Cheik Abdul Kader, aumônier de la gendarmerie nationale, fait des révélations sur des tentatives de vengeance.
l Constatez-vous des signes de frictions entre les fidèles sur vos lieux de prières ?
Je ne peux pas le confirmer au niveau du camp d'Agban où je dirige les prières. Les fidèles répondent présents et l'ambiance est conviviale. Dans les mosquées, il y en a certainement qui ont peur de revenir parce qu'ils s'étaient affichés négativement. La friction était visible avec la politisation de la fête du Maoulid. Mais chacun doit savoir que le lieu de culte, c'est la maison de Dieu. Il n'appartient à personne. Il n'y a ni mosquée Rhdp ni mosquée Lmp. Je note par contre que la cohabitation est devenue difficile dans les quartiers. Des gens ont vécu des frustrations et des humiliations diverses de la part d'autres communautés ou d'autres religions. Mais certains qui ont eu ce comportement font leur mea-culpa de bonne foi. Dans mon quartier à Williamsville, je suis sollicité pour intercéder dans ce cadre.
l En général, quel genre d'histoires êtes-vous amené à régler ?
Des gens me demandent d'intercéder parce qu'ils ont eu à tenir des propos déplacés à l'encontre de leurs voisins. Aujourd'hui, la roue ayant tournée, ils se demandent si ces personnes ne comptent pas se venger. Ce n'est pas facile de pardonner parce que des gens en ont gros sur le cœur à cause des atrocités subies. Beaucoup peinent à pardonner. Certains sont les premiers à se moquer des autres sous prétexte qu'ils sont au pouvoir. Ils jubilent. Récemment, une dame est venue me voir parce que son locataire ne payait pas le loyer, cinq ans durant, sous prétexte qu'il était au pouvoir. Chaque fois qu'elle appelait les huissiers, ce dernier usait de ses relations pour bien s'en sortir. Se disant que c'est son tour aujourd'hui, elle pense certainement à la vengeance. C'est pourquoi, tout le monde doit s'atteler pour une réconciliation réussie car cette mission n'est pas réservée aux seuls religieux.
l Croyez-vous que les religieux seront encore écoutés dans ce pays?
On est tous fautifs quelque part. Des religieux ont mal agi. Or, la mission du religieux est de parler aux fidèles en dépit de la diversité de leurs partis politiques ou de leurs ethnies. Les auditeurs doivent voir la sincérité dans les gestes du religieux. Sa seule mission est d'édifier l'homme en tant qu'espèce humaine. Dans cette édification, on appelle les hommes à la tolérance, à l'amour, à la paix et à la générosité. Il faut amener tout le monde à la raison pour dire que le pouvoir change, mais les hommes restent. Les religieux qui ont subi des torts doivent être les premiers à pardonner.
l A vous entendre, les religieux ne doivent plus parler de politique…
La politique, c'est la gestion des hommes. Le religieux gère aussi les hommes. Plus jamais cela ! Le religieux n'a pas à prendre position pour un parti politique au détriment d'un autre au cours des prêches. Dieu est le parti de la vérité et il est l'ultime recours qu'on soit Lmp ou Rhdp. On ne voit pas Dieu sur terre mais les hommes de Dieu le représentent. Ces hommes de Dieu doivent s'atteler à être le recours de tous, sans parti pris.
l Quel message à ceux qui ont peur de revenir aux prières ?
Qu'ils retournent dans les mosquées. On ne leur fera rien. Actuellement, c'est le thème de la réconciliation que nous développons. Je suis optimiste que nous allons surmonter les difficultés et vivre de nouveau ensemble. Le nouveau pouvoir ne doit pas ouvrir les vannes pour une seule ethnie. S'il y a une difficulté en Côte d'Ivoire, c'est tout le monde qui va l'endurer. La preuve est que toutes les ethnies ont subi.
Entretien réalisé par Nesmon De Laure
l Constatez-vous des signes de frictions entre les fidèles sur vos lieux de prières ?
Je ne peux pas le confirmer au niveau du camp d'Agban où je dirige les prières. Les fidèles répondent présents et l'ambiance est conviviale. Dans les mosquées, il y en a certainement qui ont peur de revenir parce qu'ils s'étaient affichés négativement. La friction était visible avec la politisation de la fête du Maoulid. Mais chacun doit savoir que le lieu de culte, c'est la maison de Dieu. Il n'appartient à personne. Il n'y a ni mosquée Rhdp ni mosquée Lmp. Je note par contre que la cohabitation est devenue difficile dans les quartiers. Des gens ont vécu des frustrations et des humiliations diverses de la part d'autres communautés ou d'autres religions. Mais certains qui ont eu ce comportement font leur mea-culpa de bonne foi. Dans mon quartier à Williamsville, je suis sollicité pour intercéder dans ce cadre.
l En général, quel genre d'histoires êtes-vous amené à régler ?
Des gens me demandent d'intercéder parce qu'ils ont eu à tenir des propos déplacés à l'encontre de leurs voisins. Aujourd'hui, la roue ayant tournée, ils se demandent si ces personnes ne comptent pas se venger. Ce n'est pas facile de pardonner parce que des gens en ont gros sur le cœur à cause des atrocités subies. Beaucoup peinent à pardonner. Certains sont les premiers à se moquer des autres sous prétexte qu'ils sont au pouvoir. Ils jubilent. Récemment, une dame est venue me voir parce que son locataire ne payait pas le loyer, cinq ans durant, sous prétexte qu'il était au pouvoir. Chaque fois qu'elle appelait les huissiers, ce dernier usait de ses relations pour bien s'en sortir. Se disant que c'est son tour aujourd'hui, elle pense certainement à la vengeance. C'est pourquoi, tout le monde doit s'atteler pour une réconciliation réussie car cette mission n'est pas réservée aux seuls religieux.
l Croyez-vous que les religieux seront encore écoutés dans ce pays?
On est tous fautifs quelque part. Des religieux ont mal agi. Or, la mission du religieux est de parler aux fidèles en dépit de la diversité de leurs partis politiques ou de leurs ethnies. Les auditeurs doivent voir la sincérité dans les gestes du religieux. Sa seule mission est d'édifier l'homme en tant qu'espèce humaine. Dans cette édification, on appelle les hommes à la tolérance, à l'amour, à la paix et à la générosité. Il faut amener tout le monde à la raison pour dire que le pouvoir change, mais les hommes restent. Les religieux qui ont subi des torts doivent être les premiers à pardonner.
l A vous entendre, les religieux ne doivent plus parler de politique…
La politique, c'est la gestion des hommes. Le religieux gère aussi les hommes. Plus jamais cela ! Le religieux n'a pas à prendre position pour un parti politique au détriment d'un autre au cours des prêches. Dieu est le parti de la vérité et il est l'ultime recours qu'on soit Lmp ou Rhdp. On ne voit pas Dieu sur terre mais les hommes de Dieu le représentent. Ces hommes de Dieu doivent s'atteler à être le recours de tous, sans parti pris.
l Quel message à ceux qui ont peur de revenir aux prières ?
Qu'ils retournent dans les mosquées. On ne leur fera rien. Actuellement, c'est le thème de la réconciliation que nous développons. Je suis optimiste que nous allons surmonter les difficultés et vivre de nouveau ensemble. Le nouveau pouvoir ne doit pas ouvrir les vannes pour une seule ethnie. S'il y a une difficulté en Côte d'Ivoire, c'est tout le monde qui va l'endurer. La preuve est que toutes les ethnies ont subi.
Entretien réalisé par Nesmon De Laure
