Les producteurs d’anacarde veulent la réorganisation de leur filière. En marge d’une conférence de presse qu’ils ont animée samedi dernier à Marcory, zone 4c, pour demander à l’Etat de ramener l’ordre et la légalité, nous avons tendu notre micro à Tioté Mamadou, Président des producteurs et transformateur de la noix de cajou de la Vallée du Bandama et délégué général de l’Assemblée Constitutive de la mise en place de l’Intercajou.
La filière anacarde traverse une crise sans précédent depuis quelques années. Pouvez-vous expliquer ce qui se passe réellement?
Notre secteur a un seul problème. C’est la volonté d’une personne à se substituer à l’ensemble des producteurs d’une filière. Et bien, c’est Touré Abdoulaye qui se maintient comme PCA de l’intercajou malgré lui-même.
Comment quelqu’un peut se maintenir à la tête d’une structure malgré lui-même. N’a-t-il pas été élu en 2007 comme PCA de l’intercajou.
C’est vrai qu’en 2007, nous l’avons élu. Mais au cours d’une Assemblée Générale, Touré Abdoulaye et son Conseil ont démissionné. Il y a les PV à l’appui. Il a dirigé un Conseil d’Administration qui a commis une mauvaise gestion. Touré Abdoulaye a reconnu avoir pris 35 millions FCFA qui sont restés sans justification. Donc, pour éviter la furie des producteurs, il a promis rembourser cet argent et a rendu sa démission. Sa gestion cavalière et trouble est la principale cause. Sa décision de démissionner était un exemple que tous les producteurs ont apprécié. Après ce trou des 35 millions, il a fait pire. Il s’est donné le luxe d’engager une société de gardiennage pour trois mois, à un coût de près de 80 millions FCFA. Pour nous, on attendait que l’Etat nous aide à réorganiser la filière anacarde. A notre grande surprise, il est venu avec des ordonnances de la justice pour s’installer de force. C’est comme cela que nous sommes allés de justice en justice. Ce qui a installé l’anarchie dans cette jeune filière et accentué la souffrance des producteurs. Cette décision de justice à bloqué le fonctionnement de l’intercajou au détriment des autres filières qui ont été bien structurées.
Pourquoi n’avez-vous pas mené des actions d’éclat ?
Nous étions dans l’impossibilité de nous payer des frais de justice. Mais nous avons pu réunir l’ensemble des producteurs au sein d’une organisation que nous appelons le réseau. Aujourd’hui, puisque la situation s’est normalisée, il faut qu’on ressorte les dossiers pour voir ce qui a été fait de notre argent. Même si on s’en tient à la décision de justice, son mandat est arrivé à terme en fin en décembre dernier. Mais, il a créé une loi pour se faire élire pour trois ans encore par des personnes qui ne font pas partie de notre corporation. Il avait la justice et la police à sa solde. Les choses ont changé et les producteurs ont décidé de prendre leur responsabilité. Nous attendons que le gouvernement, par le truchement du ministre de l’Agriculture et l’Areca, trouvent les moyens pour mettre fin à cette comédie qui a trop duré.
Qui doit organiser l’AG pour renouveler les instances de l’intercajou ?
Aujourd’hui, les deux conseils sont disqualifiés. L’un a été débouté par la justice et l’autre a été demis pour mauvaise gestion et son mandat a pris fin. Nous voulons que soit installé un comité transitoire piloté par le ministère de l’agriculture avec l’Areca et des représentants des différents collèges qui ont initié les textes de l’intercajou. Seul le ministère de tutelle a cette capacité de suspendre ce Conseil qui fonctionne dans l’inégalité et réorganiser la filière.
Qu’est-ce que vous demandez concrètement à l’Etat ?
Nous demandons à l’Etat de prendre ses responsabilités d’encadrement de la filière anacarde. Il faut que l’Etat fasse un audit de l’Intercajou pour voir la gabegie qui s’y est instaurée. N’importe qui n’a pas le droit de faire n’importe quoi dans cette filière. C’est l’Etat qui a mis en place l’intercajou. Donc, il a un devoir de regard sur la filière comme toutes les autres. Pourquoi, lorsqu’il y a de la gabegie dans certaines filières, on y met de l’ordre et dans le notre on laisse tout pourrir. Nous demandons à l’Etat de rétablir l’ordre d’ici le 31 décembre. Afin que la nouvelle campagne qui va démarrer en janvier 2012 se fasse dans un environnement sain. Que la structure qui doit gérer la filière soit mise en place. Que les parents sachent qui écouter et où s’orienter. Sinon, les producteurs vont toujours souffrir.
Ce problème a-t-il un impact sur la filière ?
Enormément ! Car les acteurs ne bénéficient pas des retombées de la filière. Ce sont les intermédiaires qui gagnent. C'est-à-dire c’est lorsque le prix est élevé que le producteur à quelque chose. Il ne bénéficie d’aucune politique d’encadrement et d’assistance. Tout le monde sait que la capacité de la filière dépend de l’essor de la transformation des pays producteurs. Dès qu’on arrivera à transformer 20 à 30% de nos produits ici, les prix vont changer. Car la compétitivité sera rude. Il n’y a aucune politique et d’initiative actuellement. Et c’est tout cela que nous déplorons. On prend des intermédiaires qui vont payer les produits à vils prix et les producteurs ne gagnent rien. S’il y’a une véritable organisation, on a la possibilité de garantir un prix minimum. Aujourd’hui, personne ne suit les prix. C’est l’intercajou qui est le démembrement de l’Etat auprès des producteurs qui devrait suivre tout cela.
Durant ces dix dernières années, le prix de l’anacarde était vendu à vil prix en Côte d’Ivoire.
Mais pour cette saison, la situation semble s’améliorer. Qu’est ce qui explique cela ?
Le prix est dû à l’environnement international. Au Ghana par exemple, les prix sont très élevés. Mais avec les autres pays tels que le Benin, la Guinée, le Togo pour cette campagne, nous avons les mêmes prix. Cette année les amandes sont bien payées à l’internationale. Et cet avantage rejaillit automatiquement sur le prix. Le marché de consommation de l’amande s’est agrandi. Lorsque cela est un acquis, les efforts nationaux viennent ensuite pour soutenir ces prix. Je suis Président d’une plate-forme de quatre unités de la transformation de la noix de cajou à Bouaké. Lors que nous avons démarré nos activités, on vendait les amades à 1500 FCFA/kg. Aujourd’hui, nous les vendons à 3500 F le kg, voir 4000 F. C’est tant mieux ! Mais il faut que nous soyons bien organisés pour affronter les éventuelles chutes.
Si l’Etat remet de l’ordre dans la filière, le prix d’achat de l’anacarde s’améliorer va-t-il s’améliorer?
Nous sommes arrivés cette année à 300 F et même 350 dans certaines zones. Au Port autonome d’Abidjan, nous sommes arrivés à 400F où 450 F. Nous souhaitons que ce minimum puisse être préservé chaque saison. Maintenant si l’environnement international favorise que ce prix grimpe alors c’est une aubaine pour les producteurs.
Est-ce que, les prix d’achat fixés sont respectés sur le marché ?
C’est vrai qu’on parle de 300 F mais en vérité, ce n’est pas les prix pratiqués dans les villages. Si on va dans nos contrées, les prix se négocient entre 200 et 250F. Les prix ont commencé à 100 F d’abord pour arriver à ce stade. S’il y avait une bonne organisation, ce serait meilleur et bénéfique pour tout le monde.
Est-ce qu’il y’a un fonds pour soutenir la transformation ?
Nous avons créé des usines de transformation. Mais, il n’ya aucun moyen pour nous aider à vendre l’amande sur le marché internationale. Donc ces unités que nous avons montées vont rester fermées. Il y’a un fond qui est prévu pour soutenir la transformation. C'est-à-dire, un financement pour acheter la matière. La transformation nécessite assez d’argent. L’intercajou a pour principale mission de soutenir la transformation. Ce qui n’est encore le cas.
Êtes-vous confiant que l’anacarde deviendra un pilier de l’économie ivoirienne?
C’est déjà un pilier. Les producteurs doivent persévérer. Il faut qu’ils suivent les règles de la qualité que nous leur conseillons. L’Inde et le Brésil sont les précurseurs de cette production. Mais aujourd’hui, ces pays sont tournés vers d’autres secteurs. Il y’a pas eu encore d’action gouvernementale pour soutenir la production. Mais, c’est à nous producteurs d’inciter le gouvernement à s’intéresser à notre secteur. Nous sommes actuellement le premier pays africain producteur de la noix de cajou. Donc, c’est maintenant que les producteurs vont jouir du fruit de leur labeur. Il y’a des parties de l’anacarde que nous n’exploitons pas encore. Le Brésil et l’Inde disent que la pomme représente 75% des revenus de l’anacarde. Pour l’heure, nous la jetons. C'est-à-dire que nous jetons 75% des recettes de l’anacarde. Imaginez –vous, un instant que nous atteignons un jour, le niveau de l’Inde et du Brésil sur l’utilité de la pomme. Mais les producteurs deviendront très riches.
Benjamin Soro
La filière anacarde traverse une crise sans précédent depuis quelques années. Pouvez-vous expliquer ce qui se passe réellement?
Notre secteur a un seul problème. C’est la volonté d’une personne à se substituer à l’ensemble des producteurs d’une filière. Et bien, c’est Touré Abdoulaye qui se maintient comme PCA de l’intercajou malgré lui-même.
Comment quelqu’un peut se maintenir à la tête d’une structure malgré lui-même. N’a-t-il pas été élu en 2007 comme PCA de l’intercajou.
C’est vrai qu’en 2007, nous l’avons élu. Mais au cours d’une Assemblée Générale, Touré Abdoulaye et son Conseil ont démissionné. Il y a les PV à l’appui. Il a dirigé un Conseil d’Administration qui a commis une mauvaise gestion. Touré Abdoulaye a reconnu avoir pris 35 millions FCFA qui sont restés sans justification. Donc, pour éviter la furie des producteurs, il a promis rembourser cet argent et a rendu sa démission. Sa gestion cavalière et trouble est la principale cause. Sa décision de démissionner était un exemple que tous les producteurs ont apprécié. Après ce trou des 35 millions, il a fait pire. Il s’est donné le luxe d’engager une société de gardiennage pour trois mois, à un coût de près de 80 millions FCFA. Pour nous, on attendait que l’Etat nous aide à réorganiser la filière anacarde. A notre grande surprise, il est venu avec des ordonnances de la justice pour s’installer de force. C’est comme cela que nous sommes allés de justice en justice. Ce qui a installé l’anarchie dans cette jeune filière et accentué la souffrance des producteurs. Cette décision de justice à bloqué le fonctionnement de l’intercajou au détriment des autres filières qui ont été bien structurées.
Pourquoi n’avez-vous pas mené des actions d’éclat ?
Nous étions dans l’impossibilité de nous payer des frais de justice. Mais nous avons pu réunir l’ensemble des producteurs au sein d’une organisation que nous appelons le réseau. Aujourd’hui, puisque la situation s’est normalisée, il faut qu’on ressorte les dossiers pour voir ce qui a été fait de notre argent. Même si on s’en tient à la décision de justice, son mandat est arrivé à terme en fin en décembre dernier. Mais, il a créé une loi pour se faire élire pour trois ans encore par des personnes qui ne font pas partie de notre corporation. Il avait la justice et la police à sa solde. Les choses ont changé et les producteurs ont décidé de prendre leur responsabilité. Nous attendons que le gouvernement, par le truchement du ministre de l’Agriculture et l’Areca, trouvent les moyens pour mettre fin à cette comédie qui a trop duré.
Qui doit organiser l’AG pour renouveler les instances de l’intercajou ?
Aujourd’hui, les deux conseils sont disqualifiés. L’un a été débouté par la justice et l’autre a été demis pour mauvaise gestion et son mandat a pris fin. Nous voulons que soit installé un comité transitoire piloté par le ministère de l’agriculture avec l’Areca et des représentants des différents collèges qui ont initié les textes de l’intercajou. Seul le ministère de tutelle a cette capacité de suspendre ce Conseil qui fonctionne dans l’inégalité et réorganiser la filière.
Qu’est-ce que vous demandez concrètement à l’Etat ?
Nous demandons à l’Etat de prendre ses responsabilités d’encadrement de la filière anacarde. Il faut que l’Etat fasse un audit de l’Intercajou pour voir la gabegie qui s’y est instaurée. N’importe qui n’a pas le droit de faire n’importe quoi dans cette filière. C’est l’Etat qui a mis en place l’intercajou. Donc, il a un devoir de regard sur la filière comme toutes les autres. Pourquoi, lorsqu’il y a de la gabegie dans certaines filières, on y met de l’ordre et dans le notre on laisse tout pourrir. Nous demandons à l’Etat de rétablir l’ordre d’ici le 31 décembre. Afin que la nouvelle campagne qui va démarrer en janvier 2012 se fasse dans un environnement sain. Que la structure qui doit gérer la filière soit mise en place. Que les parents sachent qui écouter et où s’orienter. Sinon, les producteurs vont toujours souffrir.
Ce problème a-t-il un impact sur la filière ?
Enormément ! Car les acteurs ne bénéficient pas des retombées de la filière. Ce sont les intermédiaires qui gagnent. C'est-à-dire c’est lorsque le prix est élevé que le producteur à quelque chose. Il ne bénéficie d’aucune politique d’encadrement et d’assistance. Tout le monde sait que la capacité de la filière dépend de l’essor de la transformation des pays producteurs. Dès qu’on arrivera à transformer 20 à 30% de nos produits ici, les prix vont changer. Car la compétitivité sera rude. Il n’y a aucune politique et d’initiative actuellement. Et c’est tout cela que nous déplorons. On prend des intermédiaires qui vont payer les produits à vils prix et les producteurs ne gagnent rien. S’il y’a une véritable organisation, on a la possibilité de garantir un prix minimum. Aujourd’hui, personne ne suit les prix. C’est l’intercajou qui est le démembrement de l’Etat auprès des producteurs qui devrait suivre tout cela.
Durant ces dix dernières années, le prix de l’anacarde était vendu à vil prix en Côte d’Ivoire.
Mais pour cette saison, la situation semble s’améliorer. Qu’est ce qui explique cela ?
Le prix est dû à l’environnement international. Au Ghana par exemple, les prix sont très élevés. Mais avec les autres pays tels que le Benin, la Guinée, le Togo pour cette campagne, nous avons les mêmes prix. Cette année les amandes sont bien payées à l’internationale. Et cet avantage rejaillit automatiquement sur le prix. Le marché de consommation de l’amande s’est agrandi. Lorsque cela est un acquis, les efforts nationaux viennent ensuite pour soutenir ces prix. Je suis Président d’une plate-forme de quatre unités de la transformation de la noix de cajou à Bouaké. Lors que nous avons démarré nos activités, on vendait les amades à 1500 FCFA/kg. Aujourd’hui, nous les vendons à 3500 F le kg, voir 4000 F. C’est tant mieux ! Mais il faut que nous soyons bien organisés pour affronter les éventuelles chutes.
Si l’Etat remet de l’ordre dans la filière, le prix d’achat de l’anacarde s’améliorer va-t-il s’améliorer?
Nous sommes arrivés cette année à 300 F et même 350 dans certaines zones. Au Port autonome d’Abidjan, nous sommes arrivés à 400F où 450 F. Nous souhaitons que ce minimum puisse être préservé chaque saison. Maintenant si l’environnement international favorise que ce prix grimpe alors c’est une aubaine pour les producteurs.
Est-ce que, les prix d’achat fixés sont respectés sur le marché ?
C’est vrai qu’on parle de 300 F mais en vérité, ce n’est pas les prix pratiqués dans les villages. Si on va dans nos contrées, les prix se négocient entre 200 et 250F. Les prix ont commencé à 100 F d’abord pour arriver à ce stade. S’il y avait une bonne organisation, ce serait meilleur et bénéfique pour tout le monde.
Est-ce qu’il y’a un fonds pour soutenir la transformation ?
Nous avons créé des usines de transformation. Mais, il n’ya aucun moyen pour nous aider à vendre l’amande sur le marché internationale. Donc ces unités que nous avons montées vont rester fermées. Il y’a un fond qui est prévu pour soutenir la transformation. C'est-à-dire, un financement pour acheter la matière. La transformation nécessite assez d’argent. L’intercajou a pour principale mission de soutenir la transformation. Ce qui n’est encore le cas.
Êtes-vous confiant que l’anacarde deviendra un pilier de l’économie ivoirienne?
C’est déjà un pilier. Les producteurs doivent persévérer. Il faut qu’ils suivent les règles de la qualité que nous leur conseillons. L’Inde et le Brésil sont les précurseurs de cette production. Mais aujourd’hui, ces pays sont tournés vers d’autres secteurs. Il y’a pas eu encore d’action gouvernementale pour soutenir la production. Mais, c’est à nous producteurs d’inciter le gouvernement à s’intéresser à notre secteur. Nous sommes actuellement le premier pays africain producteur de la noix de cajou. Donc, c’est maintenant que les producteurs vont jouir du fruit de leur labeur. Il y’a des parties de l’anacarde que nous n’exploitons pas encore. Le Brésil et l’Inde disent que la pomme représente 75% des revenus de l’anacarde. Pour l’heure, nous la jetons. C'est-à-dire que nous jetons 75% des recettes de l’anacarde. Imaginez –vous, un instant que nous atteignons un jour, le niveau de l’Inde et du Brésil sur l’utilité de la pomme. Mais les producteurs deviendront très riches.
Benjamin Soro