Le procès des barons de la filière café cacao n’a pas encore eu lieu. En attendant, les prévenus sont en liberté provisoire. Mais pour combien de temps.
Bientôt quatre ans que l’on attend de savoir la vérité sur la très médiatisée affaire de la filière café-cacao déclenchée en 2007. Plusieurs fois reporté au gré des humeurs du régime d’alors et de la situation sociopolitique, des sources proches du parquet annoncent, pourtant, que le procès pourrait enfin débuter en novembre. Alors que la trentaine de prévenus sont encore en liberté provisoire depuis janvier. En effet, après deux longues années passées derrière les barreaux de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), les ex-seigneurs de la juteuse filière sont parvenus à obtenir la liberté provisoire en attendant le procès. Un délai de grâce accordé par le juge du tribunal correctionnel du Plateau, Alain Pohan, après plusieurs requêtes de liberté provisoire formulées par les avocats de la défense. Accusés de ’’ détournement de fonds, escroqueries, abus de confiance, abus de bien sociaux, faux et usage de faux en écriture privée de banque’’, les dirigeants des structures satellitaires de la filière ont été incarcérés et mis en détention préventive en juin 2008 au terme d’une enquête voulue par le président d’alors, Laurent Gbagbo, et conduite par le procureur de la République, Raymond Tchimou. Déjà à cette époque, beaucoup avaient douté de l’impartialité du parquet. L’enquête qui s’en suit demande les efforts conjugués du parquet d’Abidjan, la police criminelle et la brigade de recherche de la gendarmerie et abouti à l’interpellation de 24 responsables de la filière. Ils sont mis aux arrêts. Débute alors un imbroglio judiciaire qui dégage une forte odeur politique, décidé à empêcher que la vérité éclate. Car cela créerait, selon certains, un véritable séisme dans le monde politique ivoirien. De hauts responsables seraient impliqués dans les détournements.
Des reports qui éternisent le procès
Aujourd’hui, certes un autre procès est en vue, celui du président déchu. Mais les Ivoiriens n’oublient pas les ‘‘ex-stars‘’ de la Maca. Leur procès aura-t-il enfin lieu vu que, selon le parquet d’Abidjan, l’enquête est complètement bouclée. Est-ce que certains n’ont pas quitté le pays avec la chute de Gbagbo dont-ils étaient les protégés? Selon un des avocats des prévenus, Me Sarr, leurs clients ne dérogeront pas à la promesse donnée au tribunal. « La dernière date prévue pour le début du procès était le 27 avril, ce qui n’a pu avoir lieu. Peut-être qu’une autre date a été arrêtée, mais le tribunal ne nous a pas encore saisi sur une date arrêtée», a-t-il souligné, ajoutant que la défense est confiante quant à l’issue du procès. Pour lui, le changement de régime n’entamerait en rien le déroulement normal du procès. Un autre avocat pense, lui, que le procès pourrait débuter en novembre avec les interrogatoires des mis en cause. Des informations à prendre, sans doute, avec des pincettes. Tant le procès aura connu nombre de revirements et de reports. L’audience du mercredi 8 septembre 2010, où le procès était à deux doigts de commencer, a été renvoyée au 16 novembre de la même année afin que les dossiers des prévenus soient mis à la disposition des avocats qui le réclamaient et aussi que la salle devant accueillir le procès soit rénovée. La date du 16 novembre arrive et coïncide avec la Tabaski (fête musulmane) ainsi que les préparatifs du second tour de la présidentielle. Le dernier rendez-vous manqué qui en découle est le 27 avril. Décidément le procès devient un serpent de mer qui donne du fil à retordre à ses poursuivants. Et si ces reports interminables ont recadré le procès, d’autres facteurs y ont également contribué et cela dès les premières révélations du ‘’cacaogate’’. De fait, le rapport qui a sanctionné l’enquête du procureur et abouti à l’interpellation des 24 responsables de la filière en 2008 avaient caressé certains présumés dans le sens des poils. Notamment Kouakou Firmin, DG du Frc (Fonds de régulation et de contrôle) et Placide Zoungrana, Pca de l'Arcc (Autorité de régulation de la filière café-cacao), respectivement directeur de campagne de M. Laurent Gbagbo à Sinfra et Toumodi. En outre, le doyen des juges d’instruction du tribunal de première instance du Plateau, Joachim Gnakadé Ladji, a eu du mal à confronter les ministres ayant assuré la tutelle financière ou technique de la filière. Entre autres, Dano Djédjé, Amadou Gon Coulibaly, Bohoun Bouabré, Charles Diby Koffi et Alphonse Douti. Il était de notoriété publique que le régime de Laurent Gbagbo manœuvrait pour retarder le plus longtemps possible la tenue du procès. Le grand déballage qui en découlerait, comme ont menacé certains détenus fatigués à l’époque de rester derrière les barreaux, impliquerait de hauts responsables du gouvernement. Avec la chute du régime des refondateurs, il se peut que des prévenus aient quitté le territoire, que des témoins aient été corrompus ou des preuves détruites. Mais le gouvernement Soro gagnerait à remettre ce procès au goût du jour. Et à faire triompher le droit. Cela serait un gage pour l’Etat de droit prôné.
Kuyo Anderson
Bientôt quatre ans que l’on attend de savoir la vérité sur la très médiatisée affaire de la filière café-cacao déclenchée en 2007. Plusieurs fois reporté au gré des humeurs du régime d’alors et de la situation sociopolitique, des sources proches du parquet annoncent, pourtant, que le procès pourrait enfin débuter en novembre. Alors que la trentaine de prévenus sont encore en liberté provisoire depuis janvier. En effet, après deux longues années passées derrière les barreaux de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), les ex-seigneurs de la juteuse filière sont parvenus à obtenir la liberté provisoire en attendant le procès. Un délai de grâce accordé par le juge du tribunal correctionnel du Plateau, Alain Pohan, après plusieurs requêtes de liberté provisoire formulées par les avocats de la défense. Accusés de ’’ détournement de fonds, escroqueries, abus de confiance, abus de bien sociaux, faux et usage de faux en écriture privée de banque’’, les dirigeants des structures satellitaires de la filière ont été incarcérés et mis en détention préventive en juin 2008 au terme d’une enquête voulue par le président d’alors, Laurent Gbagbo, et conduite par le procureur de la République, Raymond Tchimou. Déjà à cette époque, beaucoup avaient douté de l’impartialité du parquet. L’enquête qui s’en suit demande les efforts conjugués du parquet d’Abidjan, la police criminelle et la brigade de recherche de la gendarmerie et abouti à l’interpellation de 24 responsables de la filière. Ils sont mis aux arrêts. Débute alors un imbroglio judiciaire qui dégage une forte odeur politique, décidé à empêcher que la vérité éclate. Car cela créerait, selon certains, un véritable séisme dans le monde politique ivoirien. De hauts responsables seraient impliqués dans les détournements.
Des reports qui éternisent le procès
Aujourd’hui, certes un autre procès est en vue, celui du président déchu. Mais les Ivoiriens n’oublient pas les ‘‘ex-stars‘’ de la Maca. Leur procès aura-t-il enfin lieu vu que, selon le parquet d’Abidjan, l’enquête est complètement bouclée. Est-ce que certains n’ont pas quitté le pays avec la chute de Gbagbo dont-ils étaient les protégés? Selon un des avocats des prévenus, Me Sarr, leurs clients ne dérogeront pas à la promesse donnée au tribunal. « La dernière date prévue pour le début du procès était le 27 avril, ce qui n’a pu avoir lieu. Peut-être qu’une autre date a été arrêtée, mais le tribunal ne nous a pas encore saisi sur une date arrêtée», a-t-il souligné, ajoutant que la défense est confiante quant à l’issue du procès. Pour lui, le changement de régime n’entamerait en rien le déroulement normal du procès. Un autre avocat pense, lui, que le procès pourrait débuter en novembre avec les interrogatoires des mis en cause. Des informations à prendre, sans doute, avec des pincettes. Tant le procès aura connu nombre de revirements et de reports. L’audience du mercredi 8 septembre 2010, où le procès était à deux doigts de commencer, a été renvoyée au 16 novembre de la même année afin que les dossiers des prévenus soient mis à la disposition des avocats qui le réclamaient et aussi que la salle devant accueillir le procès soit rénovée. La date du 16 novembre arrive et coïncide avec la Tabaski (fête musulmane) ainsi que les préparatifs du second tour de la présidentielle. Le dernier rendez-vous manqué qui en découle est le 27 avril. Décidément le procès devient un serpent de mer qui donne du fil à retordre à ses poursuivants. Et si ces reports interminables ont recadré le procès, d’autres facteurs y ont également contribué et cela dès les premières révélations du ‘’cacaogate’’. De fait, le rapport qui a sanctionné l’enquête du procureur et abouti à l’interpellation des 24 responsables de la filière en 2008 avaient caressé certains présumés dans le sens des poils. Notamment Kouakou Firmin, DG du Frc (Fonds de régulation et de contrôle) et Placide Zoungrana, Pca de l'Arcc (Autorité de régulation de la filière café-cacao), respectivement directeur de campagne de M. Laurent Gbagbo à Sinfra et Toumodi. En outre, le doyen des juges d’instruction du tribunal de première instance du Plateau, Joachim Gnakadé Ladji, a eu du mal à confronter les ministres ayant assuré la tutelle financière ou technique de la filière. Entre autres, Dano Djédjé, Amadou Gon Coulibaly, Bohoun Bouabré, Charles Diby Koffi et Alphonse Douti. Il était de notoriété publique que le régime de Laurent Gbagbo manœuvrait pour retarder le plus longtemps possible la tenue du procès. Le grand déballage qui en découlerait, comme ont menacé certains détenus fatigués à l’époque de rester derrière les barreaux, impliquerait de hauts responsables du gouvernement. Avec la chute du régime des refondateurs, il se peut que des prévenus aient quitté le territoire, que des témoins aient été corrompus ou des preuves détruites. Mais le gouvernement Soro gagnerait à remettre ce procès au goût du jour. Et à faire triompher le droit. Cela serait un gage pour l’Etat de droit prôné.
Kuyo Anderson