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Société Publié le mardi 14 juin 2011 |

Mme Diabaté Touré Ténin, enseignante-Chercheure : "La dynamique citoyenne des femmes, un exemble du "vivre ensemble communautaire" et du "vivre ensemble citoyen"

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Société civile: Mme Diabaté Touré Ténin, Présidente du Réseau des Femmes Leaders Musulmanes d’Afrique-Section de Côte d’Ivoire (REFMA-CI)
Photo: Mme Diabaté Touré Ténin, enseignante-Chercheure
Introduction
1. L’égalité de droit et l’inégalité de fait
Tout au long de l’Histoire, les nombreuses lois qui se sont succédées ont fixé la place des hommes et des femmes dans la société. L’organisation sociale de l’Afrique noire a ses racines immergées dans le matriarcat à l’exception des pays et des régions dominées par certaines coutumes ou religions (l’Islam) qui ont valorisé le système patriarcal.
Dans le système fratriarcat, l`autorité sur les membres d`une famille s`exerce par le père. Toutefois, elle peut parfois s`exercer par le frère aîné de la famille. Dans ce cas, l`aîné gère l`ensemble des biens du patrimoine familial. Il a le droit d`aînesse et jouit d`une autorité certaine sur ses jeunes frères. On lui doit obéissance et respect. Il a des devoirs vis-à-vis de ses jeunes frères et sœurs.
Ainsi, dans le système fratriarcat, la fraternité dépasse un simple lien entre frères d`une même famille. C`est un système hiérarchique qui reconnaît à l`aîné des prérogatives certaines. Le fratriarcat découle donc du système patriarcal et sera vite utilisé comme stratégie politique par les hommes en général pour mieux exercer leur pouvoir.
Dans la société matriarcale la femme constitue l’élément déterminant non seulement du foyer familial mais aussi de la communauté. Paysannes, ménagères ou s’occupant d’autres activités, les femmes détiennent les biens familiaux, transmettent les droits héréditaires, reçoivent la dot du mariage. Cette conception a largement été répandue sur le continent Africain.
Il convient de souligner, d’entrée de jeu, que de manière générale, la femme a acquis, sur le plan légal, les mêmes droits que l’homme même si, rapportés à son vécu quotidien dans la société, ces acquis sont très fortement atténués par la coexistence du droit positif, des coutumes et des pratiques traditionnelles et religieuses.
Les textes de Loi, notamment la Constitution et le Code Civil, qui détermine officiellement, les conditions et les modalités du mariage et du divorce, représentent des acquis incontestables dans l’élévation du statut juridique de la femme et la reconnaissance de sa dignité en tant que citoyenne. D’une manière générale, le Code Civil et le Code Pénal confèrent aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes.

2. Position du problème
Selon de récentes estimations, les femmes africaines constituent près de :
- 70 pour cent de la force agricole du continent; produisent environ 90 pour cent de toutes les denrées alimentaires;
- Le taux d’activité économique — qui mesure le pourcentage de gens dont la force de travail assure la production de biens économiques — est supérieur concernant les femmes d’Afrique (61.9 pour cent) à celui d’autres régions (pays de l’OCDE compris);
- Cela étant, l’immense majorité des femmes africaines sont employées dans le secteur informel et/ou à des postes peu qualifiés;
- Le pourcentage de femmes salariées dans le secteur non agricole, l’un des plus faibles du monde (8.5 pour cent), est à cet égard éloquent;
- l’analphabétisme reste extrêmement problématique : dans le groupe d’âge des plus de 15 ans, 51% seulement des femmes savent lire et écrire contre 67.1% des hommes.
- Les progrès en termes de mortalité maternelle sont eux aussi bien inférieurs aux objectifs internationaux (866 décès pour 100 000 grossesses – dû en partie à l’état lamentable des services médicaux qui fait que seuls 50.9 pour cent des accouchements bénéficient de l’assistance de personnel qualifié) ;
- Sur les 25 millions de personnes vivant avec le Vih en Afrique (37,8 millions dans le monde), 58% sont des femmes. Les mêmes proportions prévalent parmi les 9000 Africains qui contractent chaque jour le virus du sida.
- Par rapport à la moyenne de 27.4 ans dans les pays de l’OCDE, les filles d’Afrique subsaharienne se marient en moyenne à 21.3 ans. De plus, 28 pour cent des filles ont déjà été mariées au moins une fois avant leur 20ème anniversaire.
- La polygamie reste une pratique très répandue en Afrique subsaharienne, et les hommes et les femmes ne bénéficient pas des mêmes droits de propriété foncière.
De ce qui précède, malgré des progrès récents, les inégalités fondées sur le genre continuent à exister dans plusieurs dimensions de la vie, infiltrant de plus en plus les foyers, les institutions, la vie publique ainsi que l’économie. Pourtant des femmes leaders, des femmes politiques, des femmes héroïques, l`Afrique en a connues. Elles ont marqué l`histoire de leur pays, l`histoire du continent africain.
Nous nous attardons ici sur l’existence encore aujourd’hui de cette dynamique citoyenne des femmes, ces artisanes du jeu démocratique qui constituent près de 64% de l’électorat en Afrique et participent ainsi à la consolidation du leadership masculin par leur rôle mobilisateur en tant qu’agent de reproduction du système social.
En effet, La femme est le pilier de la famille et la principale éducatrice des générations. La femme reproduit et transmet à sa descendance les valeurs, préjugés et normes de la société. Elle perpétue ainsi les traditions et systèmes culturels à travers l’éducation familiale. Elle est donc un puissant agent de reproduction du système social et un vecteur de changement de ce système.
Et pourtant, ces femmes subissent les manifestations les plus frappantes de l’exclusion et de la discrimination fondées sur le genre : les disparités en matière de droits fondamentaux, d’accès et de maîtrise des ressources et d’influence politique.
L’analyse porte en grande partie sur des données provenant de tous les pays, en particulier l’Afrique et la Côte d’Ivoire.
I. APPROCHE CONCEPTUELLE
• Quels rôles une citoyenne, un citoyen doit-il jouer dans la société ?
La citoyenneté ne se définit pas uniquement d`un point de vue juridique par la possession de la nationalité et de ses droits civils et politiques. Elle se définit aussi aujourd`hui comme une participation à la vie de la cité. C’est d’ailleurs l’objet de notre analyse.
Cependant, les citoyens n`ont aucun rôle obligatoire à jouer. En ce sens, le statut juridique de citoyen est un statut de liberté. Un citoyen peut choisir de participer (citoyen actif) ou non (citoyen passif) à la vie publique.
En quoi la citoyenneté est-elle la manifestation d`une identité commune ?
En premier lieu, l`élément essentiel qui manifeste une identité commune entre les citoyens est la nationalité (droit du sang, droit du sol, naturalisation, mariage). Il est le signe d`une appartenance à un groupe particulier, non seulement sur le plan strictement juridique mais de manière très pratique. Dans cette présente analyse, nous avons en face de nous : le groupe des femmes.
La citoyenneté manifeste aussi l`appartenance à une même communauté politique, la Nation. Elle permet de voter et d`être élu.
Enfin, la citoyenneté est la manifestation d`une identité culturelle et d`une histoire commune. Chaque citoyen n`a pas à assumer, à titre personnel, les fautes ou les crimes commis par l`État dont il a la nationalité. Toutefois, un citoyen actif a un rôle essentiel à jouer, qui prend tout son sens avec l`exercice du droit de vote. C`est à ce moment que le citoyen apporte sa contribution majeure à la société.
En votant, mais aussi en se faisant élire, il fait valoir son point de vue, change ou confirme les gouvernants, ou encore (dans le cadre du référendum) décide des grandes orientations de la politique nationale.
Mais, en dehors des élections, les citoyens peuvent également, de manière quotidienne, jouer un rôle important dans la société. Par exemple, ils peuvent adhérer à une association, un syndicat ou un parti politique et tenter de faire évoluer la société dans laquelle ils vivent, de venir en aide aux autres, ou d`influencer la politique nationale.
De même, l`attitude individuelle des citoyens est importante. Les comportements de civisme (politesse, respect des biens publics...) sont pour beaucoup dans le caractère apaisé d`une société.
Je m’intéresserai particulièrement au groupe de femmes dans ce débat citoyen.
• QUELLES SONT LES VALEURS ATTACHÉES À LA CITOYENNETÉ ?
On peut évoquer au moins trois valeurs traditionnellement attachées à la citoyenneté :
1. La civilité :
Il s`agit d`une attitude de respect, à la fois à l`égard des autres citoyens (ex : politesse), mais aussi à l`égard des bâtiments et lieux de l`espace public (ex : transports publics).
C`est une reconnaissance mutuelle et tolérante des individus entre eux, au nom du respect de la dignité de la personne humaine, qui permet une plus grande harmonie dans la société.
2. Le civisme :
Il consiste, à titre individuel, à respecter et à faire respecter les lois et les règles en vigueur, mais aussi à avoir conscience de ses devoirs envers la société.
De façon plus générale, le civisme est lié à un comportement actif du citoyen dans la vie quotidienne et publique. C`est agir pour que l`intérêt général l`emporte sur les intérêts particuliers.
3. La solidarité :
Elle est importante, en effet, dès lors que les citoyens, dans une conception classique, ne sont pas de simples individus juxtaposés, mais un ensemble d`hommes et de femmes attachés à un projet commun. Elle correspond à une attitude d`ouverture aux autres qui illustre le principe républicain de fraternité.
Dans ces conditions, la solidarité, qui consiste à venir en aide aux plus démunis, directement ou par le biais des politiques publiques (ex : impôt redistributif) est très directement liée à la notion de citoyenneté.
Ces trois valeurs donnent à la citoyenneté tout son sens en ne la limitant pas à l`exercice du droit de vote.
Partant la femme est une citoyenne, mieux c’est un maillon essentiel dans le fonctionnement de la société. En effet, une citoyenne ou un citoyen assume donc beaucoup de responsabilités. Par conséquent, les citoyens ont besoin d’être informés du rôle décisif qu’ils doivent jouer dans le processus démocratique pour comprendre l’importance de leur participation à la vie civique.
Afin que les citoyens puissent participer efficacement à cette vie civique, ils doivent avoir des connaissances de base et des compétences. Dans cette optique, la femme possède un leadership qu’il faut développer ou renforcer.

II. DYNAMIQUE CITOYENNE ET VIE ASSOCIATIVE CHEZ LES FEMMES
• LA VIE ASSOCIATIVE
Elle joue un rôle essentiel dans l’émancipation des femmes. Les associations, féminines, féministes ou mixtes sont des espaces d’expression collective et démocratique des femmes. Ce sont donc des lieux de revendications pour obtenir des droits qui leur étaient refusés par le monde politique. Pourtant, les femmes restent aujourd’hui moins engagées que les hommes dans la vie associative.
En 2002, 40 % d’entre elles déclarent adhérer à une association contre 49 % des hommes. Cet écart a toutefois tendance à se réduire puisque les pourcentages étaient respectivement de 34 et de 52 % en 1983.
• L’ENGAGEMENT DES FEMMES A LA VIE CITOYENNE
La gestion du temps constitue le principal frein à la participation des femmes à la vie associative. Lorsqu’elles s’engagent, les femmes privilégient le «faire», l’action de terrain et le «vivre ensemble », et se dirigent plus particulièrement vers certains secteurs, tels que le social, la culture, l’éducation et la santé.
La dynamique citoyenne des femmes n’est plus à démontrer. Elles entretiennent la dynamique sociale.
• UNE PARTICIPATION ACTIVE ET RECONNUE PAR TOUS
Les postes à responsabilités dans les associations sont détenus majoritairement par des hommes. En revanche, les femmes sont nettement majoritaires (70%) parmi les activistes des associations.
Aussi un lien doit-il être fait entre cette sur-représentation des femmes parmi les personnes actives des associations et le fait que ces postes sont essentiellement des emplois précaires (CDD, temps partiels

III. LA DYNAMIQUE CITOYENNE DES FEMMES ET LA SOCIETE PLURIELLE

• LES FEMMES REPRESENTENT 64% DE L’ELECTORAT EN AFRIQUE

La problématique de la dynamique citoyenne des femmes africaines en particulier, se pose dans une société plurielle et démocratique où elles sont sous représentées dans les postes de décisions. Pourtant elles sont les principales animatrices des activités citoyennes, tels que la participation à l’électorat (elles en constituent généralement 64%) et à la vie des partis politiques, ou autres associations mixtes.
Toutefois, le champ politique reste un espace inhospitalier pour les femmes. Elles sont défavorisées par les procédures de recrutement et par les réflexes sexistes de leurs collègues masculins. Par conséquent, elles doivent faire la preuve de leur féminité à travers le statut d`épouse et de mère.
De fait, les femmes promues candidates sont mariées et ont des enfants. Aux yeux de la société, l`image de la mère de famille est la plus porteuse. Bien que la candidate ait rempli sa mission première de femme, elle doit pourtant franchir certains obstacles, notamment l’obtention de l’adhésion de l’époux, la caution des membres de sa famille ou de sa tribu et de plus en plus lorsque les enfants deviennent adultes, leur accord. La célibataire et la femme sans enfants sont soupçonnées de ne pas être de "vraies femmes". Elles sont exposées aux indiscrétions, aux interrogations sur leur vie privée.
Chez l`homme, l`affirmation autoritaire et l`agressivité sont admises et même valorisées. Elles sont réprouvées chez la femme. " Dès qu`une femme est de la catégorie FBI (femmes battantes et intelligentes), s`accroche à un poste ou à des idées, elle devient insupportable pour les hommes. Ils craignent de se voir ravir la vedette. Quand c`est un homme, on a tendance à admettre "sans interrogations".
• LA FEMME N’EST PAS EXCLUE DE L’ESPACE POLITIQUE MODERNE : ELLE EST TENUE A DISTANCE
La différence entre " être exclues " et " être tenues à distance " s`éclaire si l`on compare la manière dont la citoyenneté a été conçue dans la Grèce antique, à Rome et dans la modernité. Dans la Grèce antique, l`amour de la mère pour l`enfant sert d`unité de mesure qui rend pensable l`amour inconditionnel du citoyen pour la Cité.
Il n`y a de citoyenneté, comme l`a soutenu Nicole Loraux, que s`il y a une figure de la mère qui est exclue de l`espace citoyen ; par le fait même, la mère ne peut être présente dans cet espace parce qu`elle " est tenue pour incapable de considérer que la Cité prime l`enfant ".
L`espace politique moderne rend à peu près inconditionnel sur le plan des principes l`accès à la citoyenneté, puisque tous les hommes " naissent libres et égaux ". Les citoyens ne sont donc plus des fils dont le sort dépend d`un père, ils sont tous frères (on verra tout de suite pourquoi il s`agit de frères et non de sœurs).
L`exclusion de l`espace politique (dans le cas de la Grèce et de Rome) et la tenue à distance (dans le cas de la modernité) tiennent à ce que la femme y est immédiatement associée à la maternité, à la figure de la mère.
C`est cette dernière qui est exclue ou tenue à distance de l`espace politique, non la femme en tant que telle. C`est pourquoi le contrôle de la fécondité par les femmes (contraception, liberté de l`avortement), qui advient il y a une quarantaine d`années environ dans les pays démocratiques occidentaux, rend impensable la tenue à distance de l`espace politique, les femmes ne pouvant plus être " univoquement " associées à la maternité.
On ne peut plus nier aux femmes ni les droits civils (on ne peut plus les tenir pour des mineures) ni les droits politiques. Cela dit, comment se fait-il que les femmes soient, dans les faits, si peu présentes dans l`espace politique ?

• LE "FRATRIARCAT" DES HOMMES : UNE STRATEGIE POUR TENIR LES FEMMES A DISTANCE
Les préjugés nés de la société patriarcale affirment que le pouvoir est masculin. La politique fonctionne donc comme un refuge de la masculinité. Les hommes politiques sont hostiles à sa féminisation.
Le politologue français, Pierre Gaspard, parle de "fratriarcat". Il signifie par là qu`une longue tradition de domination masculine a favorisé chez les hommes l`émergence de réflexes de frères prompts à défendre leurs places et leurs privilèges : "Un siècle et demi pendant lequel les hommes ont fait de la politique entre eux. Ils ont ainsi défini une culture, des usages, un langage que l`intrusion des femmes perturbe. Ils ont fondé une république des frères, un fratriarcat que la présence des femmes remet en question".
En Afrique, ce fratriarcat existe. Or, dans les faits, l`espace politique apparaît traversé par des conflits et une violence (parfois une terreur) qui le déchirent. Comment donc produire la fraternité dans ces conditions ?
• LES ELITES POLITIQUES FEMININES ET LES PREJUGES : DES EFFETS DU "FRATRIARCAT"
Des femmes politiques éprouvent des difficultés à être prises au sérieux, parce qu’elles sont « placées ou choisies par les hommes qui veulent bien faire leur promotion».
"Toute femme qui fait de la politique éprouve un jour ou l`autre, le sentiment d`être une intruse dans un microcosme dont elle découvre que les codes lui échappent et les usages la marginalisent", affirme le politologue Pierre Gaspard.
En effet, certaines femmes pensent que « les femmes élues se plaignent du fait que leur parole ait moins de valeur que celle des hommes. "Si elles doivent en permanence apporter la preuve de leur légitimité à exercer le pouvoir, montrer qu`elles sont à la hauteur et qu`elles "méritent" leur place, c`est non seulement auprès de leurs collègues masculins, mais aussi des femmes elles-mêmes. Aussi, les femmes ont-elles mêmes l’habitude de dire que la femme est souvent son propre "bourreau".
Cette image ne dédouane pas non plus certaines "aînées", femmes politiques qui n’ont pas su toujours assurer la relève donnant ainsi l’impression que les autres femmes tardent à « décoller » ou ne sont pas à la hauteur. En cela et de manière générale, la carrière politique est pour les femmes africaines en particulier, fortement déstabilisante et anxiogène sans doute plus que pour les hommes.
• LA PRODUCTION DE LA DYNAMIQUE CITOYENNE AVEC LA FEMME COMME PRINCIPALE ACTRICE
La vertu civique peut être inculquée aux futurs citoyens par une " mère républicaine " qui, justement parce qu`elle joue un rôle éminemment politique, doit être tenue à l`écart de l`espace politique.
" Si la mère républicaine avait des droits politiques, elle ne pourrait plus faire de ses fils des frères dans l`espace politique, elle serait, elle aussi, partie au conflit et rendrait irreprésentable la fraternité ».
Ce n`est pas parce qu`elle est insignifiante politiquement que la mère est tenue à l`écart de l`espace politique dans la modernité, c`est, en fait, pour la raison inverse. Une autre raison pour confirmer le rôle politique de la femme dans la société.
IV. LA NOMINATION D’UNE FEMME « GRAND CHANCELIER DE L’ORDRE NATIONAL EN COTE D’IVOIRE, PAYS EN SORTIE DE CRISE : UNE IMAGE FORTE ET REPUBLICAINE
• UNE FEMME, GRAND CHANCELIER DE L`ORDRE NATIONAL EST UNE PREMIERE EN COTE D`IVOIRE.
C`est la loi n°60-403 du 10 Décembre 1960, modifiée par la loi n°61-207 du 12 Juin 1961 qui organise l`Ordre national de la République de Côte d`Ivoire. L`Ordre national de la République de Côte d`Ivoire, distinction honorifique la plus élevée de l`Etat, est destiné à récompenser le mérite personnel et les services rendus à la Nation.
Le président de la République est le chef souverain et le grand maître de l`Ordre. Il accède de plein droit à la dignité de grand-croix. Le grand chancelier est nommé par décret du chef de l`Etat qui le choisit parmi les grands-croix ou les grands officiers de l`Ordre national.

En nommant le Professeur Henriette Rose Dagri Diabaté au poste de Grand Chancelier c’est une image forte à la Nation, un symbole citoyen qui illustre toute notre analyse. C’est tout simplement l’hommage rendu à la dynamique citoyenne de la femme que nous ne pouvons passer sous silence dans un pays en sortie de crise.
Intellectuelle accomplie, militante engagée et déterminée, icône de fidélité, Madame le Grand Chancelier a été la première femme secrétaire générale d`un parti politique en Côte d`Ivoire. Elle rappelait à juste titre d`ailleurs, en cette journée mémorable du 21 mai 2011, date de l`investiture du Dr. Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d`Ivoire, à l`issue de l`élection du 28 novembre 2010 et en sa qualité de Grand chancelier de l`Ordre national, les principaux actes posés par le président Ouattara dans la promotion des femmes. Et d`en conclure: «Ma nomination n`est pas un coup d`éclat. C`est le signe d`une politique volontaire et réfléchie de Monsieur le Président de la République», fin de citation.

CONCLUSION

Dans un rapport intitulé Hommes et femmes dans la vie politique : la démocratie n`a pas encore atteint son plein développement, publié en février 1997, l`Union interparlementaire (UIP) dont le siège est à Genève, signale que les femmes occupent 10,4 % des sièges dans les parlements des pays de l`Afrique subsaharienne, contre 11,7 % dans le monde entier.
Cette organisation affirme toutefois que si les femmes africaines font acte de candidature, elles ont alors plus de chance d`être élues que les hommes, tandis que le contraire est vrai dans les autres parties du monde. Toutefois, les femmes africaines ont besoin de ressources. Car la pauvreté s`est féminisée. D`après les statistiques les plus récentes, les femmes représentent 70 % environ des pauvres du monde entier.
Il faut donc :
• donner aux femmes, aux jeunes filles comme aux jeunes garçons, des moyens accrus de participer à la vie sociale par l`acquisition de savoir-faire, de connaissances et de ressources, ainsi que par l`accession à l`autonomie.
• En ce qui concerne les Systèmes de quotas :
Entre 2000 et 2002, 23 pays d`Afrique subsaharienne ont organisé des élections et le nombre de femmes parlementaires a augmenté dans 14 d`entre eux. A l`échelle mondiale, 30 pays environ sur les 190 et plus que compte la planète, appliquent un système de quotas en faveur des femmes en politique. Par Exemple, les femmes rwandaises occupent maintenant la première place mondiale dans les parlements nationaux, avec 49 % de représentantes contre une moyenne mondiale de 15,1 %.
La Côte d’Ivoire, pays en sortie de crise, doit pouvoir compter avec les femmes (représentant 49% de la population contre 51% d’hommes) en les impliquant fortement dans le processus de réconciliation nationale. Dans cette optique, les partis politiques doivent s’engager à appuyer les candidatures féminines aux postes électifs. Toutefois, des candidatures indépendantes doivent être soutenues par des moyens adéquats (structures d’appui notamment).
Enfin, tout en reconnaissant qu`"une révolution" a commencé - une grande révolution" pour la promotion de la femme, il importe de travailler avec les hommes acquis à cette cause pour capitaliser la dynamique citoyenne de la femme afin de réaliser les objectifs d’une paix durable, gage du développement, pour toute l’humanité entière.

Mme Diabaté Touré Ténin, Enseignante-Chercheure, Présidente du Réseau des Femmes Leaders Musulmanes d’Afrique-Section de Côte d’Ivoire (REFMA-CI)
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