A la faveur de la réouverture des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire, nous avons rencontré le Président de l’Apbefci (Association des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire), Jacob Amématékpo, également Pca d’Access bank.
Le Patriote : En tant président de l’Apbefci, comment avez-vous accueilli la réouverture des banques ?
Jacob Amématekpo : La réouverture des banques ivoiriennes est pour nous une grande satisfaction. Les Ivoiriens dans leur ensemble sont vraiment formidables et nous tenons à le souligner. Formidables en ce sens que pendant la période de crise, il n’y a pas eu de vent de panique qui ait conduit à des retraits massifs. Nous avons assisté à des opérations bancaires habituelles, preuve pour nous que les clients ont confiance en leur banque. Nous souhaitons poursuivre cette collaboration avec les clients, mieux, l’améliorer. A ce propos, l’Apbefci a concocté un programme, lequel attend l’aval du conseil d’administration. Nous profitons de cette interview pour remercier la Bceao qui a également injecté suffisamment d’argent pour aider les banques.
L.P. : Quel diagnostic pouvez-vous faire après cette réouverture?
J.A. : Les banques continuent de faire l’inventaire à travers l’état des lieux. L’on ne peut pour le moment pas quantifier les pertes. Mais je tiens à préciser qu’au niveau des échanges de valeurs, relatives à la compense, il n’y a pas de problème. Les opérations n’ont pas duré longtemps et nous sommes en train de les reconstituer. Les échanges de valeurs ne sont pas vraiment un problème.
L.P. : Comment se présente la situation à l’intérieur du pays ?
J.A. : Elle se présente bien. La décision avait été prise avec le gouvernement de procéder à l’ouverture des banques d’abord à Abidjan et ensuite à l’intérieur du pays. Mais les banques ont ouvert simultanément. Cela s’est fait progressivement, tout comme les Distributeurs automatiques de billets. Même en zone Cno (Centre nord ouest), les populations n’ont pas été oubliées.
L.P. : Dans des banques comme la Bicici et la Sgbci, des personnes se sont mises au service de l’ancien gouvernement et se sont vues attribuer de nouveaux postes de responsabilités. Quel sera leur sort ?
J.A. : Il revient à la Bicici et la Sgbci d’y répondre. Je ne saurai me substituer à elles. Cependant l’Apbefci, fera en sorte que le dialogue, la réconciliation et le travail prévalent, conformément à la volonté du Président de la République. Objectif, faire revenir la paix dans leurs entreprises respectives. C’est ce que nous pouvons recommander à ces deux banques.
L.P. Des agents ont aussi accepté de travailler alors que leur maison-mère le leur déconseillait. On parle de sanctions à la Bicici.
J.A. : Nous avons été saisis par un groupe d’agents afin de saisir leur employeur et trouver une solution idoine, négociée. C’est à cette banque d’examiner avec bienveillance ces cas. Vous savez, pour nous, le secteur bancaire, à l’image de tous les autres secteurs d’activités, a accusé beaucoup de retard du fait de la crise. L’heure est donc au travail et non aux querelles.
L.P. : Il est vrai, les banques ont fini par rouvrir à la clientèle. Mais beaucoup de clients se plaignent des prélèvements qui ont été faits pour le remboursement des prêts contractés.
J.A. En ce qui nous concerne, les intérêts débiteurs ont été prélevés, les intérêts créanciers payés et les frais de gestion abandonnés. L’Apbefci est prête dans une certaine mesure à examiner la situation de chaque client pour un éventuel rééchelonnement où échéancier. En tout état de cause, les établissements bancaires restent ouverts pour étudier individuellement la situation.
L.P. : Des clients persistent qu’ils esteront en justice contre les banques qui ont fermé sans les avertir. Comment entendez-vous organiser votre défense ?
J.A. : Nous avons connu une situation inédite de laquelle chacun est sorti, éprouvé. Aussi, mettons-nous tout ce que nous faisons sous le sceau du dialogue afin de trouver des solutions satisfaisantes pour eux et pour nous. Nous ferons en sorte que ces clients mécontents viennent à nous pour poser leurs problèmes et ensemble, nous allons tous les résoudre, dans le dialogue et en ayant à l’esprit la reconstruction du pays et la réconciliation, plutôt que de se retrouver au Tribunal.
L.P. : En plus d’être le Président de l’Apbefci, vous êtes aussi le Pca d’Access Bank. Qu’est-ce qui s’est passé pour que cette banque n’ouvre pas au même moment que les autres ?
J.A. : En ma qualité de Pca d’Access Bank, j’ai tout fait pour qu’elle ouvre en même temps que les autres, mais cela n’a pas été le cas. La décision a été prise de tenir un conseil d’administration pour ensuite approuver le plan d’action au titre de l’année 2011. A l’issue de cette réunion tenue à Lagos (Nigeria) début mai, la date du lundi 9 mai a été retenue pour sa réouverture. Naturellement, nous en avons informé les autorités compétentes. A savoir le Directeur de cabinet du Ministre de l’Economie et des Finances, le Ministre des Infrastructures Economiques et le Directeur national de la Bceao. J’avais même pris la peine d’anticiper en expliquant la situation à ces autorités. A présent, ceux du personnel qui étaient partis à Lagos sont de retour. Vous savez certainement que 88% des actions de la banque sont la propriété d’Access Bank LC, la maison-mère, 10% pour les anciens actionnaires (Omnifinance) et enfin 2% reviennent à Coris Investment de la Boad.
L.P. : Que pouvez-vous dire pour rassurer aussi bien la clientèle que le personnel d’Access Bank?
J.A. : Access Bank va communiquer dans les jours à venir sur la nouvelle orientation arrêtée à la faveur de son conseil d’administration. Je rassure la clientèle que la banque est plus que jamais prête et déterminée à respecter ses engagements vis-à-vis d’elle. Il n’y a pas à paniquer. Le groupe Access, c’est plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires, soit 500 milliards de francs Cfa et un fonds propre de plus de 700 milliards de francs Cfa. Rien qu’au premier trimestre de l’année 2011, il a réalisé un bénéfice de 15 milliards de francs Cfa. D’ailleurs, Intercontinental Bank du Nigéria est en train de passer sous la coupe d’Access Bank. Il n’y a donc vraiment pas de soucis à se faire au sujet du dépôt des épargnants. L’Apbefci et bien d’autres banques ont leur compte à Access bank.
L.P. : Il y a quelques temps, l’on avait annoncé une manne de 45 millions de dollars (25 milliards de F Cfa) pour cette banque afin de répondre aux attentes du marché ivoirien. Mais jusque-là rien ne pointe à l’horizon. Et l’on parle encore de nouvelle orientation !
J.A. : La banque mettra tout en œuvre pour respecter des critères de ratio prudentiel exigé par la banque centrale. Pour le moment, Access Bank, à l’image de bien d’autres banques, est en train de faire l’évaluation de ses actifs et passifs. Une fois terminée, les fonds relatifs à la recapitalisation seront apportés. Le capital actuel est de 10 milliards de francs Cfa. Avant la crise, il devrait être porté à 25 milliards. Il est vrai que nous avions eu beaucoup de difficultés pour faire face à nos charges et la Direction générale a été affectée par cette crise. Mais il n’est pas question pour nous de remettre en cause ce qui a été décidé. Une communication sera faite à ce sujet.
L.P. Pour le personnel, en tant que Pca et homme expérimenté, vous devriez favoriser l’instauration de syndicat ou de délégués du personnel qui n’existe pas encore. Le personnel estime être à la merci de la Direction générale…
J.A. : A mon avis, c’est au personnel de s’organiser pour mettre tout cela en place. Et je ne pense pas que la Direction y soit contre puisque cela fait partie de leur droit.
L.P. : Quelles sont les perspectives d’Access bank ?
J.A. : Nous envisageons transformer Access bank en une banque d’affaires solide. Un bureau de représentation sera aussi ouvert à Dakar pour continuer l’extension. Sur le plan international, cela va donner beaucoup de capacités à la banque pour lui permettre de participer à de gros projets d’investissements.
L.P. : Les attentes de l’Apbefci vis-à-vis des nouvelles autorités ivoiriennes…
J.A. : Personnellement, je suis satisfait de l’équipe qui gère actuellement les finances en Côte d’Ivoire. Je la qualifie de ‘‘Financial dream team’’. Le Président de la République est issu des hautes sphères des finances et de l’économie. A ses côtés, nous avons le Ministre de l’Economie et des Finances, lui aussi reconnu pour ses compétences par le monde entier. Tout comme le ministre des Infrastructures économiques, sorti d’une prestigieuse université et qui a fait ses preuves. Au-delà de tous ces aspects, nous attendons d’eux une amélioration des finances publiques ainsi que la sécurisation des opérations afin de rassurer tout le secteur bancaire. Nous n’occultons pas la mise en œuvre des règles de bonne gouvernance qui devraient se traduire pour nous par le paiement à temps des factures des fournisseurs et prestataires de l’Etat et la transparence du système judiciaire que nous souhaitons rapide et qui ne dira que le droit.
Réalisée par Jean Eric ADINGRA
Le Patriote : En tant président de l’Apbefci, comment avez-vous accueilli la réouverture des banques ?
Jacob Amématekpo : La réouverture des banques ivoiriennes est pour nous une grande satisfaction. Les Ivoiriens dans leur ensemble sont vraiment formidables et nous tenons à le souligner. Formidables en ce sens que pendant la période de crise, il n’y a pas eu de vent de panique qui ait conduit à des retraits massifs. Nous avons assisté à des opérations bancaires habituelles, preuve pour nous que les clients ont confiance en leur banque. Nous souhaitons poursuivre cette collaboration avec les clients, mieux, l’améliorer. A ce propos, l’Apbefci a concocté un programme, lequel attend l’aval du conseil d’administration. Nous profitons de cette interview pour remercier la Bceao qui a également injecté suffisamment d’argent pour aider les banques.
L.P. : Quel diagnostic pouvez-vous faire après cette réouverture?
J.A. : Les banques continuent de faire l’inventaire à travers l’état des lieux. L’on ne peut pour le moment pas quantifier les pertes. Mais je tiens à préciser qu’au niveau des échanges de valeurs, relatives à la compense, il n’y a pas de problème. Les opérations n’ont pas duré longtemps et nous sommes en train de les reconstituer. Les échanges de valeurs ne sont pas vraiment un problème.
L.P. : Comment se présente la situation à l’intérieur du pays ?
J.A. : Elle se présente bien. La décision avait été prise avec le gouvernement de procéder à l’ouverture des banques d’abord à Abidjan et ensuite à l’intérieur du pays. Mais les banques ont ouvert simultanément. Cela s’est fait progressivement, tout comme les Distributeurs automatiques de billets. Même en zone Cno (Centre nord ouest), les populations n’ont pas été oubliées.
L.P. : Dans des banques comme la Bicici et la Sgbci, des personnes se sont mises au service de l’ancien gouvernement et se sont vues attribuer de nouveaux postes de responsabilités. Quel sera leur sort ?
J.A. : Il revient à la Bicici et la Sgbci d’y répondre. Je ne saurai me substituer à elles. Cependant l’Apbefci, fera en sorte que le dialogue, la réconciliation et le travail prévalent, conformément à la volonté du Président de la République. Objectif, faire revenir la paix dans leurs entreprises respectives. C’est ce que nous pouvons recommander à ces deux banques.
L.P. Des agents ont aussi accepté de travailler alors que leur maison-mère le leur déconseillait. On parle de sanctions à la Bicici.
J.A. : Nous avons été saisis par un groupe d’agents afin de saisir leur employeur et trouver une solution idoine, négociée. C’est à cette banque d’examiner avec bienveillance ces cas. Vous savez, pour nous, le secteur bancaire, à l’image de tous les autres secteurs d’activités, a accusé beaucoup de retard du fait de la crise. L’heure est donc au travail et non aux querelles.
L.P. : Il est vrai, les banques ont fini par rouvrir à la clientèle. Mais beaucoup de clients se plaignent des prélèvements qui ont été faits pour le remboursement des prêts contractés.
J.A. En ce qui nous concerne, les intérêts débiteurs ont été prélevés, les intérêts créanciers payés et les frais de gestion abandonnés. L’Apbefci est prête dans une certaine mesure à examiner la situation de chaque client pour un éventuel rééchelonnement où échéancier. En tout état de cause, les établissements bancaires restent ouverts pour étudier individuellement la situation.
L.P. : Des clients persistent qu’ils esteront en justice contre les banques qui ont fermé sans les avertir. Comment entendez-vous organiser votre défense ?
J.A. : Nous avons connu une situation inédite de laquelle chacun est sorti, éprouvé. Aussi, mettons-nous tout ce que nous faisons sous le sceau du dialogue afin de trouver des solutions satisfaisantes pour eux et pour nous. Nous ferons en sorte que ces clients mécontents viennent à nous pour poser leurs problèmes et ensemble, nous allons tous les résoudre, dans le dialogue et en ayant à l’esprit la reconstruction du pays et la réconciliation, plutôt que de se retrouver au Tribunal.
L.P. : En plus d’être le Président de l’Apbefci, vous êtes aussi le Pca d’Access Bank. Qu’est-ce qui s’est passé pour que cette banque n’ouvre pas au même moment que les autres ?
J.A. : En ma qualité de Pca d’Access Bank, j’ai tout fait pour qu’elle ouvre en même temps que les autres, mais cela n’a pas été le cas. La décision a été prise de tenir un conseil d’administration pour ensuite approuver le plan d’action au titre de l’année 2011. A l’issue de cette réunion tenue à Lagos (Nigeria) début mai, la date du lundi 9 mai a été retenue pour sa réouverture. Naturellement, nous en avons informé les autorités compétentes. A savoir le Directeur de cabinet du Ministre de l’Economie et des Finances, le Ministre des Infrastructures Economiques et le Directeur national de la Bceao. J’avais même pris la peine d’anticiper en expliquant la situation à ces autorités. A présent, ceux du personnel qui étaient partis à Lagos sont de retour. Vous savez certainement que 88% des actions de la banque sont la propriété d’Access Bank LC, la maison-mère, 10% pour les anciens actionnaires (Omnifinance) et enfin 2% reviennent à Coris Investment de la Boad.
L.P. : Que pouvez-vous dire pour rassurer aussi bien la clientèle que le personnel d’Access Bank?
J.A. : Access Bank va communiquer dans les jours à venir sur la nouvelle orientation arrêtée à la faveur de son conseil d’administration. Je rassure la clientèle que la banque est plus que jamais prête et déterminée à respecter ses engagements vis-à-vis d’elle. Il n’y a pas à paniquer. Le groupe Access, c’est plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires, soit 500 milliards de francs Cfa et un fonds propre de plus de 700 milliards de francs Cfa. Rien qu’au premier trimestre de l’année 2011, il a réalisé un bénéfice de 15 milliards de francs Cfa. D’ailleurs, Intercontinental Bank du Nigéria est en train de passer sous la coupe d’Access Bank. Il n’y a donc vraiment pas de soucis à se faire au sujet du dépôt des épargnants. L’Apbefci et bien d’autres banques ont leur compte à Access bank.
L.P. : Il y a quelques temps, l’on avait annoncé une manne de 45 millions de dollars (25 milliards de F Cfa) pour cette banque afin de répondre aux attentes du marché ivoirien. Mais jusque-là rien ne pointe à l’horizon. Et l’on parle encore de nouvelle orientation !
J.A. : La banque mettra tout en œuvre pour respecter des critères de ratio prudentiel exigé par la banque centrale. Pour le moment, Access Bank, à l’image de bien d’autres banques, est en train de faire l’évaluation de ses actifs et passifs. Une fois terminée, les fonds relatifs à la recapitalisation seront apportés. Le capital actuel est de 10 milliards de francs Cfa. Avant la crise, il devrait être porté à 25 milliards. Il est vrai que nous avions eu beaucoup de difficultés pour faire face à nos charges et la Direction générale a été affectée par cette crise. Mais il n’est pas question pour nous de remettre en cause ce qui a été décidé. Une communication sera faite à ce sujet.
L.P. Pour le personnel, en tant que Pca et homme expérimenté, vous devriez favoriser l’instauration de syndicat ou de délégués du personnel qui n’existe pas encore. Le personnel estime être à la merci de la Direction générale…
J.A. : A mon avis, c’est au personnel de s’organiser pour mettre tout cela en place. Et je ne pense pas que la Direction y soit contre puisque cela fait partie de leur droit.
L.P. : Quelles sont les perspectives d’Access bank ?
J.A. : Nous envisageons transformer Access bank en une banque d’affaires solide. Un bureau de représentation sera aussi ouvert à Dakar pour continuer l’extension. Sur le plan international, cela va donner beaucoup de capacités à la banque pour lui permettre de participer à de gros projets d’investissements.
L.P. : Les attentes de l’Apbefci vis-à-vis des nouvelles autorités ivoiriennes…
J.A. : Personnellement, je suis satisfait de l’équipe qui gère actuellement les finances en Côte d’Ivoire. Je la qualifie de ‘‘Financial dream team’’. Le Président de la République est issu des hautes sphères des finances et de l’économie. A ses côtés, nous avons le Ministre de l’Economie et des Finances, lui aussi reconnu pour ses compétences par le monde entier. Tout comme le ministre des Infrastructures économiques, sorti d’une prestigieuse université et qui a fait ses preuves. Au-delà de tous ces aspects, nous attendons d’eux une amélioration des finances publiques ainsi que la sécurisation des opérations afin de rassurer tout le secteur bancaire. Nous n’occultons pas la mise en œuvre des règles de bonne gouvernance qui devraient se traduire pour nous par le paiement à temps des factures des fournisseurs et prestataires de l’Etat et la transparence du système judiciaire que nous souhaitons rapide et qui ne dira que le droit.
Réalisée par Jean Eric ADINGRA