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Politique Publié le mardi 14 juin 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Tiabas Houlaï Bernard (Vice-président du CNRD) : ‘’La Majorité Présidentielle est aujourd’hui avec le Président Alassane Ouattara’’

© L’intelligent d’Abidjan
2e tour de la présidentielle : Le candidat Lmp à Williamsville
Vice-président du Mouvement pour la Défense des institutions de la République (MDIR) et l’un des vice-présidents du Congrès national de la résistance pour la démocratie (il y a huit vice présidents au CNRD), Tiabas Houlaï Bernard a accepté, malgré l’atmosphère générale d’insécurité dans le District d’Abidjan, de se confier à « L’Intelligent d’Abidjan ». Dans cette interview, il dévoile les nouvelles orientations de l’opposition ivoirienne, lance un appel à la libération de tous les détenus FPI-LMP et donne son avis sur la création de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation.

Vous êtes l’un des vice-présidents du CNRD, que devient votre organisation depuis la chute du Président Laurent Gbagbo ?

Je vous remercie de l’attention que vous accordez à notre organisation. Comme vous le savez, le CNRD est une plate-forme politique de 49 organisations et mouvements politiques qui ont soutenu la candidature de M. Laurent Gbagbo. Après l’arrestation et l’emprisonnement de celui-ci, la plupart de ses collaborateurs et compagnons ont connu le même sort que lui. Un vent de panique s’est emparé de tous : en dehors de ceux qui sont arrêtés, certains ont franchi les frontières pour se réfugier dans les pays voisins, d’autres sont restés terrés chez eux afin de se mettre à l’abri de la chasse à l’homme. Il ne reste en liberté qu’une poignée de dirigeants, autour de M. Bernard Dadié (le président du CNRD, Ndlr), lequel a lancé un appel solennel à l’apaisement, après les affrontements sanglants que nous avons connus. Mieux, ayant pris acte de l’accession de M. Alassane Ouattara à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire, il a demandé la libération de nos amis incarcérés et la levée des mesures de coercition qui les frappent, afin de permettre à la nouvelle opposition de jouer le rôle qui est le sien, dans un régime de liberté et de sécurité démocratique. Ainsi, en attendant le retour à la situation normale, nous avons aménagé le secrétariat général du CNRD, organe exécutif, en nommant le Pr Mamadou Koulibaly comme secrétaire général par intérim, lequel fait fonctionner la structure en ce moment. Voilà où nous en sommes.

Selon vous, quel rôle sera dévolu à la nouvelle opposition dont vous parliez ?

D’abord, elle doit reconnaître M. Alassane Ouattara, si ce n’est déjà fait, comme le Président de la République de Côte d’Ivoire, car il ne peut y avoir d’opposant sans gouvernement.

Ensuite, cette opposition doit marquer sa différence, en posture d’éveil sur tous les problèmes vitaux de la nation et participer à la reconstruction du pays, dans un Etat de droit, sous le règne de la sécurité et de la liberté individuelle et collective. Enfin, la nouvelle opposition se rassemblera pour renforcer sa cohésion interne et se positionnera, comme une force crédible, à l’animation de la vie politique nationale. Le préalable à tout ceci étant la sécurité dans les villes et dans les villages, seul gage pour l’exercice de l’activité politique. En définitive, la nouvelle opposition, riche de sa matière grise et forte de sa cohésion, saura faire valoir l’exigence et la rigueur, dans la réflexion et dans l’action, pour le développement de notre patrie.

Que pensez-vous de l’attaque et du pillage de la résidence du président Bernard Dadié, le 4 juin 2011 ?

J’ai été choqué et tristement indigné, car des personnes comme lui sont des icônes sacrées dans une Nation, c’est-à-dire des monuments humains dont la célébrité, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières, est source de fierté nationale. Pendant le peu de temps que je l’ai côtoyé, j’ai pu noter le rayonnement de sa valeur humaine. En effet, il ne se passe pas de jour où, de par le monde, il ne soit invité pour participer à des colloques culturels et littéraires, faisant de lui une référence intellectuelle mondiale. Quant à ses convictions politiques qui ne datent pas d’hier, il n’en veut à personne en particulier. Son combat est d’ordre général, axé sur deux piliers de ses convictions : la dignité de l’homme noir et la souveraineté nationale. Si vous vous appropriez ces deux idées, vous devenez son allié. Mais, le fait de ne pas les partager ne doit pas engendrer une inimitié viscérale, au point de banaliser d’un trait, l’impact bienfaisant de sa célébrité sur notre pays. Je pense qu’un tel personnage monumental, pour lequel de nombreux pays nous envient, mérite, à défaut de mieux, respect et honneur. Mon indignation vient du fait que les braqueurs de sa résidence ont déclaré être en mission pour accomplir leur forfait. Mais, de quelle mission s’agit-il ? Pourquoi donc a-t-on voulu faire du mal à un vieillard de 95 ans ? Pourquoi lui avoir infligé un tel traumatisme moral au soir de sa vie ? C’est honteux et scandaleux! Je suis choqué et inquiet, s’il s’agit d’une démarche organisée pour réduire au silence ceux qui n’acceptent pas le moule de la pensée unique.

Dans le cas contraire, il serait souhaitable, voire louable sinon honorable, de restituer au vieux Dadié, sa voiture, les bijoux de son épouse, l’argent et tout autre objet spoliés. Cela nous grandirait en nous libérant de cette indécence.

Quelles sont vos impressions sur la formation du nouveau gouvernement et le refus de La Majorité Présidentielle d’y entrer ?

La Majorité Présidentielle est aujourd’hui avec le Président Alassane Ouattara, mais en face, il y a le Congrès national de la résistance pour la démocratie (CNRD), qui est une plate-forme politique de 49 organisations et mouvements politiques qui ont soutenu la candidature de M. Laurent Gbagbo. Dans un régime démocratique, seule la formation politique qui gagne les élections, tant présidentielles que législatives, est habilitée à former son gouvernement pour appliquer son projet de société, base de sa campagne électorale. Toutefois, le vainqueur des élections peut faire des ouvertures à des alliés de circonstance, en offrant quelques portefeuilles ministériels. Mais, dans le cas particulier de la Côte d’Ivoire, on a pris l’habitude, depuis l’accord de Linas-Marcoussis et celui de Ouagadougou, de former des gouvernements de tout venant afin de donner satisfaction aux nombreux acteurs de la scène politique. Cela porte le nom de gouvernement d’union nationale dans lequel la responsabilité de chaque parti politique se dilue dans un ensemble insaisissable. L’avantage d’un gouvernement d’union nationale réside dans sa mission à colmater les brèches et à panser les blessures issues des élections. A cet égard, l’Union africaine avait proposé à la classe politique de la Côte d’Ivoire, la formule de gouvernement d’union, quel que soit le vainqueur, à cause de la rancœur accumulée dans chaque camp, pendant les dix années écoulées.

Malheureusement, nous ne sommes pas sortis de la crise de façon pacifique. Il y a eu la guerre dont le vainqueur est M. Alassane Ouattara, lequel est désormais libre de former son gouvernement, avec des alliés de sa convenance, en vue d’appliquer son programme électoral. C’est pourquoi, il m’apparaît logique que le FPI, dont je ne suis pas, n’avait rien à y faire, puisqu’il ne s’agit plus d’un gouvernement d’union nationale, qui aurait nécessité le partage du pouvoir entre le RHDP et le CNRD. Ce qui n’est pas le cas, sans parler de l’absence des conditions permissives d’une collaboration saine et loyale.

Quelles conditions ?

Par exemple la libération des incarcérés, le retour des exilés au pays, dont la plupart des domiciles sont actuellement occupés, la paix des cœurs… C’est non seulement une question d’éthique morale, mais aussi d’opportunité politique, n’est-ce pas ?

Il y a actuellement une crise au sein du RHDP, suite à la formation du nouveau gouvernement. Fallait-il, selon vous, s’y attendre ?

Je ne suis pas au courant d’une quelconque crise au sein du RHDP. Mais, s’il y avait des brouilles, c’est qu’il y avait eu un mauvais mariage et tout mauvais mariage engendre toujours le divorce. Seul le temps nous permettra d’y voir plus clair. Pour l’heure, je suis préoccupé par l’organisation d’une nouvelle opposition avec le CNRD.

Votre parti, l’URD, a aussi connu une crise qui vous a opposé à Mme Danièle Boni Claverie. Où en êtes-vous ?

C’est une crise interne qui était en passe de résolution quand nous sommes allés aux élections et que la crise postélectorale s’est prolongée. Aujourd’hui, je ne pense pas que ce soit l’essentiel, nous allons nous ressouder pour organiser l’opposition et c’est pourquoi je souhaite d’ailleurs la libération de Mme Boni Claverie et de tous les autres frères et sœurs de la Pergola, afin de poursuivre le combat dans une Côte d’Ivoire sécurisée.

Que pensez-vous de la mise sur pied de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation ?

L’idée est très bonne, elle permettrait sans doute aux Ivoiriens de vider leurs contentieux à cette occasion. Mais ce qui m’intrigue, c’est la précipitation avec laquelle cette commission a été créée, sur les cendres chaudes de la violence sanglante. Qu’est-ce qu’il y a d’urgent par rapport à la sécurité, aux pillages des domiciles, aux exactions diverses, à la liberté de circulation des hommes ? Avec qui dialoguer, la peur au ventre ? Dire la vérité dans quelle aire de liberté, sans être inquiété ? Comment se réconcilier sur les braises ardentes de la colère, de la rancœur et de l’esprit de vengeance ? A mon humble avis, la création de cette commission ressemble à l’expression imagée de la « mise de la charrue avant les bœufs ». C’est une institution très importante pour l’établissement d’une paix durable dans notre pays.

De nombreux considérants devraient faire l’objet d’une réflexion approfondie pour en cerner les contours avant sa création, à savoir, son mode de fonctionnement, sa composition avec des critères bien définis pour la désignation des hommes, le champ d’action ou le contenu de sa mission par rapport à l’action judiciaire. Elle doit bénéficier d’une dose de neutralité, gage de sa crédibilité. Telle que créée, je crains bien fort qu’elle ne contienne, déjà, les germes de son échec. En tout état de cause, avec l’amour qui m’habite pour mon pays, je souhaite, sincèrement, que la réalité triomphe de ma crainte et que cette commission nous apporte une paix durable.

Réalisée par Olivier Dion
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