Un mois après l'appel de la ministre de l'Education nationale pour la reprise des cours, force est de constater que cet appel reste lettre morte à Bondoukou. Dans la ville aux mille mosquées, de nombreux enseignants des deux lycées et de l'école primaire Camp militaire usent d'arguments divers pour ne pas se présenter devant leurs élèves. Selon des sources bien introduites, ces enseignants qui se reconnaissent de LMP de l'ex-président disent ne pas reconnaître l'autorité de Mme Kandia Camara. Aussi le travail d'encadrement des élèves est-il tout simplement boycotté par ces dispensateurs du savoir qui utilisent plusieurs stratégies. De sources proches des deux lycées et de l'EPP camp militaire, les professeurs et instituteurs qui s'adonnent à cette pratique arrivent exprès en retard pour ne se présenter que 30 minutes devant leurs élèves. Ou encore, quand ils sont présents dans leurs établissements, ils préfèrent deviser calmement dans la cour de l'école, sous les arbres pour ensuite regagner leur domicile une fois leur heure de descente sonnée. Beaucoup d'autres prennent régulièrement le prétexte de rendre visite à leurs familles réfugiées à Sampa au Ghana pour manquer les cours pendant plusieurs jours. Pour effacer toute trace de leurs manquements, ces indélicats n'hésitent pas à faire disparaître les cahiers de textes. Cette situation, qui ne profite guère aux élèves, semble bénéficier de la caution tacite des chefs d'établissement qui sont régulièrement absents de leur poste souvent pour plusieurs semaines quand il n'arrivent pas avec beaucoup de retard dans leurs écoles comme c'était le cas ce vendredi où jusqu'à 9 heures, aucun des censeurs n'était signalé au lycée 2 de Bondoukou. Bien plus, le rapport exigé par la hiérarchie pour faire l'état des présences est souvent tronqué s'il n'est tout simplement pas bloqué par les responsables locaux de l'éducation nationale. Cette situation est rendue encore plus aisée pour les enseignants absentéistes que le Dren du Zanzan, Kambiré Charles, qui a quitté la ville lors de sa prise par les FRCI n'y est pas retourné depuis. Les deux secrétaires généraux de la Dren non plus ne semblent faire des efforts pour juguler le problème qui inquiète les populations. La colère est donc palpable. « Si ces collègues qui refusent d'assurer les cours avaient été en grève légale, personne ne se serait plaint. Mais ce n'est pas le cas. Pourquoi mélanger un problème politique au travail pour lequel vous êtes payés ? Et ils narguent les autres enseignants en disant que malgré leurs absences notoires, leur salaire ne sera jamais suspendu. Le plus grave, c'est que ce sont les élèves qui sont les victimes expiatoires de ces personnes qui déstabilisent l'école », a confié un enseignant au lycée 1 de Bondoukou.
Armand Déa, correspondant
Armand Déa, correspondant