Décidément, les déboires de l`ancien président ivoirien ne sont pas près de prendre fin après la chute de son régime, le mois dernier. Laurent Gbagbo et ses proches se seraient rendus coupables de «détournement de fonds publics, de blanchiment d`argent et d`enrichissement illicite», selon une plainte pénale qui vient d`être déposée contre eux par l`avocat genevois Bruno de Preux. Ce dernier a rendu publique son action judiciaire sur le plateau de la Télévision Suisse Romande (TSR). Le jeudi 5 mai dernier, les autorités helvétiques avaient annoncé le gel de 70 millions de francs suisses (35 milliards FCFA) appartenant, disent-elles, à Laurent Gbagbo et son entourage. Avec l`ancien bâtonnier français Mario Stasi, Bruno de Preux dit avoir enquêté sur la vente, en mai 2010, sur ordre de Laurent Gbagbo, d`une luxueuse propriété de Vandoeuvres appartenant à l`Etat de Côte d`Ivoire. Me De Preux, dans le cadre de cette enquête, ne s`est pas contenté de déposer une plainte contre Laurent Gbagbo seul. Neuf collaborateurs de l`ex-chef d`État pourraient être également épinglés à la suite de la procédure en cours. Une autre plainte ayant été déposée contre ces derniers. Sans dire ouvertement son nom, l`ancien directeur général du Port autonome d`Abidjan, Marcel Gossio est cité au nombre de ceux-ci. Il lui est reproché de s`être enrichi de manière fulgurante en si peu de temps, «Lui, précise-t-on, qui n`était qu`un simple chômeur au moment où son parti accédait au pouvoir». Comme preuves de l`enrichissement illicite, le ministre de la Justice ivoirienne, Me Ahoussou Jeannot et celui de l`Économie et des Finances, Charles Koffi Diby ont montré que M Gossio s`est offert un hôtel particulier à Paris, avenue Victor Hugo. « La plainte a été déposée contre M. Gbagbo, son épouse et toute une série d`anciens fonctionnaires et ministres ivoiriens », a précisé Bruno de Preux, qui souligne que la plainte a été adressée au Ministère public de la Confédération (MPC). L`objectif est de récupérer tous les avoirs ivoiriens bloqués par la Suisse depuis le 19 janvier, a expliqué l`homme de loi. « Le MPC nous a répondu que l`affaire a été confiée à Maria-Antonella Bino, procureur général suppléante à Lausanne », a-t-il encore révélé. Sans les citer également, la plainte mentionne plusieurs noms «d`anciens ministres, magistrats, fonctionnaires qui ont aussi fait fortune de manière fulgurante et mènent une vie de pacha». La plainte révèle même qu`un ancien enseignant payé au départ à 800 euros pas mois, devenu ministre et haut responsable du Front populaire ivoirien (FPI) en 2001, a pu s’offrir de luxueuses propriétés à Abidjan et à Paris. Une enquête pour corruption et gestion déloyale a déjà été ouverte contre toutes ces personnes, selon la télévision suisse TSR. Les nouvelles autorités ivoiriennes les soupçonnent d’avoir des comptes en banque en Suisse. Dans leur plainte, relève la chaîne de télévision suisse, les autorités ivoiriennes rappellent qu’en Suisse, en vertu d’un arrêt du Tribunal fédéral, «le détournement systématique des ressources d’un État par un haut responsable et son entourage constitue une participation à une organisation criminelle». Il revient donc aux accusés de montrer qu`ils sont sans reproche en montrant la provenance de leur fortune. Sur les 35 milliards FCFA bloqués, combien appartiennent au cercle étroit de Laurent Gbagbo ? Sollicité, le Ministère public de la confédération reste muet, selon TSR. En revanche, selon la Banque nationale suisse (BNS), les avoirs ivoiriens s’élevaient début 2011 à 393 millions de francs (196.500.000.000 FCFA). Le 19 janvier 2011, toujours selon TSR, le Conseil fédéral avait édicté une ordonnance de blocage à titre préventif et établit une liste de 85 personnes – dont les dix personnes citées dans la plainte – et 11 entités morales.
Y.DOUMBIA
Y.DOUMBIA