Le président Ouattara subirait une grande pression des présidents américains, Barack Obama et français, Nicolas Sarkozy afin qu`il livre l`ex-chef d`État Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI). La Lettre du continent, qui livre l`information, justifie cette pression par la volonté des deux présidents de donner un signal fort à tous les présidents qui refuseront de lâcher le pouvoir malgré leur défaite dans les urnes. Toujours selon le bimensuel panafricain, les présidents américains et français ne rateraient aucune occasion pour rappeler au président Alassane Ouattara leur exigence. Obama se serait même entretenu au téléphone le mardi 12 avril dernier, soit un jour après l`arrestation de Laurent Gbagbo, avec son homologue ivoirien. Tout comme Sarkozy qui, lui, téléphonerait régulièrement à Ouattara à cet effet. Si les présidents de ces deux grandes puissances sont déterminés à voir Laurent Gbagbo dans le box des accusés de la CPI, c`est parce que, selon eux, celui-ci se serait rendu coupable des violations massives des droits de l`Homme. Obama et Sarkozy en veulent à l`ex-président ivoirien parce qu`il a refusé de saisir les propositions que la communauté internationale lui a faites et les opportunités qui lui ont été offertes. Le président Ouattara serait embêté par la pressante requête de ses homologues américain et français. Et cela, pour deux raisons. La première, c`est qu`Alassane Ouattara pourrait se mettre à dos ceux qui l`ont aidé à avoir la totalité de son pouvoir en rejetant leurs exigences. En effet, nul n`ignore que les États-Unis et la France ont joué un rôle capital dans l`arrestation de Laurent Gbagbo. Agissant sous mandat des Nations unies, les hélicoptères français et onusiens avaient détruit toutes les défenses des soldats restés loyaux au président sortant, ce qui a facilité son arrestation. Donc refuser les requêtes de Sarkozy et Obama, c`est méconnaître le soutien de ceux-ci, ce qui pourrait constituer un précédent fâcheux dans les relations ivoiro-franco-américaines. La seconde raison qui justifie le dilemme dans lequel se retrouve Ouattara, c’est qu’il veut faire juger Gbagbo par des juridictions nationales. Dans ce cas, il court le risque de voir des partisans pro-Gbagbo lui mener la vie dure. De fait, le président Ouattara veut montrer à la communauté internationale que la Côte d`Ivoire a une justice capable de régler le cas Gbagbo. En témoigne la nomination rapide d`un Procureur de la République qui a déjà entamé l`audition de l`ex-chef d`État et de son épouse. Toujours pour donner un signal fort à la communauté internationale qui l`a soutenu, le président Ouattara a mis en résidence surveillée plusieurs barons de l`ancien régime et des juges procèdent progressivement à leur audition. En faisant juger Gbagbo sur le territoire ivoirien, le nouveau président veut également gommer l`image du « président des puissances étrangères » que les partisans de Gbagbo lui ont collée. Mais cette volonté du président Ouattara pourrait se heurter à la détermination des inconditionnels de Gbagbo de se faire entendre le moment venu. Toute chose qui pourrait détruire le fragile mur de paix que le nouveau régime tente de construire moins d`un mois après l`arrestation de l`ancien chef d`État.
Assane NIADA
Assane NIADA