x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le lundi 30 mai 2011 | L’expression

Les mères parlent au Président Ouattara

Minata Koné, tenancière de restaurant
« Que le président continue la gratuité des soins médicaux»
Je souhaite d’abord une très bonne fête des mères aux mamans du monde entier. Mon vœu le plus cher est que le président Ouattara sorte tous les jeunes gens diplômés du chômage et qu’il fasse de telle sorte que la gratuité des soins et actes médicaux continue. On espère aussi qu’il aura assez de force et de courage pour accomplir cette tâche car ce n’est pas du tout aisé. Nous ne lui demandons pas un miracle mais une amélioration progressive car il a encore cinq voire peut-être 10 ans de gouvernance. Que notre président n’oublie cependant pas le grand rôle que les femmes ont joué dans la prise de pouvoir. Notamment les femmes qui sont tombées à Abobo parmi lesquelles se trouvait une de mes belles-sœurs. Mais compte tenu de la dynamique de réconciliation du président de la République, j’ai pardonné. Qu’il revoie aussi le racket car il y a maintenant trop de tracasseries routières et je pourrais dire sans risque de me tromper, car je suis commerçante et je sais de quoi je parle, que cela est pire qu’avant.

Fa Touahio Philomène, commerçante à Abobo
«Nous voulons avoir des Agr»
Je voudrais d’abord souligner que c’est le président de tous les Ivoiriens et non celui d’un groupe ethnique particulier. Ensuite, on aspire surtout à une paix durable car pour qu’il y ait relance économique et pour que tout le monde puisse manger à sa faim, la condition sine qua none, c’est la paix. Nous les femmes, et surtout les commerçantes, avons besoin d’argent pour former des coopératives ou avoir des Activités génératrices de revenus (Agr) pour être autonomes financièrement. On souhaite donc que le chef de l’Etat puisse nous allouer une certaine somme pour qu’on se prenne en charge. Je le félicite aussi pour son esprit de réconciliation car j’ai perdu mon mari dans les affrontements et j’ai deux enfants à ma charge. J’en avais gros sur le cœur mais j’ai décidé de pardonner et d’aller de l’avant.

3- Anne Oulotto, porte-parole du président de la République
« Les femmes doivent être des combattantes de la justice »
Je souhaite une bonne fête des mères à toutes les femmes. Les femmes sont des donneuses de vie et ce sont les femmes qui accompagnent les hommes. Elles doivent donc être au devant de la scène. Nous sommes venus par ailleurs dans la famille de nos sœurs qui sont tombées lors de la marche du 3 mars. Les femmes sont des combattantes, éprises de justice. Et nos sœurs sont mortes pour la justice.

Touré Korotom, femmes d’affaires
« Les femmes doivent être mises en avant pour lutter contre la pauvreté »
On souhaite que le président de la République améliore les conditions de vie des Ivoiriens. La jeunesse ivoirienne a surtout besoin d’éducation. Il faut qu’il porte son action surtout sur les jeunes et les femmes. Les Ivoiriens ont besoin de formation et la jeunesse a besoin d’occupation. Les femmes sont le socle de la famille, on souhaiterait donc qu’il y ait un programme pour les femmes car c’est à nous qu’il doit son fauteuil présidentiel. Qu’il alloue un fonds aux femmes pour qu’elles entreprennent et qu’elles se prennent en charge. Car quand une femme se prend en charge, c’est toute la famille qui est prise en charge et cela fera reculer le seuil de la pauvreté. On attend beaucoup de lui, qu’ils laissent les femmes aller de l’avant, surtout les femmes des hameaux. Que le président se rapproche du peuple, qu’il ne s’arrête pas dans la bourgeoisie car les vraies battantes sont dans le peuple.

5-Coulibaly Abiba, commerçante
«Que les femmes soient majoritaires dans le gouvernement»
Les femmes ont beaucoup souffert de cette crise. On souhaiterait que les femmes fassent partie en grande majorité de son gouvernement. Qu’il donne du travail aux jeunes diplômés qui vivotent et qui attendent depuis 10 ans. Nos filles aussi ont souffert. Que le président Ouattara crée des structures qui peuvent prendre en charge les jeunes filles.

6- Bailly Mawa
« Nous ne voulons pas d’une réconciliation superficielle »
C’est une occasion pour souhaiter une bonne fête des mères à toutes les mamans de Côte d’Ivoire car nous revenons de très loin. On doit rendre grâce à Dieu pour la possibilité que nous avons de célébrer la fête des mères en dépit de tout ce qui s’est passé et rendre hommage à la mémoire de toute les mères qui sont tombées et de toutes les femmes qui ont disparu. C’est une occasion de réflexion pour interpeller toutes les mamans de Côte d’Ivoire. En tant que femmes et mères, nous avons notre part de responsabilité dans la crise. Il aurait fallu peut-être que les femmes puissent constituer une sorte de force pour ramener les hommes politiques à la raison, pas en tant que femmes de partis mais en tant que femmes de Côte d’Ivoire, et en tant que mères. J’espère qu’à l’avenir nous pourrons nous départir de nos idéologies pour être des mères face à des situations qui peuvent conduire à des drames comme celui que nous avons vécu en Côte d’Ivoire. Je pense que la réconciliation est quelque chose de difficile et de long, je souhaite que ce ne soit pas seulement des actions d’éclat mais une analyse en profondeur des maux de la société ivoirienne pour une réconciliation vraie, et qu’on pose les problèmes de fond. Qu’on ne soit plus dans une logique de réconciliation superficielle qui pourra déboucher sur d’autres crises.

7- Touré Fatim, responsable Rfr Williamsville
«Nous voulons des personnes intègres à la tête des microprojets»
Je voudrais d’abord féliciter le président Ouattara pour son élection à la tête de ce pays. C’est pour nous qu’il a décidé d’être président. Mais cela ne doit pas nous empêcher de lui dire certaines choses. Il y a une certaine mafia qui se constitue à certaines occasions autour de lui. Nous prenons pour preuve les actions désagréables qui se sont passées pendant la campagne, et dans le partage des tee-shirts. Ces tee-shirts qui devaient être distribués gratuitement ont, pour la majorité, été vendus aux militants. Ensuite est venu le problème des pagnes du Rdr et du Rhdp qui devaient être vendus à 7.500 Fcfa. Et nous étions à la réunion lorsqu’on nous a dit que les pagnes se vendaient à 7.500 Fcfa à la maison du Pdci et sur les marchés au cas où des commerçants voudraient les vendre. A notre grande surprise, les pagnes n’étaient pas aux lieux de vente indiqués. Et sur le marché les trois morceaux de pagne étaient vendus à 9.000, 10.000 voire 12.000 Fcfa. Je voudrais interpeller le président de la République, et lui dire qu’il n’est plus le président du Rdr mais celui de tous les Ivoiriens. Il a établi un programme de société et les femmes s’y retrouvent. Il a promis de mettre 100 milliards de Fcfa pour créer des microprojets. Il faudrait qu’il mette à la tête de ces projets, des gens intègres afin que les femmes qui ont payé un lourd tribut à cette crise puissent en bénéficier. Ce sera le plus beau cadeau qu’il puisse faire aux femmes.
8- Constance Yaï, société civile
«Qu’il y ait une parité du genre dans la gestion des institutions»
La célébration de la fête des mères en cette période revêt pour moi un sens bien particulier, celui de la reconstruction post crise. La Côte d’Ivoire sort d’un traumatisme très profond et nous appartenons à des sociétés où la femme est mère d’emblée. Vous n’ignorez pas que cette crise qui a éprouvé tous les Ivoiriens a éprouvé davantage la gent féminine. Les femmes ont payé ce qu’il y avait de plus cher : leur vie. On sait aussi la détresse qui a été celle des mères lorsque dans le cadre de la répression des militants politiques, l’on est venu chercher nuitamment ou au grand jour leurs enfants et je me souviens encore de ce que j’ai lu récemment dans la presse où cette maman a sauvé la vie de son fils en refusant de le laisser partir seul. Ces leçons et exemples de courage sont à méditer. Et je pense qu’au vu de tout ceci, nous avons des raisons de commémorer la femme aujourd’hui. Malheureusement, nous le faisons dans des conditions difficiles parce que nous subissons encore le contre coup de la crise de laquelle nous sortons parce que nous n’avons pas tous le même niveau de résistance à la douleur si bien que parmi nous il y a des traumatisés, il y a des personnes qui ne sont pas encore remises des violences qu’elles ont vues ou qu’elles ont subies. Je voudrais saluer les hommes, nos compagnons de toujours qui ont compris que nous ne pouvons parcourir ce chemin seules, ces hommes qui acceptent de taire leur égoïsme parce qu’ils ont compris que la société ne peut pas se construire en s’appuyant sur un seul pied et que c’est ensemble que nous pouvons construire la cohésion nationale dans ce pays et que la Côte d’Ivoire en a besoin. Et pour que cette cohésion aboutisse, il faut qu’hommes et femmes, jeunes et vieux, nous comprenions que nous devons panser ensemble nos blessures, que nous acceptions enfin que l’un puisse être différent de l’autre. Et le président de la République doit comprendre qu’à défaut de diriger un pays avec des institutions dirigées à moitié par les hommes et l’autre moitié par les femmes, il pourra faire une parité en faveur des femmes, 60% pour les femmes et 40% pour les hommes.

Touré Y. et Napargalè M.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ