Pendant la campagne électorale, le candidat ALASSANE DRAMANE OUATTARA s’est positionné grâce à une communication à l’américaine, comme ‘’la solution’’ à toutes les plaies dont souffre la côte d’Ivoire. Solutions parmi lesquelles l’économie figure en bonne place. Mais 30 jours après sa prise de pouvoir, la population s’interroge…
A priori, il n’y aurait pas de doute sur la capacité du Président Alassane OUATTARA à résoudre les difficultés dans lesquelles notre pays est englué depuis plus de dix ans. Contrairement à l’ancien Président toutes les organisations financières sous-régionales et internationales dont l’UEMOA, la BCEAO, la BM, le FMI, la BAD et toutes les banques commerciales apprécient son ascension à la magistrature suprême de la CI et semblent lui avoir déroulé le tapis rouge. En outre le Président ALASSANE est auréolé de toutes les
expériences de la Haute Finance Internationale. Ne se décrit-il pas comme Economiste-Financier et Banquier ?
Cependant, le démarrage du navire ivoire commandé par le désormais unique capitaine, se déroule dans des conditions plutôt chaotiques. Le Président doit jouer sur deux tableaux importants : celui de la réconciliation nationale et celui de la relance de l’économie. Car les ivoiriens de différentes catégories socioprofessionnelles ont d’énormes difficultés de divers ordres aujourd’hui. Citons quelques exemples : Mme K. LEOCADIE commerçante, dont le
seul compte est domicilié à la BICICI sur le boulevard Latrille face au 22è Arrondissement (Cocody-Angré) est désespérée. Et pour cause, cette agence de la BICICI est fermée depuis le déclenchement de la crise postélectorale. « Tous les matins je m’y rends dans l’espoir de voir cette succursale de la BICICI ouverte. J’ai pensée qu’avec ADO, les choses iraient plus vite. Je manque de tout. Mon commerce se meurt » Se lamente-t-elle. Propos confirmé
par M. KONAN J.L, Policier à la retraite. « A GAGNOA, ma banque n’est pas ouverte. On nous demande de venir à ABIDJAN. A ce jour 10 Mai 2011, je n’ai pas encore perçu ma pension. Mes collègues domiciliés à la SGBCI l’ont déjà perçu. A la BICICI, on nous demande d’aller à Abidjan. On demande à ceux de la COOPEC de se rendre à BAYOTA à plus de 30kms » se plaint-il. Plainte que confirme M. KOUAKOU, instituteur dans un village de Lakota. Il lui est également demandé de venir à Abidjan. Et pourtant on dénombre jusqu’à 18 barrages routiers de Lakota à Abidjan. A chaque barrage il faut payer 200 FCFA, soit presque 8000 FCFA en aller-retour en plus du transport qui est passé de 2000 à 3500 FCFA.
Il y a également que, les opérateurs économiques échaudés par les casses, les braquages musclés de leurs domiciles mais surtout de leurs entreprises sont frileux. Aussi ouvrent-ils les portes des entreprises tard et ferment tôt. Beaucoup d’entreprises ayant perdu brutalement leurs outils de production procèdent à des mises aux chômages techniques ou à des licenciements massifs du personnel. C’est le cas de la majorité des entreprises de la zone industrielle de Yopougon. La plupart des résidences hôtelières de Cocody ont été visitées par des pilleurs armés. Ils y ont emporté la literie, les ustensiles de cuisine, les
appareils électroménagers, les véhicules de liaison… Une amie française a vu son véhicule volé le mardi 10 mai dernier et au commissariat on lui réclame 20 000 FCFA pour faire une déclaration de perte…
Par ailleurs, la fermeture des cités universitaires bien que salutaire du fait du désordre qui y régnait, crée tout de même aussi d’énormes désagréments aux opérateurs des PME/ PMI riveraines. En effet, les restaurants, les cybercafés, les business center, les magasins spécialisés dans la vente des matériels et fournitures scolaires accusent le coup. Ce sont des emplois qui disparaissent. Ce sont les chômeurs qui augmentent. Le Président Alassane peut-il faire face à tout ce flot de chômeurs qui accroit de façon géométrique le nombre
des sans emplois alors que les entreprises ferment, licencient ou procèdent à des chômages techniques? Que devient alors l’ambitieux projet de 200.000 emplois par an ? En tout cas pour cette année, ce projet reste hypothéqué. La crise postélectorale oblige ADO à perdre 6 mois c’est à dire 100.000 emplois difficiles à réaliser à moins que cet ancien du FMI nous sorte un gris–gris dont lui seul a le secret pour calmer tous les pessimistes.
Que devient le projet un (1) CHU par an? Une université par an ? ADO n’est-il pas mal parti ? Ce projet à haute intensité de main d’œuvre donc pourvoyeur d’emploi est-il réalisable en
cette année ? Soyons réalistes…
Les soucis d’Ado ne s’arrêtent pas là. Le panier de la ménagère reste toujours « le sachet de la ménagère » pour emprunter cette expression à Mme KANDIA Camara, actuelle Ministre de l’Education Nationale, lors de la campagne électorale. De fait, le sac de riz oncle SAM de 25kg qui coûtait 9000 fcfa est en ce moment à 11000 fcfa. Le litre d’huile à 1300 fcfa au lieu de 1000 ou 850 fcfa. La cube Maggi étoile passe de 3 à 25 fcfa à 25 fcfa l’un. Le jumbo quant à lui est vendu à 50 fcfa l’un au lieu de 25 fcfa. Le gaz domestique est introuvable à Abidjan. Même si des bouteilles de PETROCI et PETRO IVOIRE abondent par intermittence, on a du mal à se procurer MOBIL, TOTAL, ORYX… Nous avons même été contraints de charger notre bouteille 12 kg à 12000f au lieu de 4500fcfa à la Riviera Palmeraie face à la maternité. Cela après avoir parcouru la quasi-totalité de la commune de COCODY.
En outre, les planteurs ne sont pas mieux nantis. Le prix du cacao bord champ a chuté à 250f le kg selon le quotidien progouvernemental Fraternité Matin. Ce en dépit des soutiens massifs de la France, des Etats-Unis, de l’Union Européens, disent les mauvaises langues. ADO a-t-il la capacité de faire taire ces oiseaux de mauvais augures ? Certains vont plus loin pour dire que « Le Président de la République a réussi à faire payer les fonctionnaires ivoiriens grâce à un prêt de l’Union Européenne. Là ou l’ancien locataire du Palais s’est
acquitté du paiement des salaires avec les ressources nationales sans appuis extérieurs. » Fulmine un cacique de l’ancien régime qui piaffe d’impatience de voir cet économiste venu du FMI se « casser la figure ». On note ici que, comme ses prédécesseurs le Chef de l’Etat à marquer le coup en payant les fonctionnaires de Côte d’Ivoire, oubliant les plus de 400.000 travailleurs du privé qui cumulent pour certains plus de 5 mois d’arriérés de salaire. Même s’il
faut saluer le décaissement de 6 Milliards de FCFA sur les 12 milliards attendus par le patronat, tout comme il faut encourager le déblocage des 15 milliards de FCFA dont 11 milliards pour les fournisseurs de l’Etat et 4 milliards pour soulager les Fondateurs des Grandes Ecoles, il n’en demeure pas moins que les travailleurs du privé et le secteur privé en général sont trop souvent les oublier de la République.
ADO va-t-il donner raison à tous ses détracteurs ? L’heure n’est certes pas au bilan, mais…
Lire la suite dans la Tribune de l’Economie n°50 du lundi 16 mai 2011
A priori, il n’y aurait pas de doute sur la capacité du Président Alassane OUATTARA à résoudre les difficultés dans lesquelles notre pays est englué depuis plus de dix ans. Contrairement à l’ancien Président toutes les organisations financières sous-régionales et internationales dont l’UEMOA, la BCEAO, la BM, le FMI, la BAD et toutes les banques commerciales apprécient son ascension à la magistrature suprême de la CI et semblent lui avoir déroulé le tapis rouge. En outre le Président ALASSANE est auréolé de toutes les
expériences de la Haute Finance Internationale. Ne se décrit-il pas comme Economiste-Financier et Banquier ?
Cependant, le démarrage du navire ivoire commandé par le désormais unique capitaine, se déroule dans des conditions plutôt chaotiques. Le Président doit jouer sur deux tableaux importants : celui de la réconciliation nationale et celui de la relance de l’économie. Car les ivoiriens de différentes catégories socioprofessionnelles ont d’énormes difficultés de divers ordres aujourd’hui. Citons quelques exemples : Mme K. LEOCADIE commerçante, dont le
seul compte est domicilié à la BICICI sur le boulevard Latrille face au 22è Arrondissement (Cocody-Angré) est désespérée. Et pour cause, cette agence de la BICICI est fermée depuis le déclenchement de la crise postélectorale. « Tous les matins je m’y rends dans l’espoir de voir cette succursale de la BICICI ouverte. J’ai pensée qu’avec ADO, les choses iraient plus vite. Je manque de tout. Mon commerce se meurt » Se lamente-t-elle. Propos confirmé
par M. KONAN J.L, Policier à la retraite. « A GAGNOA, ma banque n’est pas ouverte. On nous demande de venir à ABIDJAN. A ce jour 10 Mai 2011, je n’ai pas encore perçu ma pension. Mes collègues domiciliés à la SGBCI l’ont déjà perçu. A la BICICI, on nous demande d’aller à Abidjan. On demande à ceux de la COOPEC de se rendre à BAYOTA à plus de 30kms » se plaint-il. Plainte que confirme M. KOUAKOU, instituteur dans un village de Lakota. Il lui est également demandé de venir à Abidjan. Et pourtant on dénombre jusqu’à 18 barrages routiers de Lakota à Abidjan. A chaque barrage il faut payer 200 FCFA, soit presque 8000 FCFA en aller-retour en plus du transport qui est passé de 2000 à 3500 FCFA.
Il y a également que, les opérateurs économiques échaudés par les casses, les braquages musclés de leurs domiciles mais surtout de leurs entreprises sont frileux. Aussi ouvrent-ils les portes des entreprises tard et ferment tôt. Beaucoup d’entreprises ayant perdu brutalement leurs outils de production procèdent à des mises aux chômages techniques ou à des licenciements massifs du personnel. C’est le cas de la majorité des entreprises de la zone industrielle de Yopougon. La plupart des résidences hôtelières de Cocody ont été visitées par des pilleurs armés. Ils y ont emporté la literie, les ustensiles de cuisine, les
appareils électroménagers, les véhicules de liaison… Une amie française a vu son véhicule volé le mardi 10 mai dernier et au commissariat on lui réclame 20 000 FCFA pour faire une déclaration de perte…
Par ailleurs, la fermeture des cités universitaires bien que salutaire du fait du désordre qui y régnait, crée tout de même aussi d’énormes désagréments aux opérateurs des PME/ PMI riveraines. En effet, les restaurants, les cybercafés, les business center, les magasins spécialisés dans la vente des matériels et fournitures scolaires accusent le coup. Ce sont des emplois qui disparaissent. Ce sont les chômeurs qui augmentent. Le Président Alassane peut-il faire face à tout ce flot de chômeurs qui accroit de façon géométrique le nombre
des sans emplois alors que les entreprises ferment, licencient ou procèdent à des chômages techniques? Que devient alors l’ambitieux projet de 200.000 emplois par an ? En tout cas pour cette année, ce projet reste hypothéqué. La crise postélectorale oblige ADO à perdre 6 mois c’est à dire 100.000 emplois difficiles à réaliser à moins que cet ancien du FMI nous sorte un gris–gris dont lui seul a le secret pour calmer tous les pessimistes.
Que devient le projet un (1) CHU par an? Une université par an ? ADO n’est-il pas mal parti ? Ce projet à haute intensité de main d’œuvre donc pourvoyeur d’emploi est-il réalisable en
cette année ? Soyons réalistes…
Les soucis d’Ado ne s’arrêtent pas là. Le panier de la ménagère reste toujours « le sachet de la ménagère » pour emprunter cette expression à Mme KANDIA Camara, actuelle Ministre de l’Education Nationale, lors de la campagne électorale. De fait, le sac de riz oncle SAM de 25kg qui coûtait 9000 fcfa est en ce moment à 11000 fcfa. Le litre d’huile à 1300 fcfa au lieu de 1000 ou 850 fcfa. La cube Maggi étoile passe de 3 à 25 fcfa à 25 fcfa l’un. Le jumbo quant à lui est vendu à 50 fcfa l’un au lieu de 25 fcfa. Le gaz domestique est introuvable à Abidjan. Même si des bouteilles de PETROCI et PETRO IVOIRE abondent par intermittence, on a du mal à se procurer MOBIL, TOTAL, ORYX… Nous avons même été contraints de charger notre bouteille 12 kg à 12000f au lieu de 4500fcfa à la Riviera Palmeraie face à la maternité. Cela après avoir parcouru la quasi-totalité de la commune de COCODY.
En outre, les planteurs ne sont pas mieux nantis. Le prix du cacao bord champ a chuté à 250f le kg selon le quotidien progouvernemental Fraternité Matin. Ce en dépit des soutiens massifs de la France, des Etats-Unis, de l’Union Européens, disent les mauvaises langues. ADO a-t-il la capacité de faire taire ces oiseaux de mauvais augures ? Certains vont plus loin pour dire que « Le Président de la République a réussi à faire payer les fonctionnaires ivoiriens grâce à un prêt de l’Union Européenne. Là ou l’ancien locataire du Palais s’est
acquitté du paiement des salaires avec les ressources nationales sans appuis extérieurs. » Fulmine un cacique de l’ancien régime qui piaffe d’impatience de voir cet économiste venu du FMI se « casser la figure ». On note ici que, comme ses prédécesseurs le Chef de l’Etat à marquer le coup en payant les fonctionnaires de Côte d’Ivoire, oubliant les plus de 400.000 travailleurs du privé qui cumulent pour certains plus de 5 mois d’arriérés de salaire. Même s’il
faut saluer le décaissement de 6 Milliards de FCFA sur les 12 milliards attendus par le patronat, tout comme il faut encourager le déblocage des 15 milliards de FCFA dont 11 milliards pour les fournisseurs de l’Etat et 4 milliards pour soulager les Fondateurs des Grandes Ecoles, il n’en demeure pas moins que les travailleurs du privé et le secteur privé en général sont trop souvent les oublier de la République.
ADO va-t-il donner raison à tous ses détracteurs ? L’heure n’est certes pas au bilan, mais…
Lire la suite dans la Tribune de l’Economie n°50 du lundi 16 mai 2011