Le mardi 10 mai 2011, dans le cadre d`une séance de travail, le ministre de l`Économie et des Finances, Charles Diby Koffi, et des acteurs du Secteur privé, conduits par Jean Kacou Diagou (président du Patronat ivoirien) se sont parlé franchement au cabinet du ministre.
Sécurité, états des lieux des secteurs d`activités, pillages, sanctions contre des opérateurs économiques, impôts, banques, dédommagements, infrastructures économiques, crédits de TVA, arriérés de la dette intérieure, financement de l`économie, assurances, etc. Le mardi 10 mai, au 20ième étage de l`immeuble Sciam au Plateau, les opérateurs économiques ont voulu tout dire au ministre de l`Économie et des Finances, Charles Diby Koffi. Mais le temps n`était pas suffisant pour la cause. Aussi, un autre rendez-vous a été pris pour la remise d`un rapport détaillé comportant les états des lieux de l`impact des récents évènements et des propositions du Secteur privé au Gouvernement pour une reprise économique durable. En attendant cette étape, le ministre Diby a eu l`occasion de savoir que les entreprises ont été gravement impactées par la toute dernière crise politique. «La crise que nous avons connue est désastreuse. Tous
les secteurs ont été touchés. Les entreprises se sont retrouvées parfois sans rien », a déclaré Jean Kacou Diagou, président de la Confédération générale des entreprises de Côte d`Ivoire (Cgeci), assisté d`autres personnalités de cette structure dont les vice-présidents Pierre Magne et Bernard N`Doumi. Selon lui, après 10 ans de crise, les entreprises se retrouvent presqu`au point zéro du moment où « il faut pratiquement tout refaire » non seulement à Abidjan, mais aussi à l`intérieur du pays. A preuve, a-t-il indiqué, « des entreprises n`ont plus d`usine, plus de bureau, plus de chaise, etc. Certaines sont dans le désarroi ». Comme chiffres, le Directeur général de la Cgeci, Ouattara Lakoun, a révélé entre autres que le secteur fruits et légumes a perdu 7 milliards de francs Cfa, les télécommunications entre 12 et 30 milliards de francs Cfa. Et, ce n`est pas tout. L`autre aspect révélé porte sur les vols de
plusieurs coffres-forts de sociétés qui n`avaient pas pu, du fait des problèmes de la fermeture de banques, effectuer leurs opérations bancaires. Dans plusieurs cas, le Secteur privé n`est pas sûr que les entreprises pourront respecter leurs engagements fiscaux pour des raisons diverses. « Certaines sont incapables de faire des déclarations fiscales parce qu’elles ont été pillées avec les ordinateurs contenant toutes les statistiques», a évoqué Ouattara Lakoun. Il y avait beaucoup de choses à dire, notamment les crédits TVA et les arriérés de la dette intérieure, qui, représentent plusieurs centaines de millions de Fcfa et pour lesquels le Gouvernement est attendu.
Un appui à condition
Selon le président du Patronat, il n`est pas question de renouveler le plan de soutien des entreprises lancé après les évènements de 2004 parce qu`il n`a pas porté les fruits escomptés pour ce qui des mesures d`accompagnement. Pour la récente crise, a-t-il insisté, il faut prévoir autre chose. Apparemment prêt pour une telle sortie du Secteur privé, le ministre Diby Koffi qui lui avait donné la parole, s`est voulu réconciliant, mais ferme. Pour lui, il n`est pas question de profiter d`une quelconque occasion pour « escroquer l`État parce que l`argent de l`État, c`est pour tout le monde». « Je suis d`accord qu`on fasse une réconciliation des chiffres », a-t-il affirmé à l`endroit de Jean Kacou Diagou et ses hommes sur les questions des arriérés crédits TVA et dette intérieure. Avant de rassurer le Patronat ivoirien : « Les arriérés intérieurs seront payés. On a commencé avec les petites et moyennes entreprises (…) On va
poursuivre. Je suis d`accord avec vous pour 2004. C`est pour cela que le président de la République a donné 6 milliards (de francs Cfa) pour un appui à la reprise au Secteur privé». Le ministre a indiqué que ces 6 milliards s`ajouteront aux 6 autres qui sont déjà dans le fonds d`appui créé après les évènements de 2004. Ce qui fera 12 milliards de francs Cfa à la disposition des entreprises « pour capter des ressources pour la reconstruction ». « Mais, ce n`est pas gratuit. Faites un plan de recrutement des jeunes. C`est la seule condition du Président de la République (Alassane Ouattara) », a ajouté le ministre de l`Économie et des Finances. « Nous sommes prêts à jouer notre partition. S`il y a des brebis galeuses parmi nous, il faut les nettoyer. Il faut que les entreprises emploient les jeunes. Si on n`emploie pas les jeunes, on tombera dans les mêmes travers », a répondu aussitôt le porte-parole du Secteur privé. Entre
autres préoccupations, les opérateurs économiques ont fait savoir que les banques pillées et les assurances ont des problèmes techniques à régler urgemment. Liées aux finances et aux règlements des sinistres, ces difficultés font craindre le pire dans le milieu économique et financier. «On va vers un sérieux problème au niveau de l`État. Il est important que la Côte d`Ivoire puisse saisir l`Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) pour un assouplissent des ratios prudentiels dont une restructuration de la dette. La Banque centrale des États de l`Afrique de l`Ouest (Bceao) demande que ce soit la Côte d`Ivoire qui saisisse l`Uemoa. Pour les assurances, il est important de définir la période de guerre d`une commune à une autre pour le règlement des sinistres», a fait observer la Cgeci. Qui s`inquiète pour les secteurs électricité et gazier du fait des investissements qui n`ont pu être faits dans les délais. Elle
s`est, par ailleurs, interrogée sur le financement de l`économie de façon générale (bons du trésor...). En attendant des réponses claires, pratiques et durables à toutes ses préoccupations, le Secteur privé a fait remarquer au ministre qu`en ce moment sa priorité, c`est la sécurité. «Ce qui préoccupe le plus les entreprises, c`est la sécurité. Dans ces moments un peu troubles, des individus profitent pour tuer, piller et blesser. Il y a des rackets et des demandes de rançon à la Zone industrielle de Yopougon. On comprend la situation, mais les opérateurs économiques ont besoin d`un signal fort de la part du Gouvernement», a lâché le Secteur privé. Le ministre Diby a dit avoir noté les préoccupations des opérateurs économiques. Il s’est dit, en outre, confiant quant à un partenariat avec le Secteur privé pour une croissance positive surtout que la décision d`obtention de l`initiative des Pays pauvres très endettés
(Ppte) est un «un acquis» parce que non remise en cause. Du coup, la Côte d`Ivoire a encore la possibilité de rattraper ses insuffisances avec la possibilité de l`atteinte du point d`achèvement au plus tard en juin 2012.
Hermance K-N
Sécurité, états des lieux des secteurs d`activités, pillages, sanctions contre des opérateurs économiques, impôts, banques, dédommagements, infrastructures économiques, crédits de TVA, arriérés de la dette intérieure, financement de l`économie, assurances, etc. Le mardi 10 mai, au 20ième étage de l`immeuble Sciam au Plateau, les opérateurs économiques ont voulu tout dire au ministre de l`Économie et des Finances, Charles Diby Koffi. Mais le temps n`était pas suffisant pour la cause. Aussi, un autre rendez-vous a été pris pour la remise d`un rapport détaillé comportant les états des lieux de l`impact des récents évènements et des propositions du Secteur privé au Gouvernement pour une reprise économique durable. En attendant cette étape, le ministre Diby a eu l`occasion de savoir que les entreprises ont été gravement impactées par la toute dernière crise politique. «La crise que nous avons connue est désastreuse. Tous
les secteurs ont été touchés. Les entreprises se sont retrouvées parfois sans rien », a déclaré Jean Kacou Diagou, président de la Confédération générale des entreprises de Côte d`Ivoire (Cgeci), assisté d`autres personnalités de cette structure dont les vice-présidents Pierre Magne et Bernard N`Doumi. Selon lui, après 10 ans de crise, les entreprises se retrouvent presqu`au point zéro du moment où « il faut pratiquement tout refaire » non seulement à Abidjan, mais aussi à l`intérieur du pays. A preuve, a-t-il indiqué, « des entreprises n`ont plus d`usine, plus de bureau, plus de chaise, etc. Certaines sont dans le désarroi ». Comme chiffres, le Directeur général de la Cgeci, Ouattara Lakoun, a révélé entre autres que le secteur fruits et légumes a perdu 7 milliards de francs Cfa, les télécommunications entre 12 et 30 milliards de francs Cfa. Et, ce n`est pas tout. L`autre aspect révélé porte sur les vols de
plusieurs coffres-forts de sociétés qui n`avaient pas pu, du fait des problèmes de la fermeture de banques, effectuer leurs opérations bancaires. Dans plusieurs cas, le Secteur privé n`est pas sûr que les entreprises pourront respecter leurs engagements fiscaux pour des raisons diverses. « Certaines sont incapables de faire des déclarations fiscales parce qu’elles ont été pillées avec les ordinateurs contenant toutes les statistiques», a évoqué Ouattara Lakoun. Il y avait beaucoup de choses à dire, notamment les crédits TVA et les arriérés de la dette intérieure, qui, représentent plusieurs centaines de millions de Fcfa et pour lesquels le Gouvernement est attendu.
Un appui à condition
Selon le président du Patronat, il n`est pas question de renouveler le plan de soutien des entreprises lancé après les évènements de 2004 parce qu`il n`a pas porté les fruits escomptés pour ce qui des mesures d`accompagnement. Pour la récente crise, a-t-il insisté, il faut prévoir autre chose. Apparemment prêt pour une telle sortie du Secteur privé, le ministre Diby Koffi qui lui avait donné la parole, s`est voulu réconciliant, mais ferme. Pour lui, il n`est pas question de profiter d`une quelconque occasion pour « escroquer l`État parce que l`argent de l`État, c`est pour tout le monde». « Je suis d`accord qu`on fasse une réconciliation des chiffres », a-t-il affirmé à l`endroit de Jean Kacou Diagou et ses hommes sur les questions des arriérés crédits TVA et dette intérieure. Avant de rassurer le Patronat ivoirien : « Les arriérés intérieurs seront payés. On a commencé avec les petites et moyennes entreprises (…) On va
poursuivre. Je suis d`accord avec vous pour 2004. C`est pour cela que le président de la République a donné 6 milliards (de francs Cfa) pour un appui à la reprise au Secteur privé». Le ministre a indiqué que ces 6 milliards s`ajouteront aux 6 autres qui sont déjà dans le fonds d`appui créé après les évènements de 2004. Ce qui fera 12 milliards de francs Cfa à la disposition des entreprises « pour capter des ressources pour la reconstruction ». « Mais, ce n`est pas gratuit. Faites un plan de recrutement des jeunes. C`est la seule condition du Président de la République (Alassane Ouattara) », a ajouté le ministre de l`Économie et des Finances. « Nous sommes prêts à jouer notre partition. S`il y a des brebis galeuses parmi nous, il faut les nettoyer. Il faut que les entreprises emploient les jeunes. Si on n`emploie pas les jeunes, on tombera dans les mêmes travers », a répondu aussitôt le porte-parole du Secteur privé. Entre
autres préoccupations, les opérateurs économiques ont fait savoir que les banques pillées et les assurances ont des problèmes techniques à régler urgemment. Liées aux finances et aux règlements des sinistres, ces difficultés font craindre le pire dans le milieu économique et financier. «On va vers un sérieux problème au niveau de l`État. Il est important que la Côte d`Ivoire puisse saisir l`Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) pour un assouplissent des ratios prudentiels dont une restructuration de la dette. La Banque centrale des États de l`Afrique de l`Ouest (Bceao) demande que ce soit la Côte d`Ivoire qui saisisse l`Uemoa. Pour les assurances, il est important de définir la période de guerre d`une commune à une autre pour le règlement des sinistres», a fait observer la Cgeci. Qui s`inquiète pour les secteurs électricité et gazier du fait des investissements qui n`ont pu être faits dans les délais. Elle
s`est, par ailleurs, interrogée sur le financement de l`économie de façon générale (bons du trésor...). En attendant des réponses claires, pratiques et durables à toutes ses préoccupations, le Secteur privé a fait remarquer au ministre qu`en ce moment sa priorité, c`est la sécurité. «Ce qui préoccupe le plus les entreprises, c`est la sécurité. Dans ces moments un peu troubles, des individus profitent pour tuer, piller et blesser. Il y a des rackets et des demandes de rançon à la Zone industrielle de Yopougon. On comprend la situation, mais les opérateurs économiques ont besoin d`un signal fort de la part du Gouvernement», a lâché le Secteur privé. Le ministre Diby a dit avoir noté les préoccupations des opérateurs économiques. Il s’est dit, en outre, confiant quant à un partenariat avec le Secteur privé pour une croissance positive surtout que la décision d`obtention de l`initiative des Pays pauvres très endettés
(Ppte) est un «un acquis» parce que non remise en cause. Du coup, la Côte d`Ivoire a encore la possibilité de rattraper ses insuffisances avec la possibilité de l`atteinte du point d`achèvement au plus tard en juin 2012.
Hermance K-N