La secrétaire générale du Syndicat national des travailleurs d'Air Ivoire (Syntai), Mme Soumaré Karidia, expose, ici, les raisons de la mise sous le paillon des clés de la compagnie aérienne Air Ivoire.
Est-ce vrai que les agents de Air Ivoire vivent le calvaire ?
Oui, l'information est juste. Le calvaire que les agents vivent depuis un certain moment est la résultante d'une mauvaise gestion qui a entraîné une tension de trésorerie et une absence de logistique avec le retrait des avions. Cela a eu pour conséquences presque la mise en chômage technique des agents qui vivent depuis quatre mois sans salaire.
Combien d'agents comptent Air Ivoire ? Quel est le nombre des agents mis en chômage technique ?
Nous sommes 435 agents. Tout le monde sauf le directeur.
Les dirigeants sont-ils en place en ce moment et avez-vous accepté la décision de licenciement collectif ?
Je tiens à souligner que nous avons refusé le chômage technique parce que nous estimons que nous ne sommes pas les responsables de la mauvaise gestion. Nous avons donc refusé le chômage technique et la direction a approuvé.
Expliquez-nous ce qui est à la base de la mauvaise gestion dont vous parliez plus haut !
La mauvaise gestion est multiforme. Elle a commencé en 2002. Nous avons commencé avec 3 Fokker 28 et tout se passait bien. En 2004, la direction a décidé de renforcer la flotte par l'acquisition d'un nouvel avion, un airbus A 321 qui est un bel outil doté d'une technologie de pointe.
Malheureusement, les charges locatives de cet avion nous faisaient perdre près de 500 millions de F par mois. Malgré cela, la compagnie l'a maintenu jusqu'à l'arrivée de Koné Dossongui puisqu'après le consortium composé d'Air France et de certains actionnaires qui s'étaient retirés, l'Etat a décidé de confier la gestion à des nationaux.
M. Dossingui s'est donc présenté fin 2007, début 2008. Avec lui, il a envoyé le groupe Cfi aérien qui, semble-t-il, était habilité à gérer les questions aériennes. Ceux-ci ont fait appel à Lufthansa consulting. Mais en réalité, c'était encore de l'arnaque. Ils ont envoyé trois Boeing qui étaient vraiment en mauvais état et qui a donc creusé davantage la trésorerie. On a vu M. Dossongui qui voulait asservir Air Ivoire pour mieux la servir, mais en fait, ce n'était pas un gestionnaire. Plusieurs fois, nous avons attiré son attention sur les dérives de ses directeurs. Mais il a fait la sourde oreille. La conséquence, c'est cette situation désastreuse que l'on vit. Même les administrateurs dont Chantal Fanny Moh Elloh qui étaient là pour jouer leur rôle pleinement demandaient des pots-de-vin pour pouvoir dégoter des capitaux. M. Dossongui est venu plus creuser le trou financier qu'il ne le fallait. Avec l'arrivée de Lufthansa consulting, il y a eu un trou de 12 milliards en ce sens que l'assistant de M. Hans Maria touchait 2500 euros par jour quand les autres directeurs allemands même qui ne faisaient rien touchaient 26 millions F par mois et ce groupe Lufthansa consulting nous coûtait la bagatelle somme de 40 millions par semaine en frais d'hébergement seulement. Cela a duré deux ans. Que pouvions-nous donc espérer de plus ? Sinon l'agonie de la Côte d'Ivoire. Je pense que cela a été programmé et calculé. Dossongui est venu pour mieux asservir Air Ivoire que la servir pour renflouer la flotte. L'Etat a décidé puisqu'il a dit qu'étant actionnaire majoritaire, il était à bout de souffle. Petroci a donc été appelé en renfort. Avec l'arrivée de Petroci, un capital de 10 milliards a été dégoté et malheureusement dilapidé par la suite. Dossongui s'est emparé de 5 milliards et Chantal Fanny Moh Elloh pour dégoter ce capital, a demandé la bagatelle somme de 130 millions F. Ce sont toutes ces dérives que nous avons dénoncées. Les conséquences aujourd'hui, c'est que nous sommes à la rue et sans salaire depuis 4 mois.
Le syndicat a-t-il interpellé, dans les normes, le Conseil d'administration et sa présidente, Henriette Lagou, sur ces dérives ?
Oui ! Madame Lagou Henriette n'était que de nom puisque nous l'avons interpellé à plusieurs reprises. Je crois qu'il y avait une tension entre la Direction générale et elle. Elle a eu à nous dire qu'elle ne vient pas assister au Conseil de direction convoqué par M. Dossongui. Nous aurions souhaité qu'elle démissionne parce qu'elle est l'interface entre le gestionnaire et l'Etat. Elle n'a pas joué son rôle et nous l'accusons aussi pour cela. Je l'accuse car elle est, comme je l'ai dit tantôt, l'interface entre la Direction générale et les actionnaires. Elle n'a pas joué pleinement son rôle au motif qu'elle ne s'entendait pas avec Dossongui. Elle devait en principe démissionner.
Face à cette situation, quelle action menez-vous et qu'attendez-vous des nouvelles autorités ?
Des nouvelles autorités, nous attendons qu'elles se penchent sur notre situation, c'est-à-dire l'apurement de nos arriérés de salaire de 4 mois parce que nous avons des charges fixes, de la famille à nourrir et vraiment nous vivons un calvaire. Je sais que cette compagnie est morte. Il est question de création d'une nouvelle compagnie et ce que je demande, c'est le transfert du personnel dans la nouvelle société avec tous les acquis, c'est-à-dire l'ancienneté et tous les avantages. Nous souhaitons vivement que nos salaires soient réglés car nous vivons un calvaire.
Alors pourquoi, on ne pourrait pas remettre sur pied Air Ivoire et changer les dirigeants ?
Cette compagnie n'est plus viable parce qu'elle traîne une dette lourde de 39 milliards de francs Cfa. Sa direction a montré ses carences et ses incompétences. Cela m'étonnerait que l'actionnaire qui arrive, prenne en compte cette lourde dette. Je pense qu'il revient à l'Etat de forcer M. Dossongui à reconnaître sa dette parce que c'est lui qui a nommé sa Direction générale et qui a fait cette dérive financière. On a plusieurs fois attiré son attention là-dessus, donc assume la gestion désastreuse de sa Direction générale.
Quelle peut-être la solution pour les arriérés de salaire ?
La solution, c'est que M. Dossongui qui est actionnaire majoritaire paie une quotte part, c'est-à-dire 3 mois et que l'Etat qui est actionnaire à 49,5% paie un mois pour nous soulager. L'Etat sait comment mettre la pression sur M. Dossongui pour apurer toutes ces dettes-là.
Revenons sur les difficultés. En aviez-vous informé l'Etat ?
Nous sommes allés voir l'ancien ministre du Transport qui nous a interpellés en ces termes : "Avec tout ce qui se passe, que fait Mme Henriette Lagou ?" On lui a dit qu'on l'a interpellée plusieurs fois, nous avons eu des réunions avec elle et elle nous a fait savoir qu'elle ne s'occupait pas de la gestion parce qu'elle a été, à plusieurs reprises, confrontée à M. Dossongui avec qui elle n'était pas d'accord. Je pense qu'on l'a nommée parce qu'il lui fallait une chute. Elle n'a pas de connaissance en aéronautique, ce qui fait que quand il s'agit de prises de décisions dans ce domaine, elle se heurte à sa méconnaissance. Puisqu'elle ne savait pas grand-chose du domaine ; il y a eu des contrats au contour nébuleux qui se sont tramés et qui ont coûté à la société ce qu'on connait aujourd'hui. Tous les contractants ont plus pensé à leur poche qu'à la société en signant. Et elle, n'ayant pas une grande connaissance dans les questions aéronautiques, elle a été grugée, je pense. Mais il fallait qu'elle démissionne et qu'elle se trouve un cabinet compétent pour la guider dans ce sens.
Etait-ce donc l'impunité à Air Ivoire ?
C'était l'impunité, la dérive et le laxisme total à Air Ivoire. S'il n'y avait pas l'impunité, il n'y aurait pas eu cette dérive. J'accuse M. Dossongui, M. François Emmanuel, M. Loukou Laurent, M. Ottro Joachim qui est le Dga, j'accuse M. Soro Gnologo qui est le Daf. C'est cette bande de fossoyeurs qui ont causé à Air Ivoire cette névrose financière. Ils sont tous responsables y compris des administrateurs tels que Henriette Lagou et Chantal Fanny Moh Elloh qui n'hésitent à se faire payer des pots-de-vin pour assumer leur propre rôle.
Allez-vous donner une suite judiciaire à cette affaire ?
Nous avons déjà engagé une action judiciaire contre la Direction générale pour détournement et abus de biens sociaux.
Entretien réalisée par Parfait Tadjau
Coll : CRA
Est-ce vrai que les agents de Air Ivoire vivent le calvaire ?
Oui, l'information est juste. Le calvaire que les agents vivent depuis un certain moment est la résultante d'une mauvaise gestion qui a entraîné une tension de trésorerie et une absence de logistique avec le retrait des avions. Cela a eu pour conséquences presque la mise en chômage technique des agents qui vivent depuis quatre mois sans salaire.
Combien d'agents comptent Air Ivoire ? Quel est le nombre des agents mis en chômage technique ?
Nous sommes 435 agents. Tout le monde sauf le directeur.
Les dirigeants sont-ils en place en ce moment et avez-vous accepté la décision de licenciement collectif ?
Je tiens à souligner que nous avons refusé le chômage technique parce que nous estimons que nous ne sommes pas les responsables de la mauvaise gestion. Nous avons donc refusé le chômage technique et la direction a approuvé.
Expliquez-nous ce qui est à la base de la mauvaise gestion dont vous parliez plus haut !
La mauvaise gestion est multiforme. Elle a commencé en 2002. Nous avons commencé avec 3 Fokker 28 et tout se passait bien. En 2004, la direction a décidé de renforcer la flotte par l'acquisition d'un nouvel avion, un airbus A 321 qui est un bel outil doté d'une technologie de pointe.
Malheureusement, les charges locatives de cet avion nous faisaient perdre près de 500 millions de F par mois. Malgré cela, la compagnie l'a maintenu jusqu'à l'arrivée de Koné Dossongui puisqu'après le consortium composé d'Air France et de certains actionnaires qui s'étaient retirés, l'Etat a décidé de confier la gestion à des nationaux.
M. Dossingui s'est donc présenté fin 2007, début 2008. Avec lui, il a envoyé le groupe Cfi aérien qui, semble-t-il, était habilité à gérer les questions aériennes. Ceux-ci ont fait appel à Lufthansa consulting. Mais en réalité, c'était encore de l'arnaque. Ils ont envoyé trois Boeing qui étaient vraiment en mauvais état et qui a donc creusé davantage la trésorerie. On a vu M. Dossongui qui voulait asservir Air Ivoire pour mieux la servir, mais en fait, ce n'était pas un gestionnaire. Plusieurs fois, nous avons attiré son attention sur les dérives de ses directeurs. Mais il a fait la sourde oreille. La conséquence, c'est cette situation désastreuse que l'on vit. Même les administrateurs dont Chantal Fanny Moh Elloh qui étaient là pour jouer leur rôle pleinement demandaient des pots-de-vin pour pouvoir dégoter des capitaux. M. Dossongui est venu plus creuser le trou financier qu'il ne le fallait. Avec l'arrivée de Lufthansa consulting, il y a eu un trou de 12 milliards en ce sens que l'assistant de M. Hans Maria touchait 2500 euros par jour quand les autres directeurs allemands même qui ne faisaient rien touchaient 26 millions F par mois et ce groupe Lufthansa consulting nous coûtait la bagatelle somme de 40 millions par semaine en frais d'hébergement seulement. Cela a duré deux ans. Que pouvions-nous donc espérer de plus ? Sinon l'agonie de la Côte d'Ivoire. Je pense que cela a été programmé et calculé. Dossongui est venu pour mieux asservir Air Ivoire que la servir pour renflouer la flotte. L'Etat a décidé puisqu'il a dit qu'étant actionnaire majoritaire, il était à bout de souffle. Petroci a donc été appelé en renfort. Avec l'arrivée de Petroci, un capital de 10 milliards a été dégoté et malheureusement dilapidé par la suite. Dossongui s'est emparé de 5 milliards et Chantal Fanny Moh Elloh pour dégoter ce capital, a demandé la bagatelle somme de 130 millions F. Ce sont toutes ces dérives que nous avons dénoncées. Les conséquences aujourd'hui, c'est que nous sommes à la rue et sans salaire depuis 4 mois.
Le syndicat a-t-il interpellé, dans les normes, le Conseil d'administration et sa présidente, Henriette Lagou, sur ces dérives ?
Oui ! Madame Lagou Henriette n'était que de nom puisque nous l'avons interpellé à plusieurs reprises. Je crois qu'il y avait une tension entre la Direction générale et elle. Elle a eu à nous dire qu'elle ne vient pas assister au Conseil de direction convoqué par M. Dossongui. Nous aurions souhaité qu'elle démissionne parce qu'elle est l'interface entre le gestionnaire et l'Etat. Elle n'a pas joué son rôle et nous l'accusons aussi pour cela. Je l'accuse car elle est, comme je l'ai dit tantôt, l'interface entre la Direction générale et les actionnaires. Elle n'a pas joué pleinement son rôle au motif qu'elle ne s'entendait pas avec Dossongui. Elle devait en principe démissionner.
Face à cette situation, quelle action menez-vous et qu'attendez-vous des nouvelles autorités ?
Des nouvelles autorités, nous attendons qu'elles se penchent sur notre situation, c'est-à-dire l'apurement de nos arriérés de salaire de 4 mois parce que nous avons des charges fixes, de la famille à nourrir et vraiment nous vivons un calvaire. Je sais que cette compagnie est morte. Il est question de création d'une nouvelle compagnie et ce que je demande, c'est le transfert du personnel dans la nouvelle société avec tous les acquis, c'est-à-dire l'ancienneté et tous les avantages. Nous souhaitons vivement que nos salaires soient réglés car nous vivons un calvaire.
Alors pourquoi, on ne pourrait pas remettre sur pied Air Ivoire et changer les dirigeants ?
Cette compagnie n'est plus viable parce qu'elle traîne une dette lourde de 39 milliards de francs Cfa. Sa direction a montré ses carences et ses incompétences. Cela m'étonnerait que l'actionnaire qui arrive, prenne en compte cette lourde dette. Je pense qu'il revient à l'Etat de forcer M. Dossongui à reconnaître sa dette parce que c'est lui qui a nommé sa Direction générale et qui a fait cette dérive financière. On a plusieurs fois attiré son attention là-dessus, donc assume la gestion désastreuse de sa Direction générale.
Quelle peut-être la solution pour les arriérés de salaire ?
La solution, c'est que M. Dossongui qui est actionnaire majoritaire paie une quotte part, c'est-à-dire 3 mois et que l'Etat qui est actionnaire à 49,5% paie un mois pour nous soulager. L'Etat sait comment mettre la pression sur M. Dossongui pour apurer toutes ces dettes-là.
Revenons sur les difficultés. En aviez-vous informé l'Etat ?
Nous sommes allés voir l'ancien ministre du Transport qui nous a interpellés en ces termes : "Avec tout ce qui se passe, que fait Mme Henriette Lagou ?" On lui a dit qu'on l'a interpellée plusieurs fois, nous avons eu des réunions avec elle et elle nous a fait savoir qu'elle ne s'occupait pas de la gestion parce qu'elle a été, à plusieurs reprises, confrontée à M. Dossongui avec qui elle n'était pas d'accord. Je pense qu'on l'a nommée parce qu'il lui fallait une chute. Elle n'a pas de connaissance en aéronautique, ce qui fait que quand il s'agit de prises de décisions dans ce domaine, elle se heurte à sa méconnaissance. Puisqu'elle ne savait pas grand-chose du domaine ; il y a eu des contrats au contour nébuleux qui se sont tramés et qui ont coûté à la société ce qu'on connait aujourd'hui. Tous les contractants ont plus pensé à leur poche qu'à la société en signant. Et elle, n'ayant pas une grande connaissance dans les questions aéronautiques, elle a été grugée, je pense. Mais il fallait qu'elle démissionne et qu'elle se trouve un cabinet compétent pour la guider dans ce sens.
Etait-ce donc l'impunité à Air Ivoire ?
C'était l'impunité, la dérive et le laxisme total à Air Ivoire. S'il n'y avait pas l'impunité, il n'y aurait pas eu cette dérive. J'accuse M. Dossongui, M. François Emmanuel, M. Loukou Laurent, M. Ottro Joachim qui est le Dga, j'accuse M. Soro Gnologo qui est le Daf. C'est cette bande de fossoyeurs qui ont causé à Air Ivoire cette névrose financière. Ils sont tous responsables y compris des administrateurs tels que Henriette Lagou et Chantal Fanny Moh Elloh qui n'hésitent à se faire payer des pots-de-vin pour assumer leur propre rôle.
Allez-vous donner une suite judiciaire à cette affaire ?
Nous avons déjà engagé une action judiciaire contre la Direction générale pour détournement et abus de biens sociaux.
Entretien réalisée par Parfait Tadjau
Coll : CRA