La presse de l'opposition n'a pas disparu. Elle a commencé à paraître. Charles
Blé Goudé, le Génie de Kpo, le général de la rue, n'est pas mort. Il a parlé
dans la presse. L'on a cru entendre sa voix sur une radio internationale. Il est
donc vivant. Dieu merci ! Personne, en tout cas pas nous, n'a souhaité que
l'harangueur public, le patron de la galaxie patriotique disparaisse dans le
cafouillage. Personne, en tout cas pas les professionnels, n'a souhaité que la
presse qui a promu et soutenu le régime de Laurent Gbagbo, ne soit affiché sur
le tableau des « titrologues ». Presque tous les acteurs principaux de la crise qui
a fortement secoué notre pays dans ses fondements, sont en vie. Personne ne
peut donc mentir sur leur compte. Comme eux, non plus, ne peuvent travestir
la vérité. Devant Dieu, devant les hommes et devant l'histoire, nous allons
ensemble remonter le temps en nous regardant droit dans le blanc de l'œil.
Ainsi donc, le titre phare des journaux de l'opposition, paraît depuis quelques
jours. C'est ce que nous demandions à ses animateurs. Nous leur rappelions
qu'avant eux, des titres qui ne soutenaient pas leur régime ont été plusieurs
fois détruits. Leurs locaux incendiés à plusieurs occasions. Leurs imprimeries
rendues en cendres maintes fois. Quand ces malheurs frappaient ces confrères,
ils n'ont pas bénéficié du soutien, ne serait-ce que moral, de leur part. Ils ( ces
confrères) n'ont pas attendu réparation de l'Etat avant de refaire surface, « à
leurs risques et périls », comme leur disait le ministre de la refondation qui, à
l'époque, avait en charge la Communication. Encore que ces confrères au temps
de la refondation avaient été victimes d'expéditions punitives de la part des
gros bras entretenus par le régime. Or, ceux qui sont revenus dans l'opposition
ont subi les effets collatéraux d'une guerre réelle comme tant d'entreprises et
de foyers. Il ne servait donc à rien d'arpenter les rédactions pour que le monde
entier s'apitoie sur un sort qui n'était pas unique. Cette presse qui revient et
qui retourne dans l'opposition, milieu dans lequel elle est née, peut être utile
à la réconciliation, utile au pays. Dans un système multipartiste, il faut bien
que chaque opinion trouve un espace d'expression. La presse revenue dans
l'opposition, pour remplir sa mission, occuper sa place, ne doit pas oublier que
le journalisme est une profession qui a des règles qu'il faut respecter. Les faits
sont sacrés, il ne faut pas les déformer. Les commentaires sont libres mais pas
libertaires. Il ne faut pas parler ou écrire, simplement, pour nuire.
Le journaliste critique ou dénonce en restant courtois, mesuré dans ses propos
parce qu'il ne détient pas la vérité absolue. Certains animateurs de la nouvelle
presse de l'opposition étaient déjà dans la profession quand Alassane Ouattara
était Premier ministre. Ils savent très bien qu'en son temps, les journalistes
n'ont pas vécu dans la terreur. Si certains d'entre eux ont connu la prison
conformément aux dispositions légales de l'époque, personne d'entre eux n'a
connu le sort de Jean Hélène ou de Guy André Kieffer. Si donc dans cette Côte
d'Ivoire nouvelle, chacun joue son rôle avec responsabilité, la réconciliation ne
sera pas un vain mot.
Ainsi donc, Blé Goudé n'est pas mort. Il vit, il a parlé. Celui qui souhaite la mort
à son pire ennemi, n'est pas digne de respect. Heureux donc que Blé Goudé soit
en vie. Dieu a voulu qu'il ne parte pas rejoindre dans l'au-delà ceux que son
discours et peut-être ses actes, ont conduits sous terre. Que l'Eternel soit loué !
L'ancien ministre nous avait dit qu'il n'était pas un fuyard. Or, depuis la capture
de Laurent Gbagbo, le 11 avril, personne ne l'a vu. Et c'est maintenant qu'il ose
parler depuis une cachette. Blé Goudé, en réalité, n'était pas aussi brave que
cela. Comme il est parti depuis des semaines, apprenons-lui que les Ivoiriens
sont fatigués des faux braves et des discours de division. Ils veulent se
réconcilier et vivre paisiblement. Laurent Gbagbo n'a pas pu ou su ramener la
paix dans le pays. Pendant dix ans avec lui, les Ivoiriens ont couru derrière une
réconciliation qui n'a même pas connu un début. Avec Gbagbo, les Ivoiriens
ont vécu des horreurs. Ils ont appris à enjamber des cadavres sans s'émouvoir.
Ils ont pratiqué le supplice du collier, brûlant vif des nationaux et des étrangers
sans état d'âme. La cruauté a atteint des sommets qui ont rendu le pays indigne
des nations civilisées. Ce passé récent est traumatisant et honteux. Un choix
politique se juge à ses résultats. Le bilan du règne de Gbagbo, c'est la guerre et
la ruine du pays. Ses partisans dont Blé Goudé et lui, nous ont ramenés à un
débat qui avait été tranché en 1958 par nos parents et nos aïeux. Ils avaient voté
oui au référendum proposé par Charles De Gaulle en suivant Félix Houphouët-
Boigny. Houphouët lui-même, avec son parti, le PDCI-RDA était sorti
vainqueur des élections législatives démocratiques, pendant lesquelles, Gbagbo
l'historien le sait,
n'était pas le candidat des colons. Et l'on a vu à quel niveau
de développement le « Oui » d'Houphouët a hissé la Côte d'Ivoire qui était alors,
parmi les dernières des économies des colonies françaises à l'époque, de la sous-
région. Le peuple de Côte d'Ivoire qui a de la mémoire et qui est conséquent
avec lui-même a voté à 60%, en réalité, pour Alassane Ouattara qui a opté,
ouvertement, de revenir au choix initial de 1958. Plutôt la coopération que la
guéguerre avec l'occident. Blé Goudé et ses amis ne doivent pas faire comme si
Laurent Gbagbo avait été victime d'un coup d'Etat ou si sa victoire lui avait été
volée. La présidentielle de 2010 a été démocratique. Gbagbo l'a perdue.
Ouattara l'a remportée. Celui qui nie cette réalité, s'il est Ivoirien, n'est pas un
démocrate. S'il n'est pas Ivoirien, il ne connaît pas la Côte d'Ivoire. Si Blé
Goudé n'est pas un fuyard, qu'il sorte du furet et vienne défendre ses thèses
devant la nation. En attendant, qu'il sache que la police continue de découvrir
les corps des personnes enlevées par des individus nourris à la sève
empoisonnée de son discours. Cette Côte d'Ivoire de viols, de vols, de tueries,
de palabres interminables, de discordes inutiles et de l'impunité doit disparaître
pour le bonheur des Ivoiriens. C'est la mission confiée à Alassane Ouattara par
le pays. Il s'y emploie. Il réussira.
Raphaël Lakpé
raphlakpe@yahoo.fr
Blé Goudé, le Génie de Kpo, le général de la rue, n'est pas mort. Il a parlé
dans la presse. L'on a cru entendre sa voix sur une radio internationale. Il est
donc vivant. Dieu merci ! Personne, en tout cas pas nous, n'a souhaité que
l'harangueur public, le patron de la galaxie patriotique disparaisse dans le
cafouillage. Personne, en tout cas pas les professionnels, n'a souhaité que la
presse qui a promu et soutenu le régime de Laurent Gbagbo, ne soit affiché sur
le tableau des « titrologues ». Presque tous les acteurs principaux de la crise qui
a fortement secoué notre pays dans ses fondements, sont en vie. Personne ne
peut donc mentir sur leur compte. Comme eux, non plus, ne peuvent travestir
la vérité. Devant Dieu, devant les hommes et devant l'histoire, nous allons
ensemble remonter le temps en nous regardant droit dans le blanc de l'œil.
Ainsi donc, le titre phare des journaux de l'opposition, paraît depuis quelques
jours. C'est ce que nous demandions à ses animateurs. Nous leur rappelions
qu'avant eux, des titres qui ne soutenaient pas leur régime ont été plusieurs
fois détruits. Leurs locaux incendiés à plusieurs occasions. Leurs imprimeries
rendues en cendres maintes fois. Quand ces malheurs frappaient ces confrères,
ils n'ont pas bénéficié du soutien, ne serait-ce que moral, de leur part. Ils ( ces
confrères) n'ont pas attendu réparation de l'Etat avant de refaire surface, « à
leurs risques et périls », comme leur disait le ministre de la refondation qui, à
l'époque, avait en charge la Communication. Encore que ces confrères au temps
de la refondation avaient été victimes d'expéditions punitives de la part des
gros bras entretenus par le régime. Or, ceux qui sont revenus dans l'opposition
ont subi les effets collatéraux d'une guerre réelle comme tant d'entreprises et
de foyers. Il ne servait donc à rien d'arpenter les rédactions pour que le monde
entier s'apitoie sur un sort qui n'était pas unique. Cette presse qui revient et
qui retourne dans l'opposition, milieu dans lequel elle est née, peut être utile
à la réconciliation, utile au pays. Dans un système multipartiste, il faut bien
que chaque opinion trouve un espace d'expression. La presse revenue dans
l'opposition, pour remplir sa mission, occuper sa place, ne doit pas oublier que
le journalisme est une profession qui a des règles qu'il faut respecter. Les faits
sont sacrés, il ne faut pas les déformer. Les commentaires sont libres mais pas
libertaires. Il ne faut pas parler ou écrire, simplement, pour nuire.
Le journaliste critique ou dénonce en restant courtois, mesuré dans ses propos
parce qu'il ne détient pas la vérité absolue. Certains animateurs de la nouvelle
presse de l'opposition étaient déjà dans la profession quand Alassane Ouattara
était Premier ministre. Ils savent très bien qu'en son temps, les journalistes
n'ont pas vécu dans la terreur. Si certains d'entre eux ont connu la prison
conformément aux dispositions légales de l'époque, personne d'entre eux n'a
connu le sort de Jean Hélène ou de Guy André Kieffer. Si donc dans cette Côte
d'Ivoire nouvelle, chacun joue son rôle avec responsabilité, la réconciliation ne
sera pas un vain mot.
Ainsi donc, Blé Goudé n'est pas mort. Il vit, il a parlé. Celui qui souhaite la mort
à son pire ennemi, n'est pas digne de respect. Heureux donc que Blé Goudé soit
en vie. Dieu a voulu qu'il ne parte pas rejoindre dans l'au-delà ceux que son
discours et peut-être ses actes, ont conduits sous terre. Que l'Eternel soit loué !
L'ancien ministre nous avait dit qu'il n'était pas un fuyard. Or, depuis la capture
de Laurent Gbagbo, le 11 avril, personne ne l'a vu. Et c'est maintenant qu'il ose
parler depuis une cachette. Blé Goudé, en réalité, n'était pas aussi brave que
cela. Comme il est parti depuis des semaines, apprenons-lui que les Ivoiriens
sont fatigués des faux braves et des discours de division. Ils veulent se
réconcilier et vivre paisiblement. Laurent Gbagbo n'a pas pu ou su ramener la
paix dans le pays. Pendant dix ans avec lui, les Ivoiriens ont couru derrière une
réconciliation qui n'a même pas connu un début. Avec Gbagbo, les Ivoiriens
ont vécu des horreurs. Ils ont appris à enjamber des cadavres sans s'émouvoir.
Ils ont pratiqué le supplice du collier, brûlant vif des nationaux et des étrangers
sans état d'âme. La cruauté a atteint des sommets qui ont rendu le pays indigne
des nations civilisées. Ce passé récent est traumatisant et honteux. Un choix
politique se juge à ses résultats. Le bilan du règne de Gbagbo, c'est la guerre et
la ruine du pays. Ses partisans dont Blé Goudé et lui, nous ont ramenés à un
débat qui avait été tranché en 1958 par nos parents et nos aïeux. Ils avaient voté
oui au référendum proposé par Charles De Gaulle en suivant Félix Houphouët-
Boigny. Houphouët lui-même, avec son parti, le PDCI-RDA était sorti
vainqueur des élections législatives démocratiques, pendant lesquelles, Gbagbo
l'historien le sait,
n'était pas le candidat des colons. Et l'on a vu à quel niveau
de développement le « Oui » d'Houphouët a hissé la Côte d'Ivoire qui était alors,
parmi les dernières des économies des colonies françaises à l'époque, de la sous-
région. Le peuple de Côte d'Ivoire qui a de la mémoire et qui est conséquent
avec lui-même a voté à 60%, en réalité, pour Alassane Ouattara qui a opté,
ouvertement, de revenir au choix initial de 1958. Plutôt la coopération que la
guéguerre avec l'occident. Blé Goudé et ses amis ne doivent pas faire comme si
Laurent Gbagbo avait été victime d'un coup d'Etat ou si sa victoire lui avait été
volée. La présidentielle de 2010 a été démocratique. Gbagbo l'a perdue.
Ouattara l'a remportée. Celui qui nie cette réalité, s'il est Ivoirien, n'est pas un
démocrate. S'il n'est pas Ivoirien, il ne connaît pas la Côte d'Ivoire. Si Blé
Goudé n'est pas un fuyard, qu'il sorte du furet et vienne défendre ses thèses
devant la nation. En attendant, qu'il sache que la police continue de découvrir
les corps des personnes enlevées par des individus nourris à la sève
empoisonnée de son discours. Cette Côte d'Ivoire de viols, de vols, de tueries,
de palabres interminables, de discordes inutiles et de l'impunité doit disparaître
pour le bonheur des Ivoiriens. C'est la mission confiée à Alassane Ouattara par
le pays. Il s'y emploie. Il réussira.
Raphaël Lakpé
raphlakpe@yahoo.fr