciales françaises qui ont enlevé et remis Laurent Gbagbo aux rebelles d'Alassane Ouattara », rembarrait, le 18 avril dernier, Alain Toussaint, lors d’une conférence de presse tenue à Paris. Marie-Antoinette Singleton née Ehouman, la fille de Simone Gbagbo ne disait pas autre chose sur la chaîne américaine Cnn, le 14 avril 2011 quand elle accusait ‘’les rebelles de détenir illégalement’’ ses parents. Ils donnaient ainsi plus d’écho à des écrits de Pascal Affi N’Guessan, président du Fpi, sur sa page Facebook. « Le fait que le président Laurent Gbagbo ait été kidnappé et dans l'impossibilité de gouverner ne fait pas de Ouattara le président de la Côte d'Ivoire », a-t-il soutenu, assurant même que son appel aux miliciens à déposer les armes lui a été extorqué. «Regardez le reportage complet fait par les journalistes de TV5 pour savoir dans quelles conditions j'ai pu faire ma déclaration de ce week-end. Regardez à partir de la 3e minute du journal pour savoir toute la vérité. Je ne suis pas libre de mes mouvements et je suis sous étroite surveillance de soldats rebelles ainsi que tous les responsables Lmp qui sont avec moi », révèle-t-il aux militants du Fpi, avant qu’il ne soit conduit au Golf hôtel puis transféré à Bouna. Outre le souci d’endormir Alassane Ouattara, ces pontes du Fpi qui font hypocritement les éloges du nouveau pouvoir, ont surtout à cœur de ne pas se retrouver derrière les barreaux s’ils osent pointer le nez dehors. Changer son fusil d’épaule ou ‘’mourir’’ tel semble la nouvelle idéologie des frontistes qui espèrent avoir raison du pouvoir de Ouattara en entrant dans son gouvernement pour le miner de l’intérieur.
Marc Dossa
Les dignitaires du Front populaire ivoirien (Fpi) ne sont pas prêts à abdiquer. Aussi, face au rouleau compresseur des soldats gouvernementaux, ont-ils choisi de changer de stratégie. La nouvelle tactique de Laurent Gbagbo et de ses disciples consiste à endormir le président Alassane Ouattara, en proclamant notamment leur disponibilité à entrer au gouvernement et à prendre leur part dans la commission ‘’dialogue, vérité et réconciliation’’. Et, dans cette veine, c’est au tour d’autres pontes de l’ancien régime comme Sylvain Miaka Ouréto, secrétaire général du Fpi, de jouer leur partition après le président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly et le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao-N’Dré. « La situation est tragique parce qu`il y a eu des morts, des milliers de morts, tout le monde est ébranlé. Les gens qui meurent, ce sont des Ivoiriens. Si ce ne sont pas des Ivoiriens, ce sont des frères africains et beaucoup d`autres personnes, et la vie humaine, elle, est très chère. Elle coûte cher à chacun de nous. Alors devant ce triste tableau, on ne peut qu`être ému. Dès que le 11 avril 2011, le président Laurent Gbagbo est tombé, tout le monde s`est rendu à l`évidence que la Côte d`Ivoire a un nouveau président, le président Alassane Ouattara », a dit le président du Conseil général de Soubré, dans un entretien accordé, en fin de semaine dernière, à OnuciFm. Puis d’embrayer sur ce discours flatteur et conciliateur censé séduire plus d’un : « Je dirai en tout cas à tous les militants du Fpi et aux amis et frères de La majorité présidentielle que j`admets comme eux que la situation est dure. Il ne peut pas en être autrement. Ça ne peut pas être un autre sentiment puisque le candidat que nous avons tous soutenu qui est un président de la République sortant malheureusement, il a chuté, il est tombé. Le président Alassane Ouattara est aujourd`hui le président de la République de Côte d`Ivoire. Il sait que notre ambition à nous tous, c’est de construire la démocratie chez nous et c`est au nom de cette démocratie que le président Gbagbo a été dégagé pour lui, pour qu`il devienne le président ».
ADO, un putschiste ?
Pour le commun des Ivoiriens, il est toujours intéressant d’entendre ces propos apaisants de la part des anciens tenants du pouvoir, plus habitués aux discours guerriers quand leur champion était encore l’homme fort du pays. Mais, que nul ne se méprenne ! C’est du blaguer-tuer. Les dignitaires frontistes, pour rebondir, ont choisi d’endormir autrement Alassane Ouattara, sans doute pour mieux lui porter l’estocade, le moment venu. Car, en réalité, les cadres du Fpi sont encore loin d’admettre que le nouveau chef de l’exécutif, est le président du Rassemblement des républicains. Il suffit de lire entre les lignes pour s’en convaincre. « (…) légitimité, c’est un thème très fort. Parce qu`en la matière, ce sont les élections et le peuple qui donnent la légitimité à un président de la République. C’est le problème de légitimité qui nous a conduits à toute cette tragédie que nous avons vécue. Nous estimons que dès lors que la communauté internationale et tout le monde ont bataillé dur pour que ce soit finalement le président Alassane Ouattara qui soit l`homme fort du pays, nous le reconnaissons comme tel », répond Miaka Ouréto quand notre confrère de la Radio des Nations Unies lui demande s’il reconnaît la légitimité d’Alassane Ouattara. C’est dans cette même posture que se trouvait Laurent Gbagbo visité, lundi dernier, par les Elders. Tout en reconnaissant la nécessité de panser les plaies, il s’est refusé selon Mary Robinson, membre du groupe des anciens prix Nobel de la paix, à appeler ses derniers disciples de Yopougon à déposer les armes. Autrement dit, les responsables du Fpi ne considèrent M. Ouattara que comme l’homme fort du pays. Presque un putschiste qui, avec sa bande armée et avec le soutien de forces étrangères, a renversé les institutions légales et légitimes incarnées par Laurent Gbagbo. Une réalité bien caricaturée par Gervais Boga Sako, pseudo-membre de la société civile ivoirienne. « S’il était prédit que la crise post-électorale déboucherait sur des violations graves et massives des droits de l’Homme, jamais le président de la FIDHOP ne se serait tant engagé à défendre les Institutions de la République », écrit-il dans une tribune publiée, hier, par ‘’abidjan.net’’, un site d’information en ligne.
Le discours du Fpi
n’a pas varié
Dans le fond, le discours des dirigeants frontistes n’a donc guère évolué. « Ce sont les forces spéciales françaises qui ont enlevé et remis Laurent Gbagbo aux rebelles d'Alassane Ouattara », rembarrait, le 18 avril dernier, Alain Toussaint, lors d’une conférence de presse tenue à Paris. Marie-Antoinette Singleton née Ehouman, la fille de Simone Gbagbo ne disait pas autre chose sur la chaîne américaine Cnn, le 14 avril 2011 quand elle accusait ‘’les rebelles de détenir illégalement’’ ses parents. Ils donnaient ainsi plus d’écho à des écrits de Pascal Affi N’Guessan, président du Fpi, sur sa page Facebook. « Le fait que le président Laurent Gbagbo ait été kidnappé et dans l'impossibilité de gouverner ne fait pas de Ouattara le président de la Côte d'Ivoire », a-t-il soutenu, assurant même que son appel aux miliciens à déposer les armes lui a été extorqué. «Regardez le reportage complet fait par les journalistes de TV5 pour savoir dans quelles conditions j'ai pu faire ma déclaration de ce week-end. Regardez à partir de la 3e minute du journal pour savoir toute la vérité. Je ne suis pas libre de mes mouvements et je suis sous étroite surveillance de soldats rebelles ainsi que tous les responsables Lmp qui sont avec moi », révèle-t-il aux militants du Fpi, avant qu’il ne soit conduit au Golf hôtel puis transféré à Bouna. Outre le souci d’endormir Alassane Ouattara, ces pontes du Fpi qui font hypocritement les éloges du nouveau pouvoir, ont surtout à cœur de ne pas se retrouver derrière les barreaux s’ils osent pointer le nez dehors. Changer son fusil d’épaule ou ‘’mourir’’ tel semble la nouvelle idéologie des frontistes qui espèrent avoir raison du pouvoir de Ouattara en entrant dans son gouvernement pour le miner de l’intérieur.
Marc Dossa